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Au terme d’une finale palpitante, Henrik von Eckermann poursuit son règne sans partage, devant Harrie Smolders, éternel Poulidor

Henrik von Eckermann et King Edward.
Sport dimanche 9 avril 2023 Mélina Massias

Lorsqu’Henrik von Eckermann affiche ses objectifs, il va au bout des choses. Une nouvelle fois, le Suédois, numéro un mondial et auréolé de tous les titres imaginables ou presque, a tenu son rang. Associé à son indéfectible King Edward Ress, toujours aussi généreux dans ses sauts, le champion a ajouté à son palmarès un titre en finale de la Coupe du monde Longines. Au bout du suspense et après avoir concédé deux fois quatre points en quatre parcours, l’imbattable Scandinave a empoché la mise, au nez et à la barbe d’Harrie Smolders, encore relégué au deuxième rang avec son fantastique Monaco. Déterminée et solide de bout en bout, Hunter Holloway complète le podium grâce à sa bondissante Pepita Con Spita et sauve les meubles pour les Etats-Unis, nation organisatrice de la quarante-troisième édition de cet incontournable championnat indoor.

Mais qui peut renverser Henrik von Eckermann et King Edward Ress ? Alors que le déjà légendaire duo était apparu un peu plus humain qu’à l’accoutumée, vendredi, en concédant une faute dans la deuxième étape de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha, les bouleversements en série, qui auront duré jusqu’à l’ultime parcours de la semaine, n’auront que décuplé sa suprématie, tôt dimanche 9 avril, à près de 5 heures du matin, heure française. “C’est incroyable. Je n’ai pas les mots. Il y eu des hauts et des bas, notamment avec cette faute vendredi. J’étais déçu, mais, d’un autre côté, King Edward n’a pas eu besoin de prendre part au barrage. De fait, il était très frais. Ce soir, nous avons concédé quatre mois au premier tour, mais mon cheval était fantastique. Je n’avais plus qu’à lui faire confiance. Il est en grande forme ; nous avons franchi trois obstacles au paddock et avons filé en piste. Je n’aime pas regarder derrière moi, surtout lorsqu’il y a encore une chance. Il faut la saisir, et voir ensuite ce qu’il advient. Tout le monde connaît King Edward et à quel point il est formidable. Nous sommes venus ici avec la farouche volonté de gagner, mais même avec un tel cheval, il est toujours possible que cela ne se passe pas comme prévu. Je suis heureux pour lui, il le mérite. Ses propriétaires sont arrivés hier et c’est génial qu’ils puissent partager cette réussite. C’était notre objectif depuis longtemps, et le fait de l’avoir accompli me procure un sentiment indescriptible”, a réagi, à chaud, au micro de Clipmyhorse, l’homme fort du moment. S’il a dû célébrer le deuxième anniversaire de son fils, Noah, à distance, ce dernier devrait aisément lui pardonner, son père étant devenu le premier Suédois à s’imposer dans cette compétition intercontinentale. 

King Edward Ress en action. © Scoopdyga

La délivrance pour le numéro un mondial. © Richard Juilliart/FEI

Si tous deux n’avaient guère besoin d’une nouvelle couronne, leur armoire à trophées débordant déjà de toute part, ils ont conquis un titre qui n’était pas encore en leur possession. Et les nerfs d’aciers du numéro un mondial, double champion du monde et champion olympique par équipe, couplés au talent indiscutable de son alezan, ont fait la différence, dans un championnat haletant, passionnant et jalonné de rebondissements en tout genre. Finalement, et après s’être imposé sans trembler dans la Chasse, l’actuel meilleur cheval du monde et son cavalier ont tenu leur rang. Dans un tel succès, il est toujours bon de rappeler les petites mains de l’ombre, sans qui rien ne serait possible. Et cela commence sans doute par Wim Impens, discret naisseur du souverain équin, puis Inès De Vos, sa première cavalière, Janika Sprunger, épouse d’Henrik et première à avoir véritablement repéré le stratosphérique crack avant de le propulser sous le feu des projecteurs, puis par Louise Barraud, sa dévouée groom depuis de longues années, toujours submergée par l’émotion lorsque son protégé entre en piste, sans oublier tous les autres acteurs de cette réussite. Henrik von Eckermann était l’homme à battre, mais personne n’a relevé ce vain défi. 

Travail d'équipe autour de King Edward, avec Louise, sa groom, et Henrik. © Scoopdyga



Harrie Smolders, éternel Poulidor, Hunter Holloway, invitée surprise sur le podium

Entre la dernière échéance de la finale de la Coupe du monde jouée dans le Nebraska et ce cru 2023, quarante-troisième édition de ce point d’orgue hivernal, Henrik von Eckermann a gagné, un changement de monture plus tard, deux rangs. Harrie Smolders, lui, reste solidement accroché à sa deuxième place, qu’il occupait déjà à Leipzig au printemps dernier. D’une régularité presque encore plus impressionnante que celle affichée par les lauréats du soir, le Néerlandais et son dynamique bai, fils de Cassini II et imprégné de l’influence des Pur-Sang, ont tout donné, déroulant chaque nuit des parcours très plaisants, tout en aisance. Malheureusement, une faute sur l’oxer numéro neuf de l’ultime confrontation de la semaine, après un abord hasardeux, leur a coûté très cher. Sans cette erreur, qui a conduit le Holsteiner de quatorze ans, qui ne cesse de surprendre son cavalier, comme il le confiait il y a tout juste un an, à la médaille d’argent, le dénouement se serait joué au barrage, face à Henrik von Eckermann et King Edward ! “Je suis ravi d’être sur le podium. Monaco est en grande forme et être de nouveau deuxième est incroyable. Et puis, être battu par King Edward n’est pas si mal que ça !”, s’est amusé l’éternel Poulidor, deuxième à Paris le mois dernier, ainsi qu’à Riyad, Ramatuelle, Leipzig et Bois-le-Duc en 2022, et Londres et Genève l’année précédente. “Monaco est probablement le meilleur cheval de ma carrière et il va sans nul doute accomplir beaucoup d’autres choses. Nous allons à présent lui accorder une pause, puis reprendre la saison en extérieur, avec comme objectif les championnats d’Europe. J’espère cependant remporter un jour cette victoire. Monaco est un cheval formidable, qui mérite ce titre.”

Monaco, le métronome. © Sportfot

Kamel Boudra se plaisait à rappeler, en commentant les épreuves sur Clipmyhorse.tv, que rarement une finale de la Coupe du monde avait été aussi ouverte. Un avis partagé par Laurent Elias, mais aussi la championne irlandaise Jessica Kürten. Évidemment, à première vue, les deux premières marches du podium ne reflètent pas vraiment l’intensité et la ferveur dégagée par ce championnat. En revanche, la présence d’Hunter Holloway, pratiquement inconnue en Europe, en troisième position, témoigne de la fraîcheur affichée quatre jours durant. Associée à sa pétillante Pepita Con Spita, sœur utérine du bondissant Checker 47, vu, lui aussi, jusqu’en finale de la Coupe du monde, sous la selle de Christian Kukuk, la jeune Américaine n’a rien lâché, du début à la fin, pour s’accrocher solidement à son classement, hautement mérité, après avoir réalisé deux excellentes saisons, 2021-2022 et 2022-2023. Seizième à Leipzig, l’amazone a non seulement ravi son public, fort peu nombreux, questionnant sur la programmation si tardive des rendez-vous de saut d’obstacles, mais a aussi mis à l’honneur la gent féminine, souvent trop peu représentée dans le haut du classement mondial.

La géniale Pepita Con Spita. © Scoopdyga

Les trois meilleurs cavaliers de la finale ! © Scoopdyga



Omaha aura également permis de mettre en lumière Yuri Mansur et son miraculé Vitiki, quatrièmes après un parcours à huit points, puis un sans-faute salvateur. Sous les yeux de son fils, Pedro, et de toute son équipe, qui hurlait à plein poumons sur le kiss and cry le Brésilien pointait du doigt son fils de Valentino, revenu de nulle part pour se hisser au quatrième rang de son premier grand championnat, moins de cinq ans après s’être fracturé le paturon à Aix-la-Chapelle, et lui signait des bras une révérence méritée. En tête avant d’aborder cette finale en deux manches, Andreas Schou a aussi quitté l’arène le sourire jusqu’aux oreilles après avoir enlacé une nouvelle fois l’encolure de son étalon Darc de Lux. Le Danois, qui a perdu tout espoir de victoire en renversant deux barres dans le premier acte, a rectifié le tir dans le second, pour s’offrir une solide cinquième place, récompense d’une saison indoor particulièrement réussie. Et que dire de la prestation d’United Touch S ? S’il a bien balbutié la dernière ligne de son dernier parcours, et buté sur trois obstacles à la fin du premier, l’étalon à l’inbreeding sur l’olympique Classic Touch s’est tout bonnement envolé dans le Nebraska, décrochant quelques sauts tout à fait hors-norme sous la selle de Richard Vogel. En six mois de temps, ces deux là se sont trouvés et s’ajoutent sans conteste à la longue liste des sérieuses cartouches de la Mannschaftd’autant plus après leur huitième place finale. 

L'incroyable résilience de Vitiki a payé. © Sportfot

Le poing rageur d'Andreas Schou, en totale osmose avec son cher Darc de Lux. © Sportfot

Richard Vogel et son extraterrestre United Touch S. © Scoopdyga

Une dernière soirée à la hauteur

Comme depuis le début des hostilités, le Portugais Bernardo Costa Cabral, assisté d’Alan Wade, a signé un sans-faute. De fait, le chef de piste et le seul acteur de la semaine à avoir conservé son score vierge de toute pénalité. Pour ce dernier morceau, le chef d’orchestre de la compétition avait imaginé deux parcours sélectifs, très sélectifs, mais toujours abordables et accessibles pour les couples en lice. Il n’y a eu aucune catastrophe, et, au contraire, de multiples rebondissements. De quoi garder les yeux bien ouverts, à 2, 3, 4 ou 5 heures du matin. Ces deux ultimes tracés paraissaient étrangement symétriques, les mêmes éléments ayant été réutilisés, dans un ordre différent. La première manche, où trente paires étaient invitées, n’a été le théâtre que de trois sans-faute, ceux de d’Harrie Smolders, Martin Fuchs, tenant du titre et finalement treizième avec Leone Jei (né Hay El Desta Ali) et l’Irlandais Denis Lynch. Ce dernier a d’ailleurs été le seul à réaliser le quasi impossible double zéro, avec Brooklyn Heights, né Jorden van de Kruishoeve. L’œil inquiet et l’expression crispée, derrière son masque noir et sa bride, l’alezan a tout donné, parfois trop, produisant des sauts semblant bien peu naturels, notamment dans son geste postérieur… Le duo termine septième, juste derrière Pius Schwizer et Vancouver de Lanlore. Parti en dernière position avec zéro point au compteur, le couple a concédé une première faute lors de l’acte initial, suffisant pour conserver l’or provisoire. Mais, sous la pression imposée par Henrik von Eckermann, et avec la fatigue accumulée, les deux complices, en grande forme outre-Atlantique n’ont pu garder la coupe à la maison, après deux fautes supplémentaires. Visage fermé, l’Helvète était évidemment déçu, après avoir déroulé un championnat de bonne facture. 

Vancouver de Lanlore et Pius Schwizer. © Scoopdyga



Harry Charles aussi, nourrira des regrets. Sur le vétéran Balou du Reventon, né Cornet’s Balou et frère utérin d’un certain Balou du Rouet, toujours aussi impressionnant à dix-sept ans, le Britannique a essuyé quatre puis huit points, dans cette finale qui lui tenait tant à coeur, après avoir terminé quatrième l’an dernier, pour sa première tentative. Le top 16, quant à lui, est complété par Scott Brash, passé au travers vendredi et auteur de deux parcours à quatre points aujourd’hui sur Hello Jefferson (né Jerenmias van het Hulstenhof), Kevin Staut, dont la monture, Visconti du Telman, a bien sauté, manquant parfois un peu de réussite, Devin Ryan sur son efficace Eddie Blue, deuxième de ce même rendez-vous en 2018 à Paris, et trois amazones : Wilma Hellström et sa formidable Cicci BJN, Janne Friederike Meyer-Zimmermann et le surpuissant mais timide Messi van’t Ruytershof ainsi que Victoria Gulliksen, aux rênes de son généreux Papa Roach.

Douche de champagne sur le podium ! © Scoopdyga

Les résultats complets ici.

Photo à la Une : Henrik von Eckermann et King Edward. © Scoopdyga

Toutes les épreuves de la finale de la Coupe du monde d’Omaha sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.