Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

Henrik von Eckermann, Scott Brash, Daniel Deusser et Pius Schwizer se tirent la bourre à Omaha

King Edward et Henrik von Eckermann.
jeudi 6 avril 2023 Mélina Massias

Il fallait garder les yeux ouverts jusqu’à l’ultime concurrent de la première épreuve de la finale de la Coupe du monde d’Omaha ! Comme pressenti, Henrik von Eckermann et King Edward Ress n’ont pas traversé l’Atlantique pour faire de la figuration. Le couple du moment a mis tout le monde d’accord, en prenant l’avantage, pour quelques centièmes, dans le Nebraska, dans la nuit de mercredi à jeudi. Si le Suédois s’est montré critique quant à la qualité du sol, qui a obligé son crack a concédé des efforts un peu plus importants qu’à l’accoutumée, il s’en est tiré sans fausse note, devançant d’une courte tête les affamés Scott Brash, Daniel Deusser et Pius Schwizer, qui ont tous trois arrêté le temps dans la même seconde que le leader provisoire, grâce à la complicité d’Hello Jefferson, Scuderia 1918 Tobago et Vancouver de Lanlore. Retour sur les enseignements de cette première nuit de sport.

Omaha, mercredi 5 avril. Sise sur la rive droite du Missouri, la plus grande ville du Nebraska donne le coup d’envoi d’une nouvelle finale de la Coupe du monde. Et ce n’est pas la première à avoir lieu sur ces terres. En 2017, McLain Ward, accompagné de son infatigable et brillante HH Azur Garden’s Horses triomphait, devançant le Suisse Romain Duguet et le Suédois Henrik von Eckermann. Cette fois, le roi du monde entend bien se hisser sur la plus haute marche du podium. 

Le style parfait de King Edward Ress. © FEI/Richard Juilliart

Cette année, peut-être encore plus que les autres, les meilleurs sont là, prêts à en découdre. Premier des quarante couples à entrer dans l’arène du Health Center, tôt dans la nuit de mercredi à jeudi pour l’Europe, l’Irlandais Denis Lynch donne le ton, signant un sans-faute avec Brooklyn Heights, né Jorden van de Kruishoeve, sans être ni le plus serein, ni le plus rapide. Aux rênes de son si attachant Vitiki, voilà que Yuri Mansur et sa veste jaune améliore le chronomètre de deux secondes. Résultat : une excellente neuvième place pour la paire brésilienne dans cette Chasse, où une faute vaut trois points de temps supplémentaires. Les options ne sont pas légions, comme l’avait prédit avec justesse Romain Duguet ; le tracé est similaire pour tout le monde et tout se joue dans les détails. Richard Vogel s’y frotte, et, bien qu’un peu plus lent, voit son étalon, déferré des quatre pieds, signer une véritable démonstration de moyens, de style et d’aisance. Mais déjà, les fautes coûtent cher, comme celle concédée par Marcus Ehning, triple vainqueur de cette prestigieuse compétition, et au départ de sa… vingtième édition ! 

Ils ont répondu présent

S’il y a évidemment eu quelques contre-performances, comme dans tout championnat, les plus attendus ont répondu présent. Sans conteste, Henrik von Eckermann, numéro un mondial, double champion du monde en titre, champion olympique par équipe, vainqueur du dernier Top 10 Rolex IJRC, a pris la tête des opérations. Dernier à s’élancer, sur les coups de 4h10 du matin, heure française, le Suédois a été tranchant. Si son King Edward Ress n’a peut-être pas démontré la plus grande aisance de la soirée, paraissant parfois un peu crispé, il n’a pas tremblé, coupant les cellules d’arrivée en 59”09. Cette légère fébrilité, le Suédois l’impute au sol, qu’il a jugé “pas si bon après le passage dix-neuf couples”. “J’ai senti que mon cheval avait dû faire des efforts supplémentaires. En formidable cheval qu’il l’est, il l’a fait. Pour cela, je ne peux que lui dire merci. J’espère que le sol sera mieux géré demain”, a prévenu le leader provisoire. Le doigt pointé vers le ciel à la fin de son parcours, le cavalier des écuries Cyor confirme néanmoins son ambition : croquer un nouveau titre. Et dans sa quête, l’homme sous le feu des projecteurs sera bien aidé par deux femmes vitales à son succès : Louise Barraud, sa groom franco-suédoise, et son épouse, Janika Sprunger, qui a déniché et lancé King Edward sur les rails d’une carrière d’exception.

Le doigt levé d'Henrik von Eckermann qui veut tout dire. © FEI/Richard Juilliart



En tête une longue partie de l’épreuve, Scott Brash s’est finalement incliné, pour quelques maigres centièmes, qui, convertis, ne laisseront pas de place à l’erreur pour Henrik von Eckermann. Aux rênes de son Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof, et comparable à un surdoué, tant son génie est indéniable, l’Ecossais au palmarès détonnant, qui prenait là pourtant le départ de sa deuxième finale de la Coupe du monde seulement, a envoyé un message fort, après un parcours tout en fluidité. 

Scott Brash et son talentueux Hello Jefferson. © FEI/Richard Juilliart

Quelques centièmes plus loin, Daniel Deusser en a fait de même, misant sur son inoxydable Scuderia 1918 Tobago. “Je suis très, très heureux de mon cheval. J’ai établi mon plan et tenté de le mettre en œuvre du mieux possible. [...] Le sol n’était vraiment pas le même qu’en début d’épreuve, et plus profond dans certains virages. Les équipes devront travailler là-dessus pour la suite”, a également critiqué le numéro douze mondial. Qu’importe, à quinze ans, son petit alezan au cœur plus grand que lui continue à répéter les sans-faute, les uns après les autres. Lorsqu’un rendez-vous, il le sait et se transcende. Et son pilote, parti plusieurs semaines à Wellington cet hiver, avait mis toutes les chances de son côté, laissant Sean Lynch, son fidèle groom, auprès du fils de Tangelo van de Zuuthoeve. Si tous les soigneurs entretiennent une relation particulière avec leurs complices à quatre jambes, celle qui unie le Britannique et son poney magique l’est sans doute encore un peu plus. 

Tobago, toujours là pour Daniel Deusser. © FEI/Richard Juilliart

Premier à passer sous la barre des soixante secondes avec un Vancouver de Lanlore des grands jours, Pius Schwizer, doyen de la compétition du haut de ses soixante printemps, qui ne se remarquent que sur le papier, a finalement terminé quatrième, tant cette épreuve d’ouverture a été disputée ! Pourtant, le Suisse, tout comme ses trois collègues qui le devance au tableau des scores, se tiennent dans la même seconde. Preuve, donc, que la bataille sera rude.

Quelle forme et quelle régularité pour l'étalon Vancouver de Lanlore. © FEI/Richard Juilliart

Au rang des belles performances, impossible de ne pas citer celles signées par les actuels numéros six, sept et huit du classement provisoire. Wilma Hellström, révélation de la saison régulière, Andreas Schou et Harrie Smolders ont peut-être signé les parcours les plus agréables à regarder de la soirée, en compagnie de leurs brillants Cicci BJN, Darc de Lux et Monaco. Assurément, il faudra compter sur ces trois duos là dans les jours à venir, tant ils ont semblé à leur aise dans le Nebraska. 

Que dire de la reine Cicci BJN, tellement géniale et douée. © FEI/Richard Juilliart

Plus rapide que tout le monde, Aaron Vale, dixième ce soir, signe la deuxième meilleure performance pour les locaux, derrière Hunter Holloway et sa très plaisante Pepita Con Spita, qui avaient réalisé une formidable saison 2021-2022. “Ma jument a répondu parfaitement à toutes les questions. Mon but était de finir dans le top 5, j’espère désormais rester dans le top 10”, a déclaré l’amazone. Pour le reste, et à l’exception de McLain Ward, presque déçu de son temps, mais ravi du comportement de la relativement inexpérimentée Callas, la plupart des représentants du Stars and Stripes ont été franchement à la peine, comme l’avait pressenti Romain Duguet dans sa première analyse. “Tout le monde est dans des chronomètres très serrés, les écarts de points ne seront pas significatifs”, a-t-il assuré. Pour l’Allemagne, deuxième nation la plus représentée, outre “Double D” et Richard Vogel, Janne Friederike Meyer-Zimmerman a été impeccable Son immense Messi van’t Ruytershof n’a fait que confirmer l’étendue de son talent.

Contrat rempli pour la très classique Hunter Holloway et sa pépite Pepita Con Spita. © FEI/Richard Juilliart



Des favoris à la trappe

Parmi les quarante candidats au titre, il y a évidemment eu des déceptions, comme dans tout championnat. Le premier à être passé au travers est sans doute Gerrit Nieberg. Révélation de la dernière édition de la finale de la Coupe du monde, le jeune et sympathique allemand est depuis devenu l’un des cavaliers les plus scrutés en Europe et dans le monde. Ce soir, sa performance n’était pas à la hauteur de ses standards. Son camarade de jeu, l’excellent Blues d’Aveline CH, primé à Leipzig en janvier, est apparu méconnaissable, concédant de multiples fautes pour terminer ce premier parcours à une terrible trente-septième place. “Son cheval semble vide de toute énergie”, commentait en direct Kamel Boudra.

Ici lors de la warm-up, Gerrit Nieberg a manqué son rendez-vous avec un Blues d'Aveline pas à son affaire. © Sportfot

La sanction fût aussi rude pour le prodige Edouard Schmitz, que beaucoup pressentaient comme l’un des favoris. Avec son extraordinaire Gamin van’t Naastveldhof, pour qui l’objectif majeur restera le championnat d’Europe de Milan, cet été, où la Suisse jouera sa qualification olympique, l’Helvète de vingt-trois ans a d’abord buté sur l’entrée du double numéro 7, puis essuyé une inhabituelle dérobade après une prise de risque osée pour aborder l’oxer numéro 8, qui surmontait un bidet.

Petits accros pour le surdoué Edouard Schmitz et son puissant fils de Chacco Chacco qui, nul doute, rectifieront le tir dès demain. © Sportfot

Pour Daniel Coyle aussi, tout s’est écroulé, après un parcours difficile sur sa fidèle Legacy, pourtant très à l’aise cet hiver en indoor. Celle qui est née sous le nom de Chaventele a concédé huit points et survit grâce à un chronomètre pas si catastrophique que cela, qui lui permet de devancer Julien Epaillard, sanctionné lui aussi de deux erreurs avec le jeune Donatello d’Auge, et Marcus Ehning, parti en début d’épreuve et sorti de piste avec quatre points sur Priam du Roset. 

Si rien n’est joué, Harry Charles et Martin Fuchs avaient la mine des mauvais jours. “Je suis vraiment déçu de moi. J’ai perdu un étrier dans la courbe et cela m’a mis un peu en déséquilibre. Cela aurait pu être pire et j’espère vite rattraper le coup”, s’est exprimé le Britannique, qui n’a pas caché toute sa déception après son parcours, réalisé aux commandes du vaillant Balou du Reventon, né Cornet’s Balou. Pour le Suisse, numéro trois mondial, ce n’est pas une, mais bien deux fautes qui ont entaché son parcours avec Leone Jei, né Hay El Desta Ali. Tenant du titre, l’élève de Thomas Fuchs espère bien rectifier le tir, dès demain, d’autant qu’il s’est dit satisfait des efforts produits par son agile gris.



De bonnes surprises

Comme souvent aussi, les finales de la Coupe du monde permettent de découvrir de nouveaux visages. Cette année, l’événement sera le seul du calendrier international à permettre une confrontation mondiale. Si ces cavaliers, qui ont souvent décroché leur ticket pour le Nebraska dans des ligues moins disputées que celle d’Europe occidentale, leurs performances, parfois entachées d’une ou deux fautes, restent de très bonne facture. Citons en premier lieu l’impression très positive laissée en début de parcours par Kardenta van 't Meerhof, une fille de Cardento et de Majestic, une très bonne mère inscrite au KWPN. La grise, un temps sous la selle de l’Espagnol Sergio Alvarez Moya, a permis à Elisa Broz, dix-huit ans (!) d’engranger une sacrée expérience pour sa première grande échéance Sénior. Bonne copie également que celle du styliste Oaks Cassanova, piloté par l'Australien Samuel Overton, qui n'a pu éviter deux fautes.

Quel style et quelle classe, cette Kardenta van't Meerhof ! © Sportfot

Juge de paix de ce parcours, l’enchaînement des deux doubles placés en numéro 10 et 11, où se sont concentré le plus de fautes, a été fatal à Andrius Petrovas, vingtième, et Nurjon Tuyakbaev, toutefois auteurs de bons parcours avec Linkolns et Lancelotta, seize et dix ans. Venu jusqu’aux Etats-Unis pour réaliser son rêve, le Néo-zélandais Phillip Steiner n’a pas démérité non plus avec l’excellente Cassina Dior, une puissante fille de Diarado, visiblement promise à un grand avenir.

Le très plaisant Oaks Cassanova, ici lors de la warm-up. © Sportfot



Même lieu, même heure

Après cette passionnante entrée en matière, rien n’est joué. Les écarts sont infimes et l'épreuve de demain pourrait bien rebattre les cartes. Jugée sur un Barème A avec barrage, soit le format d’un Grand Prix classique, elle devrait proposer un tracé encore plus corsé aux quarante concurrents. Pour suivre la suite de la compétition, rendez-vous même lieu, même heure, à 2h15, heure française.

Les quarante prétendants au titre réunis avant le coup d'envoi de la Chasse. © FEI/Richard Juilliart

Les résultats complets ici.
Le classement provisoire complet ici.

Photo à la Une : Toute la détermination d'Henrik von Eckermann et King Edward, en tête du classement provisoire après la Chasse à Omaha. © FEI/Richard Juilliart

Toutes les épreuves de la finale de la Coupe du monde d’Omaha sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.