Lorsqu’il a commencé à pratiquer l’équitation, dans le poney-club du coin, Andreas Schou s’est d’abord tourné vers le pony games. Cette discipline, le Danois l’a pratiquée quelques années, en équipe avec d’autres garçons de son âge. Et puis, le saut d’obstacles s’est imposé à lui, un peu comme une évidence. Talentueux, discret et réfléchi, le jeune trentenaire et père de famille s’est offert un nouveau statut cette année en gravissant, marche après marche, les rangs du classement mondial. En figurant en trente-troisième position de cette hiérarchie en novembre, il a d’ailleurs enregistré son meilleur résultat en date. De quoi le motiver à poursuivre dans cette voie, après avoir longtemps mis l’accent sur le commerce. Grâce à ses deux cracks de onze ans, Independent et Darc de Lux, deux grandes et puissantes montures comme il les affectionnent, et au fort prometteur et bien nommé Unbelievable, Andreas Schou a les prochaines grandes échéances en ligne de mire. Son expérience, acquise lors de neuf échéances majeures en Séniors, avec comme point d’orgue une neuvième place aux Européens d’Aix-la-Chapelle en 2015, sera un atout précieux dans la perspective de Milan, puis de Paris. Rencontré à Equita Lyon, quelques minutes avant le Grand Prix Longines du vendredi, le sympathique pilote a évoqué son parcours, sa formidable saison, ses inspirations ou encore son amour pour son pays, et ce, du saut d’obstacles au cyclisme. Rencontre en deux épisodes.
Vainqueur du Grand Prix 3* de Deauville, lauréat de celui du CSIO 5* de Sopot, cinquième de l’étape de la Coupe du monde Longines de Lyon, au départ de son neuvième grand championnat Séniors à Herning cet été... L’année 2022 d’Andreas Schou a pour le moins été réussie ! “Cette saison, j’avais cinq ou six très bons chevaux. Cela veut dire que j’ai pu établir un bon plan pour chacun d’entre eux et qu’ils n’ont pas eu besoin de trop en faire. Je crois vraiment que cela fait une grande différence à ce niveau. Les chevaux ne peuvent pas sauter tous les week-ends. J’ai aussi eu beaucoup de chance que non pas une, mais plusieurs de mes montures franchissent un cap et performent bien”, analyse le sympathique Danois, rencontré à l’occasion du salon d’Equita Lyon, qu’il découvrait. “C’est la première fois que je viens à Lyon. J’ai disputé la plupart des autres étapes de la Coupe du monde, mais jamais celle-ci. Tout est magnifique : les écuries sont parfaitement organisées, il y a de l’ambiance et la piste et le paddock sont super”, ajoute-t-il.
D’ailleurs, à Lyon, le pilote en a profité pour demander des doubles boxes pour ses deux complices. “En matière de bien-être animal, je crois que nous devons faire notre maximum. Sinon, ce sera la fin de notre sport. Nous devons nous comporter aussi bien que possible, traiter nos chevaux au mieux. J’ai deux grands chevaux avec moi ce week-end. Je pense sincèrement, qu’après les avoir emmenés jusqu’ici, ils méritent d’être dans les conditions optimales, surtout si je veux qu’ils soient performants. Avec ces actions, nous améliorons le bien-être des chevaux”, reconnait le trentenaire. “Il en va de même au paddock. Nous devons nous comporter correctement, travailler en bonne conscience pour montrer un sport aussi agréable que possible. Les règles doivent, quant à elles, ne pas être trop dures, mais suffisamment pour qu’on ne voit pas de mauvaises images. C’est très important.”
Independent, Darc et Unbelievable, trois complices de luxe
S’il n’en est pas à son coup d’essai à haut niveau, Andreas Schou a pourtant sans doute connu ses plus beaux succès ces derniers mois. Ses résultats et sa régularité au plus haut niveau lui ont permis d’intégrer le top 50 mondial, une première. Soixante-dix-neuvième en juin, cinquante-troisième en juillet, trente-huitième en octobre, trente-troisième en novembre… Le cavalier de trente-six ans grimpe, grimpe, grimpe. “Je crois que j’avais été quatre-vingt-deuxième en 2015”, sourit-il face à sa progression éclair. “Ensuite, j’ai été un peu en retrait du sport quelques années, pendant lesquelles je me concentrais sur le fait de vendre des chevaux. Depuis mon retour, j’ai décidé de conserver quelques bons chevaux pour moi et de ne pas tous les vendre. Nous avons également augmenté le nombre de pensionnaires au sein de nos écuries, ce qui nous permet, à la fois de vendre des chevaux de qualités, et d’en conserver d’autres pour le sport.”
Pas question donc, de laisser partir Independent et Darc de Lux (Darco x Contender) ses deux meilleurs atouts. “Independent a été élevé par ma belle-mère. C’est un fils de Diamant de Revel, un étalon danois que j’ai acheté il y a quelques années. Mon frère a concouru avec lui jusqu’à 1,50m puis nous l’avons vendu aux Etats-Unis. Sa mère est par Careful, que mon épouse (la Suédoise Jannike West-Schou, ndlr) a monté à Aix-la-Chapelle. C’est vraiment un cheval maison ! Independent a d’abord été formé par ma femme jusqu’à ses neuf ans, puis j’ai pris le relais. Il a très bien progressé et nous avons obtenu de très bons résultats et plusieurs victoires jusqu’en Grand Prix 5* cette année. Nous sommes très contents de lui”, reprend Andreas. “Darc est aussi né au Danemark, pas très loin de chez nous. Je l’ai vu lors d’un concours d’entraînement alors qu’il avait cinq ans et nous l’avons acheté. Une fois de plus, ma femme s’est chargée de sa formation, jusqu’à ses huit ans, avant que je ne l’intègre à mon piquet de chevaux. Depuis, il a toujours répondu présent. J’ai également un super huit ans qui s’appelle Unbelievable. Il est réellement incroyable. C’est un fils d’Untouchable 27 (dont Andreas a un temps été propriétaire et cavalier, ndlr) avec une fille de Cornet Obolensky (ex Windows vh Costersveld). Il a pris part à ses premières épreuves comptant pour le classement mondial et je dois dire que je n’ai jamais eu un cheval comme lui. Il a des moyens, sa maniabilité est excellente et il est respectueux. Je crois sincèrement qu’il a tout. Si tout se passe bien, il pourrait être mon prochain cheval de championnat. Mon plan est de me concentrer sur le sport et de conserver ces chevaux. Independent et Darc ont tous les deux onze ans et il y a des échéances intéressantes à venir. Je sais que tous deux ont le calibre de chevaux de championnats. Bien sûr, au bout du compte, tous les chevaux sont plus ou moins à vendre. Mais nous devrons recevoir une offre vraiment particulière pour les laisser partir. J’ai besoin de les conserver pour ma carrière et j’aimerais voir si je peux rester à ce niveau. J’ai beaucoup de jeunes qui arrivent également, et mes deux chevaux de tête me permettent de les faire émerger.”
Le Danemark dans la peau
Cet été, aux commandes de Darc de Lux, Andreas a pris part à sa neuvième échéance majeure en Séniors. Une énième sélection au goût tout particulier, puisque disputée à domicile, à Herning. “C’était absolument incroyable. L’organisation a mis en place un événement parfait. J'ai aussi participé aux Européens là-bas en 2013. À cette occasion, j’avais atteint la finale, ce qui n'a pas été le cas cette année. Je suis passé à un rien, ce qui est vraiment dommage. J’ai trouvé cela regrettable que quelques cavaliers supplémentaires n’aient pas été invités pour la dernière inspection vétérinaire. Il y a eu pas mal de désistements, et j’étais le premier à ne pas être repris. Pour mes sponsors et pour le concours en général, c’était vraiment dommage. Je sais que cela n’aurait pas changé grand-chose pour moi que je sois trente et un, trente-deux ou vingt et unième. Mais, pour notre public, cela aurait été génial d’avoir un Danois en finale. J’ai manqué de chance dans la Chasse, mais, au-delà de cela, mon cheval a fait de super parcours, même si j’ai commis des erreurs bêtes à chaque tour”, dépeint le jeune père de famille.
Toujours installé au Danemark, pays qui l’a vu grandir, Andreas voue un amour fou à sa patrie. “J’adore suivre ce que font mes compatriotes. Je regarde n’importe quel sport à partir du moment où le Danemark est performant ! Si c’est du handball, je m’intéresse au handball. Si c’est le football, je suis le football. Il en a été de même avec Vingegaard (Jonas Vingegaard, coureur cycliste portant les couleurs de l’équipe Jumbo Visma et dont le parcours et la réussite a passionné son pays, ndlr) lorsqu’il a remporté le Tour de France. Tout d’un coup, j’avais une passion pour le Tour de France !”, s’amuse le Scandinave. “Et, bien sûr, il y a l’équipe de dressage danoise. Les cavalières sont jeunes et elles se sont démenées pour accomplir les performances qui ont été les leurs ces derniers temps. J’admire leur détermination pour obtenir ces super résultats.”
Des débuts… en pony games !
Son goût pour le dressage, Andreas l’a peut-être hérité de sa mère, cavalière amateure dans la discipline. “Nous avions quelques chevaux à la maison grâce à ma mère. Ensuite, j’ai commencé par le pony games, au centre équestre du coin, avec quelques amis. Je devais avoir six ou sept ans et nous avons monté une petite équipe, de six ou sept garçons. Nous avons fait cela quelques années, puis je me suis intéressé au saut d’obstacles. J’ai ensuite eu des poneys, que nous avons importés d’Irlande et que nous avons formés”, retrace le cavalier sur ses débuts à cheval.
La seconde partie de cet article est disponible ici.
Photo à la Une : Andreas Schou et Darc de Lux dans le Grand Prix Coupe du monde de Lyon. © Mélina Massias