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Andreas Schou et Pius Schwizer se partagent la tête d’un classement chamboulé à Omaha

Andreas Schou et Darc de Lux à Omaha
Sport vendredi 7 avril 2023 Mélina Massias

Que de rebondissements. À Omaha, la nuit a été mouvementée par une épreuve particulièrement bien dessinée par Bernardo Costa Cabral. Le chef d’orchestre de la finale de la Coupe du monde Longines cru 2023 a permis à neuf duos de s’affronter au barrage, et a surtout bousculé les trois premiers du classement provisoire établi après la Chasse. Exit Scott Brash et Daniel Deusser, Pius Schwizer et Andreas Schou ont pris les choses en main, pour se partager la tête des opérations. Sanctionné d’une faute, Henrik von Eckermann reste tout proche du but, avec un point au compteur et une troisième place provisoire. Derrière, trois autres paires peuvent encore y croire, avec moins d’une barre d’écart. Retour sur une soirée palpitante.

Qu’on s’appelle Henrik von Eckermann, Daniel Deusser ou Scott Brash, qu’on soit champion du monde, vainqueur d’une finale de la Coupe du monde ou auteur du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles, rien n’est jamais acquis. Dans la nuit de jeudi 6 à vendredi 7 avril, la main levée de l’Allemand, signe d’abandon après un mauvais saut en milieu de triple, les douze points concédés par l’Ecossais et la barre mise à terre par le Suédois en sont la preuve. Qui aurait pu prédire un tel scénario, dans une deuxième étape de cette échéance indoor, point d’orgue de la saison hivernale, subtile mais accessible ? Sans doute pas grand monde. Dans cette haletante soirée, un homme a été le catalyseur de toutes ces émotions : Bernardo Costa Cabral. Pour l’heure, le chef de piste portugais est sans doute celui le plus proche de la victoire, tant ses trois premiers tracés ont été particulièrement bien sentis. Il lui restera un gros morceau, tard dans la nuit samedi à dimanche, pour conclure l’unique championnat intercontinental de l’année en apothéose.

Tout s'est écroulé pour Daniel Deusser et son généreux Tobago, en difficulté dans le triple. © Sportfot



La Suisse et le Danemark au front

S’il y avait deux autres acteurs à retenir de cette soirée, sans doute seraient-ce les deux leaders provisoires : Andreas Schou, sympathique Danois, qui affiche, depuis plusieurs semaines déjà, une forme olympique et Pius Schwizer, quatrième hier et plus en vie que jamais après cette nuit de compétition. Trois et quatrièmes en individuel, grâce à leurs étalons respectifs, le puissant Darc de Lux, fils de Darco, et l’agile Vancouver de Lanlore, descendant de Toulon. “Cette performance me procure un sentiment fantastique ! C’est encore plus que ce dont nous rêvions. Nous sommes venus ici au mieux de notre forme. Darc a été tellement régulier cette saison et le prouve encore ici. J’ai pris des risques au barrage, mais je n’ai pas géré aussi parfaitement que je l’aurais voulu mon dernier virage. Qu’importe, mon cheval a tout donné. Au premier tour, j’ai commis une importante erreur de pilotage et il s’est battu avec tout son cœur, a été incroyable. Nous allons prendre bien soin de lui. J’ai la meilleure des grooms, Hanna (Carlsson, ndlr). Je sais qu’elle va faire en sorte qu’il soit au top pour samedi, où il est capable d’être de nouveau double sans-faute”, a prévenu le patron des écuries Absolute Horses, aux anges à la fin de son parcours et qui n’a pas manqué d’enlacer longuement l’encolure de son formidable complice à quatre jambes.

Le formidable Darc de Lux a tout donné à son cavalier. © Sportfot

Pius Schwizer et Vancouver de Lanlore n'ont pas tremblé ni failli cette nuit. © Richard Juilliart/FEI

Henrik von Eckermann reste en vie, Richard Vogel poursuit sa folle série

Troisième malgré sa faute sur le vertical numéro neuf du parcours initial, qui surmontait un bidet à l’abord délicat, suivant, après un trois-quarts de tour à gauche, le triple, Henrik von Eckermann reste en embuscade avec King Edward Ress. Grâce au parcours à quatre points le plus rapide de la soirée, le Suédois et numéro un mondial est parvenu à se maintenir à une petite unité des leaders. De quoi laisser planer le suspense quant au dénouement de cette fort belle finale. Trois autres cavaliers sont à moins d’une barre de la tête. Parmi eux, un certain Richard Vogel, dont le sublime United Touch S, étalon de onze ans issu de la prestigieuse souche de la championne de Ludger Beerbaum Classic Touch, avait déjà fait grande impression dans la Chasse. Cette fois, l’Allemand n’a pas joué dans la demi-mesure, se qualifiant aisément pour le barrage, puis survolant littéralement le tracé raccourci qui se dressait sur son chemin. Sans crier gare, grâce à l’impressionnante amplitude de son bai, qui semble réciter sa leçon à la perfection à chaque saut, le prodige s’est imposé. Rien de bien surprenant au vu des récentes performances du Germanique, vainqueur de la qualificative à Stuttgart avec le fils d’Untouched, deuxième à Leipzig avec une jeune pépite désormais sous la selle de Steve Guerdat, et encore lauréat d’un Grand Prix 5* pas plus tard que la semaine dernière, à Wellington, avec Cepano Baloubet, neuf ans. Richard Vogel est pour l’heure quatrième du général, avec deux points dans sa valise. “Mon cheval a donné le meilleur de lui-même. Je suis très, très heureux. Dès le numéro un du barrage, j’ai voulu partir avec un bon rythme. Ensuite, j’ai utilisé son amplitude pour retirer des foulées ici et là. C’est ma première finale de la Coupe du monde (présent aux Etats-Unis cet hiver, l’Allemand n’a disputé que deux épreuves de la saison régulière et s’est qualifié in extremis grâce au forfait de Simon Delestre notamment, ndlr). Je suis déjà ravi de la façon dont tout se déroule. Je vais faire de mon mieux samedi”, a-t-il commenté en sortie de piste. 

La joie de Richard Vogel, vainqueur de l'épreuve individuelle et auteur d'une belle remontée au général avec United Touch. © Richard Juilliart/FEI

Que de réussite pour ce duo promis à un grand avenir. © Scoopdyga



Vitiki, pas loin de l’exploit

En cinquième position, Yuri Mansur et Hunter Holloway totalisent trois unités. Le Brésilien, d’abord, ne peut qu’être aux anges. Son phœnix Vitiki, qui s’est relevé de l’impossible à deux reprises, d’une gravissime fracture d’abord, survenue à Aix-la-Chapelle, puis d’une impressionnante opération visant à lui retirer un kyste situé dans son chanfrein, n’a pas flanché, bien au contraire. Même si son cavalier a regretté son choix d’embouchure, un peu trop fort et pas parfaitement adéquat pour l’occasion, le résultat est bien là. Et le petit alezan, qui exprime enfin son plein potentiel, après avoir nécessairement pris du retard sur sa formation en raison de sa longue convalescence, pourrait bien prendre sa plus belle revanche sur la vie dès ce week-end. Portée par son public, encore assez peu nombreux mais très enthousiaste, Hunter Holloway confirme pour sa deuxième finale de la Coupe du monde successive. L’Américaine n’a pas tremblé sur le parcours initial avec sa bondissante Pepita Con Spita, avant de commettre une faute au barrage, tout comme Yuri Mansur. 

Fantastique Vitiki ! © Richard Juilliart/FEI

Harry Charles avait quitté l’arène dépité, vexé, blessé, après la Chasse. Ce soir, le Britannique affichait une tout autre expression. Pas question de reproduire deux fois la même erreur et après s’être “mis un coup de pied aux fesses”, le brillant jeune homme s’est racheté, terminant deuxième de l’épreuve, jugée sur un Barème de Grand Prix classique, et remontant en septième position, à cinq pénalités de la tête, avec le crack Balou du Reventon (ex Cornet’s Balou), presque un peu trop aérien dans son geste des postérieurs ce soir, comme le fut aussi parfois Vitiki. “Balou a encore montré quel cheval incroyable il est, l’un des meilleurs du monde. J’espère avoir rattrapé un peu de mon retard”, se projetait le meilleur cavalier de l’Union Jack au classement mondial. “Il n’y a pas un autre cheval au monde qui a accompli ce qu’il a fait. C’est un honneur et un privilège de monter une telle créature.” À égalité de points, un autre Harrie, Smolders cette fois, reste en embuscade. Moins souverain que la veille, le Néerlandais a buté sur le massif oxer numéro 10, le plus piégeux du parcours, avec son énergique Monaco. Rien n’est joué, et le couple, éternel Poulidor de ces derniers mois, pourrait encore jouer les troubles fêtes en haut du classement samedi.

Quelle classe, ce Balou du Renventon. © Scoopdyga



Confirmation, déception et rectification 

Si Victoria Gulliksen et Devin Ryan ont signé de belles opérations, en compagnie des géniaux Papa Roach et Eddie Blue, pour se hisser au neuvième rang, Scott Brash, qui figure à la même position, à tout perdu, ou presque, avec Hello Jefferson (né Jerenmias van het Hulstenhof). Douze points, dont huit dans le triple, ont alourdi la balance pour l’Ecossais, qui compte désormais dix points de retard sur la pole position. Wilma Helström a aussi fait une mauvaise affaire ce soir, après un très bon début de parcours de sa Cicci BJN, finalement sanctionnée par douze points et douzième du général. Suivent deux autres amazones, Erynn Ballard et Janne Friederike Meyer-Zimmermann, qui montaient respectivement Gakhir et Messi van’t Ruytershof et qui sont toutes deux à douze unités du sommet. Derrière, les chances de podium sont maigres pour Julien Epaillard, Martin Fuchs, Denis Lynch, Daniel Bluman et les autres, bien que tout puisse encore arriver. 

Victoria Gulliksen avait le sourire, grâce à son cher Papa Roach. © Scoopdyga

En méforme hier, Gerrit Nieberg et Edouard Schmitz ont su relever la barre aujourd’hui, aux rênes de Blues d’Aveline et Gamin van’t Naastveldhof, deux chevaux d’avenir que l’on devrait revoir à l’œuvre dès samedi, puisque tous deux font partie du Top 30 invité pour l’ultime étape de cette finale. Parmi les bonnes surprises, Nicholas Dello Joio, aux commandes d’un fils de… Balou du Reventon, Cornet’s Cambridge, et Nurjon Tuyakbaev tiennent le choc et devraient, eux aussi, en être pour la finale de la finale. En attendant, vendredi rimera avec repos outre-Atlantique. Prochain rendez-vous pour le saut d’obstacles : dans la nuit de samedi à dimanche, à 1h15, heure française, pour la première des deux manches de l’ultime journée de compétition pour le cru 2023 du plus mythique des circuits indoor. 

 Très belle impression laissée par l'Américain Nicholas Dello Joio avec Cornet's Cambridge. © Scoopdyga

Les résultats complets de l’épreuve ici.
Le classement provisoire complet ici.

Photo à la Une : Andreas Schou et son génial Darc de Lux disputent leur troisième grand championnat ensemble, le premier en palais. © Scoopdyga

Les épreuves de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.