Quelle saison pour Richard Vogel ! Cet hiver, le prodige allemand s’est révélé au grand jour, d’abord en s’imposant à Stuttgart, puis en amassant les classements à Wellington et Leipzig. En Floride, justement, le jeune homme a achevé la saison hivernale avec brio, en selle sur une monture jusque-là presque inconnue, Cepano Baloubet. La paire a supplanté Roberto Teran Tafur, juché sur Dez’ Ooktoff ainsi que Bertram Allen, aux rênes de Pacino Amiro. Une bonne dose de confiance pour le Germanique et son équipe, qui ont, quelques heures après ce triomphe, pris la route en direction d’Omaha, pour la finale de la Coupe du monde Longines.
Quelques jours après avoir vu quatre de ses montures quitté ses écuries, dont la brillante Looping Luna, qu’il façonnait patiemment depuis plusieurs années, Richard Vogel ne s’est pas laissé abattre, ni par ces faits sportifs, ni par les conditions météorologiques qui se sont abattues sur Wellington, samedi 1er avril au soir. Pendant une partie de l’épreuve, qui s’est jouée en nocturne, comme il en est de tradition au Winter Equestrian Festival (WEF), les poissons auraient été dans leur élément durant une partie de la soirée. Mais la pluie n’a en rien gâché la qualité de la soirée, et encore moins la joie de Richard Vogel, qui s’est imposé dans le deuxième Grand Prix 5* de sa carrière, et pour la quatrième fois de la saison à Wellington. “Je suis submergé d’émotions. Il y a deux semaines, je n’étais même pas sûr de vouloir monter ce cheval dans un tel Grand Prix. Il m’a donné un très bon sentiment, alors nous nous sommes dit que nous étions ici, qu’il était en très bonne forme et que cela valait le coup d’essayer. Il a été incroyable”, s’est réjoui l’heureux lauréat.
Cepano Baloubet, neuf ans, a débuté sa carrière internationale sous la selle de Richard Vogel. Même si l’Allemand en a confié les rênes à sa compagne, Sophie Hinners, amazone tout aussi talentueuse, pendant près d’un an, la complicité est rapidement revenue, dès janvier, sur le continent américain. “Je l’ai monté pour la première fois lorsqu’il avait six ans. Peu de temps après, il est arrivé dans nos écuries, avec le même propriétaire, et nous avons pu poursuivre sa formation. En janvier, [Veronica et Molly Tracy] l’ont acquis afin que je puisse le conserver dans mes écuries. J’ai de la chance d’avoir de si bons propriétaires et autant de confiance en ces personnes”, a complété l’actuel numéro soixante-neuf mondial. À neuf ans seulement, l’alezan a éclos avec une rapidité déconcertante, un peu comme United Touch S, cheval de tête du piquet de Richard Vogel, ou Looping Luna. Alors qu’il n’avait disputé qu’une épreuve à plus d’1,50m avant 2023, le fils de Chaman (né Boa’s Sam), indissociable partenaire de Ludger Beerbaum aux origines so french, et petit-fils de Stakkato’s Highlight (Stakkato), a franchi le cap du très haut niveau avec une aisance folle. En seize épreuves courues avant ce week-end, le représentant du stud-book DSP s’est hissé à dix reprises dans le top ten. “Wellington nous a vraiment réussi. Nous avons vécu une excellente saison. Nos chevaux ont très bien sauté et gagné beaucoup d’expérience. C’est génial”, a résumé Richard Vogel, sur qui il faudra indéniablement garder un œil dès cette semaine, lors de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha, dont le coup d’envoi sera officiellement donné dans la nuit de mercredi à jeudi pour la Chasse du saut d’obstacles.
En prenant le départ du barrage en premier, le jeune Allemand a déroulé son second parcours selon ses plans, sans prendre trop de risques, selon ses dires, mais en arrêtant tout de même le chronomètre en 40”53. Finalement, son temps restera invaincu. Déjà délicat, le tracé initial du Brésilien Guilherme Jorge n’avait laissé passer que sept duos vers la finale. Et cet ultime parcours du Festival floridien n’a pas été plus simple ! Après le passage des lauréats du soir, seul le Colombien Roberto Teran Tafur est parvenu à aligner une nouveau double zéro. Le pilote était accompagné de Dez’ Ooktoff, un fils de Colandro et arrière-petit-fils de l’excellent Lys de Darmen. “Lorsque j’ai acheté ce cheval, il était assez vert à ce niveau. Il n’est pas un cheval rapide, mais il est régulièrement sans-faute. Je suis fou de joie ; je travaille avec ce cheval depuis plus de trois ans et il est devenu très constant à ce niveau. Je n’allais pas battre Richard ou McLain (Ward, ndlr), ou n’importe quel autre cavalier rapide, alors je voulais avant tout être sans faute, puis croiser les doigts pour qu’il y ait des fautes. Et cela a fonctionné”, a décrit Roberto Teran Tafur.
Troisième grâce à un barrage entaché d’une faute mais rapide, bien que pas tout à fait autant que celui de Richard Vogel, Bertram Allen a hissé son fidèle Pacino Amiro au troisième rang. Le bai brun, fils du regretté Pacino, qui a désormais un clone, a supplanté Kalinka van’t Zorgvliet, Berlinda, HH Azur Garden’s Horses, H5 Just The Music et Chakaria (ex Carelia), montures respectives de Karl Cook, Alessandra Volpi, McLain Ward, Carlos Hank Guerreiro et André Thieme, ce dernier ne s’étant pas qualifié pour le barrage après un parcours initial à quatre points.
En conclusion du cru 5* du WEF édition 2023, une dernière personne s’est vu remettre une récompense, et pas des moindres. La dévouée Felicia Wallin, groom et bonne fée de Richard Vogel depuis plusieurs années, a reçu un chèque de 500$ au milieu de la piste principale, pour son rôle crucial dans les performances de Richard Vogel et ses protégés.
Photo à la Une : Richard Vogel et Cepano Baloubet. © Sportfot