Gerrit Nieberg affirme son statut d’homme fort à Leipzig
En voilà un qui n’a pas fini de faire parler de lui. Presque inconnu du grand public voilà un an, Gerrit Nieberg est devenu l’un des plus redoutables pilotes du monde. Jonglant avec ses deux cracks Ben 431 et Blues d’Aveline CH, en attendant d’aguerrir ses jeunes recrues, le jeune homme, qui n’a pas encore fêté son trentième anniversaire, sait trouver l’équilibre. Le sens des tracés, il l’a aussi. Et si sa démonstration en terres aixoises n’avait pas suffi à faire passer le message l’été dernier, son barrage dans le Grand Prix de la Coupe du monde Longines de Leipzig aura fait office de piqûre de rappel pour les plus étourdis. Dans le sillage de ce vent de fraîcheur, la nation hôte, qui a dominé de la tête et des épaules chez elle, peut aussi compter sur un certain Richard Vogel. Qu’importe la monture, le pilote, assuré et déterminé, parvient à son but. Avec la jeune Looping Luna, neuf ans tout juste, le Germanique expatrié outre-Atlantique depuis quelques semaines, n’est pas passé loin d’un nouvel exploit après son triomphe à Stuttgart en novembre dernier. Enfin, en pleine forme avec son Vancouver de Lanlore, Pius Schwizer s’est installé en troisième place, confirmant ainsi la très bonne impression laissée à Bâle, la semaine passée.
Érigé en héros après son sacre aussi incroyable qu’inattendu à Aix-la-Chapelle, Gerrit Nieberg a pris une toute nouvelle dimension ces six derniers mois. Plus question de sous-estimer ce jeune talent, aussi discret que redoutable. Dernier à s’élancer dans le barrage du Grand Prix de la Coupe du monde Longines de Leipzig, dimanche 22 janvier, le pilote, qui fêtera ses trente ans en juin prochain, a déroulé un tracé impeccable, sans secouer le tapis. Pourtant, sa justesse et sa précision ont été largement suffisante pour couper les cellules en 36”55, soit un peu plus d’une demi-seconde de mieux que son compatriote, Richard Vogel, qui est passé à un rien de signer un nouvel exploit avec la fort prometteuse Looping Luna (ex Louna), neuf ans et qui semblait déjà presque imbattable. “Je suis vraiment, vraiment content du résultat que j’ai obtenu aujourd’hui avec mon cheval. Il a fait un travail fantastique, déjà lors du premier parcours. Je savais que le barrage était très rapide, mais j’ai tout tenté et cela a fonctionné”, a déclaré l’heureux lauréat, juste avant la remise des prix.
Cette nouvelle performance de premier ordre, celui qui pourrait bien devenir un pilier de la Mannschaft dans les années voire mois à venir l’a signée du bout des rênes de Blues d’Aveline CH, preuve, donc, qu’il est bien plus que le cavalier d’un seul cheval. Ce grand et imposant gris n’en est pas moins agile et très respectueux. À tout juste onze ans, le fils de Baloussini et Loreley, une fille de Coriall, a remporté sa plus belle victoire, mais n’en était pas à son coup d’essai, puisqu’il s’était incliné pour quelques centièmes du côté d’Helsinki, en octobre dernier, ou encore quatrième du Prix des combinaisons de Genève deux mois plus tard. Leipzig, où se déroulait l’an dernier la finale du circuit indoor, qui avait d’ailleurs permis à Gerrit Nieberg de commencer à faire parler de lui avec son fidèle Ben 431, semble plaire au cheval d’origine suisse, puisqu’il avait déjà terminé bon deuxième du Grand Prix 3* organisé en avril dernier, en parallèle de l’échéance majeure.
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Douze barragistes et quinze sans-faute aux obstacles
Alors que la réputation d’un constructeur de parcours difficiles, avec des efforts souvent importants à la clef, lui a longtemps collé à la peau, Frank Rothenberger semble avoir définitivement lavé son nom. Sur la piste de Partner Pferd, l’Allemand a presque été dans l’excès inverse. Dès le coup d’envoi du Grand Prix, les sans-faute se sont accumulés. Il faut dire que le public a été verni, avec les très belles équitations de Lars Kersten, Wilm Vermeir - dont une interview sera à découvrir cette semaine sur Studforlife.com -, Marcel Marschall et Julien Epaillard pour lancer les hostilités. Sur ces quatre pilotes, seul un, le Belge, aura effleuré une barre. L’Allemand, lui, n’aura pu éviter deux points de temps avec son démonstratif et séduisant Coolio 12, pour terminer finalement quinzième, derrière Philipp Weishaupt et le très jeune Zineday, en lequel il semble fonder, à juste titre, de grands espoirs pour l’avenir, et Jordy van Massenhove, qui confirme la très bonne impression laissée à Bâle la semaine passée, déjà avec Equine America Verdiamo.
Également ouvreur du barrage, Lars Kersten n’est pas parvenu à rééditer sa performance avec Hallilea, qui disputait seulement sa deuxième épreuve à ce niveau, après s’être montrée très performante jusqu’à 1,50m en fin d’année dernière. Cette fois, la jolie grise a renversé les deux premiers obstacles du parcours réduit et n’a pu se hisser au-delà de la douzième place. Même sanction sur l’oxer numéro un pour Julien Epaillard, auteur de deux parcours de très bonne facture sur la puissante Vitalhorse Ebaddya Hero, récemment débarquée dans ses écuries, en provenance de celles d’Alexa Ferrer. La baie, fille d’une certaine Ayade de Septon, courait là sa première étape de la Coupe du monde et l’a fait avec la manière, s’octroyant une honorable septième place. Sans cette malheureuse faute, on ne peut qu’imaginer que le couple aurait rivalisé en haut de tableau.
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Moins rapides, trois locaux ont occupé les rangs huit à dix. Jana Wargers, Janne-Friederike Meyer-Zimmermann et Marcus Ehning ont chacun accusé quatre points aux rênes des excellents Limbridge, neuvième des derniers championnats du monde, Messi van’t Ruytershof, lauréat de l’étape Coupe du monde de La Corogne, et Priam du Roset, de plus en plus régulier au plus haut niveau. Onzième, Césus de Fougnard, excellent complice de Julien Anquetin, n’a pas fait rouler de barre au sol, mais a refusé de franchir la cinquième difficulté du tracé raccourci après un virage un peu trop serré à son goût. Pour son deuxième Grand Prix 5*, le fils du champion du monde Dollar du Mûrier a toutefois dû laisser de sacrés motifs de satisfaction à son cavalier.
Six doubles sans-faute et une bataille haletante
Du côté des doubles zéro, le styliste Marco Kutscher a ouvert la voie avec le brillant Aventador S (né Ahousat), dont le chic n’est pas sans rappeler son père, Armitage. Plus vu au départ d’un CSI 5* depuis mars 2020, et aligné dans un Grand Prix 5* depuis septembre 2019, l’Allemand a été acclamé par les siens en sortie de piste. Peut-être que l’ancien cavalier du génial Cornet Obolensky (ex Windows vh Costersveld) tient là son nouveau crack. Avec moins d’un an de compétitions internationales dans les jambes, et jusqu’alors aucun parcours à 1,60m, son petit étalon alezan de dix ans a fait preuve d’une remarquable aisance, qui pourrait bien laisser présager de grandes choses.
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Alors que le public raccompagnait encore son double médaillé de bronze des Jeux olympiques d’Athènes, Richard Vogel est entré en piste. Comme à Stuttgart, où il avait empoché la mise, l’Allemand ne s’est pas montré impressionné. Sûr de lui et déterminé, il n’a pas permis à sa jeune Looping Luna, neuf ans tout juste, de douter. Résultat ? Un parcours fluide et sans fausse note bouclé en 37”08. Si les trois germaniques suivants n’ont pas réussi à faire mieux, Yuri Mansur a tenté sa chance. Au sommet de son art, son phoenix Vitiki, revenu de loin, a montré toute sa classe et toute sa générosité en réalisant une prestation impeccable en 39”34. Suffisant pour prendre la quatrième place et donner le sourire au sympathique Brésilien.
Sans forcer, Wilma Helström a déroulé son second parcours tranquillement, s’assurant un nouveau sans-faute en compagnie de sa reine Cicci BJN et, par la même occasion, une très probable qualification pour la finale du circuit, qui aura lieu à Omaha au printemps. Restaient alors Pius Schwizer, d’abord, et Gerrit Nieberg, ensuite. Le Suisse a crânement tenté sa chance avec Vancouver de Lanlore, généreux et très à son aise, comme il l’avait déjà montré la semaine passée à Bâle. Cette fois, la paire s’est hissée sur la troisième marche du podium avec un chronomètre de 38”81. De quoi confirmer leur très bonne forme et s’inviter aux Etats-Unis dans quelques semaines ? Affaire à suivre. Et puis, Gerrit est venu, il a vu et a vaincu. En étant le seul à passer sous la barre des 37”00, le jeune homme a pu s’offrir un tour d’honneur anticipé et bien mérité avec son adorable et attachant Blues d’Aveline CH.
Les tickets pour le Nebraska se précisent…
Titulaire d’un total de points absolument faramineux, Henrik von Eckermann a profité de ce week-end pour se ressourcer en famille et prendre quelques jours de repos. Grâce à son nouveau classement aujourd’hui, Julien Epaillard est désormais deuxième, devant Kevin Staut. Suivent deux Allemands : Daniel Deusser et Gerrit Nieberg. Avec cinquante-trois points, Harry Charles est aussi assuré de défendre ses chances dans le Nebraska dans quelques semaines, tout comme Janne Friederike Meyer-Zimmermann, Wilma Hellström et Marcus Ehning, qui sont tous franchis la barre symbolique faisant souvent référence de quarante unités. Derrière, les jeux ne sont pas encore faits et les trois dernières étapes - Amsterdam, Bordeaux et Göteborg - auront encore leur mot à dire.
Les résultats complets du Grand Prix ici.
Le classement général provisoire du circuit ici.
Photo à la Une : Gerrit Nieberg et son génial Blues d’Aveline CH. © FEI/Leanjo de Koster
Toutes les épreuves du CSI 5*-W de Leipzig sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.