La nombreuse production de Mylord Carthago continue de s'affirmer sur les pistes internationales, week-end après week-end. Sur deux Grands Prix 4* disputés dimanche, trois de ses produits se sont distingués en s’offrant une place dans le tiercé de tête. Du côté de la Californie, le tant attendu CSIO 5* de San Juan Capistrano a souri à la nation hôte, portée par l’intouchable McLain Ward sur son tout bon Contagious, et où Argan de Béliard, fils de… Mylord Carthago et complice de Lilie Keenan, n’a pas démérité !
Avec un mois d’avance, les pistes d’Hohenkirchen, en Allemagne, Montefalco, en Italie et San Juan Capristano, en Californie, ont, en quelque sorte, célébré la fête des pères. À l’honneur, un dénommé Mylord Carthago, né chez Paule et Jean-Louis Bourdy Dubois, également à l’origine d’Excalibur de la Tour Vidal, grand vainqueur international sous la selle de Pénélope Leprevost et reproducteur de plus en plus sollicité, année après année. Outre-Rhin, le gris ne s’est pas contenté de voir l’un de ses produits s'imposer dans le Grand Prix 4*, dimanche 14 mai, mais a signé un doublé magistral.
Greece 5, une petite-fille de Qinar âgée de neuf ans seulement, a conquis l’événement germanique, grâce au plus rapide double sans-faute de la journée. Guidée de mains de maître par Teike Carstensen, la Holsteiner, qui a hérité de la robe grise de son père, a réalisé un coup de maître mémorable. Jusqu’alors, la jument et son amazone n’avaient disputé ensemble que… trente et un parcours internationaux, jusqu’au niveau 3*. Leur première tentative à l’échelon supérieur ne pouvait guère mieux se dérouler ! Tout sourire au passage de la ligne d’arrivée du barrage, qu’elle a franchi en 45”44, Teike Carstensen, qui fêtera son vingt-cinquième anniversaire le 3 septembre prochain, n’a pas caché sa joie de remporter sa… toute première épreuve internationale Séniors.
Deuxième, Johannes Ehning, le frère de Marcus, n’a pas démérité. Un poil moins rapide que sa cadette, l’Allemand a fait bonne figure avec Classic Donna, une jument grise de dix ans par… Mylord Carthago ! Associés depuis à peine quelques mois, les deux néo-complices ont signé une nouvelle performance de haut vol, quelques semaines après leur deuxième place dans le temps fort du CSI 4* de Brunschwick. Avec une telle régularité, ces deux-là pourraient-ils faire concurrence à Harrie Smolders et Monaco ? Affaire à suivre.
À Hohenkirchen, le trio de tête a été complété par le Britannique Tim Gredley, qui a empêché un quadruplé allemand grâce à la complicité de Médoc de Toxandria, une autre pépite de l’affixe belge que porte également L’Artiste, crack de Ioli Mytilineou issu d’une autre souche maternelle.
Le Brésil aux avant-postes en Italie, où une fille de Mylord se hisse sur le podium
Du côté de Montefalco, cette fois, pas de victoire pour les descendants de Mylord Carthago, mais une belle troisième place pour Déesse des Embruns. Née chez Gilles Denizet dans les Côtes d’Or, cette petite-fille du KWPN Orame a été guidée vers le sans-faute par la Belge Céline Schoonbroodt de Azevedo, ancienne amazone de la géniale Cheppetta. Si le barrage du couple, formé depuis début 2022 et l’arrivée sous bannière Belge de la Selle Français en provenance des écuries d’Aurélien Leroy, ne leur a pas permis de rivaliser avec le Brésil, sa prestation a été suffisante pour lui offrir sa plus belle performance à ce niveau.
Deuxième, Luiz Felipe Cortizo Gonçalves de Azevedo Filho s’est montré bien peu galant avec son épouse ! Associé à Sierra du Piedroux, une fille de Scendro sur la souche de Trésor de Virton, l’Auriverde s’est incliné pour une seconde et demi de retard sur son compatriote, Stephan de Freitas Barcha. Ce dernier avait harnaché Chevaux Primavera Montana Imperio Egipcio, une jument d’origine brésilienne par Calvaro. Alors qu’elle n’avait encore jamais concouru sur la scène internationale en Europe il y a quinze jours, la baie de treize ans s’est emparé de son premier Grand Prix 4*, sur deux tracés loin d’être au rabais, puisque nombre de couples rompus aux grandes joutes mondiales s’y sont cassées les dents, à l’image de Piergiorgio Bucci sur Cochello, Pius Schwizer et Vancouver de Lanlore, pourtant consacrés la semaine passée sur cette même piste, ou encore Bryan Balsiger et Dubaï du Bois Pinchet.
McLain Ward court sur l’eau
McLain Ward ne marche pas sur l’eau, il court dessus. Vainqueur du Grand Prix vendredi dans cette même arène de San Juan Capistrano, l’Américain a porté son escouade vers la victoire dans le Coupe des nations, deux jours plus tard, alors même qu’il en avait fait un objectif affiché et assumé. Son fidèle Contagious, meilleur représentant du très intéressant Contagio, a été le seul à parvenir à conserver son score vierge de toute pénalité à l’issue des deux manches de l’épreuve collective du CSIO 5* américain.
“En fin d’année dernière, nous nous sommes dit que nous devrions revenir nous battre. Se qualifier pour la finale du circuit des Coupes des nations de Barcelone devait être une priorité, parce qu’il s’agit de l’une des deux possibilités restantes pour se qualifier pour les Jeux de Paris en 2024. En somme, nous avons pris notre première équipe en début d’année et l’avons divisée en deux”, a divulgué Robert Ridland, chef d’équipe du Stars and Stripes. “Les quatre cavaliers médaillés d’argent à Tokyo, en 2021, sont présents dans ces deux équipes. C’était notre plan. Parfois cela fonctionne, parfois non. Cette fois, cela a payé !” Après la victoire des siens à San Miguelle de Allende, un peu plus tôt ce mois, l’Américain peut se réjouir de voir ses troupes plus en forme que jamais.
“J’ai trouvé que Leopoldo (Palacios, chef d’équipe vénézuélien olympique, ndlr) a proposé un parcours vraiment exigeant. Lorsque j’ai fait la reconnaissance, je dois dire que j’ai été surpris par la hauteur des obstacles. Mais il s’agit d’un CSIO 5*. Il y avait beaucoup d’enjeux sur cette étape, et c’est ainsi que cela devait être”, a déclaré McLain Ward, après son double zéro. Ses compatriotes, Lilie Keenan (4+4), Karl Cook (4+4) et Laura Kraut (4+0) n’ont pas démérité, ni leurs montures, les excellents Argan de Béliard, fils de… Mylord Carthago, Kalinka van’t Zorgvliet et Dorado 212. La régularité des quatre paires a permis aux Etats-Unis de faire retentir leur hymne national, devant l’Irlande de Michael Blake et le Mexique de Mark Laskin, ancien chef de file du Canada, quatrième et dernier de ce rendez-vous californien tant attendu.
“Pour avoir grandi en Californie, je peux dire que le sport se trouve ailleurs. Tout le monde parle de partir à l’Est, ou de rejoindre l’Europe. C’est ce que l’on entend sans cesse lorsqu’on grandit. Il n’y a rien de mal à cela, mais il serait super que le sport soit aussi présent en Californie. C’est chouette de pouvoir concourir à quarante-cinq minutes de la maison et d’avoir des gens du coin, avec qui j’ai grandi, qui soient là pour regarder un tel spectacle. Je sais que cela inspire la nouvelle génération. C’est simplement primordial pour la côte ouest”, a ainsi expliqué Karl Cook, le nouveau cavalier de la très remarquée Caracole de la Roque.
“Je suis ravie de Dorado. Lors du premier parcours, il était impressionné. Je suis d’accord avec McLain ; l’épreuve était bien plus difficile que je ne l’avais anticipé et il m’a un peu prise de court”, a ajouté Laura Kraut. “Dorado était un peu timide. Il aurait pu s’éteindre encore plus lors du second parcours, ou grandir. Et il a grandi ! Il a déroulé un magnifique parcours, comme s’il avait toujours fait ça. Je suis très enthousiaste à l’idée d’avoir un deuxième cheval de Coupe des nations (aux côtés de l’excellent Baloutinue, ndlr).” Et Lillie Keenan de conclure : “Pour être franche, j’ai vraiment apprécié partir en première. J’adore entrer en piste et ne voir personne avant moi. Cela a bien fonctionné pour nous. [...] À chaque fois que je monte pour l’équipe américaine, surtout aux côtés de cavaliers si forts, c’est une super expérience. C’est une formidable journée pour gagner à la maison.”
Photo à la Une : Argan de Béliard et Lillie Keenan. © McCool Photos