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“Notre sport a besoin de dotations importantes pour s’aligner sur les autres, comme le tennis et le golf”, Nick Skelton

Nick Skelton et Big Star à Rio
vendredi 12 mai 2023 CHIO Aachen

À l'évocation du Rolex Grand Slam de saut d’obstacles, le nom de Scott Brash vient inévitablement en tête de n’importe quel fan de la discipline. À ce jour, le Britannique est le seul cavalier de saut d'obstacles à avoir réussi l’impossible passe de trois et soulevé le trophée tant convoité. Son compatriote Nick Skelton n’est pas tout à fait parvenu au même exploit, mais a tout de même marqué à jamais l’histoire du prestigieux circuit. Il y a dix ans, en 2013, lors du CHIO d’Aix-la-Chapelle, il a été le premier à inscrire son nom au palmarès des vainqueurs d’épreuves du Rolex Grand Slam, à côté de celui de son inoubliable Big Star. À soixante-cinq ans, le champion olympique évoque son crack, son attachement au stade de la Soers et ses nouvelles activités.

À quoi ressemble votre vie depuis votre retraite sportive ? Profitez-vous de votre temps libre pour vous détendre ?

Non, non. Je passe beaucoup de temps à entraîner les autres. J’aide également Laura (Kraut, sa compagne, ndlr) et différents élèves. Cet hiver, j’ai accepté un nouveau travail, auprès de la famille Rein (qui soutient notamment Beth Underhillnouvelle cavalière de Dynastie de Beaufour, ndlr), qui est basée au Canada. Ils ont beaucoup de chevaux et je supervise tout cela. 

Nick Skelton dans son rôle de coach, sous les palmiers américains. © Sportfot

Il y a dix ans, vous avez été le premier cavalier à remporter un Majeur, à Aix-la-Chapelle, lors du lancement du circuit du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles. Quel souvenir gardez-vous de cette épreuve ?

Gagner la première épreuve du Grand Slam a été un moment très spécial en 2013. J’ai attendu vingt-cinq ans pour gagner de nouveau à Aix-la-Chapelle ! Je me souviens très bien de l’ambiance et du public ce jour-là. En règle générale, j’ai toujours de bons souvenirs lorsque je pense à Aix-la-Chapelle. Pour moi, il s’agit du meilleur concours du monde. C’est l’équivalent de Wimbledon pour le tennis ou les Masters en gold. Il s’agit d’un endroit vraiment particulier. J’ai eu la chance de remporter le Grand Prix quatre fois, la première en 1982, puis en 1987 et 1988, avant de patienter jusqu’à 2013.

 Quelle est, selon vous, l’importance du circuit du Rolex Grand Chelem pour votre discipline ?

Cette série est très importante. C’est probablement la meilleure, vraiment. Le concept est formidable et très intéressant pour notre sport. Il y a deux échéances en extérieur et deux autres en indoor, ce qui peut, de temps en temps, rendre les choses un peu plus difficiles. Certains chevaux sont meilleurs à l’intérieur, et inversement. Les dotations sont également très intéressantes. C’est ce dont le sport a besoin ; il a besoin de dotations importantes pour s’aligner sur tous les autres sports, comme le tennis et le golf.

Big Star en action à Aix-la-Chapelle. © Scoopdyga



“Je pense que Big Star est le meilleur cheval que j’ai jamais eu”

Scott Brash reste le seul à avoir réussi l’exploit de signer le Grand Chelem, en remportant les trois Grands Prix de la série consécutivement. Pensez-vous que quelqu’un d’autre puisse l’égaler ?

Ce sera difficile, mais c’est ce qui fait la beauté de la chose. C’est une tâche ardue à réaliser. Mais prenons McLain Ward. Il a déjà remporté deux étapes et attend impatiemment le CHIO d’Aix-la-Chapelle. Avec un cheval aussi extraordinaire qu’Azur (la complice de McLain Ward, sacrée à Genève et Bois-le-Duc, ndlr) ou King Edward (l’indéboulonnable partenaire d’Henrik von Eckermann, auréolé du titre de double champion du monde et vainqueur de la finale de la Coupe du monde d’Omaha, ndlr) par exemple, c’est possible. Ce sont des chevaux spéciaux. J’aimerais pouvoir encore concourir avec Big Star (né What A Quick Star R et sacré champion olympique individuel à Rio en 2016, ndlr) ; le Grand Chelem serait la première chose à mon agenda.

Le puissant et styliste Big Star à Barcelone. © Sportfot

Vous êtes le détenteur du record du plus grand nombre de victoires dans le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, à égalité avec Piero D’Inzeo, pour un total de quatre succès. Pensez-vous que ce total puisse être dépassé un jour ?

Pour ce faire, il faut remporter son premier Grand Prix assez jeune. Dans mon cas, j’avais vingt-cinq ans lors de ma première victoire. Cela a pris beaucoup de temps. Mais dans le sport, tous les records sont battus. Cela peut donc arriver. En attendant, c’est agréable d’avoir réussi une telle performance et j’en suis très honoré. 

Bien qu'il soit officiellement retraité, Nick Skelton profite toujours des installations d'Aix-la-Chapelle, notamment au paddock, comme ici en 2018. © Mélina Massias

Big Star portait vraiment bien son nom. Il a toujours semblé se plaire sur les plus belles pistes du monde et était presque inarrêtable. Il a désormais soufflé sa dix-neuvième bougie. Que fait-il aujourd’hui ? À quoi ressemble sa retraite ?

Il va bien. En ce moment, il est en Belgique pour l’élevage. Il est stationné dans les écuries d’Axel Verlooy, où il fait la monte. J’irai le voir dans quelques semaines, lorsque je serai de retour en Europe.



Avec lui, vous avez, en plus du Grand Prix d’Aix-la-Chapelle, décroché deux médailles olympiques. Est-il le meilleur cheval que vous ayez côtoyé ?

Oui, je pense que Big Star est le meilleur cheval que j’ai jamais eu. Il a gagné tellement de Grands Prix ! Il est vraiment unique. Il aimait beaucoup l’ambiance d’Aix-la-Chapelle et était très rapide.

Le poing serré de Nick Skelton. © Sportfot

“Laura Kraut pourrait gagner Aix-la-Chapelle avec Baloutinue”

Vous avez accumulé moulte succès au cours de votre carrière, entre les Jeux olympiques, les championnats d’Europe et autres Grands Prix. Diriez-vous que votre carrière est complète, voire proche de la perfection ?

Je suis en tout cas très heureux de ce que j’ai accompli et je pense, en effet, que ma carrière est complète. Le seul Grand Prix qui m’a résisté et que j’aurais aimé gagner est celui de Rotterdam. Je n’ai pas eu assez de chance pour cela ! En 2013, après Aix-la-Chapelle, Big Star s’est blessé. Je n’ai pas pu aller à Calgary pour la deuxième étape du Rolex Grand Chelem. J’ai remporté onze Grands Prix ; quatre à Aix-la-Chapelle, quatre à Calgary, un à Genève. Il est dommage que le Grand Chelem n’ait pas existé lorsque j’ai commencé ! J’aurais été plus riche aujourd’hui (rires).

La mythique piste d'Aix-la-Chapelle a souvent souri au Britannique. © ScoopdygaEst-ce parfois difficile d’assister au CSIO d’Aix-la-Chapelle en tant que spectateur ? Cela ne vous donne-t-il pas des fourmis dans les jambes ? 

Non, cela ne me dérange pas. J’ai eu mon temps et je suis très heureux de ce que j’ai accompli. Je suis simplement heureux de venir à Aix-la-Chapelle et de regarder les épreuves. C’est toujours un grand spectacle. Il y a beaucoup de bons couples cavalier-cheval en lice cette année. Laura pourrait gagner avec Baloutinue. C’est notre objectif. Le cheval saute très bien et la piste lui conviendra.

Baloutinue et Laura Kraut pourraient bien barrer la route de McLain Ward et HH Azur Garden's Horse, dans quelques semaines, au cœur sur stade de la Soers. © Sportfot

Photo à la Une : Nick Skelton et Big Star en route pour l’or olympique, à Rio, en 2016. © Sportfot