Ward, Epaillard, von Eckermann, Guerdat, Fuchs. Les meilleurs mondiaux ont répondu présent à Bois-le-Duc, à l’occasion du premier Grand Prix du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles de 2023. Comme à Genève, McLain et sa superstar HH Azur Garden’s Horses l’ont emporté, au terme d’un barrage conclu par une dernière ligne de folie. À dix-sept ans, la pépite de l’élevage de Nathalie Beaufort demeure en forme étincelante, notamment grâce à une gestion mesurée et réfléchie. Derrière, deux autres cracks ont pris d’assaut le podium : Donatello d’Auge d’abord, et King Edward Ress.
En un éclair, McLain Ward a tué le match à Bois-le-Duc. Dimanche 12 mars, dans un Grand Prix d’exception ayant réuni la crème de la crème et une grande majorité des meilleurs chevaux du moment, l’Américain a signé une véritable prouesse, en remportant une deuxième étape consécutive du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles. Du jamais vu depuis l’épopée fantastique de Scott Brash, sacré à Genève, Aix-la-Chapelle puis Calgary, entre décembre 2014 et septembre 2015, et seul cavalier à avoir réussi à remporter trois majeurs de suite. Si McLain Ward est parvenu à s’offrir une nouvelle victoire, c’est en très grande partie grâce à sa reine, HH Azur Garden’s Horses, pépite de l’élevage de Natalie Beaufort. À dix-sept ans, cette jument dotée d’un génie extraordinaire, d’une technique remarquable et d’une volonté hors norme semble inoxydable. Depuis son tour d’honneur victorieux à Genève, la fille de Thunder vd Zuuthoeve et Sion vd Zuuthoeve, une descendante de Sir Lui, a été particulièrement préservée, ne disputant que deux épreuves internationales, les 8 et 9 février dernier, à Wellington, sur des barres hissées à 1,45 et 1,55m. Une partie du succès de McLain Ward et Azur revient évidemment à toute une équipe, dont font partie deux personnes de l’ombre : Lee McKeever et Virginie Casterman, précieux grooms de l'Étatsunien. Ce cocktail savamment dosé a débouché aujourd’hui sur un résultat sanglant et éclatant.
“Je crois que je ne réalise pas encore. Devoir regarder les douze cavaliers restant au barrage était très stressant. Le niveau est tellement élevé ici ! Plus tard dans la soirée, je pense que je prendrais la mesure de ce que nous avons réalisé. Le Rolex Grand Slam de saut d’obstacles a vraiment élevé le niveau de notre sport et gagner un Majeur est l’un des plus grands moments de la carrière d’un cavalier. Je suis tellement fier de mon équipe et de ma jument, et un peu de moi aussi”, a déclaré l’heureux lauréat. “Azur est plus intelligente que n'importe quel autre cheval. C’est une vraie reine. Je pense qu’elle comprend ce qui se passe et se transcende le moment venu. Elle adore ce qu’elle fait et le lien que nous avons créé est vraiment spécial. Désormais, notre objectif pour elle sera le CHIO d’Aix-la-Chapelle, où nous essaierons de remporter le Grand Chelem Rolex de saut d’obstacles.”
Si la réussite de McLain Ward et Azur paraît si nette, elle n’a finalement tenu qu’à vingt centièmes de seconde et une petite reprise de trop de la part de Julien Epaillard. Aussi rare qu’inhabituelle, cette action de main a coûté la victoire au Normand et son produit maison, Donatello d’Auge. De bout en bout, le couple, fraîchement récompensé dans le Grand Prix 3* de Royan la semaine dernière, menait sur le tracé raccourci imaginé par Louis Konickx, Quintin Maertens et Gérard Lachat. Mais McLain Ward l’a rattrapé sur la dernière ligne droite, menant à un oxer Rolex. Un peu comme il l’avait fait à Genève, le lauréat du jour a laissé sa baie développée son immense amplitude et s’envoler avec une foulée d’avance. Qu’importe. Après la vente de sa brillante Caracole de la Roque, Julien Epaillard prouve une nouvelle fois que son fils de Jarnac est bien plus qu’une doublure. Après cette belle deuxième place, la paire s’envolera en toute confiance à Omaha, où elle disputera son premier grand championnat, en préparation pour l’échéance olympique de Paris, à l’occasion de la finale du circuit des Coupes des nations Longines. Et puis, le Tricolore s’est rassasié en empochant deux épreuves intermédiaires ce week-end avec la bouillonnante Dubaï du Cèdre ! Un week-end réussi, donc.
Les meilleurs mondiaux au rendez-vous
Alors que le parcours initial était technique et semblait encore sélectif, impression qui s’est vite effacée lorsque les sans-faute se sont (trop) accumulés, Henrik von Eckermann a été le premier à montrer la voie. De fait, le Suédois, numéro un mondial, a ouvert les hostilités au barrage. Et qui de mieux que le couple champion du monde pour cela ? Rapide, King Edward Ress a stoppé la montre en 38”52 après n’avoir fait qu’une bouchée des deux parcours, retrouvant ses moyens habituels, qui lui avaient fait défaut à Göteborg il y a quinze jours. Malgré cette finale au chronomètre de bonne facture, cela a été trop juste pour rivaliser avec les 37”86 affichés par McLain Ward et sa reine.
Derrière, la géniale Dynamix de Bélhème confirme ! Sous la selle de Steve Guerdat, la perle de Laure et Frédéric Aimez a signé un barrage tout en aisance, rapide sans prendre de risques inconsidérés. Démontrant toujours autant de qualité malgré le rythme imposé par son pilote, la fille de Snaïke de Blondel et Soudaine du Montet, par Cornet Obolensky (ex Windows vh Costersveld) poursuit sa formidable ascension, quelques jours après avoir remporté son premier Grand Prix 4*, du côté de Vejer de la Frontera. Pour elle, comme pour Steve Guerdat, qui reconstruit un piquet de chevaux d’exception, comptant notamment les jeunes et bons Double Jeu d’Honvault, Is-Minka, Easy Star de Talma, Quorail de Choisy ou encore Hubba Bubba 2, l’avenir s’annonce radieux.
Les numéros quatre, deux et un mondiaux se sont hissés sur le podium de ce Grand Prix, mais le deuxième meilleur cavalier du monde n’était pas loin ! Martin Fuchs suit en effet son ami et compatriote Steve Guerdat au classement final. Plus vu à ce niveau depuis le CHI de Genève, Leone Jei (ex Hay El Desta Ali) a plus que réussi son retour dans le grand bain et en indoor. Toujours aussi impressionnant, le gris, fils de Baltic VDL, a signé un bon double sans-faute pour se ranger au cinquième rang et complété un tir groupé de grands noms.
Jeune et moins connu que ses aînés, Lars Kersten n’a pas à pâlir de son résultat. En pleine progression, le Néerlandais a conclu la journée de bien belle manière devant son public. Associé à Hallilea, onze ans et au départ de son quatrième Grand Prix 5*, le Batave a bouclé deux parcours parfaits pour s’offrir la sixième place. La paire en a profité pour supplanter Peder Fredricson sur un Catch Me Not S des grands jours, Kevin Staut et son lion Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie, Marc Houtzager et Holly Moley ainsi que Simon Delestre et le bondissant Cayman Jolly Jumper, auteur du meilleur chronomètre du jour mais pénalisé d’une faute sur l’ultime oxer. La première grande victoire du duo français ne saurait toutefois tarder ! Onze et douzième, les Allemands Gerrit Nieberg et Janne Friederike Meyer complète la liste des classés, avec Blues d’Aveline CH et Messi van’t Ruytershof, tous deux vainqueurs d’une étape qualificative pour la Coupe du monde cette saison, à Leipzig pour le premier cité et à La Corogne pour la seconde. Harry Charles, Marcus Ehning, Joseph Stockdale et Willem Greve, loin d’avoir démérité au premier tour, sont rentrés bredouille après des barrages achevés avec huit ou douze points. Dur…
Photo à la Une : Azur et McLain Ward à Bois-le-Duc. © The Dutch Masters - Indoor Brabant
Toutes les épreuves du CHI de Bois-le-Duc sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.