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Roi de Genève, Steve Guerdat s’offre un troisième titre dans le Top Ten Rolex

Venard de Cerisy
samedi 9 décembre 2023 Mélina Massias

Les années se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Sur la touche l’an passé, la faute à une vingt-cinquième place au classement mondial, Steve Guerdat avait les crocs vendredi soir, chez lui, à Genève. Dans l’antre de Palexpo, le Suisse a été sublime, déroulant deux parcours parfaits avec son fidèle Venard de Cerisy. Les deux complices, plus en phase que jamais, auraient pu décrocher la lune, mais une victoire dans le prestigieux Top Ten Rolex IJRC leur plaisait bien davantage. Aux anges, le Jurassien a célébré son troisième succès dans cette épreuve si singulière, une première en vingt-deux ans d’histoire. Derrière lui, Henrik von Eckermann et Kent Farrington n’ont rien pu faire avec le multimédaillé King Edward Ress et la jeune mais ô combien brillante Greya, née Contina 47.

Venard de Cerisy n’est certainement pas un cheval comme les autres, et son cavalier, Steve Guerdat, le sait bien. Entre ces deux-là, c’est une véritable histoire d’amour. Quatorze ans après avoir vu le jour à Cerisy la Forêt, chez Gabrielle et Laurent Vincent, le Selle Français Originel semble n’avoir jamais été aussi souverain que cette saison. Il faut dire que son cavalier en prend le plus grand soin et trie sur le volet les concours dans lesquels il l’engage. Cette année, Venard n’a été aperçu que sur onze événements internationaux. Hambourg, Saint-Gall, Aix-la-Chapelle, Falsterbo, Dublin, Calgary, Barcelone, Vérone, le fils d’Open Semilly et Rosée de Cerisy s’est réservé pour les plus beaux événements de la planète équestre. Bilan ? Trois victoires en Coupes des nations et autant de double sans-faute, ainsi qu’une deuxième place dans l’étape de la Coupe du monde de Vérone. Evidemment, pour conclure en apothéose ce cru 2023 déjà fort réussi, le duo ne pouvait pas manquer le somptueux CHI de Genève. Dans son jardin, Steve Guerdat a guidé avec maestria son complice vers un nouveau titre, signant le seul double zéro du prestigieux Top Ten Rolex IJRC, vendredi 8 novembre.

Venard de Cerisy se bonifie comme le bon vin ! © Mélina Massias



Déjà toutes acquises à leur cause, les tribunes de Palexpo ont tremblé, vibré et exulté pour Steve Guerdat et Venard de Cerisy. Avec la manière, le couple, formé depuis début 2017, a dominé les dix meilleurs cavaliers du classement mondial de novembre. “J’avais l’avantage de partir à la fin, mais j’étais aussi le premier des sans-faute à revenir en seconde manche. J’ai pu faire à peu près ce que j’avais convenu pendant la reconnaissance. La première manche a été réussie, et je sentais que je pouvais prendre quelques risques pour gagner du temps dans la seconde, afin de mettre la pression à mes concurrents. Mon cheval a été parfait, et je suis vraiment ravi de notre performance. C’est une magnifique manière de gagner pour une troisième fois cette épreuve”, a réagi Steve Guerdat, pris d’assaut de tous les côtés dans son fief genevois. Grand absent de l’édition 2022, le Jurassien a plus que réussi son pari de former la relève pour retrouver les sommets. Après son titre européen, Steve Guerdat achève son année avec une ligne de prestige supplémentaire à son palmarès, un premier triplé dans l’histoire du Top Ten et voit Venard de Cerisy succédé à Jalisca Solier et Alamo, primés dans cette même épreuve en 2010 et 2018. 

Troisième victoire dans le Top Ten Rolex et émotions intactes pour Steve Guerdat. © Mélina Massias

Sa réussite, Steve Guerdat l'a doit aussi à Emma Uusi-Simola, sa fidèle groom. © Mélina Massias

Greya, de révélation en révélation

Une première manche à la hauteur de l’enjeu a vu trois couples sortir de piste avec un score vierge. Steve Guerdat et Venard, évidemment, Henrik von Eckermann et sa star King Edward Ress, ainsi que Shane Sweetnam et son fantastique CSF James Kann Cruz. Les malchanceux de l’acte initial ont tout tenté dans le second, prenant parfois des risques à couper le souffle. Rapidement, Max Kühner et Harrie Smolders ont rectifié le tir avec Up Too Jacco Blue et Monaco, mais leurs douze points concédés lors de leur premier passage ont été fatals. Avec Dubaï du Cèdre, sortie de piste avec une faute au compteur, Julien Epaillard a tenté le tout pour le tout, espérant grimper sur le podium. Mais, de son propre aveu, le Normand a confondu vitesse et précipitation vendredi soir, et alourdi son score de deux fautes supplémentaires, ne lui permettant pas meilleur résultat qu’une huitième place. Avec huit points chacun en première manche, Ben Maher, Martin Fuchs et Simon Delestre ont adopté des stratégies différentes. Le premier, lauréat de cette épreuve en 2021 avec le seul et unique Explosion W, a choisi de donner une bonne expérience à son valeureux Faltic HB. Peu rapide, le duo conclut au septième rang. Les cavaliers de Conner 70 et Dexter Fontenis, ont, eux, coupé le souffle des tribunes en galopant à toute vitesse. Et à ce jeu là, la France a pris l’avantage sur la Suisse pour quelques centièmes ! Quatre et cinquième, tous deux ont supplanté Shane Sweetnam, qui a laissé rouler deux barres à terre dans le second acte avec son génial fils de Kannan, si souverain lors de son entrée en jeu quelques minutes plus tôt. Pour une première, l’Irlandais, qui était le dernier à pouvoir déloger Steve Guerdat du trône promis, pourra être satisfait.
Malgré un premier parcours à huit points, Simon Delestre a pris la quatrième place du Top Ten avec le véloce Dexter Fontenis. © Mélina Massias

Eux aussi très rapides, Martin Fuchs et Conner 70 complètent le Top 5. © Mélina Massias



Contrairement à Julien Epaillard, Kent Farrington ne s’est pas brûlé les ailes sur son second parcours. L’Américain, qui avait manqué la dernière édition du CHI de Genève, auquel il est pourtant fidèle depuis des années, a suivi la même trajectoire qu’un certain Steve Guerdat cette saison. Après avoir mis à la retraite trois chevaux ayant marqué sa riche carrière, le jeune quadra au sens aigu de la vitesse s’est reconstitué un piquet de chevaux remarquable. Si Crack de Nyze, alias Landon, en fait évidemment partie, à Genève ce sont Toulayna van het Bloesemhof, lauréate du Trophée de Genève jeudi soir, une sixième pour son pilote, et Greya, née Contina 47, qui se sont révélées aux yeux de l’Europe. C’est la deuxième que Kent Farrington a finalement sellé pour le Top Ten. Âgée de neuf ans, cette féline grise au caractère visiblement bien trempé en a bluffé plus d’un, à commencer par son cavalier. Alors qu’il ne pensait pas le podium accessible, il a finalement pris une très belle troisième place, au terme d’un premier parcours à quatre points et d’un sans-faute négocié calmement en seconde manche. Le plus grand défi de sa précieuse complice dans cette épreuve ? “C’est une question facile ! La hauteur des obstacles”, a répondu Kent Farrington en conférence de presse. “Greya n’a que neuf ans et n’avait jamais affronté des obstacles aussi imposants ! L’atmosphère était incroyable, et cela faisait beaucoup de premières pour ma jument. Je suis ravi de sa performance.”
Quelle jument cette Greya ! © Mélina Massias

King Edward et King Henrik vaincus par plus forts qu’eux

Pour lui, la hauteur des obstacles et l’incroyable ferveur du public du CHI de Genève n’étaient pas des premières. Loin de là. Champion olympique par équipe, double champion du monde en titre, vainqueur sortant de la finale de la Coupe du monde, King Edward Ress n’a pas réussi de doublé dans le Top Ten Rolex IJRC. Un peu déçu sur le podium final, son cavalier, Henrik von Eckermann, numéro un mondial depuis dix-sept mois, s’est pourtant délecté d’avoir vécu “une croisière” en première manche. Avec son filet dépourvu de frontal, son bondissant petit alezan a effectivement réalisé une première manche d’école, si bien que le Suédois n’a pas pu retenir sa joie, enlaçant son plus précieux complice avec émotion et sincérité en sortie de piste. Poussée à la faute pour conserver son titre et s’offrir un doublé, la paire a péché sur le vertical numéro cinq, qui suivait un demi-tour. “Je pense avoir été un peu trop près du vertical que j’ai fait tomber”, a analysé le Scandinave. “Je me dis que Steve est pour la troisième fois premier de cette finale, et moi deuxième pour la troisième fois ! King Edward a de nouveau été fantastique, comme toujours. Il me tarde désormais d’être dimanche.” Et il n’est pas le seul à attendre le Grand Prix Rolex de dimanche avec impatience.

Ces dernières semaines, Henrik von Eckermann et son roi semblent cantonner aux deuxièmes rangs ! Peut-être prendront-ils leur revanche dimanche ? © Mélina Massias

Les résultats complets.

Photo à la Une : Steve Guerdat et Venard de Cerisy, vainqueurs de la vingt-deuxième édition du Top Ten Rolex IJRC. © Mélina Massias



Le Top Ten Rolex IJRC est à (re)vivre sur GRANDPRIX.tv, qui diffuse gratuitement et en direct les épreuves majeures du CHI de Genève.