Après un podium 100 % Selle Français à Lyon, voilà que deux représentants du stud-book tricolore se hissent à nouveau dans le tiercé gagnant d’une étape de la Coupe du monde Longines ! À Vérone, Dallas Vegas Batilly et Ben Maher ont pris leur revanche, une semaine après s’être contentés du troisième rang. Cette fois, le champion olympique et sa bai par Cap Kennedy ne se sont pas laissé avoir et ont tout fait pour déloger Steve Guerdat et son très en forme Venard de Cerisy. Pari gagnant, puisque le duo suisse a terminé deuxième, juste devant Nicola Philippaerts et Katanga v/h Dingeshof, de retour au plus haut niveau après deux mois de pause.
Troisièmes à Lyon, derrière Grégory Wathelet, associé à Bond Jamesbond de Hay, et Julien Epaillard, en selle sur Dubaï du Cèdre, Ben Maher et Dallas Vegas Batilly ne se sont pas laissé avoir deux fois. Le Britannique et sa jument Selle Français, née chez Jean-Claude Viollet, ont déroulé le barrage le plus rapide de l’après-midi, dimanche 12 novembre, au terme d’une épreuve délicate et disputée par quelques-uns des meilleurs couples du moment. Associés depuis un peu plus d’un an, les deux complices semblent avoir trouvé leur rythme de croisière en atteste cette nouvelle victoire, la première sur une étape de la Coupe du monde Longines, et la deuxième en Grand Prix 5*, après avoir dominé la concurrence lors du CSIO de Bruxelles en août.
“Dallas est incroyable. Elle arrive vraiment à maturité maintenant. Cela fait un peu plus d’un an que nous évoluons ensemble et tout commence à être bien en place. Cette piste est assez étroite pour elle, elle a fait quelques gros sauts où elle s’est un peu reculée, mais s’est une vraie guerrière. Dallas est devenue très régulière. Elle avait des choses à apprendre cette année, mais je pense que c’est une jument qui a besoin d’avoir confiance en son cavalier. Cela nous a pris un peu de temps au début, mais je crois que nous nous comprenons bien maintenant. Elle prouve que l’on peut compter sur elle dans les moments qui comptent”, a déclaré le champion olympique de Tokyo au micro de la Fédération équestre internationale (FEI). “Le barrage était assez technique à monter. Il fallait effectuer un bon dessin pour avoir un parcours fluide et rapide. Mais Dallas a tout donné pour moi aujourd’hui. Elle est naturellement très rapide et a beaucoup progressé dans l’exercice du barrage, même entre la semaine dernière et aujourd’hui. C’est une super victoire pour toute notre équipe, qui mérite amplement cette récompense.”
Nicolas Delmotte, qui l’a montée de 2020 à 2022, succédant à Valentin Very, Claire Fontanel, Mégane Moissonnier et Romain Ozzola, voyait en elle un potentiel olympique. Et le Nordiste avait, semble-t-il, vu juste ! Si la fille de Cap Kennedy et Violetta Batilly, par L’Arc de Triomphe, poursuit sur sa lancée, et avec une telle régularité, elle pourrait bien chiper la place promise à Faltic HB, quatrième des Mondiaux de Herning et des Européens de Milan, pour les Jeux de Paris… ou bien tenter d’offrir un premier titre en finale de la Coupe du monde à son cavalier, à Riyad, au printemps prochain ? Formée avec patience par ses précédents cavaliers, la baie à la technique parfois atypique mais à l’efficacité redoutable semble avoir tous les ingrédients pour conquérir les plus belles épreuves de la planète et pourquoi pas un ou plusieurs titres majeurs.
Avec cette nouvelle performance, qui s’ajoute donc à celle obtenue il y a tout juste une semaine à Lyon, Ben Maher engrange de nouveaux de précieux points au classement mondial Longines, où il pourrait bien encore progresser dès le mois de décembre. Numéro deux mondial, le champion olympique tire aussi un trait définitif sur un début d’année mouvementé, d’abord en raison d’une blessure l’ayant tenu éloigné des terrains de compétitions pendant de longues semaines, puis émaillé par la blessure de son crack Explosion W lors du CSIO 5* de La Baule.
Venard de Cerisy, tel le bon vin
Extrêmement préservé par Steve Guerdat, qui ne le présente que dans les moments qui compte, Venard de Cerisy, quatorze ans, vieillit comme le bon vin. Au départ de neuf événements lors de la saison extérieure, dont les traditionnels CSI 5* de Hambourg et CSIO 5* de Saint Gall, Aix-la-Chapelle, Dublin, Falsterbo, Calgary et Barcelone - avec un nombre de sans-faute impressionnant au compteur - le Selle Français Originel par Open Up Semilly entame la saison hivernale avec la même fraîcheur et la même aisance. Lui qui pouvait se montrer délicat paraît de plus en plus simple à monter sous la selle du champion d’Europe en titre. Et ses deux parcours du jour en ont été la preuve. Souverain de bout en bout, la paire a coupé la ligne d’arrivée en 37’’60. Si tous deux semblaient avoir course gagnée, Ben Maher et sa… Selle Français ont stoppé le chronomètre avec quinze centièmes d’avance, en 37’’45. Même si Steve Guerdat, en grand homme de cheval qu’il est, préférait rendre tout le crédit de cette excellente deuxième place à son cheval au micro du Cavalier Romand, soulignons que le numéro cinq mondial n’était pas au mieux de sa forme physique aujourd’hui, souffrant notamment du dos !
Contrairement à la semaine passée, le trio n’a pas été entièrement conquis par des représentants du stud-book Selle Français. Même si le livre de race hexagonal a le vent en poupe ces derniers jours, son voisin belge, le BWP, a tiré son épingle du jeu en Italie. Depuis des championnats d’Europe décevants, la généreuse et énergique Katanga v/h Dingeshof, lauréate du Grand Prix CSIO 5* de La Baule un peu plus tôt dans l’année, n’avait disputé que trois parcours, à 1,35 et 1,40m lors d’un CSI 3* organisé à Opglabbeek. Pour son retour sur le devant de la scène, la fille de Cardento a semblé avoir retrouvé tous ses moyens, signant deux parcours sans faute, synonymes d’une troisième place, toujours aux côtés de son fidèle pilote, Nicola Philippaerts.
La chance ne sourit toujours pas à Martin Fuchs !
Après deux barrages un poil longuets à Oslo et Lyon, le maestro italien Uliano Vezzani a signé un quasi-sans-faute à domicile. Grâce à un parcours technique et délicat, où le triple et la dernière ligne ont notamment causé plusieurs petites fautes ci et là, privant quelques grands noms d’un ticket pour le barrage malgré des prestations plus qu’honorables, le chef de piste a offert une finale parfaite à son public. Certes, quelques duos ont vécu des parcours compliqués, mais il n’y a pas eu de catastrophe majeure. Finalement, la moitié des quarante engagés ont quitté la piste avec une faute ou moins, soit cinq de moins qu’à Oslo, sept de moins qu’à Lyon et trois de plus qu’à Helsinki.
Premier à avoir résolu l’équitation, Max Kühner a ouvert le barrage aux rênes de son jeune EIC Julius Caesar. Après avoir montré de belles choses avec le très jeune EIC Daloubet le week-end dernier, l’Autrichien confirme les premiers espoirs entrevus à 1,60m avec son fils de Couleur Rubin, déjà quatrième du Grand Prix secondaire du CSI 5*-W d’Oslo. Cette fois, le KWPN de neuf ans a signé un double zéro pour se hisser au cinquième rang. De bonne augure pour épauler et prendre la relève du tout bon Elektric Blue P d’ici quelques années.
Quatrième, Peder Fredricson a encore signé deux démonstrations sur son fantastique Hansson WL, si souvent embêté par les blessures. Quoi qu’il en soit, lorsque le hongre SWB est au sommet de son art, chacun de ses parcours sous son champion de cavalier est un pur régal.
Assez peu inspirés aujourd’hui, les locaux ont dû compter sur Francesca Ciriesi et son exubérante Cape Coral pour sauver l’honneur. Si la première victoire transalpine dans cette étape Coupe du monde devra encore attendre, la paire, écartée de la sélection italienne en dernière minute avant la dernière échéance continentale, s’est classée sixième, juste devant le couple champion de Norvège en titre. Tout près d’une grande performance en 5* ces derniers temps, Johan-Sebastian Gulliksen et le formidable Harwich VDL ont enfin concrétisé ! Excellent lors de ses deux parcours, le fils d’Arezzo VDL, né Amant M, a conclu au septième rang, après un barrage sans prise de risque de la part de son cavalier.
Parti tel un boulet de canon, profitant des moyens démesurés et de l’immense amplitude de son extraordinaire Conner 70, Martin Fuchs a finalement renversé un obstacle sur son passage. Dernier à tenter sa chance au barrage, le Suisse s’est avoué vaincu, du moins pour cette fois. Huitième, l’actuel quatrième meilleur cavalier du monde manque franchement d’un petit coup de chance. Qualifié pour le barrage des quatre premières étapes d’Europe occidentale sur le circuit de la Coupe du monde Longines, il a chaque fois concédé une faute au barrage ! De quoi lui donner encore plus de motivation pour prendre sa revanche lors de ses prochains rendez-vous…
Du côté du classement général, Rene Dittmer, fort performant outre-Atlantique, a pris les commandes. L’Allemand devra toutefois confirmer ses points lors d’une étape sur le Vieux Continent. Avec ses quarante-deux points, il devant Richard Howley, toujours bien placé après ses deux victoires scandinaves à Oslo et Helsinki. Ben Maher est troisième et fait un bon pas vers la qualification. Le champion olympique de Tokyo devance le très régulier Martin Fuchs, qui a donc marqué des points à chacune de ses sorties, tout comme Peder Fredricson, qui avait, lui, fait l’impasse sur Lyon.
Les résultats complets.
Le classement provisoire complet.
Photo à la Une : Ben Maher et Dallas Vegas Batilly survolent les obstacles qui se dressent sur leur chemin ces dernières semaines. © Massimo Argenziano / FEI
L’étape de la Coupe du monde Longines de Vérone est à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.