Depuis quelques mois, Ben Maher polit un nouveau joyau : Faltic HB. Cet étalon de douze ans, formé par MacKenzie Ray - qui en est toujours propriétaire, via Oakhingam Stud, que gère sa famille -, Roger McCrea puis Eoin Gallager, a explosé au grand jour sous la selle du champion olympique en titre. Né aux Pays-Bas, chez Marjoleine Huisman et Bert Brinkman, Faltic a conquis les cœurs de toutes les personnes qui ont croisé sa route, grâce à sa personnalité terriblement attachante. Démontrant d’immenses qualités, le bai ne semble être qu’au commencement du plus beau chapitre de sa vie.
“Je suis heureux que Faltic HB ait trouvé un super cavalier et je suis ravi qu’il ait sa chance au niveau 5* parce que j’ai toujours cru qu’il avait suffisamment de qualités pour y parvenir. C’est bien qu’il prouve à tout le monde qu’il en est capable”, lance Eoin Gallagher au sujet de son ancien complice. “Je suis content de voir ses progrès. Il a formé un couple avec Ben Maher très rapidement. Le fait que Faltic ait été capable d’être immédiatement performant avec un nouveau cavalier souligne sa qualité.” Depuis début novembre 2021, le champion olympique en titre, Ben Maher, évolue en effet avec une nouvelle monture, Faltic HB (KWPN, Baltic VDL x Concorde). En quelques semaines à peine, tous deux ont connu un succès impressionnant, terminant d’abord neuvièmes de la Coupe de Genève, à Palexpo, pour leur première apparition en 5*, puis cinquième de l’étape de la Coupe du monde Longines de Londres. Débarqué en Floride en janvier, le bai a continué de prendre de l’expérience, s’octroyant la deuxième place d’un Grand Prix 3*, battu d’un cheveu par Bertram Allen, signant un double clear round dans la Coupe des nations CSIO 4* avant d’occuper le troisième rang du Grand Prix de l’Officiel de Floride. De sacrés résultats pour celui qui est surnommé “Bond” et qui a découvert le niveau 5* à la fin de sa onzième année! “Merci à Oakingham Stud de m’avoir fait confiance en me le confiant. Il a bénéficié d’une excellente formation dans sa vie et a sauté jusqu’au niveau 3*. Il a eu une petite pause en 2020 avec l’épidémie de Covid en Europe, donc il doit encore apprendre au niveau supérieur et à aller vite au barrage, même s’il a douze ans”, avait réagi Ben Maher après ses premières performances à Wellington. “Faltic a sauté deux parcours fantastiques [dans la Coupe des nations] et a réitéré [dans le Grand Prix]. Il a bien progressé et cela a été une bonne expérience pour lui. Je suis vraiment chanceux d’avoir un cheval comme lui.”
Pour autant, cette grande réussite n’est pas le fruit du hasard. D’abord, le nouveau pilote de Faltic est évidemment éminemment talentueux, en atteste son palmarès. Ensuite, le bai a eu la chance de suivre un parcours parfaitement planifié tout au long de sa vie. Enfin, ses solides origines lui ont conféré des prédispositions non négligeables pour le sport de haut niveau. L’adorable bai, dont l’entourage loue le caractère particulièrement attachant, a débuté sa vie aux Pays-Bas, à Nieuwleusen, un petit village situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de Zwolle. À l’origine du crack se trouvent deux personnes : Marjoleine Huisman et Bert Brinkman. Le couple a croisé Beloma B, une bonne jument KWPN ayant évolué en compétitions nationales de saut d’obstacles, à Baltic VDL, en 2009. “Baltic était approuvé en Hollande. Nous aimions cet étalon, qui était très athlétique. Nous avons pensé qu’il serait un bon choix pour la mère de Faltic”, justifie Marjoleine Huisman. L’année suivante, Faltic voit le jour. “Bien que nous n’ayons jamais réellement travaillé avec lui, Faltic a toujours été un gentil poulain, très proche de l’homme”, ajoute l’éleveuse.
Issu d’une bonne souche, Faltic HB est le produit le plus âgé de sa mère, Beloma B. Cette dernière compte quatre frères et sœurs ayant sauté au moins 1,40m, dont Donadoni BH (Cardento), exporté en Amérique du Sud et vu en compétitions avec le Brésilien José Luiz Guimarães de Carvalho avant d’être cédé à un enfant, et Early HB (Harley VDL), un temps monté par Luiz Felipe de Azevedo et Céline Schoonbroodt de Azevedo. Tous deux ont aussi vu le jour à Nieuwleusen, chez la famille Huisman-Brinkman, qui leur a donné ses initiales en guise d’affixe. Surtout, Beloma B est la propre sœur d’Orient Express (KWPN, Concorde x Nimmerdor), qui a évolué jusqu’en Grands Prix à 1,60m sous la selle du Norvégien John Gunvar Knutsen jusqu’au début des années 2010. À l’élevage, Orient Express a notamment donné le jeune Quality Express (Z, Quasimodo), cinq ans et approuvé étalon par son stud-book d’origine. “Jeloma, la grand-mère de Faltic, a d’autres produits, mais ils évoluent sur des compétitions nationales. Beloma B, la mère de Faltic, nous a donné Faltic, mais aussi Leloma HB (Freeman) et Meloma HB, une fille d’Impressive VDL de cinq ans. Elle débute seulement le saut d’obstacles. Nous avons également Obeloma HB, une descendante de Kobalt née en 2019. L’an dernier, nous avons eu Reloma HB, un fils de Kallamar VDL qui est parti en Angleterre, via une vente organisée par le haras VDL”, complète Marjoleine Huisman. “Cette année, nous allons de nouveau essayer d’inséminer Beloma B avec Baltic VDL.”
2021, année de la révélation
Après quelques mois passés dans ses prairies natales, Faltic rejoint ses nouveaux propriétaires. “Nous avons vendu Faltic au haras VDL lorsqu’il avait cinq mois”, précise son éleveuse. Le fils de Baltic reste chez les Van de Lageweg jusqu’à ses deux ans, moment auquel il est acquis par la famille Ray, via Oakingham Stud, qui a toujours conservé son protégé depuis lors. “Nous l’avons acheté lors de la vente Addington, organisée par Brightwell, lorsqu’il avait deux ans”, confirme MacKenzie Ray, fille de John et Jacqui, fondateurs la structure en Angleterre, sise depuis 2011 dans une ancienne structure dédiée aux courses, dans le village de Compton, à un peu moins de deux heures à l’ouest de Londres. Dès ses débuts, l’étalon fait montre de grandes qualités. “J’ai monté Faltic lorsqu’il avait cinq et six ans. Je l’ai formé quelque temps, avant que Roger McCrea ne prenne le relais. Il a disputé les épreuves réservées aux chevaux de sept ans avec lui. Pour être franche, Faltic est tellement respectueux que nous ne lui en avons pas trop demandé lorsqu’il était jeune, tout simplement car il n’y avait pas besoin de le faire. Lorsqu’ils sautent comme lui, avec tant de qualités et de classe, ils n’ont pas besoin de faire beaucoup de concours”, reprend MacKenzie, originaire d’Écosse et cavalière pour la structure familiale.
Après avoir disputé deux épreuves internationales à 1,45m et une à 1,50m, “Bond” est confié à un autre Irlandais, Eoin Gallagher. “Il avait huit ans lorsque j’ai commencé à le monter, mais dès les premiers sauts, il a montré ses qualités et sa puissance. Pour nos premiers concours, je suis allé directement au Mans, où j’ai réalisé qu’il était très intelligent. Même s’il était encore très vert, il était vraiment doué et je savais qu’il serait facile à monter en piste”, complète le cavalier, désormais installé à son compte avec sa compagne, Denise Wilson, après avoir travaillé deux ans pour l’élevage Oakingham. Après un an de pause, Faltic retrouve la compétition en février 2020. Malgré la pandémie, le bai progresse rapidement et dispute ses premiers Grands Prix 2* à l’été 2021. S’ensuit une première victoire dans le temp fort du CSI 2* de Chard, en Grande-Bretagne, qui ouvre la voie à une série de succès pour le couple. “Nous avons connu un printemps et un été très fructueux l’an dernier, mais mon souvenir préféré avec lui restera notre victoire dans la Coupe des nations de Kronenberg, où nous avons signé un double sans-faute”, se souvient le pilote. Juste avant ce triomphe avec le Trèfle irlandais, Faltic et Eoin avaient effectué deux parcours à quatre points dans les Grands Prix 4 et 3* de Gorla Minore. En plus de l’épreuve collective de Kronenberg, le couple a pris la troisième du Grand Prix dominical, puis s’est classé deux fois à Harthill, avant de dérouler un parcours à quatre points puis un sans-faute dans la Coupe des nations CSIO 4* de Varsovie, support de la finale du circuit Longines de la Fédération équestre européenne (EEF). Bref, l’année 2021 a véritablement été celle de la révélation pour l’adorable bai au style parfait.
Une personnalité attachante
Démontrant beaucoup de force et d’intelligence dès ses premières sorties, Faltic se démarque aussi par sa personnalité attachante. Étalon, le bai reste particulièrement gentil et proche de l’Homme. Auprès de son entourage, le KWPN fait l’unanimité. “Il est très agréable de s’occuper de Faltic et d’être à ses côtés. Il est très gentil. Pour un étalon, il est assez affectueux. Il aime avoir l’attention des gens, mais reste très poli et bien éduqué”, reprend Eoin Gallagher. Et MacKenzie Ray de confirmer : “Il est très, très spécial. Il est vraiment adorable. Tout est incroyable avec lui : il est si facile que Ben le monte en filet simple. Il a une forte personnalité mais il est très bien éduqué. Il aime jouer avec les gens, mais gentiment. Il ne mord pas, ne tape pas, il n’est pas ému même s’il est à côté d’une jument, etc. Il est très facile de s’occuper de lui. Son caractère est ce dont on rêve. À la maison, il pouvait aller au paddock à côté d’une jument : il s’en fichait. En même temps, lorsqu’on l’emmenait pour être prélevé, il savait quoi faire, ce qui est une bonne chose (rires). Nous sommes vraiment chanceux de l’avoir. Nous nous sommes toujours occupés de lui en famille. Lorsque je le montais, je le traitais toujours comme n’importe quel autre cheval. Bien qu’il soit étalon, nous n’avons pas besoin de nous faire de souci avec lui. À mesure que sa carrière a progressé, il n’a pas changé. Il sait toujours qui il est. Il se tient dans son box et laisse les gens venir le voir. Il adore ses friandises, avoir des caresses et des câlins. Il est un peu gâté, mais d’une façon positive. Il est vraiment dorloté et c’est un vrai gentleman!”
Petite particularité supplémentaire, “Bond” adore dormir! “C’est un vrai dormeur”, reprend sa propriétaire. “Il pouvait s’allonger de tout son long avant une épreuve et se moquer royalement de ce qu’il se passait dans le reste du monde. Je pense que c’est une vraie qualité, parce que cela montre à quel point il est détendu intérieurement.”
Avant de rejoindre les écuries de Ben Maher, Faltic était confié aux bons soins des grooms d’Oakingham Stud. Désormais, le bai a trouvé une nouvelle ange gardienne : Hannah Colman. L’ancienne soigneuse des cracks de Scott Brash, qui a notamment officié auprès de Sanctos van Gravenhof lors de son Grand Chelem Rolex en 2014 et 2015, s’occupe du bai au quotidien. Tout juste rentrée de Floride avec son protégé la semaine dernière, Hannah évoque le quotidien avec Faltic. “Depuis le premier jour, je crois que tout le monde est tombé sous son charme aux écuries!”, explique la Britannique, qui précise que Faltic n’est pas très grand. “Il est vraiment gentil et calme. Avec de nombreux étalons, il faut parfois faire attention, mais lui, dès qu’il est au travail ou en concours, il est presque comme un poney! Lorsqu’il est frais, il peut être un peu plus bruyant, mais en général, après quelques jours de travail, il n’y a plus de problème. Il est vraiment adorable. Il n’est pas collant mais adore avoir de l’attention et manger. Lorsqu’on entre dans l’écurie pour la première fois le matin, il hurle pour avoir sa ration. Dans nos écuries en Floride, il n’y avait que quelques chevaux, mais dès qu’il nous entendait, il sortait sa tête par la fenêtre, pour savoir ce qui se passait. Il veut toujours être impliqué, et tout regarder.” Si Hannah n’a pas de rituel particulier avec son complice, elle fait toutefois très attention à respecter les heures des repas et à sortir Faltic en main pour le faire brouter le plus possible. La groom profite également de moments en balade. “Il adore se promener, rênes longues. Il passe partout et m’emmènerait n’importe où”, précise-t-elle. Et d’ajouter : “Je touche du bois, je n’ai pas à trop m’inquiéter lorsqu’il saute. Il est si facile que cela m’enlève un peu de pression. Il est super mignon, voyage très bien, etc. Tout le monde l’aime.”
L’avènement signé Ben Maher
Après un début de carrière plutôt discret mais déjà prometteur, Faltic HB a été propulsé dans une tout autre dimension en rejoignant les écuries de Ben Maher. Après avoir conquis le cœur de toutes les personnes travaillant autour du Britannique, le bai a confirmé ses qualités au plus haut niveau. Encore peu expérimenté du haut de ses douze ans, “Bond” a gagné de l’expérience : ses premiers voyages en avion, son premier séjour en Floride, ses premières épreuves en nocturne, … Pour ses propriétaires, le choix de confier leur protégé au champion olympique en titre s’est imposé naturellement, “rien que pour son envergure”. “Ben est une super personne. Je ne peux pas lui donner suffisamment de crédit. Il porte une grande attention aux détails et planifie tout. Il est très intelligent. Il cible un concours, par exemple Aix-la-Chapelle, et établit son programme en fonction de cet événement. Tout est fait à la perfection et il n’y a pas de place pour l’erreur”, complète MacKenzie Ray. “C’est vraiment génial pour mes parents, qui sont de grands soutiens pour le saut d’obstacles. Ils investissent beaucoup d’argent dans le sport, alors, pour eux, c’est vraiment fantastique d’avoir un cheval comme Faltic qui évolue avec un cavalier comme Ben. Comme il est champion olympique, Ben est également qualifié d’office pour les Grands Prix, ce qui nous permet de préserver notre cheval pour les meilleures épreuves. Enfin, lorsqu’on voit Ben sur une start list, on regarde forcément le cheval qu’il monte. Cela donne une grande visibilité à Faltic. C’est chouette de le voir avec un cavalier qui le mérite et l’apprécie. lls sont tous les deux du même calibre.”
Au vu des résultats du couple, ce choix s’est avéré plus que payant. Il ravit d’ailleurs celles et ceux qui ont croisé la route de Faltic dans le passé. “Nous sommes très contents que Ben Maher le monte et il saute extrêmement bien”, souligne Marjoleine Huisman. “J’étais à Londres avec mon fils le week-end avant Noël, alors j’ai vu Faltic sauter la Coupe du monde”, complète Eoin Gallagher. “J’étais fier de le voir réaliser une si bonne prestation ce jour-là. Le parcours était vraiment difficile et il l’a franchi avec beaucoup d’aisance. Je crois que ce jour-là, tout le monde a réalisé à quel point il est talentueux. J’espère que cela va continuer. Je ne doute pas du fait que Ben a des championnats en tête ; ce serait bien de voir Faltic à ce niveau.”
Avant de penser aux championnats, Faltic va poursuivre son chemin sur les étapes du Longines Global Champions Tour et de sa League. Cela lui permettra d'engranger davantage d’expérience, dans des lieux et atmosphères différents. Ses premiers rendez-vous devraient avoir lieu à Miami et Mexico. Pour assurer ses devoirs de sportif de haut niveau, “Bond” ne sera plus disponible en semence fraîche cette année, pour la première fois depuis son arrivée à Oakingham Stud. Pour autant, l’étalon rencontre de plus en plus de succès à l’élevage. Ses premiers produits nés chez la famille Ray ont quatre ans. Les éleveurs l’ont d’ailleurs utilisé de plus en plus au fil des années et attendent beaucoup de ses jeunes descendants.
“Faltic est vraiment un super cheval, et, avec un peu de chance, il va encore nous montrer de belles choses. Nous verrons cet été…”, glisse Hannah Colman, qui imaginerait peut-être son protégé défendre l’Union Jack aux Mondiaux de Herning ? “Pour sûr, Ben a un plan. Pour l’heure, nous allons attendre qu’il rentre de Floride. En tout cas, c’est une bonne chose qu’il puisse compter sur un autre super cheval dans son piquet de chevaux (en plus de la star Explosion W, qui lui a permis de devenir champion olympique à Tokyo, ndlr). Cela n’arrive pas souvent, mais quand c’est le cas, cela enlève un peu de pression à l’autre cheval. Quand une monture performe, je trouve que les autres s’améliorent aussi.” Et MacKenzie Ray de conclure : “Quand on a un cheval avec la même attitude et le même caractère que Faltic, il est rare qu’ils aient aussi son talent!” Une chose est sûre, Faltic HB a le profil d’un gendre idéal et ne semble être qu’au commencement du plus grand chapitre de sa vie.
Photo à la Une : Ben Maher et Faltic HB sous les lumières de Wellington. © Sportfot