Quatre ans. Il aura fallu quatre années à Nicola Philippaerts pour retrouver le goût de la victoire en Grand Prix 5*. Tant attendu, ce succès, qui lui a échappé d’un rien à de multiples reprises, est tombé entre ses mains sur la piste du Stade François-André, à La Baule, grâce à son atypique mais redoutable Katanga vh Dingeshof. Pour ce faire, le Belge est venu à bout d’un redoutable trio de suédois, décidé à prendre sa revanche après la Coupe des nations de vendredi, mais de nouveau vaincu. Cette belle épreuve a malheureusement été entachée par la blessure d’Explosion W, sorti en ambulance…
Elle se faisait attendre, mais ils l’ont eu ! Nicola Philippaerts, Tiffany Letallec et Katanga vh Dingenshof se sont offert le Grand Prix 5* de La Baule, au terme d’un long, mais passionnant, barrage. Alors qu’il s’apprêtait à entrer en piste, Nicola Philippaerts avait la lourde tâche de détrôner nul autre qu’Henrik von Eckermann, le numéro un mondial. “Tu peux le faire, Nicola. Ce n’est pas imbattable”, lui lance alors Martin Fuchs, qui a observé les dix premiers parcours du barrage. Bingo ! En serrant ses courbes et en ouvrant le galop de sa fille de Cardento, née chez Liliane Vermeulen et acquise en 2019 par la famille Philippaerts sans même un essai sous la selle, le Belge coupe la ligne d’arrivée en 36”06. Il peut souffler, quelques secondes seulement. Derrière lui, viennent encore Grégory Wathelet, qui commet rapidement une faute sur le génial Ace of Hearts, treize ans, qui a disputé, avec la manière, le troisième Grand Prix 5* de sa carrière sur la piste du stade François-André. Dernier à s’élancer, Jens Fredricson y va et y croit pour deux. “Je me suis dit, sans mettre les gaz, pas de gloire”, s’est amusé le Suédois en conférence de presse. Pendant les 36”38 de son ultime parcours avec Markan Cosmopolit, Nicola Philippaerts est tendu. Jusqu’à la délivrance. C’est fait. Il tient sa victoire, la première à ce niveau depuis mars 2019, et un succès acquis à Doha, aux rênes de son regretté H&M Chili Willi.
Quatorze barragistes
Le spectacle et l’après-midi ont été beaux, à La Baule. Sous un temps absolument parfait, cinquante couples ont tenté leur chance dans ce temps fort dominical. Rapidement, les sans-faute se sont enchaînés, laissant filer quatorze paires vers la finale au chronomètre. Parmi eux, Marlon Modolo Zanotelli, n’a rien gagné. Dommage, d’autant que sa première manche, avec la jeune Déesse de Coquerie, ancienne complice d’Eden Leprevost-Blin Lebreton et au départ de son tout premier Grand Prix 5*, a tout simplement été bluffante, pleine d’aisance, de qualités et de promesses pour l’avenir.
Malgré tout, les tribunes, combles comme toujours, même plus qu’à l’accoutumée à en croire les déclarations de Pierre de Brissac, Président du concours, se sont régalées. Derrière Nicola et Katanga, elles ont applaudi trois Suédois, auteur d’un tir groupé remarquable. Et contre toute attente, le premier d’entre eux n’est pas le numéro un mondial, relégué au troisième rang avec Iliana, sur qui il entend miser pour les championnats d’Europe de Milan. “Mon souhait est de m’améliorer, sans cesse. Aujourd’hui, je n’ai pas eu le barrage que j’espérais, mais je suis aux anges avec Iliana. Elle a seulement dix ans et mûrit à ce niveau. Pouvoir compter sur elle, aux côtés de King Edward que tout le monde connaît, est fantastique”, s’est exprimé le Suédois.
Doublé sur le fil, le pilote des écuries Cyor a tiré son chapeau à Jens Fredricson, impeccable avec son cher Markan Cosmopolit, deuxième. Et puis, à la quatrième place, Marcus Westergren a impressionné son monde. Vainqueur de l'épreuve d’ouverture, le Scandinave s’est montré brillant en compagnie de sa grise Fellaini de Liebri, une perle de tout juste neuf ans, née en Belgique du croisement entre Faustino de Tili et une fille de Corrado. Un temps en tête à la surprise générale, la paire, qui débutait en 5* ce week-end, a occupé une quatrième place ô combien méritée.
Derrière, que dire de la prestation de Rodrigo Pessoa ? Avec son Major Tom, né Nieldeska van de Rhamdia Hoeve, le Brésilien a encore aligné deux parcours parfaits, après sa démonstration dans la Coupe des nations. Où s’arrêteront-ils ? Ces deux-là sont en bonne route, à quelques semaines et mois d’échéances majeures. Et pour l’heure, rien ne semble pouvoir les stopper.
Avec la complicité de sa Bibici, Grégory Cottard est reparti sur le bon pied, après une première manche difficile dans l’épreuve collective, vendredi. Cette fois, le duo, si fusionnel, a sans doute rendu l’une de ses meilleures copies, pour arracher la sixième place, juste devant Beth Underhill et la très généreuse Nikka vd Bisschop, et Nicolas Delmotte, toujours présent avec le vaillant Ilex VP.
Plus rapide que tout le monde, le prodige Edouard Schmitz est passé à rien d’un nouveau triomphe. Avec son fantastique Gamin van’t Naastveldhof, qui fait indéniablement partie des meilleurs chevaux du moment, le Suisse avait battu de vingt-neuf centièmes le chronomètre de Nicola et Katanga. Mais, aujourd’hui n’était pas leur jour.
“Tiffany mérite cette victoire”, Nicola Philippaerts
Sans Katanga, Nicola Philippaerts n’aurait jamais pu décrocher cette victoire. Et, sans sa groom, Tiffany Letallec, non plus. Depuis quatre ans, la jeune femme prend soins des montures du Belge et attend impatiemment sa victoire, après avoir tant de fois hérité des places d’honneurs, mais jamais de la première dans un tel rendez-vous. “J’ai une équipe fantastique derrière moi. Tiffany travaille avec moi depuis quelques années maintenant et Katanga est sa princesse. Elle passe tout son temps avec elle et elle mérite cette victoire aussi. C’est une super groom et j’espère qu’elle va rester encore longtemps à mes côtés”, a-t-il ainsi rendu hommage à sa bonne fée. “C’est une énorme victoire. Nous n’attendions que ça ! Je crois que je ne réalise pas encore. Katanga est ma princesse, c’est tout”, a ajouté la principale intéressée, presque sans voix après ce résultat qu’elle attendait tant.
Et Nicola de savourer : “Katanga a tout donné. Je suis ravi. C’est une belle récompense, après avoir tant de fois frôler la victoire en Grand Prix ! Celui de La Baule est l’un des meilleurs du monde. Je suis très heureux, fier et content de m’être imposé aujourd’hui. Il s’agit de l’un des plus beaux moments de ma carrière.”
Terrible sortie pour Explosion W
Avant de faire la fête et d’acclamer ses champions, cavaliers, chevaux et grooms, qui ont reçu une belle ovation à la demande du speaker du concours, le public a retenu son souffle, de longues minutes, face à une terrible image. Lancé sur son parcours avec une énorme aisance, Explosion W, le champion olympique, deuxième du temps fort du CSI 5* de Windsor le mois dernier pour son grand retour, a été arrêté par son cavalier après l’oxer numéro 5. Juste avant, l’alezan venait d’accuser une réception monstrueuse sur la rivière. Constatant une irrégularité de son partenaire, Ben Maher a alors mis pied à terre et immobilisé son cheval. Complètement désemparé, le Britannique a fendu l’armure, laissant rouler sur ses joues quelques larmes. Rapidement entouré de ses proches, et même de Martin Fuchs, venu le réconforter au milieu de la piste, le jeune père de famille a laissé les vétérinaires faire leur travail et évacuer son précieux protégé en ambulance. Selon les premières nouvelles, Explosion irait “bien” et serait en mesure de regagner ses écuries. Pour l’heure, l’étendue de sa blessure n’a pas été précisée, même s’il semblerait qu’il n’y aurait aucune trace de fracture.
Photo à la Une : Katanga vh Dingeshof et Nicola Philippaerts dans le Grand Prix de La Baule. © Mélina Massias
Toutes les épreuves du CSIO 5* de La Baule sont à re(voir) sur GRANDPRIX.tv.