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À La Baule, le Brésil prend sa revanche dans la Coupe et savoure un moment hors du temps

Grand Slam VDL
Sport vendredi 9 juin 2023 Mélina Massias

Les Brésiliens n’oublieront pas ce vendredi 9 juin. Marlon Modolo Zanotelli, Yuri Mansur, Stephan de Freitas Barcha et Rodrigo Pessoa ont triomphé, cinq ans après leur dernière victoire, dans la Coupe des nations de La Baule. Vaincus voilà une semaine, sur la piste de Saint-Gall dans un barrage qui les opposait à la Suisse, les hommes de Pedro Paulo Lacerda ont pris leur revanche, avec la manière, en écartant la Belgique, tenante du titre, et la Suède, qui avait envoyé Henrik von Eckermann, numéro un mondial, pour tenter de s’offrir sa première victoire dans l’épreuve collective de l’Officiel de France. Pour tout un tas de raisons, cette victoire fut plus que savoureuse pour ce collectif aussi attachant que talentueux.

Vendredi 9 juin, 16h47. Rodrigo Pessoa quitte l’antre du Stade François André après avoir signé un nouveau double sans-faute aux rênes du formidable Major Tom (né Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve). Le Brésilien vient d’imiter Grégory Wathelet, parfait avec son Nevados S, de retour aux affaires depuis quelques semaines. Derrière les deux hommes, Henrik von Eckermann a le sort de la Suède, qui ne s’est jamais imposée à La Baule, sous le sabot de sa bouillonnante Iliana. Le numéro un mondial enchaîne les difficultés sans sourciller. Jusqu’à la maudite palanque rouge numéro onze. Patatra, il y aura barrage. De retour en piste, le Scandinave a une chance de se racheter. Pour cela, le contrat est simple : laisser toutes les barres sur leurs taquets, et aller plus vite que Marlon Modolo Zanotelli, sorti de piste en 31”19 sur le sublime Grand Slam VDL, né Lucky Won van het Bevrydthof. Rebelote. Le cavalier des écuries Cyor concède quatre points, malgré un chronomètre plus rapide d’une soixantaine de centièmes. La victoire file aux mains du clan brésilien, aux anges. Au paddock, Marlon Modolo Zanotelli, encore à cheval sur son puissant étalon, serre les deux poings en l’air, le sourire jusqu’aux oreilles. Ses compatriotes, amis et collègues se précipitent pour lui serrer la main ou lui donner une tape sur la cuisse, en signe de félicitations. Comme sur un nuage pendant qu’il fait récupérer activement, rênes longues, son Grand Slam, l’Auriverde n’en revient toujours pas, le poing, rageur, serré et brandi au-dessus de sa tête.

Les poings serrés de Marlon Modolo Zanotelli. © Mélina Massias 

Accolade entre Marlon et Rodrigo Pessoa. © Mélina Massias 

Jean-Maurice Bonneau n'a pas manqué de féliciter son ancien protégé. © Mélina Massias 

Joie et émotion partagée entre Yuri Mansur et Stephan de Freitas Barcha. © Mélina Massias 

“Gagner une Coupe des nations, avec ses amis, pour son pays, est plus spécial qu’une victoire en Grand Prix 5*. Ce succès est historique dans ma carrière”, lance Marlon en conférence de presse. “J’avais un peu de pression au barrage, mais c’est ce que j’aime le plus ! Je savais que battre Henrik serait difficile. Je devais faire mon plan, et nous avons eu la chance qu’il fasse quatre points aujourd’hui. Je dois aussi féliciter Grégory Bodo, qui a fait un travail fantastique en construisant un parcours délicat, pas trop difficile pour les chevaux, et pour lequel il fallait faire preuve de finesse.” Et Andrea Hoenack, sa groom, de rebondir, toujours très émue : “Cette victoire veut dire énormément pour nous, en tant qu’équipe, car nous n’avons pas eu le début d’année le plus facile. C’est simplement incroyable. Et que Grand Slam nous prouve combien il a progressé, combien il s’est endurci et qu’il saute trois parcours de cette façon est formidable. Je suis tellement fière de lui ! Il est l’un des chevaux les plus gentils que je n’ai jamais rencontré. Vraiment. C’est un étalon, mais il est tellement doux. Il veut toujours bien faire. C’est un très bon garçon !”

Toute la puissance de Grand Slam VDL, né Lucky Won van het Bevrydthof. © Mélina Massias Andrea Hoenack et son formidable compagnon, aussi doux qu'un agneau ! © Mélina Massias




Un moment figé dans le temps

Auteur d’un parcours à quatre points, puis de deux sans-faute, Grand Slam, fils de Cardento, était accompagné dans sa quête du trophée, déjà soulevé par le Brésil en 2018, par trois autres chevaux. Sous la selle de Rodrigo Pessoa, le talentueux Major Tom, né Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve, a confirmé tous les espoirs fondés en lui, signant un deuxième double clear round consécutif, après la Coupe de Saint-Gall, où le Brésil s’était fait doubler au barrage par la Suisse. “Lorsqu’on a l’opportunité de faire partie d’une équipe aussi forte, qui se bat pour le premier rang, on est obligé de faire de son mieux pour tenter d’être sans-faute”, a réagi le Brélisien, indissociable complice du chef de race Baloubet du Rouet. “Nous avions pour objectif de gagner ici et nous sommes arrivés au bout de notre idée. Le parcours était super, les conditions ainsi que le terrain étaient très bons, tout comme le public. Tout était réuni pour une excellente épreuve. Nous n’arrêtons pas de dire que ce format (en deux manches, ndlr) est le meilleur. Le dire est une chose, mais nous prouvons, semaine après semaine, que cette formule est la bonne. Les amoureux du concours et de sport le savent, mais nos instances pensent différemment”, a ajouté le Bréslien, répondant à une question d’Alban Poudret, notamment rédacteur en chef du Cavalier Romand et fervent défenseur du grand sport. Malgré un abord de triple un peu plus délicat dans la seconde manche, le champion olympique d’Athènes a également loué les qualités de son cheval. “Major Tom a très bien sauté en première manche. J’ai essayé d’améliorer l’abord du triple dans la seconde, en le calmant encore plus. Il m’a presque trop écouté et a, en quelque sorte, calé. Il n’a pas toute l’expérience, il apprend encore, mais le fait vite. Il est très intelligent et a réalisé deux parcours éducatifs. Mon propriétaire l’a acheté lorsqu’il avait sept ans. Nous avons tout de suite décelé qu’il avait des qualités très spéciales. Nous avons pris le temps de la former. Gagner est toujours une bonne chose, surtout à ce niveau. Une victoire en Coupe des nations 5* est toujours spécial, d’autant que je n’en ai pas gagné beaucoup. Il s’agit seulement de ma deuxième fois ! Je suis très content de mon cheval, et heureux de ce résultat.”

Major Tom. © Mélina Massias

Leaders tout trouvés de leurs escouades, Marlon Modolo Zanotelli et Rodrigo Pessoa ont donné le ton pour leurs deux autres coéquipiers, le chevronné Yuri Mansur et Stephan de Freitas Barcha, véritable révélation de ces dernières semaines. Associé à Miss Blue Mystic Rose, une jument… brésilienne, le premier cité, vaincu la semaine passée sur la piste de Saint-Gall, a signé un parcours à quatre points, avant de rectifier parfaitement le tir lors de sa seconde tentative. Concédant une faute à chacun de ses passages, son homologue a laissé une nouvelle très bonne impression avec Chevaux Primavera Montana Imperio Egipcio, une jument… brésilienne ! La journée n’a donc pas seulement été réussie pour les cavaliers auriverde, mais aussi pour leur élevage maison, qui prend de l’assurance et gagne sa place parmi l’élite. 

Miss Blue Mystic Rose. © Mélina Massias 

Montana confirme toutes ses qualités à chacune de ses apparitions. © Mélina Massias 



“J’aurais préféré être en piste pendant le barrage tant j’étais nerveux ! Mais je connais Marlon depuis qu’il a huit ans et j’étais heureux pour lui. Lorsqu’il a franchi le dernier, j’étais comme un fou !”, a décrit Stephan, avant de laisser la parole à Yuri. “Lorsqu’elle est arrivée du Brésil pour moi, je pensais que son arrivée au très haut niveau prendrait plus de temps que cela. Je dois dire merci à Philippe, parce que c’est lui qui m’a un peu forcé à l’aligner dans la Coupe de Saint-Gall. Initialement, Vitiki devait sauter l’épreuve aujourd’hui, mais il a déjà quinze ans et a connu une longue saison hivernale. Je pense qu’elle a gagné beaucoup d’expérience. À chaque fois qu’elle saute, elle s’améliore !”, a ainsi expliqué celui qui revêt habituellement une veste jaune poussin, couleur du soleil, au sujet de sa nouvelle pépite, qui a débuté à ce niveau il y a seulement une semaine.

L'équipe brésilienne sur le podium. © Mélina Massias 

Et puis, si Pedro Paulo Lacerda était évidemment un homme heureux, un autre l’était tout autant en cette fin d’après-midi bien plus agréable que les pluies diluviennes et autres orages qui se sont abattus sur la Loire-Atlantique la nuit passée et une partie de la matinée : Philippe Guerdat. “Ce moment est fantastique pour nous, nous vivons un rêve. Tous les cavaliers ont été irréprochables. Mais je dois dire que cette victoire est pour Philippe, qui est toujours là pour nous et œuvre avec nous. Lui offrir cette première place veut dire énormément pour nous”, lui a rendu hommage Pedro Paulo Lacerda. Désormais, pour le Brésil, l'objectif est clair : Paris 2024. Deux chances de qualification s’offriront à lui, à Barcelone, lors de la finale du circuit des Coupes des nations Longines de première division, et au Chili, où se tiendront les Jeux panaméricains. “J’espère que le fait que la France me réussisse si bien est un bon signe pour l’année prochaine”, a d’ailleurs prévenu Marlon.

Philippe Guerdat était un homme heureux cette après-midi. © Mélina Massias 

Et Nelson "Neco" Pessoa aussi ! © Mélina Massias 



Un triple zéro et trois doubles sans-faute

Délicat, technique et passionnant le tracé dessiné par Grégory Bodo a offert aux tribunes, combles, du stade François-André un spectacle digne de ce nom. Aucun obstacle n’ayant été un véritable juge de paix, cavaliers et chevaux n’étaient pas à l'abri d’une faute, peu importe où ils se trouvaient sur le parcours. Résultat des courses, quatre couples ont signé un double, voire triple, sans-faute. Au rang des grandes satisfactions du jour, Wilm Vermeir. Toujours aussi délicat, discret et fin dans son équitation, le Belge a signé un hat trick avec son Iq van het Steentje, qui continue, du haut de ses quinze ans, de progresser. Rien ne semble pouvoir atteindre le fils de Toulon, qui a échoué tout près du but pour offrir un doublé à la Belgique, victorieuse de cette même Coupe des nations l’an passé. Deuxièmes, les hommes de Pieter Weinberg ont terminé juste devant ceux d’Henrik Ankarcrona. Troisièmes, les Suédois ont enregistré de bonnes performances, à mettre au crédit Wilma Hellström et Cicci BJN (4+0) ou encore Petronella Andersson et Castres van de Begijnakker (0+4), mais aucun total parfait. 

Le triple sans-faute de Wilm Vermeir n'a pas suffit pour offrir la victoire aux Belges. © Mélina Massias 

De nouveau très convaincante, Wilma Hellström avait le sourire après son parcours parfait en seconde manche. © Mélina Massias 

Pour trouver une nouvelle trace d’un double zéro, il faut descendre un rang plus bas dans le classement final, jusqu’au nom de… Julien Epaillard ! Solide jusqu’au bout, le Normand, numéro deux mondial, n’a pas craqué avec Dubaï du Cèdre, qui se révèle de jour en jour, et notamment sur herbe, une configuration qui pavera aussi le sol milanais, cet été, pour les championnats d’Europe. Et puis, la dernière copie sans fausse note revient à nul autre que le champion olympique de Tokyo, Ben Maher. Cette fois, le Britannique n’avait pas sellé Explosion W, mais bien son formidable Faltic HB, qui lui avait offert une médaille en chocolat à Herning, l’été dernier. Impeccable, le petit bai n’a fait que rappeler à ses fans toute l’étendue de son talent. Ben, lui, a prouvé qu’il était bel et bien de retour, et qu’il faudrait compter sur lui dans les prochains mois. Malgré sa prestation, la Grande-Bretagne n’a pas fait mieux qu’une cinquième place, devant la Suisse, l’Allemagne et le Japon. Neuf et dixième, l’Irlande et les Pays-Bas se sont complètement effondrés et n’ont même pas été invités en seconde manche.

Faltic HB. © Mélina Massias 

Dubaï du Cèdre a montré de belles choses à La Baule. © Mélina Massias 

Le poing rageur de Julien Epaillard après son double zéro. © Mélina Massias

Les résultats complets ici.

Toutes les épreuves du CSIO 5* de La Baule sont diffusées en direct sur GRANDPRIX.tv.

Photo à la Une : En première manche, Grand Slam VDL a sorti ses ailes de Pégase pour s’envoler au-dessus de la rivière. © Mélina Massias