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Philippe Le Jeune, 4 ans plus tard

Reportages lundi 18 août 2014 Julien Counet

Quatre ans après Jos Lansink, Philippe Le Jeune a permis à la Belgique de conserver le titre mondial dans ce petit pays. L'équipe belge sera annoncée ce lundi, mais Studforlife a décidé de revenir sur les quatre années d'un champion du monde !

Lexington, c'était il y a 4 ans déjà ! Le temps est passé vite pour un champion du monde ?

« Les années sont passées normalement ! Il y a des moments où il y a des choses positives où on trouve que cela passe tellement vite, puis il y a des moments où c'est plus compliqué et on se dit qu'il nous reste encore tellement de choses à faire … » Que vous reste-t-il aujourd'hui comme souvenir de ces championnats ? P.L : « Mon souvenir est toujours le même : c'est celui d'avoir atteint l'objectif que je m'étais fixé depuis gamin lorsque j'ai vu les championnats du monde à Aix la Chapelle en 1978 alors que j'avais 18 ans. Je trouvais ce championnat formidable mais aussi cette tournante à quatre.

Il y a beaucoup de contre, beaucoup de pour … Je respecte l'avis de tout le monde … même si dernièrement Ludger Beerbaum a dit, dans une interview, que c'était juste un facteur de chance, ce que je trouve un peu exagéré, même si il s'agit du seul titre qui lui manque. Mais je pense que s'il le gagne, il ne dira pas que c'est un facteur de chance. C'est justement les trois minutes que l'on a où le cavalier qui s'adapte le mieux au cheval et qui sait éviter la faute que tout se joue. Après, c'est certain que dans cette finale tournante, la manière dont le cavalier précédent a monté le cheval est déterminante mais chaque cavalier reçoit un cheval au dernier tour qui est plus fatigué! Moi, j'adorais cette épreuve, bien avant de la gagner. Je trouve ça passionnant même si je respecte le choix de chacun. Lexington, c'est avant tout une satisfaction personnelle d'avoir amené un cheval que, comme tous mes chevaux, j'ai fait moi-même. Vigo a commencé par gagner le championnat de Belgique deux ans avant. L'année précédant les jeux, il a montré aux championnats d'Europe qu'il était l'un des rares double sans-faute prouvant que lorsque c'était plus difficile, il était toujours là. Je sais qu'on a toujours critiqué son « manque de sang » mais les gens se trompent car s'il n'avait pas de sang, il ne tiendrait pas quatre jours. Le nombre de double sans-faute que ce cheval a fait, c'est énorme ! C'est un vrai cheval de championnat : c'est un cheval fidèle sur lequel on peut compter.

Aux championnats d'Europe, il était remonté de la 35 ème place à la 8 ème place et je savais qu'à Lexington si je pouvais avoir le cheval frais comme il fallait, je pouvais faire quelque chose de bien. De là à gagner… je n'avais jamais pensé de gagner. Je savais que j'avais une carte à jouer, que le cheval pouvait rester double sans-faute et c'est ce qui s'est passé. Pour moi, c'est ma plus grande fierté et je suis très heureux qu'il soit toujours ici dans un état magnifique. Nous le montons toujours et il pourrait encore aller au concours demain. J'ai vu Seldana un jour à la clinique de Ternat où nous congelons la semence de Vigo et où elle venait à l'insémination. Le vétérinaire, lorsque j'arrive, me dit qu'il y a un cheval que j'ai monté dans les écuries. J'ai fait le tour de l'allée et je ne trouvais pas … Lorsqu'il m'a dit que c'était la jument que j'avais monté dans la tournante, j'ai de nouveau fait le tour de l'écurie mais je ne l'avais pas reconnue tellement elle était maigre et dans un état lamentable. Les jambes dans un état terrible … j'étais assez furieux qu'on puisse mettre un cheval dans un tel état. Lorsque j'ai voulu la caresser, on m'a dit : « Fais attention, elle déteste l'homme ». Et en effet, elle était en défense totale car quand l'homme venait dans son box, c'était pour lui faire du mal. J'ai pris cinq minutes et ça allait déjà beaucoup mieux. Il y avait des gens qui étaient là et je leur ai dit : « Regardez, ils ont fait les mêmes épreuves » et j'ai descendu Vigo de la camionnette. La comparaison était à pleurer. Je trouve ça un peu dommage et ça me choque de voir des chevaux qui ont donné tellement et qui, après, parce que soi-disant ils ont fini carrière … Je dis ça sans savoir à qui elle appartient aujourd'hui … mais laisser un cheval comme ça, je trouve cela navrant, quel que soit le cheval … Mais en plus ces chevaux-là qui ont donné tellement. Ici, une jument qui a sauté des obstacles d'un mètre soixante, que j'ai eu l'honneur de monter moi-même, cela me choque un peu. »

Aujourd'hui, quand vous voyez le succès à l'élevage de Vigo d'Arsouilles, vous pensez que les éleveurs ne font pas toujours un croisement optimal ?

« Déjà, je suis éleveur par passion et un petit éleveur, je ne me prends pas pour un grand éleveur. La seule chose que je sais, c'est que telle jument peut convenir à tel étalon et comme l'élevage me passionne et que j'ai comme associé et grand ami, Joris de Brabander qui est un des meilleurs éleveurs au monde actuellement… Lui a vraiment le talent, le don de sentir et de faire le croisement parfait. Ça ne s'apprend pas comme ça, ça met des années. Ce n'est pas parce qu'on met Vigo qu'on va avoir tout de suite des phénomènes mais Vigo peut apporter beaucoup de force, beaucoup de galop et une volonté de travailler. Au jour d'aujourd'hui, il faut des chevaux qui veulent travailler et veulent faire les choses pour leur cavalier. C'est aussi dans les gènes de Nabab, de Vigo et de Kashmir ! Ce sont des chevaux volontaires, avec qualité … ils transmettent ça mais évidemment, il faut la mère qui est très importante ! Je pense que son succès est justifié quand on voit que les Vigo qui ont 10 ans aujourd'hui ont été faits lorsqu'il saillissait très peu : un maximum de 40-50 juments par an car, lorsque Vigo n'était pas disponible, il proposait de les reporter vers Nabab de Rêve. Et malgré tout, il a produit un nombre de chevaux de Grand Prix énorme … Alors, maintenant qu'il va saillir 300 ou 400 juments (quelque chose comme ça), on va en voir d'autant plus. Surtout qu'on lui amène de meilleures juments ! Il va prouver que c'est un très bon mâle et un très bon père, aussi bien en direct qu'en père de mère : on va encore voir beaucoup de Vigo au haut niveau. »

Vous espérez en avoir quelques-uns dans vos écuries ?

« Actuellement, je n'en ai aucun ! Maintenant, nous avons deux juments de ma compagne Lucia Vizzini que nous avons retirées du sport et qui sont pleines de Vigo. Pour ma part, j'ai 4-5 produits de Filou de Muze, c'est un peu le hasard. Joris m'a promis un fils de Vigo, Leipheimer van't Verahof, qui est admis au BWP avec une mère pur-sang. Je l'ai vu en liberté, il saute vraiment très bien et je me réjouis de l'avoir et recommencer quelque chose lorsqu'il prendra 4 ans, l'an prochain. »

La suite, c'est demain !