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Les champions d’Europe André Thieme et Chakaria se sentent comme chez eux en Italie

André Thieme et Chakaria à Rome.
dimanche 28 mai 2023 Mélina Massias (avec communiqué)

Plus discrets que d’autres couples plébiscités, André Thieme et Chakaria n’en restent pas moins deux complices d’exception. Toujours préservée, la pétillante et talentueuse alezane s’est offert son deuxième triomphe en Grand Prix 5*, sur une grande piste en herbe… italienne. Les champions d’Europe en titre ont ainsi devancé Jens Fredricson sur Markan Cosmopolit et Stephan de Freitas Barcha, associé à Primavera Montana, dans une après-midi de grand sport.

Rome et Milan sont séparées par plus de six cents kilomètres. Pour André Thieme et Chakaria, née Carlia chez la famille Jürgens, il n’y a qu’un pas. À trois mois des championnats d’Europe, qui auront lieu sur herbe, au Nord de la botte italienne, les tenants du titre entendent bien défendre leur titre. Sur la place de Sienne, l’Allemand et sa bouillonnante alezane au style caractéristique ont brillé de mille feux, sous le soleil transalpin et face au public nombreux, très nombreux, dimanche 28 mai. 

Délivrance pour André Thieme, lauréat de son deuxième Grand Prix 5* avec sa chère Chakaria. © Sportfot“C’est la première fois que je viens à Rome, et la première aussi ici, sur la Place de Sienne. Je crois que je ne devrais jamais revenir, puisque je ne pourrai pas faire mieux !”, a plaisanté, comme à son habitude, l’heureux lauréat en conférence de presse. “Ma jument avait déjà bien sauté dans la Coupe des nations vendredi. Aujourd’hui, le parcours était magnifique, tout ça dans un écrin sublime. J’ai vécu une très, très bonne journée.” Si l’Allemand a pu afficher un large sourire, une fois l’issue de l’épreuve scellée, c’est bien grâce à sa fille de Chap I, rencontrée un jour de l’année 2018, lors d’une épreuve nationale à 1,35m. Dès lors, le coup de foudre opère et ne fait que se confirmer avec le temps. Particulièrement préservée, la belle ne se montre qu’à de rares occasions - en témoignent ses… quinze (!) parcours internationaux disputés depuis la finale des Coupes des nations de Barcelone en octobre dernier -, sur le sol américain en hiver, où Ocala lui réussit toujours, puis sur le Vieux Continent le reste du temps, notamment pour servir son pays. Champions d’Europe presque surprise en 2021 à Riesenbeck, le duo a connu un coup de moins bien l’été dernier, après une chute aux Mondiaux de Herning. Désormais, cela semble bien loin derrière ce duo aussi attachant que talentueux. 

Chakaria ne passe jamais inaperçue. © Sportfot



“J’ai dit à maintes reprises que j’aime cette jument autant que ma femme, qui l’accepte ! Elle est la jument de ma vie. Je sais que je n’en aurais jamais une autre comme elle. J’essaye de profiter de tous les concours que je fais avec elle. Elle est une gagnante et une machine à sans-faute. Elle nous a donné, à ma famille, ma groom et moi des moments uniques tout autour du monde. Je sais que je suis béni avec cette jument !”, s’est ému l’actuel trente-trois mondial. “Chakaria est notre partenaire. Nous ne la faisons pas beaucoup concourir. Nous essayons d’en faire le moins possible en concours, afin de la préserver autant que possible. Notre rêve est de prendre part à une autre échéance olympique, parce que la dernière fois (en 2021, à Tokyo, ndlr), c’était mon premier grand championnat, et le sien aussi. C’était un peu trop tôt pour nous deux. Malgré tout, c’était super, puisque trois semaines plus tard nous sommes devenus champions d’Europe ! On apprécie chaque jour passé avec elle. Elle est aussi spéciale que cela.”

André Thieme ne peut qu'avoir le sourire aux côtés de sa formidable jument. © Sportfot

Plus de deux secondes d’écart

Pour s’imposer, André Thieme et Chakaria ont dû signer deux parcours impeccables, sur deux tracés exigeants, proposés par le maestro des lieux, Uliano Vezzani. Si la tâche a semblé aisé pour cette paire expérimentée, il n’en a pas été de même pour beaucoup d’autres, piégés tantôt dans le triple aux couleurs du sponsor titre du Grand Prix, Rolex, ou sur les lignes délicates disposées çà et là sur l’immense piste en herbe. Les treize meilleurs du premier round, parmi lesquels se trouvaient onze scores parfaits, ont gagné le droit de revenir en lice pour un deuxième acte aux allures de barrage. Premier à revenir en piste, Koen Vereecke a tenté crânement sa chance sur son métronome Kasanova de la Pomme. Stratégie plus que payante, qui permet au Belge de se classer sixième, et de doubler par la même occasion Harrie Smolders et Bingo du Parc, Emanuele Gaudiano et Chalou, Francesca Ciriesi et Cape Coral, Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre, Pieter Devos et Nascar van’t Siamshof ainsi que Bryan Balsiger et Dubaï du Bois Pinchet, victime de leur excès de fougue pour aborder le dernier… qu’ils ont finalement dérobé. 

Bonne opération pour Koen Vereecke et son étalon Kasanova de la Pomme. © Sportfot

Affichant le chronomètre le plus lent du premier tour, Jens Fredricson avait bien caché son jeu ! De retour au centre de l’arène avec son excellent Markan Cosmopolit, champion du monde par équipe à Herning l’an dernier et troisième de la finale de la Coupe du monde Longines de Leipzig la même année, le bai n’a rien laissé paraître sur le parcours, déroulant avec aisance un tracé précis et maîtrisé. Résultat ? 45”19 au tableau d’affichage. Sous pression, onze des douze concurrents du duo n’ont pas réussi à le devancer. Seule Chakaria y est parvenue, bouclant son séjour romain avec un chronomètre de 42”64 ! Acquis à l’école d’équitation de Stromsholm, son fils de Cohiba a accompli un sacré bout de chemin depuis ses débuts. “À neuf ou dix ans, il s’est avéré que Markan Cosmopolit n’était pas si mauvais ! Il a maintenant douze ans et est le cheval de ma vie. Moi aussi, je l’aime autant que ma femme, mais je ne lui ai jamais dit”, s’est amusé le très détendu Suédois, frère de l’illustre Peder Fredricson.

Markan Cosmopolit et sa groom à la remise des prix. © Sportfot

Avec l'imperturbable Jens Fredricson, Markan Cosmopolit a signé un retour réussi en 5*, trois mois après sa dernière apparition à ce niveau. © Sportfot





Troisième, Stephan de Freitas Barcha s’est offert une forme de revanche avec Chevaux Primavera Montana Imperio Egipcio, une jument de onze par Calvaro. Souveraine dans la première manche de la Coupe des nations vendredi, la baie n’avait pas eu le droit de repartir dans la seconde. Cette fois, le couple a signé son double clear round, pour s’offrir l’une de ses plus belles performances, après avoir remporté un Grand Prix 4* du côté de Montefalco, la semaine passée. “C’est un rêve devenu réalité d’être ici, parce que l’ambiance est incroyable. Finir ainsi dans un tel Grand Prix est juste un début pour nous”, a prévenu l’Auriverde, qui complète un joli podium, où montures et cavaliers portent les mêmes couleurs.

Bien qu'elle ait du vivre quarante-cinq jours de quarantaine en Argentine, Primavera Montana est en forme olympique sur le Vieux Continent ! © Sportfot

Pour la belle surprise, le Britannique Tim Gredley s’est offert la quatrième place aux rênes du très régulier Medoc de Toxandria, déjà troisième du temps fort du CSI 4* de Hohenkirchen mi-mai et seulement au départ de son deuxième Grand Prix 5*. En jouant placé, Jur Vrieling a bien rectifié le tir avec le fantastique Long John Silver 3, après une première manche difficile dans la Coupe des nations de vendredi. Tous deux terminent cinquième.

Toute la gratitude de Tim Gredley envers Medoc de Toxandria. © Sportfot

Enfin, et avant qu’André Thieme ne pose sa tête sur la croupe de sa chère alezane, une dernière concurrente aurait bien pu lui chiper la victoire. Partie dans un train soutenu, déterminée à l’empocher, Laura Kraut, treizième concurrente de la seconde manche, a buté et chuté à la réception du numéro trois sur son génialissime Baloutinue. Comme une bonne poignée d’autres pilotes avant elle, l’Américaine a senti son complice à quatre jambes se dérober sous elle sur le sol de la place de Sienne, glissant avant d’aborder un virage serré. Si ces incidents qui ont émaillé l’après-midi italienne ont, la plupart du temps, été sans conséquence, ils ont là privé la meilleure amazone du monde d’un possible classement, voire d’une victoire, qui aurait été la première depuis 2004 et le triomphe d’Eugénie Angot pour la gent féminine. 

Plus de peur que de mal pour Laura Kraut, protégée par son air-bag, et Baloutinue, qui s'est dégourdi les jambes pendant quelques minutes sur la place de Sienne. © Sportfot

Les résultats complets ici.

Photo à la Une : André Thieme et Chakaria suspendent le temps sur la place de Sienne. © Sportfot