Après une saison estivale exceptionnelle sous la selle de Nina Mallevaey et cinq Top 5 consécutifs en Grand Prix 5*, Dynastie de Beaufour a enfin décroché sa première victoire à ce niveau, le 31 août 2025, à Bruxelles. Au printemps 2023, alors que la belle n’avait pas encore quitté l’Hexagone pour rejoindre la famille Rein, ses performances sous la selle de Valentin Besnard interpellaient déjà. À cette occasion, Eric Levallois, naisseur de la fille de Diamant de Semilly, Romain Lescanne, l’un de ses cavaliers formateurs, Michel Lescanne, son propriétaire d’alors, et Valentin Besnard revenait sur l’itinéraire de cette grande dame. (Re)découvrez l'ascension et le parcours de Dynastie de Beaufour, à travers son portrait, initialement publié le 1er avril 2023.
Que ce soit son éleveur, Éric Levallois, son cavalier actuel, Valentin Besnard, son ancien pilote, Romain Lescanne, ou son propriétaire, Michel Lescanne, tous louent l’immense gentillesse et le talent tout aussi grand de Dynastie de Beaufour. Depuis un an, et après avoir été façonnée avec patience et amour, la grande baie de dix ans ne cesse de crever l’écran. En à peine quelques mois, elle et Valentin Besnard sont parvenus à former un couple et à enregistrer des résultats prometteurs. À leur actif, il y a notamment deux podiums en Grand Prix 4*, en… autant de tentatives. À Rouen, où elle ne s’est inclinée qu’au profit de Condaro, monture de l’Autrichien Stefan Eder, la belle affrontait pour la première fois une telle épreuve. Une pause hivernale bien méritée et rebelote. Début mars, sur l’immense piste en herbe de Vejer de la Frontera, la Selle Français a terminé troisième, grâce à un remarquable double zéro, étant supplantée par deux autres jeunes stars, guidées par deux champions : Steve Guerdat et Martin Fuchs. Mieux encore, en soixante-huit apparitions internationales, Dynastie n’est sortie de piste avec plus de deux fautes qu’à trois reprises ! “Je pense qu’elle a un bel avenir. Elle m’épate à chaque fois que je la vois !”, glisse Michel Lescanne, son propriétaire. Nul doute que cette grande dame n’en est qu’aux prémices de sa carrière.
Valentin Besnard et Dynastie de Beaufour, sereins, lors du tour d'honneur du Grand Prix 4* de Vejer de la Frontera. © Andalucia Sunshine Tour
Diamant de Semilly et Cassini I, recette magique
Bien nommée, la fille de Diamant de Semilly est l’une, si ce n’est la figure de proue d’une très bonne famille maternelle, qui puise sa source dans la Stamm 42a-2 du Holstein. Sophia Di San Giovanni*DXB (Cassini I), génitrice de Dynastie, a d’abord engendré, en 2009, Zaia Di San Giovanni (Cornet Obolensky, ex Windows vh Costersveld), lauréate d’un Grand Prix 5* à Rockwood en août 2021, sous la selle du Canadien Mac Cone. Dénichée par Éric Levallois pour le compte de la famille royale al Maktoum, qu’il entraînait alors, la représentante du stud-book des chevaux de sport italien (MIPAAF), qui a elle-même concouru jusqu’à 1,40m avec le Sheikh Ahmed bin Rashid al Maktoum, est ensuite croisée à un certain Diamant de Semilly. Fille de Cassini I et petite-fille de Calvados II, Sophia donnera sept produits avec le chef de race Selle Français : Dynastie, Diamantina, Diamond Boy, Dynamite, E Pleasure et El Tigre de Beaufour, ainsi que DXB Legend, ce dernier étant né pour le compte de la famille al Maktoum, qui a partagé les poulains de Sophia avec l’ancien cavalier de feu Diamant de Semilly. Quatre d’entre eux évoluent à 1,45m et plus ! “Sophia a produit cinq chevaux de Grand Prix. La famille est bonne, ce n’est pas du hasard”, assure Éric Levallois. “Sophia était une très belle jument, une fille de Cassini avec une mère par Calvados, un étalon que j’apprécie. Elle avait beaucoup d’amplitude et était très élastique dans son corps. Elle s’est très bien mariée à Diamant, comme beaucoup de filles de Cassini I. Diamant se croise très bien avec les juments allemandes. Pourquoi ? J’aimerais bien le savoir ! En tout cas, l’association de ces deux courants de sang ne m’a donné que des sauteurs.” Cette recette magique a également porté ses fruits pour Dominator 2000, surpuissant étalon du haras Zangersheide et gagnant en Grand Prix 5* avec Christian Ahlmann, Fahrenheit de Beaufour, lui aussi étalon et passé sous la selle du Suisse Pius Schwizer depuis le début de l’année, Couleur Latour, un autre reproducteur, ou encore Villamoura, très compétitive à 1,50m.
Zaia Di San Giovanni, première descendante de Sophia Di San Giovanni, ici à Calgary. © Sportfot
Dynastie de Beaufour et Valentin Besnard. © Pixels Events
Si toute la fratrie de Dynastie de Beaufour est pétrie de qualités, et que d’autres jeunes pousses, nées entre 2016 et 2022 vont encore pointer le bout de leur nez, de l’aveu de ceux qui la côtoient ou l’ont côtoyée au quotidien, il est impossible de les comparer. “Il n’y a pas de point commun entre Dynastie et ses frères et sœurs !”, s’amuse Romain Lescanne. “C’était impressionnant. On se rend compte que le métier d’éleveur et la génétique sont loin d’être une science exacte. J’ai monté sa propre sœur, Diamantina, qui a le même âge, et son propre frère, E Pleasure, d’un an son cadet. Tous étaient bons et ont sauté au moins 1,45m en étant compétitifs, mais ils étaient totalement différents, tant dans le caractère que dans le physique. Diamantina, E Pleasure et Dynastie étaient tous intelligents et attachants, même si, pour moi, tout cheval est attachant, puisque je les aime tous.” Et Valentin Besnard de confirmer les dires de son ami : “Il n’y a pas franchement de ressemblances entre les trois. (rires) Ils sont tous bons, mais absolument pas similaires. Diamantina est très styliste et douée sur l’obstacle, presque plus que Dynastie, mais est un peu anxieuse. Elle a besoin de temps, même si elle concourt déjà à 1,50m. C’est aussi une très bonne jument. E Pleasure, lui, a fait ses premières épreuves à 1,45m comptant pour le classement mondial au Sunshine Tour, avec plusieurs sans-faute à la clef, dont un dans le Grand Prix 2*. Il est extrêmement gentil et devrait atteindre au moins le niveau 1,50m. Il est très surprenant et se rapproche du caractère de Dynastie ; il est au service de l’homme et fait tout ce qu’on lui demande.”
La styliste Diamantina Beaufour. © Pixels Events
E Pleasure Beaufour. © Pixels Events
“Dynastie est un ange”, Romain Lescanne
Le caractère. Voilà sans doute ce qui distingue Dynastie des autres. “Dynastie est très bonne élève. C’est la jument sans problème ! (rires) Elle est respectueuse et se donne en parcours. Si le cavalier ne fait pas d’erreur, elle répond tout le temps présent”, savoure Éric Levallois, pas peu fier de sa pépite. “À manipuler, Dynastie était gentille, tout comme elle l’était au paddock ou avec les autres. Elle a toujours été facile et sage, n’a jamais donné un coup de cul ni fait un saut de mouton. C’est un ange. Dans sa tête, elle est là pour travailler, pour être sans-faute. C’est une machine de guerre”, plaide à son tour Romain Lescanne. “On peut tout lui demander, elle fait toujours tout. Après les concours, le lundi, Valentin, son cavalier, peut partir sur la route, aller chez son voisin, déséquiper la jument, la mettre dans un paddock, prendre un café et repartir après. Je pense que Dynastie est le meilleur cheval de chasse à courre que j’aurais pu avoir ! Rien ne l’arrête. À la remise des prix du Grand Prix 4* de Vejer de la Frontera, tous les chevaux bougeaient et elle, elle était immobile. Elle est tellement gentille. Elle donne tout ce qu’elle peut. Lorsqu’elle est au box, si elle est couchée et qu’il est prévu qu’elle soit sortie, on attend qu’elle se relève. Elle est aimée de tous. J’ai des chevaux depuis soixante ans, j’ai toujours été passionné, mais avec Dynastie, je suis tombé sur une jument hors du commun”, assure Michel Lescanne. Et Valentin Besnard de compléter : “Je pense que son caractère est quelque chose de rare chez un cheval de ce niveau.”
Même sous la pluie, ici avec Romain Lescanne, qui l'a formée quatre ans durant, Dynastie de Beaufour est imperturbable. © Pixels Events
Aidée par son bon tempérament, Dynastie de Beaufour a, de fait, vécu une formation sans accroc. “À quatre ans, elle a suivi le programme de l’école du haras du Pin avec une élève (Madeline Lefebvre, ndlr), qui l’a emmenée jusqu’à la finale de Fontainebleau, où elles ont signé un parcours à quatre points puis un sans-faute dans la petite finale. Elle montrait déjà des choses et me plaisait beaucoup. Elle a un très beau galop, une bonne technique et beaucoup d’amplitude. Dynastie est une grande jument. De fait, elle pouvait se montrer un peu maladroite dans son action et ses abords, ce qui entraînait une faute ci et là. À cinq ans, elle a de nouveau réalisé une bonne année, cette fois avec Fabien de Robillard. Elle devait encore mûrir et a de nouveau participé à la Grande Semaine de Fontainebleau, en signant un parcours à quatre points puis un sans-faute. Puis, à six ans, elle a rejoint Thomas Rousseau, qui m’avait dit que c’était une bonne jument. Toutefois, de là à imaginer qu’elle deviendrait ce qu’elle est aujourd’hui, il y avait encore du chemin”, développe Éric Levallois.
La brillante Dynastie de Beaufour sous la selle de Romain Lescanne. © Pixels Events
Après quelques mois au sein des écuries Rousseau, la Selle Français croise la route de la famille Lescanne, en quête de chevaux prometteurs pour l’avenir. “Je travaille beaucoup avec Éric Levallois. D’ailleurs, tous mes chevaux portent l’affixe de Beaufour. Cela m’offre une traçabilité ; je sais où ils ont été élevés et quel est leur passé. Un jour, avec une amie, nous sommes allés voir des chevaux chez Éric. Après en avoir observé deux ou trois le matin, nous avons déjeuné. Peu séduits par ces premières propositions, nous avons demandé à Éric s’il n’en avait pas d’autres à nous montrer. Il a passé un coup de téléphone puis a dit ‘on y va’. Nous sommes arrivés chez Thomas Rousseau, où était Dynastie. Nous l’avons essayée ; rien ne l’arrêtait. Elle avait six ans et nous avons dû mettre un terme à l’essai, sans quoi nous aurions pu continuer de monter les barres ! Ce n’était pas le torrent, mais la force tranquille. Dès qu’il fallait mettre la rehausse, elle le faisait. Je l’ai achetée et nous en avoir profité pour jeter un œil à sa sœur, Diamantina, dont j’ai fini par faire l’acquisition six mois plus tard”, retrace Michel Lescanne, qui était, jusqu’à la fin d’année dernière, co-propriétaire majoritaire de Dynastie. Depuis, le naisseur de la crack lui a revendu ses parts.
Ici à Saint-Lô, Dynastie a rapidement trouvé ses marques avec Valentin Besnard, qui la monte depuis un an. © Pixels Events
Polir le diamant
Facile, douée et adorable, cette nouvelle recrue fait l’unanimité. Romain Lescanne se voit alors confier les rênes de ce diamant brut, qu’il faut finir de polir. “Lorsque j’ai rencontré Dynastie pour la première fois, alors que j’étais entraîné par Éric Levallois, je me suis dit que c’était une super jument, avec beaucoup de qualités, des moyens énormes, une bonne tête, mais à qui il fallait laisser du temps, pour apprendre son métier et achever son développement physique. On ne peut jamais être sûr de l’avenir d’un cheval, mais avec elle, nous n’avions pas tellement de doutes ! Elle avait encore besoin de s'endurcir. À six et sept ans, nous n’avions aucun objectif particulier, et avions pris le parti de faire en fonction de ce qu’elle nous montrerait. Elle a toujours été très facile. Pour preuve, je l’ai récupérée un mercredi matin. L’après-midi, nous la chargions dans le camion et le dimanche, nous étions au barrage du Grand Prix des six ans à Lierre. Une fois qu’on était au galop et qu’on l’avait emmenée devant l’obstacle, je ne vais pas dire que le plus dur était fait, mais presque. Elle a un mental en or”, se souvient le sympathique cavalier, qui défend les couleurs de Madagascar. Et Éric Levallois d’embrayer : “Elle a beaucoup de qualités et a toujours été très coopérative. Jeune, elle était maladroite à cause de sa force, qu’elle pouvait avoir du mal à maîtriser. En main, elle dégageait énormément de puissance. Elle ne faisait pas trop attention à où elle mettait les pieds, mais était toujours de bonne volonté. Avec le temps, elle a pris conscience de tout cela. Sous la selle, elle était très sympa mais ne s’économisait pas beaucoup à l’obstacle. Elle sautait beaucoup en force.”
L'attachante fille de Diamant de Semilly. © Pixels Events
“Au début, le fait que Dynastie ne montre rien me perturbait. Mentalement, elle était toujours la même. J’aime connaître l’humeur de mes chevaux, et encore plus celle de mes juments. J’ai donc toujours redoublé de vigilance avec elle. Si elle avait mal, on ne pouvait pas le percevoir. C’était une machine de guerre et, pour elle, son job n’était pas de montrer qu’elle avait mal. Je voulais prendre mon temps et j’ai toujours fait attention. Pourtant, sauter un parcours à 1,40 ou 1,45m à six ans n’aurait pas été très compliqué avec elle. Mais, si je l’avais fait, je l’aurais brisée. Et ce n’est pas ma façon de faire. Dynastie avait besoin de s’aguerrir sur des épreuves de sa classe d’âge, d’apprendre à s’économiser et à faire les choses facilement. Cette jument est un vrai métronome. Elle est toujours là, que ce soit sur un grand terrain en herbe ou dans un manège, elle sera toujours au rendez-vous. Elle veut être sans-faute et fait tout pour l’être.” Alors, la fille de Diamant de Semilly a-t-elle des défauts ? “Certainement, mais elle a tellement de qualités que l’on ne s’en occupe pas !”, s’empresse de répondre son plus fidèle formateur. “Dynastie n’est plus à moi, mais je n’avais pas grand-chose à lui reprocher, que ce soit dans son caractère ou sa façon de travailler”, complète son naisseur normand, champion du monde par équipe à Jerez de la Frontera en 2002 avec son père.
Diamant de Semilly, l'illustre père de Dynastie, a été le cheval d'une vie pour Eric Levallois. © Scoopdyga
“Si j’ai pu aider à faire le lien entre Dynastie et Valentin, j’en suis ravi”, Romain Lescanne
Toujours sur la même longueur d’onde, Romain Lescanne et sa complice, qui ne tardent pas à former un vrai couple, progressent avec constance. “J’ai beaucoup travaillé en extérieur avec elle, en balade, en trotting, en forêt, et cela dans le but qu’elle apprenne à gérer son corps. Elle ne sautait pas beaucoup à la maison, puisque c’était simple pour elle. En revanche, je trouvais intéressant de la former physiquement et mentalement en galopant en montée et en descente, pour qu’elle trouve son équilibre toute seule, plutôt qu’en faisant des ronds dans un bac à sable”, reprend le cavalier. Au fil des mois, le travail paie et le duo touche du doigt son rêve de haut niveau. “Trois semaines avant que Dynastie ne parte de la maison, elle venait de disputer sa première épreuve à 1,45m avec moi. C’était génial. Je sentais déjà que c’était simple, normal pour elle”, se remémore le cavalier qui, en quatre saisons, dont une entachée en raison de la pandémie de Covid-19, aura fait grandir sa perle. Mais un choix de Michel Lescanne, propriétaire Dynastie et d’une partie de sa fratrie, conduit la jument, alors âgée de neuf ans, vers une autre écurie. “Son départ a été difficile”, concède Romain Lescanne, qui a, depuis, su repartir sur le bon pied. “Je voyais mes chevaux plus que mes enfants, je vivais avec eux. Le soir, après dîner, il m’arrivait très souvent de retourner les voir pour leur faire un câlin. Forcément, quand, en trois jours, l’écurie se vide totalement et que le projet de haut niveau s’envole avec eux, ce n’est pas simple. Sur le moment, on prend une claque, mais c’est la vie. Désormais, nous nous tournons vers l’avenir et achetons des jeunes chevaux, qui nous appartiennent entièrement. Nous espérons qu’ils auront la même qualité que Dynastie. Nous avons un étalon (le plaisant Ninerald, Emerald van’t Ruytershof x Nintender, cinq ans, ndlr), qui a été approuvé au stud-book Zangersheide au début du mois. Nous profitons de l’expérience offerte par Dynastie et les autres pour nous reconstruire et apprendre de nos erreurs. Je suis très, très heureux que Dynastie soit chez Valentin et qu’ils cartonnent ensemble. Valentin est un ami, nous discutons souvent ensemble et si j’ai pu aider à faire le lien entre Dynastie et lui, j’en suis ravi. Surtout, je passe régulièrement voir Dynastie et mes anciens chevaux pour leur faire des caresses.”
Dynastie de Beaufour et Romain Lescanne. © Pixels Events
Alors que l’objectif d’achever 2022 sur des tracés à 1,50m avec Dynastie de Beaufour se dissipe pour Romain Lescanne, Valentin Besnard prend le relais, après que Michel Lescanne a décidé de partager ses pépites entre le Normand et son voisin, Régis Bouguennec. “L’expérience de Valentin a forcément accéléré les choses, mais il a aussi profité du travail effectué en amont par Romain, qui avait préparé Dynastie pour d’éventuels parcours plus conséquents”, souligne Éric Levallois. Grâce à cette formation solide, et le talent de Valentin Besnard, la transition s’est faite en un claquement de doigts. “Je me souviens, quelques jours après avoir accueilli Dynastie, et sauté une fois avec elle à la maison, je suis allé à Grimaud. Nous avions fait un petit parcours à 1,30m pour prendre nos marques le premier jour, puis nous avons directement abordé une épreuve à 1,45m comptant pour le classement mondial le lendemain. Elle était double sans-faute, impeccable ! Je m’entends très bien avec Romain, qui m’avait dit qu’elle était prête et extrêmement gentille. Elle a vraiment un caractère en or et ne doute jamais”, apprécie l’heureux élu. “Dynastie est super rassurante. Avec elle, on sait que tout va se passer comme prévu. (rires) Bien sûr, on n’est jamais à l’abri d’une ou deux fautes, mais elle ne fait jamais un écart et fait toujours de son mieux. Elle est douée, rapide et a des moyens. Tout ce que je lui demande, elle le fait. Si je ne fais pas de bêtises, tout roule.”
Depuis le départ de "sa" Dynastie, Romain Lescanne s'attache à former la relève. © Pixels Events
Ne pas relâcher ses efforts
Presque déconcerté par une telle facilité lors de ses premiers pas avec Dynastie, Valentin Besnard aurait pu douter de la véracité et de la réalité de ses sensations. “Avec cette jument-là, si son cavalier n’a pas le moral, il lui suffit de la monter et tout va bien ! C’est un peu comme si elle demandait à son cavalier ‘que veux-tu ? dis-le-moi et je le fais’. Ce n’est que du bonheur”, sourit Éric Levallois. Finalement, ce sentiment d’aisance n’a jamais disparu entre le néo-duo, qui n’a pas tardé à amasser les résultats, remportant le Grand Prix Pro Elite de Notre Dame d’Estrées en juillet, avant d’enchaîner les classements, sur la scène nationale comme internationale. “Valentin est un excellent cavalier, et il forme surtout un couple extraordinaire avec Pauline Paris, qui vient d’avoir une petite fille, Juliette. Tous deux se complètent parfaitement. Les relations sont toujours agréables”, salue Michel Lescanne, qui va encore plus loin. “Valentin n’a peur de rien et il donne une confiance remarquable à ses chevaux. Ces derniers semblent lui dire ‘je ne pensais pas que c’était possible, mais tu me l’as demandé, j’y suis allé’. J’ai des photos impressionnantes de lui et Dynastie ! Il sait qu’il ne peut rien lui arriver avec elle, c’est exceptionnel.”
Dynastie de Beaufour sous la selle de Valentin Besnard. © Pixels Events
Mais, en bon travailleur acharné qu’il est, le jeune père de famille n’a pas relâché ses efforts avec sa star. “J’ai eu l’occasion de participer à trois stages fédéraux cet hiver. Dynastie m’a accompagné à chaque fois. Nous avons travaillé avec Henk Nooren (chef d’équipe des Bleus, ndlr), qui m’a conseillé sur la partie obstacle, tandis que Barnabas Mandi (juge et entraîneur de dressage reconnu, qui notamment son savoir aux membres de l’équipe de France, ndlr) m’a été d’une grande aide sur le plat. Depuis, j’applique ses conseils et je reproduis nos séances à la maison”, note-t-il.
Le style impeccable de la fille de Diamant de Semilly et petite-fille de Cassini I. © Sportfot
Avec une jument comme Dynastie, il paraît impossible de ne pas nourrir de grands rêves, des espoirs tout aussi conséquents, et de ne pas songer aux échéances à venir. Pourtant, Valentin Besnard reste les pieds sur terre. “Je suis content de notre évolution. Evidemment, j’aimerais pouvoir participer à quelques 5*. Dynastie doit le faire, et j’espère qu’elle le fera avec moi. Je la sens prête, prête à être sans-faute. Penser à une grande échéance serait prématuré. Je n’ai pas encore assez d’expérience pour prétendre à cela. Nous allons d’abord prendre part au championnat de France (organisé dans le cadre du Printemps des sports équestres, fin avril, à Fontainebleau, ndlr). Ensuite, j'aimerais beaucoup aller à La Baule. Je suis allé au Sunshine Tour dans cette optique, mais, forcément, je ne suis pas le seul à avoir ce souhait. Je vais faire ma demande et nous verrons bien. C’est en tout cas mon objectif et j’ai à cœur de fouler cette piste.” Et nul doute que Dynastie serait parfaitement à sa place dans le superbe écrin du stade François André.
Dynastie de Beaufour a indéniablement tous les ingrédients pour évoluer au plus haut niveau. © Pixels Events
“Dynastie ne fait que se bonifier avec le temps”, Éric Levallois
D’ici là, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que Dynastie poursuive son aventure sous bannière tricolore. Ses progrès n’étant pas passés inaperçus, Michel Lescanne, son propriétaire, reçoit, de fait, des offres d’achat de plus en plus conséquentes. “Il y a du monde en sortie de parcours… J’aime beaucoup Dynastie, mais il y a l’émotion et le rationnel. J’ai un élevage à faire vivre. Actuellement, j’ai dix poulains à la maison. Et la vente de Dynastie assurerait la pérennité de mon système. D’autre part, ai-je envie d’entrer dans le système du très haut niveau et des grosses compétitions ? C’est un autre monde”, lâche le propriétaire de la baie, qui s’interroge légitimement sur la suite à donner à l’histoire. “J’ai la chance d’avoir cette jument, qui me permet de continuer ma passion et mon élevage. Malgré toute la tristesse que cela me donnerait, je n’aurais pas toujours la possibilité de refuser certaines offres très sérieuses. Je dois aussi penser aux autres, à l’avenir.” L’avenir, justement, pourrait s’écrire grâce à Sissy (Solid Gold) ou Mynastie de Beaufour (Cabachon), les deux filles de Dynastie, âgée de deux et un an. S’il est trop tôt pour juger de leur potentiel, ces deux demoiselles pourraient contribuer à poursuivre l’ère ouverte par leur géniale mère.
Dynastie prend la pose après sa deuxième place dans le Grand Prix 4* de Rouen. © Pixels Events
Lorsque Dynastie déroule un parcours, rien ne semble pouvoir lui arriver. © Pixels Events
“Jusqu’à présent, Dynastie ne nous a jamais déçue. Elle ne fait que se bonifier avec le temps. Comme pour n’importe quel éleveur qui fait naître de bons chevaux, l’objectif serait de la voir grimper dans les épreuves. Mais ce qui doit arriver arrivera. J’ai toujours aimé Dynastie, sans vraiment savoir dire pourquoi. Je l’ai toujours regardée avec les yeux de l’amour, ceux de l’éleveur. Pourtant, lorsqu’elle sautait en liberté à trois ans, bien fort celui qui aurait pu dire qu’elle allait devenir la jument qu’elle est aujourd’hui. Je connaissais ma jument et je savais qu’elle montrait des choses intéressantes, même si ce n’était pas tout le temps le cas. Sous la selle, elle a une technique de devant parfaite, irréprochable, alors qu’en liberté, elle pouvait laisser traîner un peu les pattes. Il ne faut pas jeter la pierre trop tôt aux jeunes chevaux. Il est important de prendre son temps et de donner une chance à tout le monde, même si cela ne paye pas toujours. Aujourd’hui, il y a beaucoup de chevaux qui passent à côté de leur carrière. Toute la beauté de notre sport réside dans la délicatesse de l’éleveur de savoir comment mener son élevage”, achève Éric Levallois au sujet de sa pépite, Dynastie de Beaufour, à qui il avait, semble-t-il, donné un nom on ne peut plus adéquat. “J’ai toujours vu Dynastie comme une grande jument. Cela me fait plaisir de voir qu’elle continue à aller dans cette direction. Elle fait partie des meilleurs chevaux que j’aie fait naître, de loin. De temps en temps, on a la chance de tomber sur des chevaux comme elle, qui donne du baume au cœur à l’éleveur, au propriétaire et au cavalier.” À seulement dix ans, cette jument tout sauf ordinaire ne semble donc pas prête d’arrêter de procurer des émotions toujours plus grandes à son entourage, d'Eric Levallois à Romain Lescanne, en passant par Caroline, qui partage sa vie, ou encore Valentin Besnard, Michel Lescanne mais aussi Marie Pailloux, compagne du dernier cité et qui l'avait alors conseillé lors de sa rencontre avec la fille de Diamant de Semilly.
Dynastie de Beaufour. © Pixels Events
Photo à la Une : Dynastie de Beaufour en action à Grimaud, lors de son premier concours avec Valentin Besnard, fin avril 2022. © Sportfot