Printemps 2012. Les Jeux olympiques de Londres approchent. Dans douze ans, ce sera au tour de Paris. Consciemment ou inconsciemment, éleveuses et éleveurs préparent déjà cette échéance. En cette nouvelle saison de monte, leurs choix de croisements seront déterminants. Pourtant, ils n’en verront le premier résultat qu’en 2013 et devront encore attendre patiemment une décennie pour espérer observer leurs protégés, qui n’en sont qu’au stade embryonnaire, au plus haut niveau. Automne 2023. Il s’en est passé des choses, depuis le rêve, l’imagination et l’espoir placés dans quelques juments choyées aux quatre coins du globe. À moins de trois cents jours des Jeux de Paris, la génération 2013, qui fêtera donc ses onze ans d’ici quelques mois, se distingue de plus en plus. Dynamix de Bélhème, Dexter Fontenis, Dubaï du Cèdre, Iliana, Major Tom, né Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve, Landon, né Crack de Nyze, Beau de Laubry, CSF James Kann Cruz et les autres attirent inlassablement et inévitablement les regards. À travers les statistiques de l’application Jumpr, Studforlife s’est intéressé aux meilleurs représentants de ce cru particulièrement réussi. Focus sur les vingt chevaux nés en 2013 et évoluant jusqu’en Grand Prix 5* les plus riches.
Bonne Amie, Do It Easy, Acota M, Nikka vd Bisschop, Iglesias DV, Drako de Maugré, Dynastie de Beaufour, Coolio 42, Dinozo Un Prince, Dexter de Kerglenn, GL Events*Dorai d’Aiguilly, Dourados 2, Equitron*Naxcel V, Dorado 212 ou encore Nadal Hero DB, pour ne citer qu’eux, auraient aussi pu faire partie de ce classement. Si leur potentiel est indéniable, la plupart d’entre eux l’ayant déjà prouvé en se classant, voire en gagnant des Grands Prix 5*, Studforlife s’est appuyé sur les gains accumulés entre le 1er janvier et le 5 novembre 2023 pour établir un Top 20 des chevaux nés en 2013 et évoluant au plus haut niveau. Comme ceux cités plus haut, les chevaux de ce classement auront, pour la plupart, une carte à jouer à Versailles, dès l’été prochain. Décryptage, chiffres à l’appui.
Classement par gains des dix chevaux étudiés dans la première partie de cet article.
20 - Cala Mandia (Capistrano x Valentino)
Selon Jumpr, quelques chevaux, dont Dourados 2 et Starissa par exemple, ont gagné plus que les 126.034€ engrangés par la complice de Katrin Eckermann entre janvier et octobre 2023. Pour autant, la jument alezan brûlé s’est démarquée en disputant relativement peu de parcours internationaux, vingt-cinq seulement, dont dix à 1,60m, mais est parvenue à conserver son titre dans l’étape du Longines Global Champions Tour de Miami. L’an dernier, alors âgée de neuf ans, Cala Mandia avait vécu une saison de rêve, totalisant plus de 400.000€ de gains. Ces deux dernières saisons, le taux de sans-faute de l’Hanovrienne demeure identique à 1,60m : vingt pourcents.
Les statistiques de Cala Mandia. © Hippo Foto / Dirk Caremans
19 - Vermento (Argento x Skippy II)
Lauréat du Grand Prix du CSIO 5* d’Hickstead cet été avec Robert Whitaker, Vermento, fils d’Argento, a fait une véritable percée sur la scène internationale cette saison. Pour preuve, l’étalon de dix ans n’a disputé qu’un seul et unique parcours annoncé à 1,60m en 2022, à l’occasion d’une épreuve 3* qu’il avait conclue avec huit points, contre neuf en 2023, pour cinquante-six pourcents de clear round à cette hauteur. Encore peu expérimenté, la pépite de la famille Whitaker, qui l’a fait naître avant d’assurer sa formation jusqu’au plus haut niveau, a assurément de belles heures devant lui. Cette saison, en dix mois, il a empoché 140.377€.
Les statistiques de Vermento. © Mélina Massias
18 - GRS Lady Amaro (Amaretto d’Arco x Over The River xx)
Contrairement à Vermento, GRS Lady Amaro n’a pas (encore) remporté de Grand Prix 5*, mais cela ne saurait tarder. Géniale alezane de Mark McAuley, la fille d’Amaretto d’Arco est une compétitrice redoutable. Pas plus tard que début novembre, elle terminait d’ailleurs deuxième du Grand Prix secondaire du CSI 5*-W de Lyon, tandis que fin septembre, elle défilait en tête du tour d’honneur d’un Grand Prix 3* à Grimaud. Lancée sur la scène internationale par Patrick Hickey en 2021, la représentante du stud-book ISH a connu une progression continue et régulière. L’année 2023 marque sa meilleure saison en termes de gains, avec un joli pactole de 149.891€. À 1,60m, son taux de sans-faute est de vingt-sept pourcents pour quinze tentatives, tandis qu’elle n’a pas renversé la moindre barre de la saison lors de ses quatre apparitions sur 1,55m. 
Les statistiques de GRS Lady Amaro. © Mélina Massias
17 - Dialou Blue PS (Diarado’s Boy x Chacco-Blue)
Sélectionnée pour les championnats d’Europe de Milan, où elle n’a pas montré ses aptitudes habituelles, Dialou Blue PS a connu une année en demi-teinte. Après avoir réalisé un excellent exercice 2022, terminant trois de ses cinq parcours à 1,60m sur un score vierge, la belle a soufflé le chaud et le froid, se classant dans les Grands Prix 5* de Doha et La Baule, en plus d’un podium dans le Prix de Rhénanie du Nord Westphalie à Aix-la-Chapelle en juillet et d’un double zéro dans la Coupe des nations Longines de Falsterbo, et terminant les épreuves reines des CSIO 5* de Rome et CSI 5* de Londres avec huit points au compteur. Sur dix-sept parcours à 1,60m, Dialou Blue affiche cinquante-trois pourcents de clear round. Depuis les championnats d’Europe, la baie n’est plus apparue en compétition. Avant cette échéance continentale, elle avait accumulé 157.386 €.
Les statistiques de Dialou Blue PS. © Mélina Massias
16 - Miss Blue Mystic Rose (Chacco-Blue x Zirocco Blue, né Quamikase des Forêts)
Elle est l’une des révélations de cette année 2023. Encore inconnue, ou presque, à neuf ans, en 2022, Miss Blue Mystic Rose, depuis renommée Miss Blue-Saint Blue Farm, a signé des débuts renversants en 5* au printemps. Née au Brésil, cette fille de Chacco-Blue a pour l’heure réalisé l’intégralité de sa carrière internationale sous la selle de Yuri Mansur. Après avoir fait ses gammes jusqu’à 1,50m la saison passée et engrangé un peu plus de 5.000 € de gains, elle a remporté 164.523 € entre janvier et octobre. Selon Jumpr, Miss Blue a un taux de sans-faute de trente et un pourcents à 1,60m, pour treize parcours disputés à cette hauteur. Parmi ses plus beaux faits d’armes, la baie a notamment remporté le Prix de l’Europe au CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, signé un double zéro dans la Coupe de Saint-Gall et participé à la victoire du Brésil dans celle de La Baule (4+0).
Les statistiques de Miss Blue Mystic Rose. © Mélina Massias
15 - I Amelusina R51 (Dexter R x Chin Chin)
L’étalon de Simon Delestre, I Amelusina R51, qui figure, tout comme Cayman Jolly Jumper, d’un an son aîné, et Dexter Fontenis, lui aussi âgé de dix ans, sur la liste olympique de la Fédération française d’équitation (FFE), a découvert le très haut niveau cette saison. Formé progressivement par le Lorrain depuis 2020, l’alezan a fait ses débuts à 1,60m en juin dernier seulement, à l’occasion du mythique CHIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Quelques semaines plus tard, il terminait quatrième du Grand Prix 5* de La Corogne, étape du lucratif Longines Global Champions Tour (LGCT). En quelques mois, il a affronté onze parcours à cette hauteur, pour dix-huit pourcents de sans-faute, sans toutefois jamais renversé plus de deux barres, et 195.135 € de gains, tous parcours confondus. Doté d’un fort potentiel, ce diamant KWPN à la très belle génétique a la vie devant lui pour briller.
Les statistiques de I Amelusina R 51. © Mélina Massias
14 - Ivory TCS (Falaise de Muze x Ukato)
Ivory TCS a franchi la barre des 200.000 € de gains sur les dix premiers mois de l’année 2023, décrochant précisément 201.190 €. Davantage consacrée à des épreuves de vitesse outre-Atlantique, la complice de l’Irlandais Daniel Coyle a pris part à six parcours à 1,60m, pour dix-sept pourcents de sans-faute. Excellente gagnante à 1,50m, la fille de Falaise de Muze a tenté sa chance dans plusieurs beaux Grands Prix 4 et 5*, allant jusqu’à s’imposer dans celui du CSIO 4* de Wellington, en mars dernier.
Les statistiques d'Ivory TCS. © Andrew Ryback Photography / FEI
13 - Carla 229 (Comme Il Faut x Potsdam NRW)
Quelle saison et quel cap de franchi pour Carla 229 ! En 2022, la fille de Comme Il Faut, complice de l’Allemand Philipp Schulze-Topphoff depuis ses débuts internationaux en 2020, n’avait jamais pris part à des épreuves dont les barres s’élevaient à plus d’1,50m. Ces derniers mois, sur ses quarante-six sorties internationales entre janvier et octobre, dont douze à 1,60m, elle a enregistré quarante-deux pourcents de clear round, comme dans l’étape de la Coupe du monde Longines d’Helsinki, qu’elle a conclue à la deuxième place, derrière Richard Howley et Consulent de Prelet. Grâce à ses nombreux autres classements, ses gains s’élèvent à 213.354 € sur la période étudiée.
Les statistiques de Carla 229. © Mélina Massias
12 - Iliana (Cardento x Gentleman)
Iliana n’est plus à présenter. Cet été, la bouillonnante baie d’Henrik von Eckermann a suppléé King Edward Ress à l’occasion des championnats d’Europe de Milan. Si elle n’a encore remporté aucun Grand Prix, ni d’épreuve à 1,60m, sa compétitivité lui permet de figurer à la douzième place de ce classement, avec 213.849 €. Après quatre départs à 1,60m en 2022, pour cinquante pourcents de sans-faute et cent pourcents de classements, la descendante de Cardento et son numéro un mondial de cavalier se sont alignés à dix-neuf reprises à 1,60m cette saison, pour trente-deux pourcents de clear round. 
Les statistiques d'Iliana. © Mélina Massias
11 - Corsica X (Conor x Corofino II)
En cette fin d’année 2023, Corsica X prend du galon ! De ses premiers pas à 1,60m à l’occasion du CSI 5* de Hambourg en mai, jusqu’à ses premiers classements et victoires à ce niveau, la partenaire de l’Allemand Rene Dittmer pourrait bien venir jouer les troubles fêtes au sein de la Mannschaft en 2024. La Holsteiner a réussi cinq sans-faute en dix tentatives à 1,60m et totalise 223.808 € de gains. Cerise sur le gâteau, elle a permis à son cavalier de frapper un grand coup dans le classement général du circuit de la Coupe du monde Longines.
Les statistiques de Corsica X. © AK Dragoo Photography / FEI
Photo à la Une : Iliana et Henrik von Eckermann à Milan. © Mélina Massias
