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Sensationnel, Willem Greve remporte la plus belle victoire de sa carrière grâce à Highway M à Bois-le-Duc

Highway
dimanche 10 mars 2024 Mélina Massias

Plateau exceptionnel, scénario à couper le souffle, émotions par milliers… Le Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc, première étape du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles de cette année olympique, a tenu toutes ses promesses. Alors que le match semblait plié après le passage de deux des neuf barragistes, il a fallu attendre le passage de Willem Greve et Highway M TN, portés par un public tout acquis à leur cause, pour connaître l'identité des vainqueurs. En tête jusqu’alors, les doubles champions du monde en titre Henrik von Eckermann et King Edward Ress se sont inclinés, tandis que Harrie Smolders et Uricas vd Kattevennen ont occupé le troisième rang du classement final. Retour sur une épreuve sensationnelle. 

Henrik von Eckermann avait sorti le grand jeu et son meilleur cheval, dimanche 10 mars, pour tenter d’inscrire une deuxième fois son nom au palmarès du prestigieux Grand Prix 5* de Bois-le-Duc, étape du non moins glorieux Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles. Déjà sacré en 2019 avec la valeureuse Mary Lou 194, le Suédois, numéro un mondial depuis août 2022, semblait tenir un nouveau triomphe. Aux rênes de son généreux King Edward Ress, qui a tout laissé en piste bien que semblant moins souverain qu’à l’accoutumée, l’ancien disciple de Ludger Beerbaum semblait avoir course gagnée tant son barrage fût rapide et à la limite de ligne rouge. Mais il n’en a rien été. Dernier des neuf barragistes de très, très haut standing, Willem Greve ne s’est pas laissé impressionner. Aux rênes de son fantastique Highway M TN, né Horado V, révélation de la saison dernière, et face à son public, celui qui s’est qualifié pour la quatrième fois consécutive pour la finale de l’épreuve reine du CSI 5* de Bois-le-Duc a déroulé un tracé parfait. D’abord en retard sur le chronomètre intermédiaire des leaders provisoires, le Néerlandais et son fils d’Eldorado vd Zeshoek ont réalisé une fin de parcours bluffante. Grâce à un angle osé et un virage en plein planer au-dessus de l’avant-dernier oxer du parcours, le duo a pu prendre la corde pour aborder l’ultime saut de ce tracé raccourci. Sans réfléchir, Willem Greve a ouvert les doigts et incité son bai, né chez Peter en Rita Verdellen, à allonger sa foulée pour aborder, sans jamais reprendre, cette dernière difficulté. Pari gagnant, puisqu’à l’arrivée la paire a amélioré les 33’’74 des doubles champions du monde en titre de quatre centièmes. Sensationnel. Poing levé en l’air, foule en délire, bombe jetée dans le public, Willem Greve n’en revenait pas. Devant une salle comble et tout acquise à sa cause, le pilote de quarante et un printemps s’est offert un tour d’honneur anticipé, peinant à retrouver ses esprits. Avant de quitter la piste, le Oranje n’a pas manqué d’enlacer son étalon de douze ans, qui ne cesse de progresser et de surprendre son monde à chacune de ses sorties.

Après un coup d'œil sur l'écran géant pour s'assurer que les cris du public soient bien réels, Willem Greve a jeté son casque dans les airs. © Dirk Caremans / Hippo Foto



Highway, de l’ombre à la lumière

“Je dois me pincer, c’est incroyable ! Les mots ne peuvent pas exprimer ce que je ressens. Je suis si reconnaissant envers mon cheval, pour son courage et sa mentalité. M'imposer devant mon public est tellement significatif pour moi. L’histoire de concours est incroyable et ajouter mon nom à la liste des vainqueurs de ce Grand Prix est un honneur. Je viens à Bois-le-Duc depuis que je suis enfant. Gagner ici est un rêve devenu réalité”, s’est ému le sympathique Willem Greve. 

Quel moment pour Willem Greve et son étalon de douze ans. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Né à Horst, petit village néerlandais situé dans la province du Limbourg, entre Eindhoven et Düsseldorf et à moins de cent kilomètres de Bois-le-Duc, Highway aime briller sur ses terres. Fin juin 2023, le KWPN, sacré meilleur cheval de saut d’obstacles de son stud-book en début d’année 2024, s’était imposé avec brio dans le Grand Prix du CSIO 5* de Rotterdam, devançant alors une certaine Legacy, née Chavantele, montée par Daniel Coyle. En janvier dernier, le petit-fils de Chellano et arrière-petit-fils de Darco se classait deuxième du Grand Prix Coupe du monde d’Amsterdam, derrière… Legacy, et avait déjà occupé ce rang deux mois plus tôt, dans l’épreuve reine du CSI 4* de Maastricht, ainsi qu’en juillet 2023, dans une épreuve de même niveau à Valkenswaard. Formé par Zoï Snels pour le compte de la Team Nijhof, qui en est propriétaire depuis de longues années, Highway a rejoint son cavalier actuel lors de l’été 2019. Rapidement compétitif, l’étalon est pourtant resté dans l’ombre, notamment face à son demi-frère, lui aussi étalon, Grandorado TN. Mais une blessure du numéro un, survenue en début d’année 2023, a propulsé Highway dans la cour des grands. Depuis, l’agile et efficace Highway n’a pas levé le pied sur l’autoroute du succès. Sélectionné pour les championnats d’Europe de Milan en septembre dernier, le bai vient de s’offrir la plus belle victoire de sa carrière. Et compte tenu de son aisance et de son intelligence, couplé au trio bien rodé qu’il forme avec Willem Greve et Richard Skillen, son groom, d’autres succès s'annoncent pour la perle de l’élevage de la famille Verdellen.

Agile, rapide, intelligent et de bonne volonté, Highway M vole désormais de ses propres ailes. © Dirk Caremans / Hippo Foto



Henrik von Eckermann vaincus, un autre Néerlandais sur le podium

Deuxième du Grand Prix Coupe du monde de Göteborg, deuxième du Grand Prix CSIO 5* d’Abou Dabi, deuxième du Top Ten Rolex IJRC de Genève, deuxième du Grand Prix 5* des Play-Offs du Longines Global Champions Tour de Prague… et deuxième du Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc. Si Henrik von Eckermann ne présente plus son crack King Edward Ress, né chez Wim Impens, qu’à de rares occasions, toujours bien choisies, cela faisait longtemps qu’il n’avait plus fait tapis de manière aussi franche lors d’un barrage. Déterminé à rompre la malédiction et à s’imposer, le Suédois a pris tous les risques avec son alezan. Deuxième à s’élancer au barrage, le duo, double champion du monde en titre et vainqueur sortant de la finale de la Coupe du monde, semblait avoir plié le match. Mais il n’en a rien été et un Néerlandais s’est offert, pour la première fois en dix ans d’histoire, une étape du Rolex Grand Chelem. 

Moins souverains qu'à leur habitude, et auteur de quelques touchettes, Henrik von Eckermann et King Edward ont vu la victoire leur échapper pour quatre petits centièmes de seconde. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Côté néerlandais toujours, le public a été servi. Outre le succès immaculé de Willem Greve et Highway, un autre couple local s’est hissé au troisième rang. Lui aussi souvent cantonné au rôle de Poulidor, Harrie Smolders s’est cette fois contenté d’un rang de moins avec son fabuleux Uricas vd Kattevennen, pépite de l’élevage d’Otto Boje Schoof. L’étalon par le sculptural Uriko a livré deux démonstrations sur les parcours dessinés de consort par Louis Konickx, Quentin Maertens et Gérard Larchat. Lui et son cavalier, qui étaient également de la partie à Milan l’été dernier, ont coupé la ligne d’arrivée en 34’’66.

Les deux parcours de Harrie Smolders et Uricas vd Kattevennen font partie des plus belles prestations du Grand Prix Rolex de Bois-le-Duc, édition 2024. © Dirk Caremans / Hippo Foto



La crème de la crème au barrage

Parti sur les chapeaux de roues, le Grand Prix 5* de Bois-le-Duc a laissé craindre un barrage fleuve. Il n’en a finalement rien été, puisque neuf cavaliers sur les trente-sept partants - Bertram Allen ayant été contraint de déclarer forfait après une chute survenue dans ses écuries la veille, tout comme Peder Fredricson -, se sont qualifiés pour un dernier affrontement. Et parmi eux, seul les meilleurs y sont parvenus ; aucun outsider n’a eu le droit de tenter sa chance. Loewie Joppen aurait bien pu le faire après un très bon parcours déroulé sur Havel van de Wolfsakker, mais trois points de temps l’en a privé. Pourtant, le Néerlandais avait le sourire, et il avait de quoi. 

Leone Jei, né Hay El Desta Ali, complice de Martin Fuchs était évidemment de la partie au barrage. Très à l’aise, le gris a survolé les deux parcours mais n’a pas pu rivaliser au barrage, terminant quatrième. Déjà aperçu en tête du tour d’honneur à Calgary et Genève ces dernières années, le fils de Baltic, qui n’avait disputé que quatre parcours entre 1,30 et 1,45m depuis le dernier CHI de Genève, est apparu au sommet de son art mais devra encore patienter avant d’inscrire son nom au palmarès du concours de Bois-le-Duc. Même constat pour Denis Lynch et le très généreux Brooklyn Heights, né Jorden vd Kruishoeve, cinquièmes. L’Irlandais et son BWP ont réalisé deux sans-faute, malgré une impression d’ensemble qui ne respirait pas franchement la joie. 

Aux six et septième rangs, Pieter Devos et Marcus Ehning ont également signé deux doubles zéro. Associé à sa valeureuse Toupie de la Roque, qui continue d’impressionner à dix-sept ans, le Belge a arrêté le temps en 38’’51. Son homologue allemand, lui, a clairement pris le parti d’assurer son barrage avec le puissant Priam du Roset, pas encore prêt à aller très vite. Sacré champion d’Allemagne en 2023, le couple a maîtrisé sa performance de bout en bout. De quoi donner le sourire au Centaure.

Tous deux pénalisés de huit points au barrage, Grégory Wathelet, en selle sur le génial Ace of Hearts, et Julien Epaillard, auteur d’un excellent premier tour avec la médaillée de bronze européenne Dubaï du Cèdre, se sont classés huit et neuvième.  

Les résultats complets.

Photo à la Une : Willem Greve et Highway M TN. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Le CHI de Bois-le-Duc est à (re)vivre sur Clipmyhorse.tv.