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Nicolas Delmotte, le retour du papillon

Reportages mardi 23 juin 2015 Julien Counet

Deuxième partie de notre reportage de la semaine, avec le français Nicolas Delmotte !

Quand on est jeune, qu'on se retrouve avec un cheval comme Bolero de Brecey puis Discrète IV qui suit rapidement derrière, on se dit que tout est facile ?

« Moi, j'ai eu de la chance car je suis monté très vite au haut niveau … mais je suis redescendu très très vite aussi ! Quelque part, ça m'a formé un peu. Au départ, je me suis dit le concours, ça va : je pouvais aller sur de beaux concours, j'avais une bonne jument, des chevaux de propriétaires … je m'étais installé … mais mon fonctionnement n'était pas bon pour autant. J'allais faire du concours mais sans avoir une bonne base contrairement à aujourd'hui où je suis bien installé avec une bonne écurie. Aujourd'hui, je fais tout pour m'organiser pour faire du haut niveau. Je ne monte plus que deux jeunes chevaux. Je réduis de plus en plus en triant sur la qualité et je préfère rendre un cheval à son propriétaire s'il n'a pas la dernière des qualités que de passer du temps dessus. C'est vrai qu'à l'époque, je trouvais ça facile : j'avais fait Bercy, j'étais devenu champion de France … mais il n'y avait pas de construction derrière ensuite, je pense que j'ai fait un peu trop de jeunes chevaux. J'aurais déjà dû sélectionner un peu plus mais d'un autre côté, c'est grâce aux jeunes chevaux si j'ai réussi à monter ma structure et que j'ai pu investir dans plein des choses et faire tourner la boutique. J'ai débuté de rien, mes parents ne m'ont pas proposé de m'installer. J'ai démarré de zéro et aujourd'hui, la preuve, c'est que ma mère travaille pour moi. »

La descente a été difficile à vivre ?

« Au début, on se dit « mince » : la jument est arrêtée, puis ce sont d'autres chevaux qui suivent … on est un peu déçu mais on se dit que ce n'est pas grave, qu'il y en a toujours un qui va arriver sauf que non, il n'arrive pas. J'ai alors essayé de former des jeunes chevaux pour revenir au haut niveau comme ce fut le cas avec Lucciano que j'ai monté à partir de l'âge de 4 ans mais à chaque fois, il y a eu des creux. Après Lucciano, il y a de nouveau eu un creux et aujourd'hui, j'ai Number One mais j'essaie déjà d'anticiper. C'est la raison pour laquelle, j'ai acquis des moitiés de chevaux ou en tout cas des bouts mais ce n'est pas évident. Aujourd'hui, je n'ai pas de sponsors ou de propriétaires qui ont suffisamment d'argent pour me dire «  voilà, on va t'acheter tel ou tel cheval » ou me dire « voilà, on te donne un budget d'autant parce que nous, c'est notre passion », je n'ai pas ce genre de choses-là. »

En France, le timing permet de faire à la fois des jeunes chevaux et le circuit national ou international des chevaux plus âgés. Ce système peut-il fonctionner ou pour vous, ce n'est pas possible ?

« A l'époque, je le faisais d'alterner les jeunes et les vieux chevaux mais si on veut faire un vrai boulot, faire un bon dressage, les faire vieillir : non, ce n'est pas possible ! Soit on décide de se consacrer aux vieux chevaux, soit on fait les jeunes chevaux. Faire les deux, c'est vraiment compliqué. Je les fais durant des années, je faisais Fontainebleau en étant meilleur formateur des jeunes chevaux tout en gagnant le week-end mais dans le dressage des chevaux, ce n'était pas parfait. Je ne suis pas un surhomme, je ne pouvais pas en monter 20 par jour et faire un travail parfait. Je pense qu'aujourd'hui, si on en monte six par jour voir sept maximum, on peut vraiment faire du bon boulot. Pour faire un vrai travail, il faut prendre son temps pour vraiment se concentrer sur de bons chevaux et les amener au haut niveau. »

 Lorsque vous avez eu cette période avec tant de chevaux à emmener à Fontainebleau, c'était quand même une période gratifiante pour vous ou c'était le seul espoir pour revenir au haut niveau ?

« Oui, au début, c'était gratifiant … à la fin, quand on l'a gagné une fois, deux fois, trois fois … . Je ne sais même plus combien de fois j'ai gagné ce titre, ça l'était moins. En fait, au début, c'était une satisfaction et je me suis dit que ça allait me faire venir des propriétaires. Alors oui, ça m'a bien fait venir quelques propriétaires … mais jamais le crack cheval ! Le seul qui est sorti de là, c'est Lucciano ! Alors oui, j'ai eu des champions des 5 ans, des 6 ans ou des 7 ans, des bons chevaux … mais qui n'avait pas la qualité d'un Number ou ce type de chevaux-là. »

La suite, c'est demain.