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La Suisse s’offre la Coupe à Aix, avec la manière et après deux décennies de disette

Steve Venard coupe aix
vendredi 30 juin 2023 Mélina Massias

Au total de ses deux manches dans la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle, la Suisse n’a totalisé que quatre petits points. Portée par Michel Sorg, l’escouade helvète, malheureuse dans ce temps fort allemand depuis vingt et un ans et son dernier succès, inscrit en 2002, a pris sa revanche, au terme d’une épreuve à la hauteur des attentes.

À peine quelques sièges bleus se distinguaient de la masse colorée venue garnir, comme chaque année, les tribunes du stade équestre de la Soers. Jeudi 29 au soir, les passionnés de grand sport, le seul et l’unique qui vaille, se sont installés confortablement pour assister au spectacle. Et quel spectacle. Si les locaux, toujours un peu chauvins lorsqu’il s’agit d’encourager les allemands, auraient aimé voir les leurs s’imposer, ils n’ont pas boudé leur plaisir de voir une très, très belle équipe suisse repartir avec la Coupe. Il faut dire que les lettres S, U et I n’avaient plus été apposées sur le mur des vainqueurs depuis… 2002 ! Après vingt et un ans de privation et de déception, Michel Sorg, le chef de file de l’escouade helvète, n’a pas boudé son plaisir en entrant en tête sur la mythique piste en herbe aixoise, devant des gradins encore plein à craquer. Et même la pluie, invitée de dernière minute, n’a rien gâché au plaisir du chef d’équipe, de Steve Guerdat, Niklaus Schurtenberger, Edouard Schmitz, Martin Fuchs et toutes les petites mains de l’ombre, à commencer par les grooms

Michel Sorg devant ses cavaliers à la remise des prix... sous la pluie. © Mélina Massias

Luigi Baleri et Sean Vard, propriétaire et groom des chevaux de Martin Fuchs. © Mélina Massias

Toutes les petites mains de l'ombre du clan suisse. © Mélina Massias

“C’est un rêve qui devient réalité”, Michel Sorg

Parti en ouvreur, un rôle qu’il connaît et qu’il maîtrise à la perfection, Steve Guerdat a lancé les siens de la meilleure manière et tenu la distance, associé à son généreux Venard de Cerisy, qui semble retrouver une nouvelle jeunesse. “Comme toujours dans la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle, le parcours était exigeant. Le tracé n’est pas toujours le plus technique, mais il demande des efforts aux chevaux, surtout lors du deuxième tour, qui se déroule en nocturne. Certains ont plus de mal dans cette configuration, d’autres, au contraire, se bonifient. Avec l’expérience, on apprend à gérer les enjeux de cette épreuve. Avec la qualité des chevaux et des cavaliers présents ici, nous avons, de toute façon, vu du grand sport. Je suis ravi de Venard. Il est en pleine forme depuis ses vacances de début d’année. Je suis très chanceux d’avoir un cheval comme lui”, s’est exprimé l’ancien numéro un mondial en conférence de presse. 

Excellente performance du Selle Français Originel Venard de Cerisy. © Mélina Massias



Son ami et coéquipier Martin Fuchs avait, lui aussi, le sourire. Après une petite désillusion lors du barrage du Grand Prix du CSIO 5* de Sopot il y a quinze jours, son jeune et prometteur Commissar Pezi a lavé l’affront et prouvé qu’il était bel et bien à la hauteur de l’enjeu. Impeccable lors de son premier passage, le sensible bai au talent indéniable n’a pas craqué, alors même que son cavalier, qui avait le sort de son équipe entre les rênes, a ressenti un peu de fébrilité à l’abord de la ligne finale. “Comissar Pezi avait déjà très bien sauté le premier parcours. À la détente, Steve était là pour m’aider. J’avais un bon sentiment, et nous avons décidé de ne pas trop en faire, de partir dans l’optique de reproduire notre premier tour. Je suis parti en piste avec beaucoup de confiance et mon cheval a été incroyable. J’ai fait de mon mieux, comme lui sait aussi le faire. La Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle est sans doute la plus géniale qui soit. Je suis très, très heureux ce soir. Le public était génial, et gagner ici, entouré de trois amis, de mon père et de Michel Sorg est formidable”, s’est exprimé celui qui avait hérité du numéro quatre. 

Concentration au paddock avant le dernier saut de Martin Fuchs et Comissar Pezi. © Mélina Massias

La piste d'Aix-la-Chapelle n'a pas impressionné le jeune Commissar Pezi. © Mélina Massias

Entre Steve et Martin, Niklaus Schurtenberger et Edouard Schmitz ont complété l'œuvre helvète. Le premier cité, qui avait déjà été aligné à Rome un peu plus tôt cette saison avec sa même C-Steffra, a concédé une faute en première manche, avant de vivre une deuxième partition moins sereine, sanctionné de vingt-trois points. Edouard Schmitz, le prodige suisse, quant à lui, s’est fait piéger à deux reprises lors de l’acte initial avec le sensationnel Gamin van’t Naastveldhof, avant de rectifier le tir haut la main dans le second. “Parfois, j’ai besoin d’un bon coup de pied aux fesses ! C’est exactement ce qui m’est arrivé au premier tour”, s’est amusé le jeune homme. “Je suis évidemment très, très content de Gamin, qui saute de très belle façon depuis le début de la semaine. Cette victoire est une victoire d’équipe. Pour mes débuts à Aix-la-Chapelle, gagner cette épreuve veut dire beaucoup.”

Le sublime et non moins talentueux Gamin van't Naastveldhof a encore prouvé toute sa qualité. © Mélina Massias

Pour Michel Sorg, qui vivait sa dernière en tant que chef d’équipe, la satisfaction et la délivrance étaient à leur paroxysme. “C’est un rêve qui devient réalité”, s’est réjoui celui qui est, depuis le 1er mai, directeur de Fédération suisse des sports équestres. “Remporter la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle est le rêve de tous les fans de sport. C’est une chance de venir ici. Je le faisais déjà en visiteur, depuis les tribunes, il y a quelques années. Être aujourd’hui auprès de cette équipe est un honneur. Je ne réalise pas encore. C’est une vraie victoire d’équipe, tout le monde n’a fait qu’un et apporté quelque chose au collectif.”


C-Streffa en action. © Mélina Massias

Accolade entre Michel Sorg et Thibeau Baudron, le groom des montures d'Edouard Schmitz. © Mélina Massias




La Grande-Bretagne et la Belgique au coude à coude

Si Martin Fuchs avait craqué et concédé quatre points, la Suisse aurait dû batailler au barrage face à deux autres quatuors, formés par la Grande-Bretagne et la Belgique. Finalement, il n’en a rien été, et les escouades de Di Lampard et Peter Weinberg, toutes deux à huit unités, ont été départagées au chronomètre. Bien que le surprenant Tim Gredley ait concédé neuf puis six points avec Medoc de Toxandra, les Britanniques ont été les plus véloces, pour quelques tout petits centièmes ! Grâce aux deux solides copies de Ben Maher, aux anges après le double clear round de Dallas Vegas Batilly, venu effacer un parcours difficile la veille avec Faltic HB dans le Prix de l’Europe, et de Scott Brash, sans fausse note sur Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof, ainsi qu’au parcours parfait d’Harry Charles et Romeo 88, né Champion of Picobello, en seconde manche, l’Union Jack a doublé le Plat-Pays.

Scott Brash et Hello Jefferson. © Mélina Massias

Ben Maher était heureux de sa Dallas Vegas Batilly ! © Mélina Massias

Malgré le double sans-faute de Nicola Philippaerts et Katanga vd Dingeshof, récents lauréats du Grand Prix du CSIO 5* de La Baule, la Belgique a accusé sa première manche balbutiante. Au second tour, en revanche, les Diables Rouges ont parfaitement rebondi, n’ajoutant aucune unité à leur compteur et améliorant tous leur résultat précédent. Koen Vereecke (4+0), Olivier Philippaerts (8+4) et Grégory Wathelet (4+0) avaient de vrais motifs de satisfaction avec leurs respectifs Kasanova de la Pomme, Le Blue Diamond van’t Ruytershof et Ace of Hearts. 

Comme Koen Vereecke, en selle sur l'étalon Kasanova de la Pomme, les Belges se sont ressaisis en deuxième manche, mais cela n'a pas été suffisant pour l'emporter. © Mélina Massias

Les Etats-Unis, portés par le double sans-faute de McLain Ward et Callas ont terminé quatrièmes, devant l’Allemagne, malchanceuse dans sa Coupe, la Suède et la France, six et septième après avoir dégringolé de leur trône provisoire acquis, temporairement, à l’issue de la première manche. Heureusement pour les Bleus, Mégane Moissonnier les a sauvés du naufrage, en offrant au clan tricolore un excellent double sans-faute avec Cordial, une belle revanche après avoir glissé et chuté l’an dernier. Les Pays-Bas, qui ont vécu une soirée catastrophe, notamment avec l’élimination de Lars Kersten, déposé à l’entrée du double numéro trois par son sensible et bouillonnant Emmerton, qui s’est ensuite enfui au grand galop du stade la Soers et n’a pas pris le départ en seconde manche, ferment la marche, avec un total de trente-neuf points, contre vingt pour la Suède et la France.

L'émotion de Mégane Moissonnier. © Mélina Massias

La Suisse, a jamais dans l'histoire du CHIO d'Aix-la-Chapelle. © Mélina Massias

Les résultats complets ici.

Photo à la Une : Steve Guerdat et Venard de Cerisy sur le mur à l'effigie du plus mythique des concours. © Mélina Massias

Toutes les épreuves du CHIO d’Aix-la-Chapelle sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.