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L’Allemagne impressionne en ouverture et plusieurs surprises avant la finale par équipes de jumping des Jeux olympiques de Paris

United Touch S
PARIS 2024 jeudi 1 août 2024 Mélina Massias

Que seraient les Jeux olympiques et surtout les sports équestres sans rebondissement ? Comme prévu, quelques surprises ont eu lieu dans la première épreuve de jumping des Jeux olympiques de Paris, dont le seul enjeu était la qualification pour la finale par équipe de vendredi. La Suisse a vécu une journée sans et est passée à côté, tout comme le Brésil, éliminé de la course à la qualification. En haut de classement, l’Allemagne a dominé les débats de cette mise en bouche conséquente et très bien dosée, en étant la seule nation à terminer la journée avec trois scores vierges. Pour la finale collective, les compteurs seront toutefois remis à zéro, laissant une chance aux dix équipes qualifiées de batailler pour les médailles.

Jeux olympiques riment souvent avec surprises et la première épreuve de saut d’obstacles, qui ne servait que de support pour qualifier dix des vingt équipes en lice pour la finale par équipes du lendemain, n’a pas dérogé à la règle, jeudi 1er août. Les deux plus grosses sensations du jour resteront assurément l’échec de la Suisse, douzième à vingt-quatre points et privée de finale collective, ainsi que l’élimination du Brésil, après qu’une trace de sang a été repéré par les stewards sur le flanc droit de Nimrod de Muze, monture de Pedro Veniss, qui avait pourtant fait sensation en piste. À l’inverse, le Mexique et Israël peuvent déjà savourer d’avoir fait le plus dur, en se hissant parmi les dix meilleures escouades de cette première journée. Si la France a eu chaud, Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre ont délivré les Bleus, qui ont terminé septièmes - sans conséquence pour la course aux médailles, les scores étant remis à zéro lors de la finale. La Suède a eu chaud aussi, lorsque Catch Me Not S, l’aguerri gris de Peder Fredricson a… dérobé le mur, placé en numéro onze sur le parcours délicat et technique de quatorze obstacles pour dix-sept efforts imaginé de consort par l’Espagnol Santiago Varela et le Français Grégory Bodo. Au total, quatorze couples, sans compter celui formé par Pedro Veniss et Nimrod de Muze, ont su résoudre toutes les équations proposées par les deux chefs de piste. Une seule équipe a terminé cette mise en bouche déjà conséquente sans concéder la moindre faute, l’Allemagne, qui faisait déjà partie des grands favoris avant le début des hostilités. 

Quel coup dur pour le Brésil et Pedro Veniss, éliminés en raison d'une trace de sang sur le flanc de Nimrod de Muze. © Scoopdyga



Déception pour la Suisse et le Brésil, joie pour le Mexique et Israël

D’entrée de jeu, le parcours de la qualificative par équipes, première étape de saut d’obstacles des Jeux olympiques de Paris, a donné le ton. Numéro quatre à prendre le départ et premier grand favori à se produire sur la piste de Versailles, Steve Guerdat a laissé deux barres à terre avec une Dynamix de Bélhème peu à son affaire. Loin de ses habitudes, la Selle Français, sacrée championne d’Europe à Milan l’été dernier, a failli, laissant son cavalier et son clan un peu désemparés. “Je n’ai jamais senti Dynamix comme cela…”, a déploré le Suisse en zone mixte après son parcours. “J’ai certainement commis une erreur dans ma préparation, mais il faut que j’y réfléchisse la tête froide pour voir ce que je peux faire différemment pour les jours à venir.” Dans son sillage, les Helvètes, qui affichaient l’une des équipes les plus solides sur le papier, ont complètement sombré. Pius Schwizer et Vancouver de Lanlore ont essuyé douze points, quand Martin Fuchs et son agile Leone Jei, né Hay El Desta Ali, ne sont pas parvenus à arracher le sans-faute salvateur qui aurait pu qualifier la suisse pour la finale par équipes et lui redonner toutes ses chances, péchant sur le terrible triple numéro treize, avant-dernière difficulté du parcours… Véritable désillusion, mais la loi du sport est ce qu’elle est.

Sur la retenue, Dynamix de Bélhème a vécu un jour sans, comme le reste de l'équipe suisse. © Scoopdyga

Bien engagé, avec un sans-faute signé Pedro Veniss et Nimrod de Muze, initialement annoncés remplaçants et entrés en jeu à la place de Yuri Mansur et Miss Blue Mystic Rose, puis un parcours de bonne facture entaché d’une faute pour Stephan de Freitas Barcha et Primavera, la sentence a été irrévocable. Une goutte de sang détectée sur le flanc de l’alezan a écarté le Brésil de la suite de la compétition et éliminé toute l’équipe brésilienne, qui avait clairement des chances de médaille. N’ayant plus rien à jouer avec ses compatriotes, Rodrigo Pessoa n’a pas pris le départ de cette qualificative avec Major Tom, né Nielsdaka van de Rhamdia Hoeve, préférant sans doute conserver la fraîcheur de son bondissant fils de Vagabond de la Pomme pour maximiser ses chances individuelles, lundi. 

Deux grands favoris hors course, cela laissait deux places à saisir pour les outsiders. Idéalement lancés avec deux parcours à quatre points bien maîtrisés de la part du jeune Carlos Hank Guerreiro et de l’expérimenté Federico Fernandez, respectivement aux rênes de Porthos Maestro WH et Romeo, né Barachiel d’Ouilly, le Mexique semblait en excellente posture pour s’emparer de l’un des tickets mis en jeu. Malheureusement, les leaders de l’équipe, Eugenio Garza Perez et Contago, ont écopé de douze points, un score inhabituel ayant laissé planer le suspense. Finalement, le Mexique s’est rangé au dixième rang, le dernier permettant de revenir batailler demain. Devant eux, l’équipe israélienne a créé la surprise, bien aidée par la démonstration de Daniel Bluman, colombien d’origine, et son fidèle Ladriano, impeccable de bout en bout. Cela a permis d’équilibrer les seize points de Robin Muhr, ancien représentant français, associé à Galaxy HM et le parcours à une faute d’Ashlee Bond, native des Etats-Unis, juchée sur Donatello 141.

Carlos Hank Guerreiro a prouvé qu'il avait bien sa place au sein de l'équipe mexicaine. © Scoopdyga

Superbe prestation de Daniel Bluman et Ladriano, qui a permis à Israël de se qualifier pour la finale par équipes de ces Jeux olympiques. © Benjamin Clark / FEI



Le format olympique sourit à la Suède

Si la troisième et dernière rotation a été décisive pour Israël et le Mexique, à la lutte, notamment, avec l’Espagne et la Suisse, elle l’a aussi été pour… la Suède. Alors que les champions olympiques en titre semblaient dérouler une véritable promenade de santé, Henrik von Eckermann et King Edward Ress, ayant tout - voire trop - donné, et Rolf-Göran Bengtsson et Zuccero ayant quitté la piste sur un score vierge, la qualification semblait largement acquise. Seulement, Peder Fredricson avait envie de pimenter un peu la journée de son clan… En démonstration sur les trois premiers quarts du parcours, le Suédois est passé… à côté du mur numéro onze, à l'effigie de Serge Gainsbourg et Jane Birkin, avec son ultra expérimenté Catch Me Not S, dix-huit ans et troisième de la dernière finale de la Coupe du monde. Vent de stupeur à Versailles, alors que le chronomètre continuait de défiler. Résultat, une faute supplémentaire au compteur, concédée en milieu de triple, et un total de dix-sept unités. Cette incompréhension aurait cependant pu coûter cher, beaucoup plus cher aux Scandinaves sans les nerfs d’acier de son duo, qui a assuré l’essentiel. Surtout, le clan de Henrik Ankarcrona pourra remercier le format olympique, qui ne compromet nullement ses chances de médailles. Favorable à ce changement, le chef d’équipe doit être conforté dans sa vision des choses après cette journée qu’il n’est pas près d’oublier.

Le fameux mur ayant coûté, presque à lui seul, dix-sept points au clan suédois. © Benjamin Clark / FEI

À l’inverse, côté français le dernier équipier des Bleus, Julien Epaillard, a délivré les siens, en ballotage pour une place en finale. Sur Dubaï du Cèdre, le numéro un français a survolé le parcours. Ses coéquipiers, Simon Delestre et Olivier Perreau, appelé de dernière minute, avaient, eux, enregistré des scores de huit et quatre points sur I Amelusina R 51 et Dorai d’Aiguilly. 

Portés par le public, Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre ont assuré l'essentiel pour la France. © Scoopdyga

L’Allemagne, vingt-quatre ans plus tard ?

Outre les huit points de Harrie Smolders et Uricas vd Kattevennen, concédés en toute fin de parcours après avoir montré de très belles choses, il n’y a pas eu de véritable surprise dans le groupe de tête. Dans l’ordre du classement (anecdotique) du jour, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Irlande ont assuré l’essentiel, semblant parfaitement à l’aise dans cette manche inaugurale. Dallas Vegas Batilly, préférée à Point Break par son cavalier, a semblé particulièrement brillante avec Ben Maher, qui tentera, en début de semaine prochaine, de s’offrir un deuxième sacre individuel, après celui obtenu à Tokyo en 2021 avec Explosion W. Même constat pour Romeo 88, le Champion of Picobello de Harry Charles qui, malgré une faute, est apparu très à son avantage. Côté irlandais, Legacy, la vedette de Daniel Coyle, s’est promenée et a signé le seul clear round de son escouade. Entré en jeu à la place de Grandorado, Imagine, monture de Kim Emmen, n’a pas déçu et a confirmé tout le talent entrevu ces dernières semaines. La vitesse ne semble toutefois pas (encore) être le point fort du gris, qui pourrait céder sa place pour l’individuel. 

Quelle démonstration de Ben Maher et Dallas Vegas Batilly ! © Scoopdyga



Que dire de la prestation d’Ermitage Kalone et Gilles Thomas ? Confrontés pour la première fois à une telle échéance, les champions de Belgique en titre ont ébloui Versailles, sans véritable surprise tant ils semblent au-dessus du lot à chaque fois qu’ils franchissent un nouveau cap dans leur jeune carrière. Excellente impressionnée laissée aussi par Karl Cook et Caracole de la Roque, alignés au départ de cette qualificative à la dernière minute au sein de l’équipe américaine, Greya, née Contina 47, la complice de Kent Farrington semblant souffrir d’une légère allergie. Auteur d’une saison remarquable en CSIO 5*, le couple a relevé le défi lancé par Robert Ridland en bouclant un excellent sans-faute. Sacrée progression pour ceux qui étaient passés au travers des Jeux panaméricains de Santiago, en novembre dernier, et grande fierté, à n’en pas douter, pour Eric Navet, présent sur place.

Ermitage Kalone, tel un poisson dans l'eau à Versailles. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Le poing serré de Karl Cook après son sans-faute sur Caracole de la Roque. © Benjamin Clark / FEI

Enfin, comment ne pas évoquer le triplé parfait signé Checker 47, Zineday et United Touch S ? Trois chevaux d’exception, dans une équipe ô combien solide, montés par trois cavaliers au talent indéniable : Christian Kukuk, Philipp Weishaupt et Richard Vogel. Otto Becker, qui avait l’embarras du choix, semble avoir fait… le bon. Il faudra encore confirmer demain, mais la facilité et l’aisance affichées par les trois couples, malgré un micro sursis sur l’ultime oxer pour le stratosphérique United Touch S, laisse à penser que la Mannschaft a une petite longueur d’avance, au moins psychologique, sur ses adversaires. Plus parés d’or collectivement depuis vingt-quatre ans et les Jeux olympiques de Sydney, les Germaniques auront là une bien belle motivation.

Après avoir été monté par Richard Vogel et Christian Kukuk, Zineday brille sous la selle de Philipp Weishaupt, coéquipier des deux cavaliers cités aux Jeux olympiques ! © Scoopdyga

Les résultats complets.

Photo à la Une : United Touch S et Richard Vogel ont bouclé la prestation parfaite de l’Allemagne. © Scoopdyga