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“J’ai toujours vu Dynastie de Beaufour comme une grande jument”, Éric Levallois (3/3)

Dynastie de Beaufour.
mardi 4 avril 2023 Mélina Massias

Impossible de ne pas remarquer Dynastie de Beaufour. Lorsque la belle s’élance sur un parcours, tout semble facile, fluide, à sa portée. Dotée d’une technique parfaite, d’une envie de bien faire débordante, de moyens remarquables et d’un caractère en or, la fille de Diamant de Semilly et Sophia Di San Giovanni semble destinée à un futur à sa hauteur. À seulement dix ans, et après avoir suivi une formation raisonnée et raisonnable, sans jamais brûler les étapes, la Selle Français, née chez le champion du monde Eric Levallois, compte déjà deux classements en Grand Prix 4*, en autant de tentatives à ce niveau ! Sous la selle de Valentin Besnard, qui la monte depuis tout juste un an, la baie n’a fait que confirmer les premières impressions entrevues avec Romain Lescanne et ses autres formateurs. Retour, en trois volets, sur l’éclosion d’une crack qui a conquis toutes celles et ceux qui ont croisé sa route.

La première et la deuxième partie de ce portrait sont à (re)lire ici et ici.

Alors que l’objectif d’achever 2022 sur des tracés à 1,50m avec Dynastie de Beaufour se dissipe pour Romain Lescanne, Valentin Besnard prend le relais, après que Michel Lescanne a décidé de partager ses pépites entre le Normand et son voisin, Régis Bouguennec. “L’expérience de Valentin a forcément accéléré les choses, mais il a aussi profité du travail effectué en amont par Romain, qui avait préparé Dynastie pour d’éventuels parcours plus conséquents”, souligne Éric Levallois. Grâce à cette formation solide, et le talent de Valentin Besnard, la transition s’est faite en un claquement de doigts. “Je me souviens, quelques jours après avoir accueilli Dynastie, et sauté une fois avec elle à la maison, je suis allé à Grimaud. Nous avions fait un petit parcours à 1,30m pour prendre nos marques le premier jour, puis nous avons directement abordé une épreuve à 1,45m comptant pour le classement mondial le lendemain. Elle était double sans-faute, impeccable ! Je m’entends très bien avec Romain, qui m’avait dit qu’elle était prête et extrêmement gentille. Elle a vraiment un caractère en or et ne doute jamais”, apprécie l’heureux élu. “Dynastie est super rassurante. Avec elle, on sait que tout va se passer comme prévu. (rires) Bien sûr, on n’est jamais à l’abri d’une ou deux fautes, mais elle ne fait jamais un écart et fait toujours de son mieux. Elle est douée, rapide et a des moyens. Tout ce que je lui demande, elle le fait. Si je ne fais pas de bêtises, tout roule.”

 Depuis le départ de "sa" Dynastie, Romain Lescanne s'attache à former la relève. © Pixels Events



Ne pas relâcher ses efforts

Presque déconcerté par une telle facilité lors de ses premiers pas avec Dynastie, Valentin Besnard aurait pu douter de la véracité et de la réalité de ses sensations. “Avec cette jument-là, si son cavalier n’a pas le moral, il lui suffit de la monter et tout va bien ! C’est un peu comme si elle demandait à son cavalier ‘que veux-tu ? dis-le-moi et je le fais’. Ce n’est que du bonheur”, sourit Éric Levallois. Finalement, ce sentiment d’aisance n’a jamais disparu entre le néo-duo, qui n’a pas tardé à amasser les résultats, remportant le Grand Prix Pro Elite de Notre Dame d’Estrées en juillet, avant d’enchaîner les classements, sur la scène nationale comme internationale. “Valentin est un excellent cavalier, et il forme surtout un couple extraordinaire avec Pauline Paris, qui vient d’avoir une petite fille, Juliette. Tous deux se complètent parfaitement. Les relations sont toujours agréables”, salue Michel Lescanne, qui va encore plus loin. “Valentin n’a peur de rien et il donne une confiance remarquable à ses chevaux. Ces derniers semblent lui dire ‘je ne pensais pas que c’était possible, mais tu me l’as demandé, j’y suis allé’. J’ai des photos impressionnantes de lui et Dynastie ! Il sait qu’il ne peut rien lui arriver avec elle, c’est exceptionnel.”

Dynastie de Beaufour sous la selle de Valentin Besnard. © Pixels Events

Mais, en bon travailleur acharné qu’il est, le jeune père de famille n’a pas relâché ses efforts avec sa star. “J’ai eu l’occasion de participer à trois stages fédéraux cet hiver. Dynastie m’a accompagné à chaque fois. Nous avons travaillé avec Henk Nooren (chef d’équipe des Bleus, ndlr), qui m’a conseillé sur la partie obstacle, tandis que Barnabas Mandi (juge et entraîneur de dressage reconnu, qui notamment son savoir aux membres de l’équipe de France, ndlr) m’a été d’une grande aide sur le plat. Depuis, j’applique ses conseils et je reproduis nos séances à la maison”, note-t-il. 

Le style impeccable de la fille de Diamant de Semilly et petite-fille de Cassini I. © Sportfot




Avec une jument comme Dynastie, il paraît impossible de ne pas nourrir de grands rêves, des espoirs tout aussi conséquents, et de ne pas songer aux échéances à venir. Pourtant, Valentin Besnard reste les pieds sur terre. “Je suis content de notre évolution. Evidemment, j’aimerais pouvoir participer à quelques 5*. Dynastie doit le faire, et j’espère qu’elle le fera avec moi. Je la sens prête, prête à être sans-faute. Penser à une grande échéance serait prématuré. Je n’ai pas encore assez d’expérience pour prétendre à cela. Nous allons d’abord prendre part au championnat de France (organisé dans le cadre du Printemps des sports équestres, fin avril, à Fontainebleau, ndlr). Ensuite, j'aimerais beaucoup aller à La Baule. Je suis allé au Sunshine Tour dans cette optique, mais, forcément, je ne suis pas le seul à avoir ce souhait. Je vais faire ma demande et nous verrons bien. C’est en tout cas mon objectif et j’ai à cœur de fouler cette piste.” Et nul doute que Dynastie serait parfaitement à sa place dans le superbe écrin du stade François André.

 Dynastie de Beaufour a indéniablement tous les ingrédients pour évoluer au plus haut niveau. © Pixels Events

“Dynastie ne fait que se bonifier avec le temps”, Éric Levallois

D’ici là, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que Dynastie poursuive son aventure sous bannière tricolore. Ses progrès n’étant pas passés inaperçus, Michel Lescanne, son propriétaire, reçoit, de fait, des offres d’achat de plus en plus conséquentes. “Il y a du monde en sortie de parcours… J’aime beaucoup Dynastie, mais il y a l’émotion et le rationnel. J’ai un élevage à faire vivre. Actuellement, j’ai dix poulains à la maison. Et la vente de Dynastie assurerait la pérennité de mon système. D’autre part, ai-je envie d’entrer dans le système du très haut niveau et des grosses compétitions ? C’est un autre monde”, lâche le propriétaire de la baie, qui s’interroge légitimement sur la suite à donner à l’histoire. “J’ai la chance d’avoir cette jument, qui me permet de continuer ma passion et mon élevage. Malgré toute la tristesse que cela me donnerait, je n’aurais pas toujours la possibilité de refuser certaines offres très sérieuses. Je dois aussi penser aux autres, à l’avenir.” L’avenir, justement, pourrait s’écrire grâce à Sissy (Solid Gold) ou Mynastie de Beaufour (Cabachon), les deux filles de Dynastie, âgée de deux et un an. S’il est trop tôt pour juger de leur potentiel, ces deux demoiselles pourraient contribuer à poursuivre l’ère ouverte par leur géniale mère. 

Dynastie prend la pose après sa deuxième place dans le Grand Prix 4* de Rouen. © Pixels Events

Lorsque Dynastie déroule un parcours, rien ne semble pouvoir lui arriver. © Pixels Events



“Jusqu’à présent, Dynastie ne nous a jamais déçue. Elle ne fait que se bonifier avec le temps. Comme pour n’importe quel éleveur qui fait naître de bons chevaux, l’objectif serait de la voir grimper dans les épreuves. Mais ce qui doit arriver arrivera. J’ai toujours aimé Dynastie, sans vraiment savoir dire pourquoi. Je l’ai toujours regardée avec les yeux de l’amour, ceux de l’éleveur. Pourtant, lorsqu’elle sautait en liberté à trois ans, bien fort celui qui aurait pu dire qu’elle allait devenir la jument qu’elle est aujourd’hui. Je connaissais ma jument et je savais qu’elle montrait des choses intéressantes, même si ce n’était pas tout le temps le cas. Sous la selle, elle a une technique de devant parfaite, irréprochable, alors qu’en liberté, elle pouvait laisser traîner un peu les pattes. Il ne faut pas jeter la pierre trop tôt aux jeunes chevaux. Il est important de prendre son temps et de donner une chance à tout le monde, même si cela ne paye pas toujours. Aujourd’hui, il y a beaucoup de chevaux qui passent à côté de leur carrière. Toute la beauté de notre sport réside dans la délicatesse de l’éleveur de savoir comment mener son élevage”, achève Éric Levallois au sujet de sa pépite, Dynastie de Beaufour, à qui il avait, semble-t-il, donné un nom on ne peut plus adéquat. “J’ai toujours vu Dynastie comme une grande jument. Cela me fait plaisir de voir qu’elle continue à aller dans cette direction. Elle fait partie des meilleurs chevaux que j’aie fait naître, de loin. De temps en temps, on a la chance de tomber sur des chevaux comme elle, qui donne du baume au cœur à l’éleveur, au propriétaire et au cavalier.” À seulement dix ans, cette jument tout sauf ordinaire ne semble donc pas prête d’arrêter de procurer des émotions toujours plus grandes à son entourage, d'Eric Levallois à Romain Lescanne, en passant par Caroline, qui partage sa vie, ou encore Valentin Besnard, Michel Lescanne mais aussi Marie Pailloux, compagne du dernier cité et qui l'avait alors conseillé lors de sa rencontre avec la fille de Diamant de Semilly.

 Dynastie de Beaufour. © Pixels Events

Photo à la Une : La pétillante Dynastie de Beaufour. © Pixels Events