Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

“Henrik von Eckermann et King Edward sont des moteurs pour notre sport”, Romain Duguet

Henrik von Eckermann et King Edward à Omaha.
lundi 10 avril 2023 Mélina Massias

Romain Duguet connaît bien Omaha. Lors de la dernière finale de la Coupe du monde Longines organisée dans le Nebraska, en 2017, le Suisse s’était emparé de la deuxième place, à une courte longueur de McLain Ward et son inoxydable HH Azur Garden’s Horses. S’il n’était pas du voyage cette année, celui qui a posé ses valises en Normandie livre sa dernière analyse à Studforlife. Au menu, il est question de la suprématie du duo von Eckermann-King Edward, de l’éternelle place de Poulidor d’Harrie Smolders, mais aussi des parcours proposés par Bernardo Costa Cabral.

Comment avez-vous vécu le dénouement de la quarante-troisième édition de la finale de la Coupe du monde, qui a sacré le numéro un mondial et son fidèle King Edward Ress ?

C’était une belle finale. Au bout du compte, le meilleur couple a gagné. Henrik et King Edward étaient les favoris. Malgré tout, il y a eu de nombreux rebondissements et l’ordre a été assez largement modifié lors de cette dernière journée de compétition. Harrie Smolders aurait mérité de s’offrir un grand titre ! Entre les Grands Prix, les finales et autres, il est souvent deuxième. Cela doit faire cinq ou six fois qu’il termine à ce rang en peu de temps (depuis décembre 2021, en Grands Prix et championnats, le Néerlandais et son génial Monaco ont occupé cette position à pas moins de sept reprises, ndlr). Sa régularité n’en est que plus impressionnante, mais cela reste dommage pour lui. Quoi qu’il en soit, deux duos très solides ont terminé sur les deux plus hautes marches du podium, qui a été complété par Hunter Holloway, qui est la petite surprise de la semaine. 

Harrie Smolders et Monaco, les métronomes. © Sportfot

Justement, qu’avez-vous pensé des prestations de cette Américaine de vingt-cinq ans, accompagnée par Pepita Con Spita, une Westphalienne de douze ans, sœur utérine du bondissant Checker 47 ?

Pour être honnête, je ne connaissais pas du tout ce couple. Leurs prestations étaient de bonne facture et toutes deux ont vraiment réalisé de bons parcours. La jument est super et elles dégageaient une bonne impression. 

Hunter Holloway et sa bondissante grise, Pepita Con Spita. © Sportfot

 



“King Edward a tout ce qu’on demande à un cheval moderne”

En préambule de cette dernière nuit de compétition, vous notiez qu’Henrik von Eckermann était apparu un peu plus humain qu’à l’accoutumée, en concédant une faute. Il en a commis une autre lors du premier parcours. L’avez-vous trouvé aussi souverain que d’habitude ?

Il y a surtout eu beaucoup de fautes sur l’ensemble de la compétition. J’ai trouvé que le premier parcours de la finale semblait particulièrement difficile. Les contrats de foulées imposés dans les lignes avaient l’air très courts, avec des verticaux très légers placés en bout de ligne, et un triple, avec un obstacle surmonté d’une palanque, en fin de parcours. J’ai trouvé que c’était un peu trop, surtout pour un troisième jour de concours, où les chevaux commencent à ressentir la fatigue. Je pense que cela peut expliquer qu’avec une faute Henrik et King Edward aient tout de même gagné.

King Edward, l'insubmersible. © Sportfot 

En tant que cavalier, voir cette paire réussir tout ce qu’elle entreprend, ou presque, est-il motivant ou, au contraire, un peu décourageant ?

Non, je pense que cela est plutôt motivant. Avoir des couples, comme celui formé par Henrik et King Edward, qui dominent leur sujet, est ce qui a toujours poussé le sport plus loin, amené les autres à devenir meilleurs. Le sport évolue tout le temps. De fait, il faut toujours chercher à être meilleur, à avancer. Je pense donc que ce couple est un moteur positif pour notre sport.

Selon vous, qu’est-ce qui fait de King Edward un cheval si spécial, si hors-norme ?

Il est rapide au sol sans avoir besoin d’aller vite. Moyens, respect ; il a tout ce qu’on demande à un cheval moderne. Si l’on regarde la manière dont il gagne la Chasse, il n’a pas besoin d’aller à fond, à 200 km/h, pour être devant les autres. C’est déjà une immense qualité. Aujourd’hui, et dans tous les parcours majeurs, le chronomètre joue un rôle primordial. Pour être dans le temps imparti, lui n’a pas besoin de prendre de risques et cela fait déjà beaucoup. Et puis, sa régularité est incroyable.

Le sentiment du devoir accompli pour Henrik von Eckermann et son roi. © Sportfot



“Je ne pense pas que le fait que King Edward et Monaco n’ait pas couru le barrage du deuxième jour ait fait la différence”

Comment gère-t-on la pression d’une finale, lorsqu’on est, par exemple, dans la position de Pius Schwizer lors de l’ultime parcours et qu’Henrik von Eckermann ne laisse aucun droit à l’erreur ?

Nous sommes habitués à cela. Les journées de championnat sont assez spéciales, mais cela fait partie de la vie d’un sportif de haut niveau. À mon sens, il est aussi important d’être entouré de personnes qui ne nous sont pas nocifs et qui, au contraire, sont là pour nous, pour nous aider, sans nous apporter de tracas supplémentaires. C’est primordial. Au-delà de ça, les jours sont longs. Il faut rester calme et prendre les choses comme elles viennent.

Le podium de la quarante-troisième finale de la Coupe du monde. © Sportfot

Monaco et King Edward n’ont pas pris part au barrage du deuxième acte de cette finale. Cela a-t-il pu leur conférer un avantage ?

Oui et non. S’ils avaient terminé quatre et cinquièmes, ils auraient sans doute regretté de ne pas avoir disputé ce barrage, qui leur aurait permis de grappiller quelques points et de remonter au classement. À ce niveau-là, les chevaux sont entraînés correctement et en condition pour prendre part à un championnat. Il y a également eu une journée de repos avant la troisième et dernière étape. Le barrage ne représentait que six ou sept obstacles à sauter. On ne parle pas d’une deuxième manche à Aix-la-Chapelle, qui, là, compte vraiment. À Omaha, les chevaux étaient encore chauds, n’avaient pas besoin de multiplier les sauts au paddock avant de retourner en piste. Je ne pense pas que cela ait fait la différence à la fin.

Enfin, d’autres couples, d’autres prestations vous ont-elles séduit durant cette semaine ?

Je trouve que Yuri Mansur a réalisé une très belle finale. Avec une seconde de moins, il serait monté sur le podium, à la place d’Hunter Holloway. Lorsqu’on connaît l’histoire de son cheval, Vitiki, revenir à ce niveau est plutôt sympa ! Du reste, comme dans toute finale de la Coupe du monde, les chevaux sont déjà connus (puisqu’ils ont dû se qualifier durant l’hiver, ndlr). 
Yuri Mansur et Vitiki. © Sportfot

Photo à la Une : King Edward et Henrik von Eckermann. © Sportfot