En quelques semaines, Marlon Módolo Zanotelli a vu trois de ses meilleurs chevaux changer de cavalier. Ses fidèles VDL Edgar M et Like A Diamond van het Schaeck, qui, entre autres succès, l’ont respectivement accompagné aux Jeux olympiques de Tokyo et aux championnats du monde de Herning, évoluent désormais sous la selle d’Ingrid Gjelsten, fille de leur propriétaire, tandis qu’Harwich VDL, révélation de ces derniers mois, est allé renforcer les rangs de Geir Gulliksen. Pas démuni pour autant, l’actuel numéro sept mondial, qui pourra pleinement compter sur son charismatique Grand Slam VDL avec en ligne de mire les Jeux olympiques de Paris, entend bien revenir encore plus fort.
Voir trois chevaux, gagnants en Grands Prix 4 et 5* et régulièrement classés parmi les meilleurs des épreuves les plus difficiles du monde, quitter ses écuries n’est pas commun. Ces dernières semaines, Marlon Módolo Zanotelli a pourtant dû se résoudre à dire au revoir à VDL Edgar M, fantastique alezan de quatorze ans, présent aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021 et lauréat de deux Grands Prix 5*, dont l’étape de la Coupe du monde Longines de Bordeaux en février dernier, Like A Diamond van het Schaeck, bouillonnante baie de douze ans qui lui a permis de lever les bras lors de l’étape du Longines Global Champions Tour de Paris l’an dernier puis de disputer les championnats du monde de Herning, ainsi qu’Harwich VDL, onze ans, troisième du Grand Prix 5* d’Hickstead et récent vainqueur du temps fort d’un CSI 4* organisé à Arezzo. “Je crois qu’il s’agit surtout d’une coïncidence et de timing”, glisse le sympathique Brésilien, fort occupé du côté d’Opglabbeek ces deux derniers week-ends.
VDL Edgar M et Like A Diamond van het Schaeck sous les couleurs de leur propriétaire
Edgar et Like A Diamond ont été les premiers à trouver un nouveau point de chute, finalement pas si nouveau que cela. En effet, depuis un mois, les plus fidèles complices de l’actuel numéro sept mondial évoluent sous la selle d’Ingrid Gjelsten, fille de l’homme d'affaires norvégien à succès Bjørn Rune. En 2021, ce dernier avait acquis et sécurisé les deux cracks pour Marlon Módolo Zanotelli. “Ingrid était un peu en manque de chevaux. Son père, qui est propriétaire des chevaux depuis longtemps, s’est dit que cela pourrait être une bonne idée qu’elle les essaie afin de voir s’ils lui correspondent. La décision n’est pas encore ferme et définitive. Peut-être qu’elle gardera les deux sous sa selle, aucun des deux ou juste l’un des deux. Elle prend son temps pour apprendre à les connaître et nous verrons où cela nous mène”, explique le Brésilien. Cependant, à l'avenir, la collaboration entre la famille Gjelsten et le pilote Brésilien, dont cette dernière semble ravie, pourrait se poursuivre, d'une façon ou d'une autre. “Nous avons une bonne relation avec la famille Gjelsten et nous verrons ce qui peut découler de tout cela", précise ainsi l'Auriverde.
Déjà plutôt bien équipée, Ingrid Gjelsten, vingt-deux ans, a déjà goûté aux CSI 5* et disputé quatre championnats d’Europe Jeunes. Dans son piquet, elle compte notamment Alibi de la Roque et Jackson vd Bisschop, qui l’ont rejoint il y a quelques années, ainsi que Napoli vh Nederassenthof, débarqué à ses côtés en avril 2022 en provenance des écuries Guéry, où il avait montré de belles promesses pour l’avenir. À la recherche d’une ou deux cartouches supplémentaires pour étoffer son groupe de montures, la jeune femme ne pouvait guère rêver meilleurs partenaires. Grâce à eux, la Norvégienne pourrait franchir les dernières marches qui la séparent du haut niveau. Après quelques parcours de mise en route plus ou moins délicats, les deux nouveaux duos ont signé de bonnes performances sur la piste de l’Hubside Jumping de Grimaud la semaine dernière, l’alezan signant deux doubles zéro à 1,40 et 1,45m et la bouillonnante baie s’offrant une quatrième place à 1,35m puis un deuxième rang à 1,40m.
Pour compléter sa panoplie, Ingrid Gjelsten a décidé de faire appel à nulle autre que Jessica Kürten, cavalière irlandaise des plus réputées, championne d’Europe par équipe en 2001, deuxième de la finale de la Coupe du monde de Kuala Lumpur en 2006 et ancienne cavalière d’Arezzo VDL (né Amant M), le père d’Edgar, pour l’encadrer d’un point de vue technique. “Avec une coach comme Jessica, je ne pense pas qu’Ingrid ait besoin de mon aide”, plaisante Marlon Módolo Zanotelli, toujours très humble. “Mais bien sûr, si elle a besoin, et compte tenu du fait que je connais Edgar et Diamond depuis très longtemps, je peux lui donner quelques conseils. Dans tous les cas, Ingrid est entre de bonnes mains.”
Harwich VDL rejoint lui aussi la Norvège
Et quelques jours après le départ de ses deux stars, le Brésilien a dit au revoir à une autre pépite : Harwich VDL. Propulsé sous le feu des projecteurs en 2022, l’attachant et généreux alezan de onze ans, fils d’Arezzo VDL, était ouvertement à vendre. Après avoir accumulé classements et victoires au plus haut niveau ces derniers mois, le hongre a tapé dans l'œil d’un pilote… norvégien ! Geir Gulliksen, qui a récemment cédé Grandino H outre-Atlantique et dont le valeureux VDL Groep Quatro est déjà âgé de dix-sept ans, s’est offert le puissant et talentueux KWPN. Et pour son premier Grand Prix 2*, le week-end dernier, le néo-duo s'est démarqué grâce à un double sans-faute, synonyme de quatrième place à Drammen ! “Le haras VDL est d’un grand soutien pour moi. Le plan a toujours été de former Harwich dans le grand sport puis de le vendre. Ces résultats ces six derniers mois sont très impressionnants et je suis ravi qu’il ait rejoint Geir Gulliksen. Il part dans une famille fantastique et il va poursuivre son chemin sur le devant de la scène. L’objectif de Geir est de disputer les championnats d’Europe avec lui. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi de voir trois chevaux de Grand Prix que nous avons formés à très haut niveau s’envoler et continuer leurs chemins avec d’autres cavaliers. Cela nous rend fier. D’ailleurs, c’est ainsi que fonctionne notre système : nous éduquons des chevaux, les faisons progresser à haut niveau puis les vendons”, reprend Marlon Módolo Zanotelli.
Bien loin de baisser les bras, le héros de l’épisode numéro quatre de Riders Club, émission présentée par “The Voice” Kamel Boudra, est plus prêt que jamais à rebondir. “Je vais travailler encore plus dur !”, lance-t-il sans la moindre hésitation. “Nous allons essayer de trouver de nouveaux chevaux. Il y a eu plein d’arrivées dans mon piquet. J’ai la chance d’avoir à mes côtés tout un tas de personnes qui me soutiennent et me confient des montures. La semaine dernière, j’ai récupéré une jument (Déesse de Coquerie, ndlr) d’Enda Carol (son ancien patron et très bon ami, ndlr) et Ashford Farm. J’ai pris part à mon premier concours avec elle et elle a remporté le Grand Prix (2*, à Opglabbeek, ndlr). Plein de chevaux prometteurs me rejoignent et je suis impatient de voir ce que le futur nous réserve.” Dimanche 7 mai, la fille de Consul dl Vie*GFE a failli doubler la mise, concédant quatre points dans le barrage du Grand Prix 3* d’Opgglabeek après avoir enregistré le chronomètre le plus rapide de l’après-midi.
Grand Slam, les yeux rivés vers Paris
En attendant de former sa relève, Marlon Módolo Zanotelli n’est pas totalement démuni. Aux côtés des jeunes Parfait van het Schaeck, fils de Like A Diamond, Perle van’t Ongereet, Fairplay des Forêts et Gloria de Beaufour, du félin Comathago VDL, du prometteur Cornest et de la bien nommée Heureuse Nouvelle, le très remarqué Grand Slam VDL (né Lucky Won van het Bevrydthof) va endosser le rôle de numéro un. Alors qu’il devait initialement être disponible en frais pour les éleveurs, le fils de Cardento va mettre entre parenthèses sa carrière de reproducteur pour se consacrer à ses missions sportives, tout en restant disponible en congelé. “La famille van de Lageweg, du haras VDL a été formidable. Normalement, Grand Slam est avant tout un étalon reproducteur, mais, en extraordinaires partenaires qu’ils sont, et en raison de la situation avec mes autres chevaux et la vente d’Harwich, ils savaient que je serais un peu à court de chevaux. Ils l’ont donc retiré de la monte, afin que nous puissions nous concentrer sur le sport, et, viser, avec un peu de chance, les Jeux olympiques l’année prochaine”, précise le cavalier du charismatique bai. Une chose est sûre, Marlon Módolo Zanotelli n’a pas dit son dernier mot et entend bien revenir encore plus fort.
Photo à la Une : Marlon Módolo Zanotelli, ici à Barcelone. © Mélina Massias