Meredith Michaels-Beerbaum fait partie des légendes vivantes des sports équestres. L’amazone, toujours souriante, est devenue la première femme à occuper le rôle de numéro un mondiale en saut d’obstacles. Pour ce faire, l’Allemande, née à Los Angeles, en Californie, a remporté d'innombrables médailles et autres récompenses, dont les Grands Prix les plus relevés de la planète. Parmi eux, celui d’Aix-la-Chapelle, auquel elle voue un attachement particulier. Auprès des équipes du mythique CHIO germanique, l’indissociable cavalière de Shutterfly s’est confiée, sur l’évolution de sa fille, Brianne, mais aussi sur le circuit du Rolex Grand Slam.
Le Rolex Grand Slam de saut d’obstacles fête ses dix ans cette année. Que représente cette série pour les sports équestres ?
Le Rolex Grand Slam est fantastique. Ce circuit a porté les sports équestres à un niveau totalement inédit et l’a placé sur un pied d’égalité avec les meilleurs sports du monde. Bien sûr, les dotations conséquentes, qui n’étaient jusqu’alors pas disponibles, sont une grande motivation. C’est tout simplement fantastique.
Nick Skelton a plaisanté en disant qu’il était dommage que le circuit n’ait pas existé à l’époque où il raflait tout. Partagez-vous son avis ?
Oui, c’est vraiment dommage. J’avais deux super chevaux et j’aurais eu mes chances pour réussir le Grand Chelem avec Shutterfly (né Struwwelpeter, ndlr)et Checkmate. Mais, même si cela est arrivé trop tard pour moi, cela ne change rien à la qualité de cette série. Elle a fait évoluer notre discipline de manière décisive, ce qui est positif pour l’avenir de l’équitation.
Jusqu’à présent, seul Scott Brash est parvenu à réaliser le quasi-impossible Grand Chelem, en remportant trois étapes consécutivement. Est-il aussi difficile qu’il y paraît de signer une telle performance ?
Oui, ça l’est. Remporter un seul Majeur est déjà difficile en soi ! La concurrence est forte, les cavaliers et les chevaux sont bons et les parcours difficiles. Entre une victoire et une défaite, il n’y a souvent qu’une fraction de seconde ou quelques millimètres. Scott Brash a réussi cet exploit, et McLain Ward est sur la bonne voie. C’est incroyablement difficile, mais pas impossible.
“McLain Ward aura des concurrents de taille, qui voudront tous s’imposer à Aix”
Selon vous, quelles sont les chances pour que McLain Ward remporte le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle et parvienne à faire le Grand Chelem après ses succès à Genève et Bois-le-Duc ?
Les chances sont là, bien sûr. McLain est un super cavalier, et il a une jument formidable. Les deux sont en bonne forme, mais il faut que tout se mette en place au moment décisif. J’espère vraiment qu’il y parviendra, mais il aura des concurrents de taille, qui voudront tous s’imposer à Aix-la-Chapelle.
Vous avez vous-même conquis le Grand Prix d’Aix-la-Chapelle en 2005. Vous souvenez-vous de ce que vous avez ressenti à l’époque ?
Bien sûr ! Cette victoire a été l’un des grands moments de ma carrière. Gagner à Aix-la-Chapelle a toujours été mon grand rêve. Pour moi, il s’agit de la meilleure compétition du monde. Les conditions, le public, l’atmosphère, l’immense piste principale ; tout cela fait d’Aix-la-Chapelle quelque chose de très spécial. Le sentiment d’être célébrée, en tant que lauréate, par la foule en délire était incomparable. Je n’oublierai jamais ce moment.
Lorsque vous venez à Aix-la-Chapelle, regardez-vous à chaque fois le célèbre mur des vainqueurs ou bien ce tableau est-il devenu banal avec le temps ?
Non, cela n’est jamais anodin. Il y a de nombreux endroits particuliers à Aix-la-Chapelle, où j’aime toujours passer. Le mur des vainqueurs en fait évidemment partie. Mais j’aime aussi me rendre au “Walk of Fame”, près de l’entrée des bureaux. L’un des fers de Shutterfly est ancré dans le sol.
“ Les mots me manquent pour exprimer à quel point je suis fière de ma fille”
Dans le milieu sportif, le débat sur “l’égalité des récompenses financières” prend place en ce moment en Allemagne. Il s’agit de mieux garantir aux femmes et aux hommes les mêmes conditions et les mêmes dotations. Dans ce domaine, l’équitation a toujours été une exception…
Oui, notre sport est vraiment spécial en ce qui concerne cette question. Dans notre domaine, les femmes et les hommes peuvent s’affronter les yeux dans les yeux. En effet, la force du cavalier n’est pas déterminante dans la pratique de l’équitation. En fait, les cavaliers ont besoin d’une grande finesse pour réussir. Cela signifie qu’une femme mince et petite, comme moi, peut tout à fait se mesurer à un homme à Aix-la-Chapelle, et même gagner.
Votre fille, Brianne, connaît actuellement une belle réussite en saut d’obstacles. Il semble qu’elle suive les traces de sa mère !
Oui, elle est vraiment très talentueuse et adore ce sport. Il y a deux semaines, elle a participé à sa toute première Coupe des nations en Autriche (signant un sans-faute puis un parcours à quatre points dans la catégorie Enfants aux rênes Carlucci 20, ndlr). La voir courir dans une veste rouge m’a mis les larmes aux yeux. Les mots me manquent pour exprimer à quel point je suis fière d’elle. Vivre sa progression est tout aussi agréable que de vivre mes propres victoires.
Beaucoup d’observateurs assurent que le style de Brianne ressemble beaucoup au vôtre…
Oui, c’est vrai. Beaucoup de gens disent que Brianne ressemble à une mini Meredith lorsqu’elle monte à cheval. C’est vraiment fascinant, et aussi un peu drôle ! (rires)
Photo à la Une : Le sourire de Meredith Michaels Beerbaum à Aix-la-Chapelle. © CHIO Aachen / Andreas Steindl