L’heure de la retraite a sonné pour trois chevaux classés en Grand Prix 5* ! Cristalline, Nanu II et Creedance tirent un trait sur leur ancienne vie. Dans le même temps, Peder Fredricson a accueilli l’olympique Chopin VA, monté par son ancienne coéquipière Mathilda Karlsson, tandis que les Belges Virginie Thonon et Jérôme Guéry ont connu quelques mouvements dans leurs piquets de chevaux. L’amazone a dû dire au revoir à son meilleur complice, qui lui avait permis d’être médaillée d’argent lors des derniers championnats de Belgique. Retour sur ce qu’il ne fallait pas manquer ces dernières semaines.
Alors que son frère, Jens, doit encore observer un peu de repos après une chute survenue lors d’un concours national avec le puissant et délicat El Barone 111, Peder Fredricson a accueilli une nouvelle monture, et pas des moindres. Suspendue par la Fédération équestre internationale (FEI) jusqu’au 14 janvier 2025, la Sri lankaise Mathilda Karlsson, qui n’aurait pas consenti à se présenter aux contrôles antidopage prévues par l’instance, dénonçant une “chasse aux sorcières”, a proposé à la légende suédoise de prendre les rênes de son fabuleux Chopin VA. Ancienne représentante de la Suède, Mathilda Karlsson a effectué l’intégralité de la formation du Holsteiner, désormais âgé de quatorze ans. Elle l’a conduit vers plusieurs classements internationaux, et ce jusqu’en Grand Prix 4*. Surtout, le couple a décroché sa place pour les Jeux olympiques de Tokyo, en 2021, offrant une première participation en jumping au Sri Lanka. Le fils de Casall a ainsi fait ses débuts lors d’un événement de niveau national avec son nouveau cavalier, qui semblait enthousiaste quant à son nouveau complice. Mathilda Karlsson, elle, n’a plus concouru depuis le CSI de Hohenkirchen, en mai dernier.
Clap de fin pour le redoutable Creedance
Sous la selle de l’Américain Kent Farrington, Creedance a amassé un nombre de victoires incalculable. De Genève à Toronto, ce petit alezan à l’énergie débordante a tout raflé ou presque. Parfaitement géré par son cavalier, qui ne l’a jamais poussé dans ses retranchements, l’engageant toujours dans des épreuves faisant partie de sa zone de confort, le fils de Lord a tiré son ultime révérence du haut de ses seize ans. Et quelle meilleure façon de prendre sa retraite qu’en ajoutant deux victoires supplémentaires à son palmarès ? Parmi ses trente-huit succès internationaux, tous acquis aux rênes de Kent Farrington, le fils de Lord s’est très souvent imposé sur des épreuves de vitesse à 1,50m, mais il a aussi conquis plusieurs Grands Prix 4 et 5*, à Wellington, Windsor et Saint Moritz. Avant de briller sur la scène mondiale, où il est apparu deux-cent-soixante-neuf fois, Creedance, né aux Pays-Bas chez la famille Hassing, a effectué une partie de sa formation, de ses cinq à sept ans, en France, sous la selle de Stefan Widmer, avant de passer quelques mois entre les mains de la Suédoise Petronella Andersson à sept ans, pour le compte des écuries Stephex.
Aucun des quinze frères et sœurs utérins de Creedance, chacun né une année différente, n’ont réussi à l’imiter au plus haut niveau. Ultra respectueux, parfois un peu fou, Creedance a suivi les traces de Gazelle Ter Elzen et Voyeur, ancienne gloire de son pilote, qui, eux aussi, sont partis à la retraite sur une dernière victoire. Désormais fort bien équipé, avec un piquet de jeunes pépites à très fort potentiel, Kent Farrington, médaillé d’or par équipe et d’argent en individuel lors des Jeux panaméricains de Santiago, peut se réjouir d’avoir choisi le bon moment pour offrir une nouvelle vie à son protégé.
Cristalline ne reviendra pas
Révélation de la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg du haut de ses huit ans, en 2016, avec l’Australien Chris Chugg, Cristalline ne reviendra pas. Absente des terrains de concours depuis août 2022 et les championnats du monde de Herning, la fabuleuse fille de Cristallo I est officiellement retraitée, à quinze ans seulement. Sa cavalière depuis septembre 2016, Adrienne Sternlicht, lui a rendu un vibrant hommage début novembre. “Ce week-end, Stella a quitté nos écuries pour profiter de la vraie et reposante retraite qu’elle a plus que méritée. Pendant sept ans, elle a été mon tout ; que nous concourrions ou non, elle a été une immense source d’inspiration et de motivation pour moi. Son mental incroyable, ses qualités hors pair et sa capacité à comprendre l’importance de chaque instant est ce qui la distingue de n’importe quel autre cheval avec lequel j’ai travaillé. Sa carrière n’a cependant pas été sans obstacle, émaillée par plusieurs blessures et faite de persévérance pour surmonter plus que ce que nous croyions possible. Elle m’a appris la résilience, le pouvoir d’une vraie présence, et un plus grand sens de gratitude pour un autre être vivant que je n’aie jamais connu. Pour ces raisons, elle a été mon meilleur professeur, le plus beau cadeau de ma vie. À tous ceux qui ont contribué à notre couple, particulièrement à Emma, qui sait si profondément combien nous sommes chanceuses d’être ses personnes, je vous en suis très, très reconnaissante. Je lui suis redevable d'une manière incommensurable et inexplicable. Ma meilleure amie. Quel privilège”, a écrit l’Américaine.
Médaillée d’or par équipe aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en 2018 et onzième en individuel, Cristalline, née chez Manfred Engelhardt, d’une souche jusqu’alors confidentielle, a fait ses armes sous bannière australienne, avec Gabrielle et Chris Chugg. Précoce, la fantastique baie, très compétitive en Océanie, a offert des classements en Grands Prix et autres sans-faute en Coupes des nations jusqu’au plus haut niveau à sa cavalière et propriétaire. Parmi ses descendants, Monalisa, la mère de la représentante du stud-book BAVAR, a donné quatre propres sœurs de Cristalline. Cette dernière a, de son côté, déjà quatre produits, nés en 2014 et 2017 pour le compte de la famille Chugg et de sa “Cristalline Farm”, ainsi que deux petits-fils, qui ont vu le jour en 2019.
Nanu II en a fini avec le sport
Âgée de seize ans, comme Creedance, la bondissante Nanu II tire aussi un trait sur sa vie de sportive. La Suissesse Elin Ott a, en effet, annoncé la retraite de la jument de sa vie, il y a quelques jours, sur son compte Instagram. “Chère Nanu. Merci pour toutes ces années. Tu m’as fait vivre dans de grands moments ! Ensemble, nous avons parfaitement réussi à franchir le cap des Jeunes Cavaliers à l’élite. [...] À seize ans, nous te souhaitons le meilleur à l’élevage et avons hâte de voir tes poulains. Profite de cette retraite bien méritée au pré”, a notamment écrit l’amazone. Parmi les faits d’armes les plus marquants de cet attachant duo, citons évidemment leur position de réservistes aux Mondiaux de Herning, au sein d’une escouade ultra-compétitive. En parallèle de cette échéance mondiale, la paire féminine avait remporté le Grand Prix 3* associé. Championnes suisses Jeunes Cavaliers en 2018, septièmes des Européens de la même catégorie d’âge à Zuidwole un an plus tard, les deux complices ont pris part à leur premier Grand Prix 5* en 2021, à Saint-Gall. Quelques mois plus tard, à Genève cette fois, toutes deux se sont classées douzième dans ce temps fort toujours très disputé. S’en sont suivies de belles sélections en Coupe des nations, dont leur dernière du côté du CSIO 4* de Varsovie, en septembre dernier, date de leur dernière sortie en compétition internationale. Née chez Friedrich Dieter, l’alezane brûlée par New Time et Larenzia (Corofino I) a disputé une poignée d’épreuves internationales avant de rejoindre définitivement la famille Ott. Nul doute que la descendance de cette vaillante Holsteiner brillera autant qu’elle dans les prochaines années.
Rendez-vous à Aix en 2026 !
Dimanche 19 novembre à la première heure, une réjouissante nouvelle a fait le tour de la planète équestre. Les championnats du monde 2026 seront organisés à Aix-la-Chapelle ! Face à la candidature du mythique concours allemand, personne n’est parvenu à faire le poids. Une excellente nouvelle pour les sports équestres, qui retrouveront un public digne de ce nom pour un rendez-vous qui s’annonce d’ores et déjà grandiose. En plus de l’incontournable discipline du saut d’obstacles, l’antre de la Soers accueillera aussi le dressage, le concours complet, l’attelage, le para-dressage et la voltige, pour ce qui ressemblera à des presque-Jeux équestres mondiaux. Il ne reste plus qu’à patienter pendant deux ans et demi ! Pour rappel, les derniers grands championnats organisés à Aix-la-Chapelle remontent aux Européens de 2015, tandis que s’était déroulée, en 2006, une édition inoubliable des JEM.
Virginie Thonon perd trois complices, dont le vice-champion de Belgique !
Le mois de novembre a été rempli pour Virginie Thonon. La Belge a en effet dû dire au revoir à trois montures, comme elle l’a annoncé sur son compte Facebook. La jeune et prometteuse Scala du Piedroux, quatrième des championnats du monde de Lanaken fin septembre, a été la première à quitter ses écuries. Le très compétitif Spike van de Withoeve, quatorze ans, a lui aussi trouvé un nouveau propriétaire, tout comme Edgard de Préfontaine, jusqu’alors le cheval de tête de l’amazone. “Émotionnellement, ce mois-ci est très difficile”, a réagi Virginie Thonon. “Il y a des chevaux qui nous touchent particulièrement, et Scala, Spike et Edgard en font partie. Edgard de Préfontaine s’est envolé pour les États Unis, rejoindre une famille dix étoiles et un top cavalier, où il sera soigné comme un prince. En moins d’un an, une si grande complicité s’est créée. Ce cheval si gentil et si talentueux m’a permis de me classer en Grand Prix 4*, d’être vice-championne de Belgique, de gagner la Coupe des nations à Rabat avec un magnifique double sans-faute, … Tu as prouvé que tu fais partie des grands. Tu vas énormément me manquer mon Gagard d’amour. Je te souhaite tout le bonheur du monde et beaucoup de succès avec ton nouveau cavalier.” Âgé de treize ans, le hongre, longtemps sous la selle d’Arnaud Doem, devrait désormais évoluer sous les couleurs égyptiennes de Nayel Nassar, comme Virginie Thonon l'a confié à SoHorse.
Ça bouge dans le piquet de Jérôme Guéry
En attendant le retour de son crack Quel Homme de Hus, qui a d’ailleurs profité des installations d’Oliva pour poursuivre sa réhabilitation ces dernières semaines, Jérôme Guéry a accueilli de nouvelles montures au sein de son piquet. Ancien complice d’Olivier Robert, Careca LS Elite, passé par plusieurs autres grandes maisons auparavant, est venu renforcer les rangs du Belge. Le nouveau couple a rapidement trouvé ses marques, enregistrant trois sans-faute et trois classements en… trois parcours ! Une belle récompense pour le travail du Bordelais Olivier Robert, qui a su écouter et comprendre le fils de la jeune retraitée Rebeca LS, terriblement talentueux mais très sensible. Très attachée à son alezan, Alexandra Fauchet, sa groom, aura partagé deux années avec le hongre de douze ans, “Il y a des aurevoirs plus difficiles que les autres… Ceux qui me connaissent savent à quel point ce petit cheval était important pour moi. Le chemin a été long, les progrès énormes. Je ne retiendrai que le meilleur, merci pour le bonheur que tu m’as apporté durant ces deux ans passés ensemble. Je ne t’oublierai jamais… On se revoit vite sur les concours avec ton nouveau drapeau ! À très vite mon petit poney à paillettes”, a-t-elle écrit, quelques semaines après avoir rendu hommage à un autre de ses complices, Vangog du Mas Garnier, qui a officiellement pris sa retraite lors d’une cérémonie organisée en marge du CSI 4* de Saint-Lô, en octobre. Avant de se dire au revoir, l’alezan moucheté, son cavalier et son ange gardienne avait signé une excellente tournée au Maroc, terminant notamment troisièmes du Grand Prix 4*-W d’El Jadida et de la Coupe des nations du CSIO 4*-W de Rabat.
À Oliva toujours, Jérôme Guéry a cette fois retrouvé l’une de ses anciennes montures. En effet, Napoli vh Nederassenthof, vendu à la jeune norvégienne Ingrid Gjelsten au printemps 2022, a retrouvé la bannière belge sous le soleil espagnol. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la paire n’a pas perdu ses marques. Elle s’est ainsi imposée d’emblée dans une épreuve du CSI 2*, à 1,45m, avant de signer deux bons parcours, notamment un à quatre points dans le Grand Prix du label 3* la semaine suivante. Avec Ingrid Gjelsten, Napoli, fils de President, a évolué jusqu’en Coupe des nations CSIO 3* et Grands Prix 4*. Il y a un an et demi, Jérôme Guéry disait vouloir préparer le bai pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Si le temps est désormais compté, rien n’est impossible !
Adieu, Otello du Soleil
Début novembre, le Selle Français Otello du Soleil s’est envolé dans sa vingt et unième année. Né chez Marianne Eichenberger, qui a vu un autre de ses protégés, Atlantic du Soleil, briller ce week-end à Monterrey, l’étalon, fils d’Aligator Fontaine, est décédé le 3 novembre dernier. Formé par Gilles Veron de ses quatre à six ans, le bai est ensuite passé sous les selles de Clément Boulanger, Kevin Staut et Benjamin Robert, avant de rejoindre Romain Duguet. Ensemble, ils ont remporté dix épreuves internationales, dont le Grand Prix 4* de Salzbourg en 2015. De juillet 2017 à octobre 2019, Otello du Soleil a fait le bonheur de sa propriétaire de longue date, Christiana Brechtbühl, sur de moindres épreuves. La Suissesse a également fait naître quelques produits avec son étalon Selle Français Originel, petit-fils de Papillon Rouge. “Au revoir mon ami, tu auras toujours une place spéciale dans mon cœur”, a réagi Christiana Brechtbühl. De son côté, Romain Duguet a ajouté : “C'est avec un pincement au cœur qu'Otello du Soleil nous a quittés ce week-end. J'ai dit au revoir à celui qui m’aura permis de gravir les échelons pour accéder au haut niveau. [...] Otello a marqué ma carrière, je suis reconnaissant d’avoir croisé la route d’un tel cheval. Merci Otello.”
Trois clones de la mère de Chacco-Blue
Fin octobre, à travers un communiqué de presse, Mares of Macha a annoncé avoir fait naître trois clones Contara, qui n’est nulle autre que la mère du phénomène Chacco-Blue, disparu prématurément et très plébiscité à l’élevage. Acquise par Mares of Macha, Contara n’a pas eu la fertilité escomptée, puisqu’elle n’a engendré aucun poulain après Babouchka et Broker de Hus, tous deux nés en 2011. L’âge avançant, la belle, qui profite de sa retraite en Italie du haut de ses vingt-neuf ans, a été clonée. Après plusieurs essais infructueux, trois pouliches sont nées cette année. L’ambition pour elles devrait être de combiner sport et élevage dans le futur.
Merci Audrey, Sean, Theo et Ludovic
Ces dernières semaines, quatre grooms emblématiques ont annoncé prendre un nouveau départ. Audrey Morandat, qui a pris soin des montures de Simon Delestre pendant cinq ans, Sean Lynch, bras droit de Daniel Deusser neuf ans durant, Theo Simpson, qui a accompagné Petronella Anderson aux quatre coins du monde et Ludovic Escure, l’ange gardien des protégés de Kevin Staut depuis de longues années, ont raccroché. L’occasion de les remercier et leur souhaiter de belles et riches nouvelles aventures !
Photo à la Une : La fabuleuse Cristalline et sa cavalière, Adrienne Sternlicht, à Aix-la-Chapelle. © Hippo Foto / Dirk Caremans