Avec Toulayna van het Bloesemhof, Kent Farrington reste sur sa planète à Greenwich et décroche son troisième Grand Prix 5* consécutif

Entre l’étape du Longines Global Champions Tour de Vienne, les Mondiaux Jeunes Chevaux de Lanaken, les CSI 5* de Greenwich et Coapexpan, le CSIO 4* de Rabat et le CSI 4* de Gassin, la planète saut d’obstacles avait le tourni cette semaine. Aux Etats-Unis, c’est pourtant Kent Farrington qui a, une fois de plus, fait tourner la tête de ses adversaires. Sur l’exceptionnelle Toulayna van het Bloesemhof, l’Etats-Unien a remporté son huitième Grand Prix 5* de l’année, le troisième d’affilée ! Heureusement, les autres temps forts joués au Mexique, au Maroc et dans le Sud de la France ont laissé d’autres vainqueurs s’exprimer. Retour sur ces quatre événements.
Ces dernières semaines, Kent Farrington est sur une autre planète, dont il semble être le seul habitant. Dimanche 28 septembre, à Greenwich, l’Américain a remporté son troisième Grand Prix 5* en… trois semaines. Si sa vive Contina 47, alias Greya, a égalé le record de victoires à ce niveau sur une saison de Gazelle Ter Elzen la semaine précédente, c’est cette fois sa voisine d’écurie, la non-moins géniale Toulayna van het Bloessemhof, qui a pris le relais. Dotée d’un modèle différent, la baie au style impeccable est aussi particulièrement véloce. Depuis sa virée européenne cet été, la fille de Toulon, élevée et formée par Jasper Doucé, n’avait disputé qu’un CSI 5*, à Rockwood, et avait conclu le Grand Prix en deuxième position. Cette fois, elle ne s’est laissée devancer par personne pour empocher le troisième succès de sa carrière à ce niveau. Par la même occasion, la BWP de onze ans a permis à son cavalier d’égaler son propre record de victoires en Grands Prix 5*, établi en 2017. Vertigineux, hallucinant même !
Tandis que sa sœur utérine, Sea Coast*Chica V.V., se hissait à la huitième place du championnat de Belgique la veille, Corbie V.V. menait Daniel Bluman tout proche de la victoire. En effet, la bouillonnante grise par Windows vh Costersveld, alias Cornet Obolensky, a coupé la ligne d’arrivée avec trois maigres centièmes de débours sur les 40’’64 des lauréats. Rageant pour la grise et son pilote, qui avaient ravi la victoire à Toulayna et Kent Farrington fin août, à Rockwood !
“J’étais inquiet à l’idée que Daniel soit le dernier à partir. Il m’a battu de quelques fractions de secondes dans le Grand Prix de Toronto, mais nous avons pris notre petite revanche aujourd’hui. C’est le sport : les écarts sont très faibles à haut niveau. Toulayna et Corbie sont deux juments fantastiques, qui ont voyagé à travers le monde et sur les plus belles pistes. On a vu une belle compétition entre elles deux aujourd’hui”, a réagi le numéro un mondial, qui s’est une nouvelle fois félicité du travail de formation de ses chevaux et du rôle crucial joué par son équipe.
La superbe Toulayna van het Bloesemhof n'a fait qu'une bouchée du Grand Prix de cette étape de la Major League Showjumping. © Meraki Creative Group / MLSJ
“Numéro un mondial, huit victoires en Grand Prix 5* ; Kent fait partie d’une catégorie à part. Cela était, j’essaye toujours de faire de mon mieux et de le battre ! Corbie a sauté de manière formidable, comme à Toronto. Ce n’est pas la première fois que je suis deuxième derrière Kent. Si la victoire ne revient pas à un membre de ma famille ou à moi, je suis très heureux que Kent soit le gagnant”, a, à son tour, commenté Daniel Bluman.
Le troisième meilleur des six doubles sans-faute de ce temps fort dominical est à mettre au crédit du Colombien Ilan Bluman, cousin de Daniel, et sa Acajou. Cette toute bonne fille de Casalco est issue d’une lignée maternelle orientée dressage et notamment à l’origine de Dream of Heidelberg II, qui avait fixé son record personnel à 68,30 % à l’occasion d’une Reprise Libre en Musique déroulée au CDI-W de Londres, fin 2007. Sixième à Rockwood et lauréate d’un Grand Prix 4* à Ocala début février, la représentante du stud-book DSP a permis à son cavalier de partager, pour la deuxième fois en vingt ans, un podium avec Daniel Bluman.
Marilyn Little, Jessica Springsteen et Samuel Hutton ont aussi bouclé deux prestations parfaites pour occuper les rangs quatre, cinq et six aux côtés de La Contessa, l’olympique Don Juan vd Donkhoeve et Ambassador, qui avait permis à Inès Joly de remporter son premier Grand Prix 5* il y a un peu plus d’un an.
Décollage imminent pour Rodrigo Lambre à Coapexpan
Coapexpan accueillait l’un des trois Grands Prix 5* programmés ce week-end dans le monde. Samedi 27 septembre, vingt et un couples ont tenté leur chance, mais un seul est parvenu à effectuer deux clear rounds. Le Brésilien Rodrigo Lambre et sa bien nommée Take-Off Diara PS ont donc logiquement occupé la première place de l’épreuve. La représentante du stud-book Oldenbourg est une fille de Taloubet K, l’ancien crack de Christian Ahlmann, et une petite-fille de Diarado. Sa grand-mère est la propre sœur du généreux Chacconu de la Suédoise Irma Karlsson, vainqueur du Grand Prix 4* de Gross Viegeln en 2022 et septième de l’étape de la Coupe du monde Longines de Göteborg l’année suivante.
L’Argentin Ignacio Maurin et Conchado ont été le seul autre duo à se faufiler au barrage. Après leur huitième place dans le Grand Prix Rolex de Dinard, les deux complices confirment. Une faute sur leur second parcours les a relégués en deuxième position, mais leur chronomètre était, de toute façon, moins rapide que celui de Take-Off Diara PS et Rodrigo Lambre.
Le Gestüt Lewitz de Paul Schokomöhle n’a pas été le seul à se hisser sur le podium. En effet, la troisième place est revenue à l’élevage de la famille Mesnil, représenté par Bretzel du Marais, un Selle Français par Quincy, alias Quaprice Bois Margot et l’excellent Perle du Marais (Diamant de Semilly), bonne gagnante jusqu’à 1,45m et classée dans les Grands Prix 4* de Bourg-en-Bresse et Dinard, entre autres, avec Julien Mesnil. De fait, Bretzel est le frère utérin de Vic du Marais, précieux partenaire du Suisse Christian Tardy, qui se produit, chaque année ou presque, au CHI de Genève à ses côtés. Monté par le Mexicain Alejandro Mills, Bretzel du Marais a réalisé le parcours à quatre points le plus rapide pour devancer quelques couples plus expérimentés, à l’instar de ceux formés par Cian O’Connor et un autre Selle Français, Bentley de Sury, cinquièmes, Nicolas Pizarro et Pia Contra, sixièmes, ou encore Federico Fernandez et Barachiel d’Ouilly, alias Romeo, une autre monture née dans l’Hexagone en 2011.
Le CSIO 4* de Rabat hisse le drapeau saoudien
Que ce soit dans le Grand Prix ou la Coupe des nations, le CSIO 4* de Rabat s’est mis à l’heure saoudienne ! Vendredi 26 septembre, Abdulrahman Alrajhi a doublé sur le fil son coéquipier Abdullah Alsharbatly. Tous deux étaient respectivement associés à Heartbeat W, un fils de Baloubet du Rouet déjà deuxième la semaine passée à Tétouan, et l’inépuisable Alamo, descendant d’Ukato et ancienne star du piquet de Steve Guerdat. “Quand j’ai vu le parcours d’Abdullah, je me suis dit : c’est impossible. Heartbeat W est un cheval incroyable mais il n’est pas très rapide, surtout dans les virages serrés, et ce n’est pas le plus facile à diriger. Mais il a tout le reste, et c’est ce qui me simplifie la vie. J’essaie d’utiliser les qualités qu’il a et d’éviter de lui demander ce qu’il n’a pas : en l’occurrence, la maniabilité. Sans doute que la grande piste de Rabat lui convenait”, a expliqué Abdulrahman Alrajhi après sa victoire, sa première en Grand Prix avec son KWPN de treize ans, précédemment associé à la Canadienne Elizabeth Bates. “Ce qui rend l’histoire encore plus belle, c’est que je l’ai acheté ici même, il y a un an, presque par hasard. En discutant avec son ancienne cavalière, Liz Bates, j’ai entendu qu’elle souhaitait le vendre : j’avais l’oreille qui traînait, j’étais au bon endroit au bon moment… et un an plus tard, nous remportons ensemble notre premier Grand Prix. Je suis extrêmement fier de lui et reconnaissant envers toute mon équipe. On me voit une minute trente en piste, mais derrière, ce sont les soigneurs, vétérinaires, grooms, palefreniers, managers et partenaires qui rendent cela possible. Ce succès est aussi le leur.”
Après leur deuxième place à Tétouan, Abdulrahman Alrajhi et Heartbeat W ont pris leur revanche à Rabat. © Morgan Froment / MRT
Dans ce Grand Prix, la troisième place a récompensé Edouard Schmitz et son fidèle Quno, plus vu sur la scène internationale depuis le CSI 4* de Chantilly Classic en juillet. Le Suisse n’avait pas prévu de monter son fils Quo Vados I dans cette épreuve, mais une (bonne) intuition l’a fait changer d’avis. “Nous avons eu un beau Grand Prix et je suis très content de mon cheval. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas sauté à ce niveau, et il a vraiment répondu présent. La prochaine fois, j’espère que le cavalier répondra aussi présent ! (rires) C’est frustrant de ne pas terminer le travail quand les chevaux sont aussi en forme, mais je suis très heureux de lui. Mes deux autres chevaux se comportent également très bien et réalisent une excellente tournée. Initialement, j’avais prévu de préserver Quno jusqu’à El Jadida. Cependant, j'avais tellement de bonnes sensations au travail que je me suis dit que ce serait dommage de ne pas l’engager ici alors qu’il est en pleine forme”, a expliqué le sympathique jeune homme, ravi de sa première tournée marocaine. “J’avais entendu dire que c’était un très beau circuit, mais je suis agréablement surpris par rapport à mes attentes ! Les deux concours que j’ai vécus jusqu’ici se déroulent dans de magnifiques cadres, avec un public enthousiaste : on est vraiment dans les meilleures conditions pour pratiquer notre sport et y prendre du plaisir.”
Deux jours après leur doublé, Abdulrahman Alrajhi et Abdullah Alsharbatly ont contribué à la victoire de leur équipe dans la Coupe des nations, cette fois aux rênes de Ventago (4+0) et Böckmann’s*Lord Pezi Junior (0+0). Les deux paires étaient accompagnées par Khaled Almobty et Ramzy Al Duhami, associés aux excellents Spacecake (0+4) et Untouchable 32 (0+4). L’Arabie-Saoudite, gérée par l’Allemand David Will, a supplanté l’Italie d’Emanuele Gaudiano, équipier et chef d’équipe d’un jour, ainsi que la Grande-Bretagne, qui jouait sans filet avec seulement trois cavaliers. La Suisse et les Pays-Bas, uniquement représentés par des membres de la famille Thijssen, complètent le Top 5.
“Pour notre équipe, cette victoire avait une importance particulière. La tournée marque le véritable lancement de notre saison Coupe du monde, mais aussi celle des Coupes des nations. En l’absence de grand championnat cette année, nous avons souhaité aborder cette épreuve avec sérieux afin de mesurer notre niveau collectif avant la saison au Moyen-Orient — qui s’annonce compétitive. À plus long terme, nos regards se tournent déjà vers deux grandes échéances : les Jeux asiatiques et les Mondiaux d’Aix-la-Chapelle, qui constitueront nos objectifs majeurs l’an prochain”, a expliqué David Will. “L’équipe a abordé l’épreuve avec confiance : les cavaliers et les chevaux avaient montré une belle forme tout au long du week-end, et la première manche s’est conclue sans la moindre faute. Mais d’autres équipes restaient proches, ce qui a maintenu la pression jusqu’au bout. Rien n’était acquis avant le passage du dernier cavalier italien. La victoire n’a donc été acquise qu’au tout dernier moment, ce qui a rendu le scénario de cette Coupe des nations d’autant plus palpitant.”
David Will était un chef d'équipe heureux au Maroc ! © Morgan Froment / MRT
Nicolas Sers porte la Corrèze au sommet à Gassin
Cette semaine, il n’y avait pas d’épreuve collective au menu à Gassin. Après le premier CSIO 5* de son histoire, disputé la semaine dernière, le Club de Polo accueillait un CSI 4*. Son temps fort s’est achevé dimanche 28 septembre sur la victoire de Nicolas Sers. Révélé aux rênes du surpuissant et généreux Eleven de Riverland, engagé le week-end précédent sur cette même piste, le Corrézien misait cette fois sur le surprenant Espoir de la Chesnée. Privilégiant une forme d’efficacité et de détermination malgré les signaux envoyés par son gris, le Tricolore a été le plus rapide en bouclant son double zéro en 39’’31. Le fils de Président issu d’une souche basse Anglo-Arabe disputé sa première épreuve à 1,60m après avoir fait ses débuts en Grand Prix 4* à Ascona, il y a deux semaines. Avant cette année, le hongre de onze n’avait même jamais sauté au-delà d’1,45m.
Nicolas Sers et le généreux Espoir de la Chesnee ont défilé en tête du tour d'honneur du Grand Prix 4* de Gassin. © Agence Ecary
Nicolas Layec et sa Fée de Caryan se sont rangés en deuxième position après un barrage bouclé en 39’’70, soit leur meilleure performance à ce niveau. Marcus Westergren, auteur d’un coup d’éclat avec l’équipe suédoise en 2023, se classe bon troisième sur Airco de l’Esprit, un fils du clone d’Air Jordan.
Photo à la Une : Qu’il monte Greya ou Toulayna, Kent Farrington étanche toujours sa soif de victoires. © Meraki Creative Group / MLSJ
Les épreuves des CSI 5* de Greenwich, Coapexpan et 4* de Rabat et Gassin sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.