En plus du CSI 5*-W de Thermal, pas moins de quatre CSI 4* étaient programmés le week-end passé. Les Grands Prix de Wellington, Valence et Ocala ont débouché sur les victoires de Richard Vogel, Victor Bettendorf et Ilan Bluman, respectivement associés à Cydello, Qwando van de Rispen et Acajou, tandis que la Coupe des nations de Charjah, temps fort du CSIO émirati, a souri aux Britanniques. Retour sur ces événements.
Il ne faut pas souvent longtemps à Victor Bettendorf pour trouver l’harmonie avec ses montures. Le Luxembourgeois l’a démontré une fois de plus en imposant Qwando van de Rispen dans le Grand Prix 4* de Valence, dimanche 2 février, en Espagne. Hongre BWP de tout juste neuf ans, Qwando van de Rispen a réalisé un véritable coup de maître dans la première épreuve majeure de sa jeune carrière.
Monté par le Néerlandais Julian De Boer depuis ses débuts internationaux, fin 2022, le fils de Matisse de Mariposa, lui-même issu d’une sœur utérine de la championne olympique Flora de Mariposa, n’a effectué sa première apparition avec Victor Bettendorf qu’en décembre dernier. Moins de deux mois après leur premier parcours officiel ensemble, une épreuve à 1,25m, ils ont franchi un sacré cap ! Avant de croiser la route du Luxembourgeois, l’alezan, petit-fils de Phin Phin, n’avait jamais été confronté à des parcours à plus d’1,45m. Une performance de taille qui semble bien en appeler d’autres pour celui qui a vu le jour chez Hubert Lemaire, et une excellente nouvelle pour Victor Bettendorf, dont le couple qu’il formait avec Foxy de la Roque s’est séparé en fin d’année dernière. D’ailleurs, Qwando van de Rispen n’est pas sa seule nouvelle recrue, puisque l’étalon Express de Hus a également intégré son piquet le mois dernier, après avoir passé un peu moins de deux ans en Allemagne, sous la selle du multi-médaillé Michael Jung.
Victor Bettendorf et Qwando van de Rispen ont savouré leur première victoire commune en Grand Prix 4*. © Moura Tours
À Valence, le néo-duo formé par Victor Bettendorf et son jeune BWP a arrêté le chronomètre en 46’’51, dans un barrage à huit. Plus rapides que tous leurs poursuivants, tous deux ont devancé un tir groupé tricolore, emmené par Marie Demonte et sa toute bonne Epona du Quesnoy. Le binôme a franchi les cellules en 47’’58, après deux prestations sans fausse note. Il s’agit de la meilleure performance internationale de la fille d’Ogrion des Champs née chez Jacques Morin, déjà gagnante en Grand Prix 3* et d’ailleurs troisième de l’épreuve reine du CSI 3* organisé sur la même piste une semaine plus tôt.
Décidément très en forme, les paires féminines françaises ont aussi brillé aux rangs trois et quatre. Fraîchement sélectionnée pour défendre le Coq à l’occasion de la première étape de la Ligue des nations Longines d’Abou Dabi, Alexa Ferrer confirme, une fois de plus, sa régularité. Elle était associée à sa pétillante et généreuse Vitalhorse*Naïade d’Elsendam, une fille de Nabab de Rêve. Quatrième, pour douze centièmes de retard sur la troisième place et trente-quatre sur la deuxième, Juliette Faligot et sa chère Arqana de Riverland enregistrent un nouveau classement. Depuis que ces deux-là sont réunies, après un confiage de la grise par sa cavalière à John Whitaker, elles n’ont rien manqué ou presque, au niveau 3 et 4*. De quoi aborder 2025 sous les meilleurs auspices. Le duo tricolore a été le dernier à signer un double sans-faute dans ce Grand Prix, tandis qu’avec quatre points, le très plaisent Issem a complété le Top 5 aux côtés du Polonais Adam Grzegorzewski.
En 2025, Richard Vogel garde la main
Dans le piquet de Richard Vogel, un alezan peut en cacher un autre. Si Cepano Baloubet a quitté ses écuries pour rejoindre celles de son coéquipier Christian Kukuk il y a quelques mois, Richard Vogel peut compter sur le styliste Cydello pour prendre sa relève. Déjà remarqué en 2024, le fils de Cascadello I a remporté son premier Grand Prix de l’année à Wellington, à l’occasion d’un CSI 3*, le 19 janvier, et après trois mois de pause. Toujours à Wellington, sur la piste en herbe du Winter Equestrian Festival, le hongre de onze ans a décroché sa dixième et plus belle victoire internationale, samedi 1er février.
“Cydello est un super cheval, très intelligent et un vrai battant. Naturellement, il n’est pas le cheval avec le plus de moyens au monde, mais il met à profit son mental et sa volonté de toujours donner le meilleur de lui-même. C’est ce sur quoi nous comptons. Il adore ce terrain en herbe et c’est pourquoi nous avons choisi ces deux semaines de concours pour lui”, a réagi l’Allemand, saluant et remerciant au passage son complice après un ajustement de dernière minute à l’abord du deuxième obstacle du tracé raccourci. Désormais plus relâché qu’à ses débuts avec Richard Vogel, le sensible Cydello se montre d’une régularité hors pair, facilitant la tâche de son pilote. “Dès qu’on le sort de son box, que ce soit pour le promener en main ou le monter, il est toujours plein d’énergie et à l’affût de tout ce qui l’entoure. À la maison, il peut même être un peu regardant, mais dès qu’il entre en piste, il se concentre sur les obstacles et ce qu’il a à faire. Il est très courageux”, a complété l’actuel numéro neuf mondial, qui engagera peut-être son protégé dans une épreuve 5* dans les prochaines semaines. “Avec lui, on ne doit pas faire de plans sur la comète. Il est très sensible et saute avec son cœur et son mental ; il faut toujours respecter cela et suivre son instinct. En ce moment, il est en super forme et nous allons essayer de faire en sorte que cela dure.”
Le démonstratif Cydello est comme dans son jardin sur la piste en herbe de Wellington. © Sportfot
Grâce à son double sans-faute bouclé en 43’’22, Richard Vogel a devancé deux Irlandais. Tous deux réputés pour leur vélocité et leur maîtrise du chronomètre, Shane Sweetnam et Niamh McEvoy se sont inclinés avec l’excellent et olympique CSF James Kann Cruz et Jargon DN, qui disputait sa deuxième épreuve à 1,60m et son premier Grand Prix 4* ! Les deux représentants de l’île d’Emeraude et leurs complices ont respectivement quitté la piste en 43’’75 et 44’’71.
Également qualifiés pour le barrage, les Etats-uniens Spencer Smith, Ansgar Holtgers Jr. et Michael Morrissey ont complété le Top 6 avec HHS Seattle, Pixel van’t Kattenheye et Incento S.A.
Ocala célèbre Ilan Bluman et Acajou
À domicile, Ilan Bluman et Acajou ont illuminé la nuit, samedi 1er février. À l’occasion d’un Grand Prix 4* joué dans l’immensité du complexe du World Equestrian Center d’Ocala, le duo a fêté son tout premier succès à ce niveau. Ce succès confirme également l’excellente production de Casallco, dont la première génération a vu le jour en 2014. Acajou, née en 2015, provient, en outre, d’une lignée maternelle principalement orientée… dressage ! Mais sous la selle de son cavalier colombien, la belle n’a eu aucun mal à survoler les obstacles placés sur la piste par Leopoldo Palacios.
Belle victoire à Ocala pour Acajou, une fille de Casallco. © Andrew Ryback / World Equestrian Center
Des vingt-quatre prétendants à la victoire, quatre se sont frayé un chemin vers le barrage et deux seulement sont parvenus à réitérer leur sans-faute. Si Ilan Bluman et sa Acajou ont tout donné, pour enregistrer un chronomètre de 39’’24, leurs dauphins, le champion olympique Christian Kukuk et sa brillante Just Be Gentle, ont opté pour une stratégie légèrement plus sage, qui leur a octroyé la deuxième position, en 41’’95.
Nettement plus lent et sanctionné d’une faute, Richard Spooner complète le tiercé gagnant et aligne un nouveau classement avec sa pépite Lyjanair, ancien complice de Rolf-Göran Bengtsson. L’Américain et le Holsteiner semblent en phase outre-Atlantique et devraient, en toute logique, continuer à faire parler d’eux dans les mois à venir.
La quatrième place revient à la talentueuse Hunter Holloway, révélation de la finale de la Coupe du monde 2023 avec Pepita Con Spita, la sœur utérine du champion olympique Checker 47. Cette fois, l’amazone misait sur Henry Jota Ariel, une rare fille du Selle Français Picadilly Tame qui a concédé huit points pour son deuxième barrage à ce niveau.
“J’ai acheté Acajou lorsqu’elle avait six ans. Elle en a désormais dix, donc je la connais plutôt bien. La route a été longue pour arriver à ce niveau, mais je pense qu’elle est maintenant en très bonne position. C’est une gagnante : elle est rapide, respectueuse, concentrée. Elle me ravi”, s’est réjoui Ilan Bluman, qui a mis ses concurrents d’accord en s’élançant en dernier au barrage.
De retour en équipe nationale, William Funnell offre la victoire aux siens à Charjah
Deux ans après sa dernière apparition sous la veste britannique, William Funnell, coach de l’équipe émiratie, n’a pas perdu la main en Coupe des nations ! Temps fort du CSIO 4* de Charjah, l’épreuve par équipe a sacré l’Union Jack et le rôle de son pilier a été capital, celui-ci ayant signé un double zéro salvateur aux rênes de son produit maison Equine America*Billy Picador, dimanche 2 février.
Di Lampard ne cachait pas sa joie de voir ses quatre mousquetaires et leurs montures s’offrir leur premier succès collectif de la saison. En plus du retour de William Funnell, la cheffe d’équipe a pu compter sur Joseph Stockdale (4+0), associé au jeune… Billy Santorini, un prometteur fils de Billy Mexico sur la souche de Billy Congo âgé de seulement neuf ans, Georgia Tame et sa nouvelle recrue Be Golden (16 +1), un produit de Golden Hawk, ainsi que Lily Attwood, en selle sur son fidèle Johnnie Walker (0+8), qui ne participe à des épreuves à plus d’1,50m qu’à de très rares occasions.
Au coude à coude avec ses protégés, William Funnell a finalement condamné toute chance de victoire des locaux, malgré les deux doubles sans-faute d’Omar Abdul Aziz Al Marzooqi et Chacco Bay ainsi que de Abdullah Humaid Al Muhairi sur Chacolu. Foncetti vd Heffinck et BBS McGregor, les complices de Humaid Abdulla Khalifa Al Muhairi et Abdullah Mohd Al Marri n’ont pas démérité, ne concédant jamais plus d’une faute sur leurs parcours, mais cela n’a pas suffi pour l’emporter.
La Belgique, qui n’avait que trois couples et dont les scores comptaient donc tous sans exception se hisse à une honorable troisième place, devant l’Allemagne, elle aussi représentée par trois paires et impeccable en seconde manche, l’Irlande, l’Italie et le Brésil.
Photo à la Une : Victor Bettendorf a célébré sa victoire avec son nouveau complice en famille. © Moura Tours