Sur ses sept derniers Grands Prix 5*, Checker 47 s’est classé à… six reprises ! Vainqueur de ceux de Riyad et Wellington, le gris par Comme Il Faut a offert une nouvelle victoire à son cavalier, Christian Kukuk, cette fois sur l’écrin de verdure de Madrid. Grâce à une fin de barrage enflammée, le couple a devancé Maikel van der Vleuten, toujours au rendez-vous avec son fidèle Beauville, et Gilles Thomas, associé au phénomène Ermitage Kalone, engagé pour la première fois à ce niveau.
Leur dernière sortie en CSI 5* s’était soldée par une victoire, fin mars, dans le Grand Prix Rolex de Wellington. De retour de l’autre côté de l’océan, Christian Kukuk et Checker 47 ont triplé la mise, dimanche 19 mai à Madrid, décrochant leur troisième épreuve de ce niveau. L’Allemand et son gris, qui avaient triomphé pour la première fois à ce niveau à Riyad fin octobre 2023, ont confirmé leur excellente forme, qu’ils maintiennent avec brio depuis l’été dernier. “Je suis extrêmement fier de mon cheval. Il réalise des choses formidables ces derniers mois. C’est difficile à dire, mais il continue de m’impressionner, jour après jour”, s’est ému Christian Kukuk après son tour d’honneur. “Je suis venu ici avec un très bon sentiment, j’aime vraiment ce concours. C’est une piste absolument magnifique, avec un public très enthousiaste. Monter ici est un plaisir. J’avais à cœur de réaliser une bonne performance. Le premier tour de Checker était impressionnant : il a fait paraître ce parcours si facile ! Le barrage s'est très bien déroulé. Nous en avons réalisé plusieurs ces derniers temps avec Checker, donc je savais que nous pouvions être compétitifs. Tout a fonctionné comme je l’espérais.”
Sortie de piste avec le sourire pour Christian Kukuk, à qui Checker a tout donné. © Sportfot
Pour s’imposer, le disciple de Ludger Beerbaum a dû se défaire de sept concurrents. Ces dernières années, le Grand Prix 5* de Madrid avait très régulièrement donné lieu à des barrages réduits, voire inexistants, comme l’an dernier, où Edwina Tops-Alexander avait été la seule à réaliser un parcours sans pénalité. Cette fois, Santiago Varela a rectifié le tir et réalisé un excellent travail, proposant un tracé subtil mais respectueux, pour laisser filer huit paires vers la finale au chronomètre. Parti en début de barrage, Christian Kukuk a dû patienter de longues minutes avant de pouvoir célébrer son nouveau triomphe. Dernier à s’élancer, Eduardo Alvarez Aznar était bien engagé pour lui chiper la victoire avec son inoxydable Rokfeller de Pleville*Bois Margot, dans une forme olympique à dix-neuf ans et après plusieurs saisons entachées par des blessures. Soutenu par un public tout acquis à sa cause, l’Espagnol a vu ses espoirs s'envoler après un mauvais abord de l’avant dernière difficulté du tracé raccourci. Trop proche de l’oxer, son bai a refusé de sauter. “Je n’ai pas encore regardé la vidéo, mais j’ai le sentiment d’avoir abordé cet oxer avec de l’angle et une distance un peu proche. Je pense que mon cheval était un peu perdu. C’était complètement ma faute : j’aurais dû ouvrir davantage ma courbe pour avoir une distance plus en avant, surtout sachant qu’il est toujours difficile pour Rokfeller de se rassembler après avoir ouvert sa foulée. C’est dommage que cela soit arrivé aujourd’hui, à Madrid. Mais vu la forme dans laquelle se trouve Rokfeller et la façon dont il saute en ce moment, je pense qu’il obtiendra bientôt un fantastique résultat”, a réagi l’Espagnol, toujours leader au classement général du circuit du Longines Global Champions Tour, après avoir obtenu trois classements à Doha, Miami et Mexico, avant donc sa septième place à domicile.
Le généreux Rokfeller de Pleville*Bois Margot poursuit sa remarquable saison 2024 et est encore passé à un rien d'un très, très grand coup. © Sportfot
Lancés à la poursuite des 45’’85 de Christian Kukuk et son fabuleux fils de Comme Il Faut, né chez Wolfgang Kipp, Maikel van der Vleuten et son fidèle Beauville, qui a vu le jour chez Pascal Habets, ont été un peu courts pour s’imposer. Après un hiver et un début d’année allégés, mais tout de même marqué par un double zéro dans la Coupe des nations du CSIO 5* d’Ocala, la paire néerlandaise s’est octroyé une excellente deuxième place. “Beauville a sauté de manière fantastique aujourd’hui. Je dois dire que Christian a également effectué un super barrage. Il a pris tous les risques et son cheval est très rapide au sol. Le mien l’est aussi, mais nous n’avons pas réussi à le battre. Je suis toutefois très satisfait de cette deuxième place”, s’est réjoui le Oranje, qui peut toujours compter sur son incroyable fils de Bustique, d’une régularité impressionnante depuis plusieurs saisons.
Tout en fraîcheur, Beauville, né Stay With Us, s'est classé deuxième avec Maikel van der Vleuten. © Sportfot
Grâce à un double sans-faute conclu en 47’’89, Ermitage Kalone, qui ne cesse de défrayer la chronique, a une nouvelle fois prouvé sa suprématie. Au-dessus du lot depuis ses débuts, le grand alezan par Catoki né chez Magalie Dessalles est un surdoué du saut d’obstacles. Alors qu’il disputait sa première épreuve à 1,60m vendredi, lors de la compétition par équipe du Global, conclue avec un double sans-faute, le Selle Français en a fait de même dans son tout premier Grand Prix 5*. Phénoménal ! “C’est incroyable. Il s’agissait du premier Global d’Ermitage, mais aussi de son premier Grand Prix 5*. Je savais qu’il pouvait réaliser un double sans-faute, mais terminer directement sur le podium est fantastique”, a commenté le jeune Gilles Thomas, qui marche sur l’eau après avoir remporté l’étape de Shanghai avec Luna van het Dennehof il y a deux semaines. “Pour être franc, Ermitage nous met un peu de pression car tout le monde le regarde. Mais il est tellement doué que lorsqu’on commence à sauter, la pression disparaît. Il enchaîne les sans-faute. Avec Luna et Ermitage, j’ai de très, très bons chevaux dans mes écuries et je suis un cavalier très chanceux en ce moment.” Le jeune Belge, décrit comme l’un si ce n’est le meilleur cavalier de sa génération programme de disputer quelques Coupes des nations avec son champion de Belgique en titre cette année. Et si ces deux-là décrochaient leur ticket pour les Jeux olympiques de Paris ? Tous les rêves sont permis pour ce duo d’exception.
Au-dessus de la mêlée, Ermitage Kalone a brillé dans son premier Grand Prix 5*, comme il le fait depuis ses jeunes années. © Sportfot
Ouvreur du barrage, Marco Kutscher a enregistré une très bonne quatrième place avec son fils de Kannan, Karajan, qui, à dix ans, disputait sa quatrième épreuve à 1,60m seulement. Le puissant bai a été le dernier à compléter ses deux parcours sur un score vierge. Derrière lui, tout le monde a concédé au moins une faute, à commencer par Philipp Weishaupt, cinquième. Sans ces quatre points, l’Allemand aurait pu offrir un doublé aux écuries Beerbaum grâce à son fabuleux Zineday, dix ans tout juste et médaillé d’argent en individuel lors des derniers championnats d’Europe. Très expérimentés, Laura Kraut et Baloutinue, de retour sur le devant de la scène depuis quelques mois après s’être blessé l’été dernier à Aix-la-Chapelle, ont également renversé une barre pour se ranger sixième rang. Enfin, derrière Eduardo Alvarez Aznar et Rokfeller de Pleville*Bois Margot, le Chilien Rodrigo Carrasco, invité surprise du barrage avec sa mille quatre vingt-sixième position au classement mondial Longines, a mené Crescendo MB vers la meilleure performance de sa carrière, malgré seize points, dont huit pour temps dépassé, concédé lors de leur second parcours. Très en forme depuis quelques mois au niveau 4 et 3*, le fils de Clinton, vu jusqu’en Coupe des nations CSIO 5* avec Wilm Vermeir, a permis à son cavalier, qui avait pris part aux Jeux olympiques de Londres, à la finale de la Coupe du monde de Göteborg et aux Jeux équestres mondiaux de Caen et Tryon, de disputer son deuxième Grand Prix 5*.
Photo à la Une : Christian Kukuk et son photogénique Checker 47 ont décroché leur troisième Grand Prix 5* à Madrid. © Sportfot
