Trois chevaux de Grand Prix 5* à la retraite, un mercato agité et une nouvelle opération pour Steve Guerdat

Ces dernières semaines ont été marquées par les départs à la retraite de Tobago, Virtuose Breil et Azaria Dinero, qui ont tous brillé en Grands Prix 5*, voire en grand championnat pour les deux premiers cités. Tandis qu’Ingrid Gjelsten annonçait se mettre en retrait du haut niveau, plusieurs chevaux ont changé de selle. C’est le cas d’ESI Rocky, révélation de l’année avec Seamus Hughes Kennedy, Beau de Laubry, Cydello, My Lady Lavista, Night Light van’t Ruytershof ou encore un excellent sept ans aperçu lors de la Grande Semaine de saut d’obstacles à Fontainebleau. L’identité de la nouvelle cavalière de Caetlin vd Heffinck a également été révélée, tandis que Steve Guerdat doit à nouveau observer une période de repos forcé. Le point sur ces actualités.
Lors du CSIO 5* de Bruxelles, fin août, le généreux Tobago a effectué son dernier tour de piste face à son public. Sous la selle de Daniel Deusser, le petit mais bondissant alezan a parcouru les plus belles pistes du monde et s’est imposé sur quelques-unes d’entre elles. Les Grands Prix 5* de Bois-le-Duc, New York, Prague, Madrid, Wellington et Bordeaux figurent ainsi à son palmarès, bien rempli en huit années passées au sommet. Né chez Jonas Bellemans en 2008, du croisement entre Tangelo vd Zuuthoeve et Whoopie C, précieuse fille de Mr. Blue, Tobago a rejoint les écuries Stephex dès 2016, après avoir été formé par… son éleveur ! Diablement talentueux, l’étalon Zangersheide, en partie acquis par Scuderia 1918 plus tard dans sa carrière, a d’abord été monté en alternance par Jonna Ekberg et Daniel Deusser, avant d’être définitivement confié au second cité. Protégé de Sean Lynch, qui entretenait une étroite relation avec lui, puis de Marine Renaudet, l’alezan n’avait plus disputé de Grand Prix 5* depuis mai 2023. Après avoir tant donné, il profitera, à dix-sept ans, d’une retraite sportive amplement méritée.
Avec la victoire de son fils, Otello de Guldenboom, dans le Grand Prix du CSIO 5* de La Baule en juin, et les aptitudes du charismatique Orak d’Hamwyck, nul doute que son intérêt à l’élevage va continuer de croître. Pour l’heure, Tobago dénombre près de deux-cent-cinquante produits selon la base de données Horsetelex, dont quatre évoluent à 1,55m et plus… ses premières vraies générations ayant seulement vu le jour en 2019 ! Dans le même temps, sa mère, qui avait engendré quatorze produits entre 2002 et 2019, en a donné… dix-sept depuis, selon Hippomundo. “La seule chose que je puisse faire est de remercier tous ceux qui ont œuvré autour de Tobago. Il fait partie des meilleurs chevaux de ma carrière”, a sobrement déclaré Daniel Deusser lors de la cérémonie d’adieux de son complice, qui l’avait accompagné aux championnats d’Europe de Rotterdam, avec une médaille d’argent par équipe à la clef, et lors de deux finales de la Coupe du monde, à Omaha en 2023 et Göteborg en 2019, où tous deux avaient terminé la compétition en quatrième position.
Fin de carrière pour Azaria Dinero
Révélée par Jérôme Guéry au plus haut niveau, Azaria Dinero aurait certainement mérité d’avoir un palmarès encore plus garni. Pourtant, à quinze ans, la fille de Mylord Carthago raccroche les fers. Sa propriétaire, Evelina Tovek, qui a mis sa carrière entre parenthèses il y a quelques mois, a annoncé la nouvelle sur ses réseaux sociaux le 31 août. Confiée à Henrik von Eckermann depuis fin 2024, la Selle Français, née chez Emmanuelle Hebert, va désormais se consacrer à la reproduction. Si elle a déjà donné un poulain à Sébastien Tence en France, baptisé Ho Brother et fils de Balou du Rouet, sa nouvelle carrière va s’écrire chez Mares of Macha, en Italie, où elle rejoindra Mary Lou et Dalila de la Pomme, deux anciennes gloires de la famille Tovek montées par Henrik von Eckermann et Evelina. “Cette jument spéciale a accompli plein de grandes choses. Avec sa puissance et son grand cœur, elle restera toujours une jument à part. Il est désormais temps pour elle de profiter d’une retraite bien méritée en Italie. Elle va faire ce qu’elle aime le plus : être dehors, dans de grands prés verdoyants, toute la journée. Elle fera de l’élevage et aura une vie paisible”, assure son ancienne cavalière.
Formée par Sébastien Tence, avec qui elle fut cinquième de sa génération à cinq et six ans à Fontainebleau, la représentante de l’excellente souche de Ma Pomme, dont sont aussi issus les cracks Nino des Buissonnets et Dynamix de Bélhème, pour ne citer qu’eux, est passée sous bannière italienne en 2017, avec Emanuele Massimiliano Bianchi. Associé jusqu’à fin 2020, le couple a évolué à 1,50m au maximum, avant que la petite-fille de Drakkar des Hutins ne rejoigne brièvement Stéphanie Andries, puis Jérôme Guéry un an et demi plus tard. En cinq mois, tous deux ont atteint le plus haut niveau, disputé quelques Grands Prix 5* et autres Coupes des nations, avant de voir leurs chemins se séparer. Aux rênes d’Evelina Tovek, Azaria Dinero a décroché plusieurs classements en Grands Prix 5*, à Miami, Mexico et Falsterbo, et disputé l’épreuve collective du mythique CHIO d’Aix-la-Chapelle. Sous la selle d’Henrik von Eckermann, enfin, la talentueuse jument a ajouté deux classements en Grands Prix Coupe du monde à son tableau de chasse en 2025, à Bâle, puis Göteborg, où sa quatrième place aura marqué sa dernière apparition à ce niveau. Consacrée à des épreuves moins importantes ces derniers mois, la grise a effectué sa dernière apparition en compétition à Valkenswaard, début août, terminant douzième du Grand Prix 4*. En attendant l’émergence des futurs poulains d’Azaria Dinero, sa mère, Noire de Tame, a enrichi sa fratrie de plusieurs membres, dont Highjump Dinero, sa propre sœur, qui a pouliné cette année.
Virtuose Breil, alias Truman, tire aussi sa révérence
Un autre produit de Mylord Carthago né dans l’Hexagone a suivi le même chemin qu’Azaria Dinero. Virtuose Breil, alias Truman, élevé dans la Manche par Aurore Merel, tire sa révérence. Dans une longue lettre empreinte d’émotion, sa cavalière, Amy Millar, lui a rendu hommage et est revenue sur leur parcours commun. “En 2016, j’ai eu l’immense privilège d’être sélectionnée au sein de l’équipe olympique des Jeux de Rio. J’ai passé une grande partie de cet été en Europe, à m’entraîner avec l’équipe canadienne. Durant cette période, Éric Lamaze et Tiffany Foster m’ont présenté un beau bai, qui allait devenir l’un de mes meilleurs amis et plus fidèle partenaire pour les neuf années suivantes. Éric et Tiffany m’ont dit que ce cheval m’emmènerait n’importe où, que je sauterais les plus belles épreuves du monde avec lui et qu’il avait juste besoin de temps et d’être formé. Alors, j’ai appelé mes soutiens et amis de longue date, Patty et Patrick Overlund, ainsi que mon père, Ian, et je leur ai dit : ‘je crois que nous devons acheter ce cheval pour que je puisse poursuivre mes rêves’. Grâce à Patty, Patrick et Ian, mais surtout Truman, c’est exactement ce que nous avons fait !”, narre l’amazone. “Ensemble, Truman et moi avons parcouru le monde et partagé tout un tas de moment inoubliables dans le sport. Il m’a menée à mes premiers championnats du monde, au Danemark en 2022, a aidé le Canada à remporter une médaille d’argent et a terminé sixième en individuel aux Jeux panaméricains en 2023, a sauté les Jeux olympiques en 2024. Il a été un pilier de l’équipe canadienne en Coupe des nations, en remportant celle de Spruce Meadows en 2021 et en finissant sur le podium à Wellington, Langley, Calgary et La Baule. En plus de cela, Truman a célébré sa première victoire dans un Grand Prix international avec moi en 2019, et terminé deuxième, quelques années plus tard, de la Queen Elizabeth II Cup (le Grand Prix Rolex, ndlr) à Spruce Meadows, en 2024, en plus de nombreux autres podiums en Grands Prix acquis en cours de route. Mais ce dont je suis le plus fière est notre lien. La relation qui s’est forgée entre Truman, mon groom, Dan Ingratta, et moi reposait sur une confiance totale. Pendant neuf ans, Dan a accompagné Truman dans toutes les épreuves majeures auxquelles il a pris part, et l’a entraîné et monté en compétition lorsque j’étais enceinte de mon fils, Alex. Nous avons appris à Truman à aimer les gens qui s’occupaient de lui, à être fier de lui lorsqu’il réalisait de bonnes performances, et à apprécier son travail. Je suis si reconnaissante d’avoir eu l’occasion de connaître et aimer cet animal. Lorsque j’entrais en piste avec Truman, je savais que nous pouvions le faire ; je n’ai jamais eu le sentiment que les obstacles étaient trop hauts, ou le parcours trop difficile. Merci, Truman, pour ta gentillesse, ta fiabilité et ton cœur. Mais, plus que tout, merci de m’avoir donné confiance et fait réaliser que je pouvais sauter n’importe quelle épreuve dans le monde. C’est le meilleur cadeau qu’un cavalier puisse recevoir. Truman passera le reste de ses jours à vivre sa meilleure vie au sein de l’écurie Millar Brooke. Il vit avec ses amis sur plus de deux-cent-quarante hectares d’herbe. Il est bien entouré, d’amis humains et équins, pour l’occuper et prendre soin de lui. Le voir enrobé, heureux, en pleine forme et profiter de sa retraite nous apporte beaucoup de joie, à Ian, Dan et moi. Il l’a plus que mérité. Pendant longtemps, je ne voulais pas aller en concours si Truman n’était pas dans le camion. Truman, je penserai à toi à chaque reconnaissance. Il n’y a plus de place pour le doute parce que les obstacles sont trop hauts : je rigolerai et saurai que je peux le faire. Parce qu’on l’a fait ensemble. Je t’aime, Truman.”
Avant de rejoindre définitivement la famille Millar en 2017, Truman a connu plusieurs cavaliers : Sarah Tilhos, et Maëlle Martin qui l’ont formé en France et l’ont lancé vers une brillante carrière, puis Tiffany Foster, Grégory Wathelet, Nicolas Mignon et Yann Candele, aux rênes desquels il a fait de brèves apparitions en 2015 et 2016. En mars, le hongre bai de seize ans, a foulé pour la dernière fois de sa vie une piste internationale, à Wellington, où il a conclu un Grand Prix 2* avec une faute au compteur. S’il est bien enregistré au stud-book Selle Français et né en France, Virtuose Breil, de son vrai nom, a une large part de sang étranger. Son père, Mylord Carthago, a été croisé Kastana, une fille du Mecklembourgeois Kolibri. Issu d’une lignée maternelle modeste, le bai a toutefois une sœur utérine, Umea du Kesset (Lagon de l’Abbaye) qui se consacre à l’élevage sous l’affixe breton de Kerliven et pourra, peut-être, faire perdurer cette belle histoire et les qualités de son frère utérin.
Ca bouge chez Philippe Rozier
Alors qu’il accueille cette semaine la dernière étape du circuit de la Ligue des nations Longines à Gassin, Philippe Rozier enregistre des mouvements d’ampleur dans son piquet. Tandis que Dirty Sweet et Ilton de Saint Jean seront présentés lors de la vente aux enchères Parido, aux côtés de plusieurs autres montures de très haut niveau, Night Light van’t Ruytershof et Invincible Riverland ont d’ores et déjà rejoint de nouveaux pilotes ! Comme Corsini vd Keihill au printemps, le premier a intégré les écuries de Titouan Schumacher. Doté d’excellentes origines, puisque frère utérin des gagnants en Grand Prix 5* Messi et Luna van’t Ruytershof et descendant de la matrone Carthina, il a concouru jusqu’en Grand Prix 4* avec Philippe Rozier. Monté par Yannick Gaillot à cinq et six ans, le fils du clone Gemini était associé au cavalier de Bois-le-Roi depuis 2020. Il a fait ses débuts avec son nouveau pilote début septembre, à Lierre, et s’est classé dans une épreuve à 1,40m. Depuis toujours, Philippe Rozier fonde beaucoup d’espoirs en son gris, dont il détient la moitié de la carte de propriétaire. Gageons qu’à douze ans, l’heure soit venue pour lui de révéler tout son potentiel.
Il y a plusieurs mois déjà, et comme il l’avait annoncé dans les colonnes de GRANDPRIX, Philippe Rozier a également confié le champion de France des six ans 2024 à Eden Leprevost-Blin-Lebreton. Depuis mai, Invincible Riverland, désormais âgé de sept ans, concourt avec la vice-championne d’Europe Jeunes cavaliers, après avoir effectué sa formation aux côtés de Camille Bourre, Robin Le Squerren et Adrien Bonneau. Le gris est un fils d’Untouchable 27 et d’une mère par Lifestyle, sur la souche de Quidam de Revel. Pour Philippe Rozier, soixante-deux ans, la compétition se poursuit avec son cher Le Coultre de Muze, mais aussi avec Prestigio La Silla, Enzo Louvo ou encore le jeune Hykem de Menjo, huit ans.
Ingrid Gjelsten se met en retrait
Sur ses réseaux sociaux, Ingrid Gjelsten a annoncé un changement de cap radical, mardi 16 septembre. “Un chapitre se ferme, un autre commence. Après beaucoup de réflexion, j’ai décidé de mettre ma carrière de cavalière de saut d’obstacles en pause”, a-t-elle fait savoir, après avoir pris le départ de son dernier CSI début août, lors de l’étape londonienne du Longines Global Champions Tour. “Cela a été l’une des décisions les plus difficiles qu’il m’ait été donné de prendre, ce sport ayant façonné ma vie, mon identité et mes rêves pendant tant d’années. Il est temps de prendre du recul et de me concentrer sur de nouveaux défis et opportunités, en dehors des pistes. Même si je ne concourrai plus à haut niveau, mon amour pour le sport et les chevaux resteront toujours une grande part de qui je suis.” La Norvégienne a profité de cette annonce pour remercier les personnes qui l’ont entourée dans cette aventure, débutée en 2016 sur la scène internationale, mais aussi les chevaux qui ont croisé sa route, et en particulier Edgar son “cheval de cœur”, celui qui a rendu ses rêves réalité.
Au départ de deux championnats d’Europe Juniors puis de deux en Jeunes cavaliers, Ingrid Gjelsten a gravi les échelons jusqu’à sauter le Grand Prix Coupe du monde d’Oslo fin 2024, marquant sa seule apparition dans une épreuve de ce niveau. Aidée par plusieurs excellents chevaux, acquis par ses soins et ceux de sa famille, la Norvégienne s’est imposée jusqu’en Grand Prix 4*, aux côtés de l’olympique VDL*Edgar M, ancien partenaire à succès de Marlon Modolo Zanotelli disparu prématurément en décembre 2024. Sous sa selle, sont aussi passés, plus ou moins longuement, Like A Diamond vh Schaeck, brillante avec Marlon Modolo Zanotelli mais absente des pistes internationales depuis avril 2024, Napoli vh Nederassenthof, d’abord révélé par Jérôme Guéry et désormais associé à Andreas Schou, son fidèle Jackson vd Bisschop, I Know, gagnant du Grand Prix 3* du CSIO de Deauville en 2022 et troisième de celui du CSI 5* de Rome en 2023 avec Andreas Schou et passé aux rênes de Jana Wargers depuis le début de l’été, le compétitif Alibi de la Roque, ou encore Nevado de Toluca, très prometteur à neuf ans avec Jana Wargers. La jeune amazone, âgée de vingt-quatre ans, n’a pas encore donné davantage de précisions quant à ses futurs projets.
Steve Guerdat de nouveau sur la touche
En immense compétiteur qu’il est, Steve Guerdat a tout fait pour honorer le CSIO 5* de Calgary de sa présence. Pourtant, depuis le CSI 5* de Dinard, où il avait été contraint d’écourter son week-end de compétition, le Suisse souffrait du dos. Après sa troisième place sur Venard de Cerisy au Canada, le champion olympique de Londres va devoir observer une nouvelle période de repos et prendre soin de sa santé. Déjà opéré d’une hernie discale en début d’année, ce qui l’avait poussé à renoncer à la finale de la Coupe du monde Longines de Bâle, sur ses terres, l’ancien numéro un mondial devra repasser sur la table et prendre son mal en patience avant d’envisager son retour en selle, sans doute juste à temps pour défendre ses chances au CHI de Genève. “J’ai malheureusement dû être à nouveau opéré du dos jeudi 11 septembre. En effet, tout se passait bien et je me sentais de mieux en mieux depuis ma reprise, mes chevaux en pleine forme m’ayant évidemment beaucoup aidé, mais lors du concours de Dinard, les douleurs sont revenues à la fin de mon parcours du vendredi. Il ne m’était plus possible de monter et je suis rentré faire des examens qui ont montré une récidive. Il peut arriver, dans certains cas, que le disque opéré ressorte. Beaucoup de gens m’ont conseillé et nous avons essayé plusieurs thérapies alternatives afin d’éviter une nouvelle opération, mais malheureusement cela n’a fait que de s’aggraver. J’ai demandé l’avis de nombreux spécialistes différents à travers le monde, et tous sont venus à la même conclusion : qu’il n’y avait plus d’alternative à l’opération. J’ai demandé à toute mon équipe, aussi bien aux écuries qu’à ceux qui s’occupent de ma santé, de tout mettre en œuvre afin que je puisse participer au Grand Chelem Rolex de Spruce Meadows, que je ne voulais manquer pour rien au monde. Grâce à eux et à mes fantastiques chevaux, nous y sommes parvenus. C’était génial !”, a expliqué Steve Guerdat par voie de communiqué en début de semaine. “Je suis entré à l’hôpital dès mon retour et l’opération s’est bien passée. Je suis maintenant rentré à la maison et me voilà donc à nouveau au-devant d’une longue convalescence. Je suis impatient de commencer ma remise en forme et me réjouis déjà, même si le temps passe très lentement, de pouvoir remonter mes chevaux et de vous retrouver en concours. En attendant, un grand merci à tous. C’est un privilège de pouvoir compter sur une telle équipe, de tels chevaux et votre inconditionnel soutien.”
Marlon Modolo Zanotelli trouve son bonheur à la Grande Semaine de Fontainebleau
Chaque année, la Grande Semaine de saut d’obstacles représente un tremplin commercial rêvé. Son édition 2025 n’a pas fait exception, avec de nombreux chevaux vendus, en France comme à l’étranger, pour continuer d’explorer et exprimer leur potentiel. L’équipe d’Ashford Farm est très justement tombée sous le charme de Cash The First des Rosiers, un excellent fils de Cashpaid vu à son avantage dans la Chasse du championnat réservé aux sept ans, sous la selle de Carla Mateu Rapinat. Sans perdre de temps, le talentueux alezan a rejoint ses nouvelles écuries… et fait connaissance avec son nouveau cavalier, le Brésilien Marlon Modolo Zanotelli ! Engagé à Riesenbeck, dans les épreuves jeunes chevaux, le néo-duo a fait ses débuts en compétition la semaine dernière, à l’occasion de deux parcours à 1,35m. Élevé par Herik Duran, le hongre Zangersheide était monté par le duo mère-fille Anne Rapinat et Carla Mateu Rapinat depuis 2023, après avoir fait quelques apparitions outre-Quiévrain avec Peter Boelens, Florent Nicaise et Boris Mauroy.
À l’occasion du CSI de Riesenbeck, le Brésilien a également fait ses débuts avec Pepitto van het Bokt, un fils de Thunder vd Zuuthoeve de dix ans, jusqu’alors sous la selle de Marc Dilasser, qu’il avait rejoint après avoir évolué aux côtés de Skye Higgin, Edouard de Rothschild, Jack Ryan ou encore Frank Schuttert.
Transfert inattendu pour ESI Rocky !
Alors que tout semblait prédire ESI Rocky et Seamus Hughes Kennedy à poursuivre leur belle histoire, qui les a conduits d’une double médaille d’or aux championnats d’Europe Jeunes cavaliers à une brillante cinquième place lors de l’échéance continentale Séniors de La Corogne cet été, leurs chemins ont pris deux directions différentes. Le bai à l’immense talent, qui a réalisé une saison 2025 fabuleuse dans la cour des très grands, a été acquis par Anastasia Nielsen, championne d’Europe Juniors et déjà fort bien équipée, a appris Worldofshojumping, vendredi 12 septembre.
S’il a fait ses armes en compétition sous la selle de Shane Dalton, ESI Rocky n’a jamais été bien loin de Seamus Hughes Kennedy et sa famille. De sa naissance à ses dix ans, le fils de Stakkato Gold, élevé par la grande famille Hughes, n’est jamais sorti de son cocon quotidien. Très vite, son potentiel s’est fait sentir, jusqu’à ce que la chenille ne devienne définitivement papillon cette saison. Ensemble, le petit-fils de For Pleasure et son cavalier ont vécu leur première année parmi l’élite. Impeccable lors de ses trois épreuves courues au CHI de Genève en décembre 2024, le couple s’est classé deux et quatrième de deux Grands Prix 4* à Vejer de la Frontera en début d’année, puis quatrième du Grand Prix du CSIO 5* de Rome, avant de signer un double zéro dans la Coupe des nations de La Baule, remportée par l’Irlande, et de se montrer à son avantage dans la Ligue des nations de Rotterdam (4+1). Face à cette régularité, Michael Blake a donné leur chance aux deux complices pour les Européens de La Corogne. Trois semaines plus tard, ils signaient un ultime double zéro, à domicile, lors de l’épreuve collective du CSIO 5* de Dublin. Cet événement, si cher au cœur des représentants de l’île d’Emeraude, restera la dernière apparition d’ESI Rocky aux rênes de Seamus Hughes Kennedy, et le dernier grand rendez-vous partagé par le bai et sa groom, la sympathique Georgia Kelly, qui le chérissait comme la prunelle de ses yeux.
“ESI Rocky a été un cheval incroyable pour ma famille, notre équipe et moi. Nous avons hâte de le voir poursuivre sa carrière avec ses nouveaux propriétaires. J’aimerais remercier grandement toutes les super personnes et sponsors qui nous ont aidé tout au long de cette aventure ces dernières années”, a commenté le discret et réservé Seamus Hughes Kennedy. Auprès de Worldofshowjumping, la famille Nielsen a expliqué qu’Anastasia était une “admiratrice de longue date de Rocky”. Pour se donner les moyens d’accomplir ses rêves, la jeune Monégasque avait déjà investi dans plusieurs montures de choix, dont Dark Chocolate 48, ancien partenaire de Denis Lynch, ou encore l’excellent Franco 79, remarqué aux Européens de Milan en 2023 avec Mathias Nørheden Johansen. La famille Nielsen avait également fait l’acquisition de Bentley de Sury, depuis revendu à Cian O’Connor et ses investisseurs. Après avoir fait ses débuts à 1,60m l’an dernier, l’amazone de dix-neuf ans a disputé plusieurs étapes de la Global Champions League cette année et ne devrait pas tarder à affronter son premier Grand Prix 5*... avec ESI Rocky ou un autre complice !
Beau de Laubry, d’un Tricolore à un autre
Sous la selle de Kevin Staut, Beau de Laubry, représentant de la souche belge de La Belle van Sombeke, a connu une éclosion rapide au plus haut niveau. À dix ans, en 2023, l’excellent Zangersheide s’imposait dans le Grand Prix Coupe du monde de Stuttgart, après avoir accumulé plusieurs classements dans des épreuves de même niveau les mois précédents. En grande forme, le bai, qui a débuté la compétition à cinq ans en Belgique avec Thibaut Huyvaert avant de passer aux rênes de Matthieu Bories puis Vincent Leboeuf en France, a enchaîné. À l’exception d’une chute dans la seconde manche de la Ligue des nations d’Ocala, puis d’une autre élimination dans le Grand Prix 5* de Hambourg, la saison 2024 a été plutôt fructueuse pour le duo, qui a notamment empoché l’épreuve reine du CSI 5* de Dinard durant l’été. En fin d’année, après une nouvelle incompréhension à Barcelone, le fils de Bisquet Balou van de Mispelaere a dit stop à Genève, où il a semblé gêné physiquement. De retour en début d’année après une pause bénéfique de trois mois, le hongre n’a pas retrouvé l’alchimie qui l’unissait à Kevin Staut, son cavalier depuis l’automne 2022. Sagement, le Normand a décidé de mettre un terme à sa collaboration avec le grand bai. Après quelques parcours aux côtés de Vincent Leboeuf, son ancien complice, Beau de Laubry a intégré le piquet de Julien Anquetin ! Avec le Tricolore, il a fait ses débuts la semaine dernière, à Compiègne, de bonne manière. Engagé dans de petites épreuves afin de prendre ses marques, le couple a bouclé le Grand Prix 1* à 1,35m par un très bon sans-faute, qui sera, souhaitons-leur, le premier d’une longue série. Cette arrivée est une excellente nouvelle pour Julien Anquetin, qui partage son temps et son piquet de chevaux entre les Etats-Unis, où il participe au circuit de la Major League, et le Vieux Continent.
Du mouvement dans le piquet des Dames de fer
Qu’ont en commun Edwina Tops-Alexander et Janne Friederike Meyer-Zimmermann ? Si toutes deux portent la veste des Iron Dames, notamment sur la Global Champions League, elles ont aussi récemment enrichi leur piquet respectif. La première a récupéré non pas une mais deux nouvelles montures. De quoi, peut-être, la propulser à nouveau sur le devant de la scène. L’Australienne a ainsi pris les commandes de Iron Dames*Cydello, passé sous la selle de Katrin Eckermann il y a peu après avoir brillé aux côtés de Richard Vogel, révèle Worldofshowjumping. Le styliste alezan par Cascadello a remporté onze épreuves internationales jusqu’à présent, dont plusieurs Grands Prix 3 et 4*. En juin, il terminait neuvième du Grand Prix Rolex du CSIO 5* de La Baule, puis quatrième du temps fort du Longines Global Champions Tour de Paris, avant de s’octroyer une onzième place à Dinard un mois plus tard avec Katrin Eckermann, qui voyait en lui le potentiel d’un cheval de championnat. Cydello, onze ans, croisera désormais Caetlin vd Heffinck, dix ans, dans ses nouvelles écuries ! En effet, Edwina Tops-Alexander est la nouvelle cavalière de l’ancienne pépite d’Alexa Ferrer récemment vendue. La paire a fait ses débuts à Kronenberg, à l’occasion d’un CSI 2*, la semaine dernière et a conclu son premier Grand Prix 2* par un sans-faute dans l’acte initial. Ces deux recrues de taille, en plus du jeune Moulin Rouge, KWPN de huit ans par Chacoon Blue déjà vu à 1,50m avec Lynn Bloemer, son ancienne cavalière, pourront épauler puis prendre la relève des fers de lance Fellow Castlefield, quinze ans, et Corelli des Mies, quatorze.
Elle aussi soutenue par Iron Dames, à qui appartiennent nombre de ses montures, Janne Friederike Meyer-Zimmermann s’est vu accorder la confiance de nouveaux propriétaires. Greta I, alias My Lady Lavista, ancienne monture de Conor Swail, a retrouvé ses terres allemandes natales. La grise par Mylord Carthago a intégré les mêmes écuries que Messi van’t Ruytershof, Iron Dames*Dubaï du Cèdre & co. Jusqu’à présent, elle a évolué avec succès jusqu’à 1,60m, hauteur à laquelle elle a décroché deux cinquièmes places en Grand Prix 5* l’an dernier. Iron Dames*Calvino II de Nyze, quant à lui, a quitté le piquet de l’Allemande durant l’été. Exceptionnel partenaire de Thibeau Spits, l’étalon bai est désormais associé à Angelica Augustsson Zanotelli. Après avoir révélé son immense potentiel aux yeux du monde entier à neuf ans, le fils de Calvaro n’a disputé qu’un unique Grand Prix 5* depuis mai 2024 et sa dernière apparition sous couleurs belges.
Photo à la Une : Classée dans deux Grands Prix Coupe du monde avec Henrik von Eckermann en début d'années, Azaria Dinero va désormais se consacrer à la reproduction en Italie. © Mélina Massias