Harold Boisset et Quolita Z, parcours atypique vers les sommets.
A Maubeuge hier, Harold Boisset a remporté sa première victoire en Grand Prix *** grâce à sa petite Quolita Z (Quasimodo Z x Ramiro x Nimmerdor) dans un difficile Grand Prix où seuls trois couples se sont qualifiés pour le barrage.
«Nous avions acheté Quolita en janvier de ses 4 ans sur les conseils d’Erik De Winter. C’est une petite jument d’1m53 qui avait montré de très bonnes choses en liberté en sautant très fort mais nous l’avions acquise à la base pour le club hippique en nous disant que ce serait très bien. Fin avril, nous avons néanmoins eu la mauvaise surprise de découvrir qu’elle était pleine. Lorsqu’Erik s’est renseigné, il s’est avéré que la jument avait été saillie mais avait été déclarée vide. Malheureusement, nous ne sommes pas éleveur, nous n’avons pas de prairie. Nous avons donc décidé de la mettre dans le Gers.
Malheureusement, le poulain est mort un peu après sa naissance. C’est dommage car il aurait eu 6 ans aujourd’hui. J’ai finalement débuté Quolita dans les 5 ans car je débute l’ensemble des chevaux que nous avons que ce soit ceux dont on espère qu’ils pourront continuer avec moi ou ceux que nous formons pour les clients du club. Au fur et à mesure des années, nous écrémons au fur à mesure en fonction de si les chevaux me sont destinés ou s'il s’agit de chevaux pour une clientèle amateur. Même si je ne cours pas spécialement après le cycle, Quolita a sauté les 5 ans pas mal du tout en faisant deux sans-faute sur trois parcours. A six ans, nous avons un peu plus poussé et elle a fini dans les meilleures 6 ans de sa génération en remportant le CIR et en gagnant l’épreuve de vitesse le deuxième jour à Fontainebleau lors du championnat où elle commet une faute à la finale. A 7 ans, nous sommes allés au championnat du monde de Lanaken où nous avons gagné la vitesse le premier jour avant de finir 9ème de ces championnats avec une faute à la finale. L’an dernier, nous avions déjà reçu de belles offres pour elle notamment après sa 6ème place dans le Grand Prix*** de Bourg en Bresse mais c’est une jument qui appartient à une association et nous sommes plus intéressés par le sport que le commerce. Nous la préservons donc dans cette optique pour que cela fasse de belles histoires.
Personnellement, c’est ma première victoire en Grand Prix*** après avoir déjà obtenu deux classements dont une 4ème place l’an dernier à Vichy avec Palese St Loise, une fille de Quidam de Revel (ndlr : issue d’une sœur utérine de Le Prestige et Maestro St Lois) qui est passée comme second cheval derrière Quolita aujourd’hui. Malgré sa petite taille, c’est Quolita qui est aujourd’hui mon cheval d’avenir. Ce n’est pas classique mais je monte énormément de chevaux et lorsqu’on est dessus, on ne sent pas la différence avec un grand cheval. Sans jamais avoir été démonstrative, elle avale les obstacles d’un mètre cinquante comme ceux d’un mètre trente avec une grande foulée pour un petit cheval. Je ne la sens pas à la peine du tout. Mon objectif est néanmoins de durer et pas seulement d’avoir réalisé une performance. Philippe Guerdat avait déjà eu l’occasion de la voir à l’œuvre à Cagnes sur Mer où elle avait gagné une épreuve 1m50 et ici, il a pu la revoir un peu plus sur un terrain en herbe assez gras. Le terrain est resté bon tout le week-end et s’est même amélioré dimanche avec le beau temps sinon il restait néanmoins un peu profond et cela mettait évidemment les chevaux un peu plus à l’effort que s'il avait fait sec. Nous devrions en principe participer à la coupe des nations de Lisbonne. C’est véritablement un rêve qui se réalise pour moi. Cela faisait partie de mes objectifs depuis un an et demi. Aujourd’hui, la jument a dix ans, elle a pris de l’expérience et moi aussi. Nous tournons bien tous les deux et c’est certainement le bon moment. Ce n’est que du bonheur pour nous car quand on vise le sport … on espère évidemment disputer des coupes des nations.
J’ai la chance aujourd'hui de travailler pour le club où j’ai fait mes débuts en équitation, au centre équestre Montpellier Grammont. C’est un véritable centre équestre avec des leçons du débutant aux galops 7 ainsi qu’aux propriétaires. Par rapport au niveau de concours que je fais actuellement même si ce n’est pas encore du 5 étoiles évidemment, j’ai quand même une organisation un peu spéciale dans le sens où s’il faut aller aider à seller des poneys ou aider à faire des boxes, je vais le faire ! Je touche un peu à tout même si aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir une cavalière qui monte un peu les jeunes chevaux avec moi et nous avons désormais une monitrice qui s’occupe également un peu des propriétaires car je ne peux pas faire les concours tout le temps avec eux! C’est principalement ce qui a changé par rapport à avant mais lorsque je suis à la maison, je m’occupe toujours des propriétaires avec elle car nous travaillons en équipe.
Finalement, c’est un système un peu à l’image de ma jument : atypique. Ca ne me dérange pas et je ne suis pas sûr que j’aimerais uniquement monter à cheval. Aujourd’hui, je n’ai pas de groom avec moi, je prépare mes chevaux moi-même et je préfère faire ça que de descendre d’un cheval pour monter sur un autre qui est déjà prêt. Je monte néanmoins entre huit et douze chevaux par jour. Nous avons 18 jeunes chevaux entre 4 et 6 ans et 12 vieux chevaux ainsi que 40 chevaux de propriétaires. Nous sommes quatre personnes pour sortir tout ce petit monde donc nous nous occupons bien. C’est sûr que dès le retour à l’écurie, ça remet vite l! es pieds sur terre. Ici, comme c’est un peu loin, je n’ai repris la route que ce lundi matin et dès mardi, comme nous organisons un concours national aux écuries, je vais aider à monter le bar, les tentes. Cela me donne un bon équilibre dans ma vie. Je sais d’où je viens et ce que j’ai fait. Ce chemin, je ne l’ai pas fait tout seul, on m’a aidé mais aujourd’hui dans ma façon d’être et de penser, je pense que nous sommes des gens normaux. Sophie Della Valle est la directrice de cette association dont je suis salarié. C’est une magnifique histoire puisque j’ai commencé à monter là-bas et je suis toujours resté là-bas. Je suis arrivé lorsque je devais être en CE2 pour prendre des leçons comme beaucoup d’autres enfants, nous sommes aujourd’hui aux trois étoiles et nous allo! ns essayer d’aller au plus haut que nous pouvons en gardant notre façon de faire.
Pour en revenir à ce Grand Prix, le temps était très serré. Le début du parcours était « normal » dans la hauteur mais en fin de tour, il y avait des obstacles que je trouvais personnellement très gros. Je pense que quelques couples se sont fait prendre dans la course au temps et fin de tour, il y avait deux droits placés dans la descente qui ont amené pas mal de fautes bêtes. Il y a évidemment des fois où l’on aurait pu avoir 12 sans-faute sur le même parcours, ça, je ne saurais pas juger cela fait partie de ces incompréhensions de ce sport. Il y avait un beau plateau, Julien Epaillard remporte les deux autres grosses épreuves et fait une faute toute bête en fin de parcours … c’est un sport où parfois la chance joue et aujourd’hui, elle était de mon côté. J’ai eu la chance de passer en seconde position lors du barrage où j’ai vu la fin du tracé de Nicolas Deseuzes. Il y avait une option avant la combinaison, le reste étant sur un tracé serré. Je pense que si il n’avait pas pris l’option avant le double, je ne l’aurais pas prise non plus mais du coup, je suis un compétiteur alors même si j’hésitais à la prendre, je savais que je n’avais aucune chance de le rattraper sans passer par là. Du coup, j’ai pris le même tracé mais ma jument a été plus rapide que lui. La qualité première de Quolita, c’est avant tout son incroyable respect mais également une tête en or. Elle ne se pose jamais de question, c’est une véritable guerrière. Pour moi, la combinaison était la difficulté du parcours alors évide! mment un virage serré pour aborder un double vertical, une foul! ée, oxer pour elle qui est petite, ça demande quand même un gros effort mais en fait, elle l’a fait d’une manière formidable alors qu’en plus, je n’étais pas entré au mieux. Elle n’est pas démonstrative sur les sauts mais avec sa petite taille, elle est très rapide au sol et du coup, elle ne perd pas de temps en l’air. Elle me surprend encore. Lorsque je la marche, je me dis souvent : « Ce n’est pas possible quand même ». Je la connais depuis le début mais je me dis toujours qu’à un moment, elle va peut-être trouver ça difficile mais honnêtement, je ne l’ai pas encore senti forcer. Maintenant, je pense qu’il faut faire les choses progressivement car le plus important à préserver chez un cheval après la santé, c’est quand même le mental. Je verrai donc au fur et! à mesure mais elle m’impressionne dans son tempérament : c’est une vraie guerrière. »
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