À La Corogne, le public a bien cru assister à une victoire inattendue ! Déjà excellents vendredi dans la première épreuve majeure du week-end, Jesus Garmendia Echevarria et l’agile Callias ont longuement tenu la tête des opérations et poussé plusieurs favoris à la faute, avant d’être battus par deux couples. Avec son fidèle et maniable Coby 8, Philipp Weishaupt a finalement eu le dernier mot et achevé son année sur une note positive, tandis que Robert Whitaker et Vermento ont une nouvelle fois prouvé leur bonne forme en se hissant au deuxième rang. Chacun des couples figurant sur ce podium entretient, d’une façon ou d’une autre, un lien étroit avec Colman, grand-père paternel de Callias et Coby 8.
En ouvrant ses portes à quatorze couples, le barrage du Grand Prix support de la Coupe du monde Longines de La Corogne a réservé son lot de surprises, dimanche 8 décembre. Face à la pression du chronomètre, certains cadors ont craqué, à l’image de Maikel van der Vleuten et Beauville, doubles médaillés de bronze olympiques en individuel et récents troisièmes de l’étape madrilène du circuit hivernal de la Fédération équestre internationale (FEI), ou pire encore, avec la dérobade de King Edward Ress, l’un si ce n’est le meilleur cheval du monde actuellement, sur l’ultime oxer du parcours. L'alezan, de retour après quelques semaines de pause, a visiblement été décontenancé par une prise de risque totale de son cavalier, Henrik von Eckermann, numéro un mondial pour le vingt-neuvième mois consécutif en décembre.
En tête une longue partie du barrage, Jesus Garmendia Echevarria a bien cru réaliser le hold up de l’année et empocher la plus belle victoire de sa carrière après un barrage sensationnel sur son bondissant petit gris, Callias, un Holsteiner de treize ans. Le hongre participait à son cinquième CSI 5*-W seulement, après avoir disputé celui de Madrid en 2023 et 2024, ainsi que celui de La Corogne ces deux dernières années. Jusqu’à présent, il n’avait jamais réussi à réaliser un clear round à 1,60m mais en a enregistré deux ce soir, sur les parcours de Santiago Varela. Né chez Sven et Lothar Völz, Callias est un fils de Campaniero (Colman), qui ne compte qu’une soixante de produits sur la base de données Horsetelex ! Outre le complice de Jesus Garmendia Echevarria, Campaniero est aussi le père de Gammelgaards Carola, complice du Français Grégory Cottard. Surtout, Callias est le frère utérin de Cascos (Colman), le tout bon étalon gris que monte Ramatou Ouedraogo.
Aussi agile qu’un félin, Callias, deuxième de l’épreuve majeure de vendredi, a arrêté le chronomètre en 37’’19, améliorant de plus d’une seconde le premier temps de référence du jour, œuvre de Rain Man. Ce fils de Chacco-Blue et petit-fils de l’excellent père de mères qu’est Pilot, comme l’indique son nom de naissance, Chacco’s Pilot, s’est déjà classé troisième du Grand Prix Longines la veille aux rênes de l’Espagnol Iván Serrano Sáez. Alors qu’il avait déchaîné la foule et repoussé les attaques de la plupart de ses principaux rivaux, Jesus Garmendia Echevarria s’est avoué vaincu après la prestation à peine croyable de Philipp Weishaupt. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, l’Allemand et son fidèle Coby 8, qui l’accompagne depuis cinq ans et demi, ont bouclé un double zéro supersonique, grâce à des courbes parfaitement négociées. Malgré une foulée décroissante et un abord très proche pour franchir l’ultime oxer du tracé raccourci, le fils du sous-coté Contagio (Colman) a tout donné pour son cavalier et pour rallier l’arrivée sans pénalité. Résultat ? 36’’11 et un résultat sans appel. Décidément, les parcours du jour étaient tracés pour les petits-fils de l’excellent Colman, que connaît bien, par alliance, le cavalier du jour, qui a eu l’honneur de s’assoir sur le dos d’un de ses meilleurs fils, le génial LB*Convall.
“C’est incroyable. J’ai vécu une bonne année 2024, sans qu’elle ne soit formidable pour autant”, a réagi le cavalier des écuries Beerbaum, qui a récemment perdu ses deux chevaux de tête, Zineday, parti pour les écuries d’Eve Jobs, et Mescorial PS, passé aux rênes de Jorge Matte Capdevila en septembre. “C’est ma première victoire en Grand Prix 5* de la saison et c’était ma dernière chance d’en obtenir une, puisque La Corogne est mon dernier concours de l’année. Je suis aux anges. Coby est un battant. J’ai dû l’employer un peu au premier tour, mais il sait ce qu’il doit faire au barrage. C’est un plaisir de le monter face au chronomètre parce qu’il est très rapide. Je n’ai pas vraiment de plans pour la Coupe du monde cette saison. Je suis juste venu à La Corogne car il s’agit de l’un de mes événements préférés. Coby y avait remporté le Grand Prix (Longines, ndlr) il y a deux ans. Mais après cette victoire, je vais sans doute devoir parler à mon chef d’équipe, Otto Becker, et revoir mes plans !” Ces dernières semaines, Philipp Weishaupt s’est montré très discret sur la scène internationale. Depuis juin, il n’a participé qu’à seize événements, donc dix CSI 5* et les Jeux olympiques de Paris. Ce joli cadeau de Noël en avance devrait assurément lui permettre de profiter des fêtes avec sérénité.
Dernier à tenter sa chance au barrage avec Vermento, Robert Whitaker aurait pu succéder à son compatriote Harry Charles, vainqueur de cette même épreuve en 2023 avec Novio vd Donkhoeve. Mais ses efforts et ses prises de risques sur la deuxième moitié du parcours ont été vains. “Je suis ravi du comportement de Vermento. Il a sauté de façon incroyable. Je crois que je n’aurais pas pu être plus rapide”, a analysé l’Anglais. “La ligne du 1 au 2 aurait pu être un peu plus fluide, mais Philipp et Coby sont de toute façon très rapides. Être deuxième est très bien ! Vermento est en pleine forme ; il est très régulier et signe beaucoup de sans-faute, notamment dans les étapes de la Coupe du monde et les Grands Prix. Il était très proche de remporter le Grand Prix de samedi, mais une erreur de ma part l’en a empêché. Aujourd’hui, j’ai mieux monté ! Nous irons à Londres, avant de prendre une petite pause pour la nouvelle année.” Le puissant fils d’Argento, ancienne star de son père, John, est né chez la famille Whitaker. Lauréat de son premier Grand Prix 5* lors du CSIO de Hickstead en 2023, Vermento s’était déjà distingué il y a quelques semaines, en s’imposant sur l’étroite piste intérieure d’Helsinki, hôtesse de la deuxième étape de la ligue d’Europe occidentale Longines de la Coupe du monde. Si son étalon de onze ans n’a pas de lien direct avec Colman, définitivement l’étalon de cette épreuve, Robert Whitaker a aussi entretenu un lien particulier avec le fils de Carthago, père de son cher Catwalk, avec lequel il a écrit quelques unes des plus belles lignes de son palmarès. La disparition de ce dernier, survenue fin 2022, avait d’ailleurs profondément marqué son cavalier, qui a trouvé en Vermento le partenaire idéal pour retrouver les sommets.
Entre les deux héros locaux du jour, Hans-Dieter Dreher a accroché une place choix, la quatrième, avec son brillant Elysium, ni Ziroquado T, un fils de Quamikase des Forêts. L’Allemand n’est pas passé loin de conclure son week-end en apothéose, après avoir imposé son Selle Français Vestmalle des Cotis dans les deux autres épreuves majeures de l’événement espagnol, vendredi et samedi ! Les trois autres double zéro de ce Grand Prix Coupe du monde sont à mettre au crédit de Kim Emmen et Imagine, sixièmes, Pieter Devos et Primo DV, nouvelle pépite à émerger de son élevage maison, septièmes, et Marco Kutscher et son génial Aventador S, huitièmes.
Au classement général du circuit, Kevin Staut est toujours en tête, désormais talonné par Robert Whitaker. Suivent Richard Vogel, Grégory Wathelet, Steve Guerdat, Pieter Devos, Hans-Dieter Dreher et Max Kühner, qui ont chacun fait plus de la moitié du chemin vers une qualification pour la finale, qui se déroulera en avril à Bâle.
Le classement général provisoire complet de la ligue d’Europe occidentale après sept étapes.
Photo à la Une : Pas besoin de guêtres postérieures pour Coby 8. © Mackenzie Clark / FEI