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Martin Fuchs décroche les étoiles à Calgary avec son infatigable Leone Jei

Leone Jei Calgary
lundi 11 septembre 2023 Mélina Massias (avec communiqué)

Un dernier saut pour la gloire. Impeccable de bout en bout dans le très exigeant Grand Prix CSIO 5* Rolex des Spruce Meadows Masters, à Calgary, Leone Jei, né Hay El Desta Ali, a offert un moment inoubliable à son cavalier, Martin Fuchs. Confrontée à un seul autre couple au barrage, formé par Tiffany Foster et son excellent Figor, né Quindoctro, la paire suisse a tout donné, avant d’exploser de joie avant même d’avoir touché terre à la réception de l’ultime oxer qui se dressait sur sa route. En laissant toutes les barres sur leurs taquets, le numéro cinq mondial a conquis un Grand Prix supplémentaire, qui ne faisait pas encore partie de sa collection. Bertram Allen, qui aurait aimé en faire autant avec Pacino Amiro, a dû se contenter de la troisième place, après une faute en deuxième manche.

Un premier sans-faute arraché à la sueur de son front après sept sauts sans étrier, un deuxième parcours parfois un peu haché, et un dernier obstacle franchi la main levée en l’air, avant même la réception. La victoire de Martin Fuchs et Leone Jei, né Hay El Desta Ali chez Gjis van Mersbergen, dimanche 10 septembre dans le Grand Prix CSIO 5* Rolex de Spruce Meadows restera dans les annales. En triomphant à Calgary, le génial fils de Baltic VDL a remporté la troisième épreuve de ce niveau de sa jeune, mais déjà riche carrière et entre surtout en course pour le Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles. Prochaine étape ? Genève, où la paire est un peu comme dans son jardin, en témoigne leur victoire en 2021, et leur deuxième place l’année suivante.

Une victoire de plus dans la collection de Leone Jei et Martin Fuchs ! © Ashley Neuhof/Rolex Grand Slam

“C’est vraiment l’un de mes plus grands rêves de gagner ici. Mon père (Thomas Fuchs, qui est également son entraîneur, ndlr) est venu un bon nombre de fois et a obtenu de bons classements dans le Grand Prix à plusieurs reprises. Toutefois, il n’a jamais réussi à s’imposer. Il m’a dit qu’il s’agissait du meilleur concours du monde et que c’était là qu’il fallait gagner. Il m’a poussé à m’imposer à Calgary un jour et aujourd’hui est simplement formidable”, a déclaré un Martin Fuchs sincèrement ému. “Leone Jei est un cheval incroyable, doté d’un talent extraordinaire. Il a très bien sauté dans la première manche. Si bien même que je suis sorti de selle au-dessus des palanques avec les drapeaux canadiens et que j’ai perdu ma rêne et mon étrier gauches ! J’ai essayé de récupérer mon étrier mais je n’y suis arrivé que trois obstacles plus tard. Entre les deux tours, nous avons discuté de la possibilité de changer de mors, mais mon père m’a déconseillé de le faire. Il m’a dit qu’il me suffisait de mieux monter !”


Un câlin pour Leone Jei à la remise des prix, sous l'œil attentif de son fidèle groom, Sean Vard. © Sportfot




À seulement onze ans, Leone Jei fait indéniablement partie des plus grands. Champion d’Europe par équipe et médaillé d’argent à Riesenbeck, en 2021, onzième des Mondiaux de Herning en 2022, puis dixième de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha au printemps dernier, le KWPN ne rate rien, ou presque. Il y a dix jours, le gris s’est qualifié, de justesse, pour la finale des Européens de Milan, dont il n’a finalement pas pris le départ, son cavalier préférant le préserver pour Calgary, après avoir aidé la Suisse à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris. Chacun jugera de l’éthique de cette décision qui a fait couler beaucoup d’encre, notamment outre-Rhin, mais force est de constater qu’à l’instant présent, ce choix a payé. En Italie, Leone Jei a sauté trois parcours en compétition, dont la Chasse, ainsi qu’une épreuve warm-up. À Calgary, un parcours de chauffe jeudi a suffi à le mettre dans les meilleures conditions, avant d’enchaîner trois parcours exigeants dimanche, comme si de rien n’était, après avoir passé une bonne partie de ses journées dans les paddocks en herbe canadiens. Était-il préférable d’enchaîner les deux manches d’une très difficile Coupe des nations samedi, puis de s’aligner directement au départ du massif Grand Prix, comme bon nombre de ses concurrents l’ont fait ? Dans les deux cas, il ne reste plus qu’à espérer que les vaillantes montures qui se sont prêtées à ce jeu-là profitent, dans les semaines à venir, d’un repos salvateur et mérité. 

Le style spectaculaire de Leone Jei. © Sportfot

Beau moment entre Martin Fuchs et son ange gardien, Sean Vard. © Sportfot

Tiffany Foster à un crin de l’exploit

Après deux parcours sélectifs, où les fautes se sont enchaînées un peu partout, notamment sur l’enchaînement vertical-triple-oxer numéros 11, 12 et 13 au premier tour, deux couples ont tiré leur épingle du jeu, ouvrant les portes d’un barrage pour la deuxième année consécutive à Calgary. Première à tenter sa chance pour décrocher ce qui aurait pu être la victoire de sa carrière, Tiffany Foster a fait de son mieux sur son fidèle Figor, né Quindoctro, qui avait jusqu’alors survolé les tracés imaginés par Leopoldo Palacios. Déjà au départ de la Coupe des nations la veille, le couple est parti avec un bon rythme pour aborder sa finale au chronomètre. Une touchette sur le numéro 2 fait bondir le public tout acquis à sa cause, qui s’effondre définitivement lorsque la sortie du double, placé à l’ombre de l’un des grands arbres qui ornent l’atypique piste de Spruce Meadows, roule au sol. L’attachante Canadienne, partie de rien pour gravir un à un les échelons vers le haut niveau, n’a plus son destin en mains, mais garde son immense sourire, face aux tribunes combles. Surtout, l’amazone ne manque pas d’enlacer, en guise de remerciements, son incroyable fils de Querly Elvis, alias Zagreb. 

Déjà complètement fan de son Figor, Tiffany Foster ne pourra qu'être fière d'elle et de son complice après ce résultat exceptionnel à Calgary. © Sportfot

Derrière elle, Martin Fuchs ne laisse rien au hasard. À l'exception d’un joli tutoiement sur le premier élément du barrage, une large spa abordée tambours battant, rien ne tremble à Calgary. Le jeune Suisse donne de la voix pour franchir l’oxer, cinquième difficulté de tracé réduit, et poursuit sa route dans le même tempo. En avance sur le chronomètre de Tiffany Foster, ce qui lui permettrait de s’imposer même avec quatre points, Martin Fuchs aborde le dernier, s’envole vers les cieux et lâche ses rênes de la main gauche, pour la lever en l’air. Exultation. Le numéro cinq mondial envoie des baisers au ciel, retire son casque, puis se penche sur l’encolure de son fidèle Leone Jei. Ces quelques instants suspendus se poursuivent en sortie de piste. Sean Vard attend son complice, pour le récompenser directement sur le terrain. Martin Fuchs lui tape dans la main, puis regagne le paddock, serrant les mains de ses adversaires d’un jour, venus pour le féliciter, sans jamais ranger son large sourire ni éteindre sa joie intense. En forme étincelante depuis quelques semaines, Leone Jei, qui a changé d’embouchure en piste depuis un peu plus d’un mois, n’a pas volé sa victoire, loin de là, et a achevé de la meilleure des manières une excellente semaine canadienne pour son pilote, lauréat de deux autres épreuves avec Commissar Pezi et Bastille. Les trois montures du Zurichois ont bien mérité leur flot.

La célébration de Martin Fuchs a semblé durer pour l'éternité à Calgary. © Sportfot



Après son double zéro dans la Coupe, Pacino Amiro manque le barrage du Grand Prix

Lors de l’acte initial, composé d’obstacles vus sur d’anciennes grandes échéances, comme les cerisiers de Tokyo, les cygnes d’Herning ou encore le mur de Pékin, cinq paires ont quitté l’arène sur un score vierge. Steve Guerdat, Richard Vogel ou Yuri Mansur, dont les chevaux, Vénard de Cerisy, United Touch S et Cheyenne de la Violle ont montré d’excellentes choses, ou encore Ben Maher, associé à une Dallas Vegas Batilly très impressionnée et pas franchement à son aise sur cette immense piste, et Scott Brash, bien mal entré dans le triple avec Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof, ont échoué, d’abord à signer un clear round, mais surtout à revenir en deuxième manche, où douze couples étaient conviés. Outre Martin Fuchs et Tiffany Foster, Angelie von Essen a déroulé un premier parcours parfait aux rênes du Selle Français Alcapone des Carmille, né chez Carole Mille, tout comme Hans-Dieter Dreher, associé à l’excellent Elysium, et Bertram Allen, en selle sur le généreux Pacino Amiro, qui semblait bien aérien, notamment dans son geste postérieurs, après avoir son double sans-faute dans la Coupe la veille

De sortie en sortie, Elysium confirme toute sa qualité. © Sportfot

De retour en deuxième manche, les sept quatre points les plus rapides du premier tour ont peiné à mettre la pression sur les suivants. En effet, les fautes se sont enchaînées, sauf pour le Mexicain Andres Azcarraga et son étalon Contendros 2, neveu utérin d’un certain Codex One. Grâce à leur clear round en deuxième manche, les deux complices ont réussi une belle remontée, jusqu’au cinquième rang. Juste derrière eux, Nayel Nassar pourra s’en vouloir. L’Egyptien, en selle sur Coronado, n’a cette fois pas été couronné, comme il l’avait été il y a deux mois, lors de sa dernière sortie internationale, sur cette même piste. Auteur de deux des plus beaux parcours de l’après-midi, le couple a été terriblement malchanceux, d’abord sur le terrible vertical précédant le triple de l’acte initial, puis sur le… dernier du deuxième tour ! Une faute que le talentueux cavalier, qui a visiblement changé d’avis au dernier moment pour franchir l’imposante palanque blanche, qui pouvait être sautée à droite ou à gauche, ne saurait remettre cette erreur sur les épaules de sa monture. Terriblement déçu, Nayel Nassar est vraiment passé à rien d’une performance historique. Rendez-vous en 2024 ?

Superbe prestation pour Andres Azcarraga et Contendros 2. © Sportfot

Extrêmement malchanceux, Nayel Nassar a livré deux des plus beaux parcours du Grand Prix de ce CSIO 5* avec Coronado. © Sportfot

Lui aussi devait être déçu. Bertram Allen, qui avait fait de Calgary un objectif majeur de sa saison, a concédé une faute en entrant dans le triple de la seconde manche. Après un sursis sur la sortie du très court double de bidets, l’Irlandais a dû se résoudre à enregistrer quatre points avec Pacino Amiro. Grâce à un parcours bouclé rapidement, le jeune homme, lauréat de la Coupe des nations la veille avec ses coéquipiers, a tout de même agripper la troisième place du Grand Prix, devant Hans-Dieter Dreher et Elysium, également sanctionné par une barre. Pour le plus grand bonheur du public, deux autres Canadiens, auteurs de deux parcours à quatre points, complètent le top 8. Il s’agit de Mario Deslauriers, aux rênes de la plaisante Bardolina 2, et Erynn Ballard, aux commandes de son espoir olympique, Gakhir. 

Le démonstratif Pacino Amiro, double zéro dans la Coupe des nations samedi, a terminé troisième du Grand Prix le lendemain. © Sportfot

Les résultats complets.

Photo à la Une : Un dernier saut pour la gloire pour Martin Fuchs et Leone Jei. © Sportfot

Toutes les épreuves du CSIO 5* de Calgary sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.