Le petit prince de Genève poursuit son irrésistible ascension
Après une victoire avec Clooney 51 dans le Grand Prix de Genève en 2019, Martin Fuchs a réitéré en 2021 avec Leone Jei !
Gagner un Majeur du Rolex Grand Slam est difficile, le remporter deux fois consécutivement l’est encore plus. C’est pourtant ce qu’a réussi Martin Fuchs cet après-midi à Genève. A vingt-neuf ans, le Suisse a prouvé, s’il le fallait encore, qu’il mérite d'inscrire son nom parmi les légendes des sports équestres.
La saison 2021 arrive bientôt à son terme et bien qu’elle ait été dense, c’est toujours avec un plaisir particulier que les cavaliers se rendent à Genève avec leurs meilleures montures. Le CHI fait partie de ces concours qui ont une âme et une saveur particulières, ceux dont on ne rate pas une édition, d’autant plus qu’il célébrait cette année son soixantième anniversaire. Ce ne sont donc pas la pandémie de Covid-19 et les tombées de neige (bienvenue en Suisse !), qui a empêché les pilotes de répondre présent. 41 000 spectateurs se sont joints à la fête tout au long du week-end et les tribunes étaient combles pour le point d’orgue de ces quatre jours de compétition, le Grand Prix Rolex.
Peut-être avec une pointe de chauvinisme, le public est toujours à même d’encourager ses cavaliers. Ils étaient tout de même huit Suisses à s’être qualifiés pour le Grand Prix. Pour certains, comme Elin Ott ou Edouard Schmitz, c’était une première et ils n’ont pas démérité.
Âgée de 22 ans, Elin Ott a bouclé son premier Grand Prix genevois à la douzième place avec un parcours à quatre points seulement !
Force est tout de même de constater que Steve Guerdat tient une place particulière dans le cœur du public. Dès qu’il arrive en piste, les tribunes grondent sous les encouragements et l’applaudimètre bat toujours des records. Il faut dire que le champion olympique leur a toujours offert un beau spectacle, lui qui a remporté une dizaine d’épreuves majeures à Genève dont trois fois le Grand Prix, mais cette année n’est pas la plus réussie que le champion ait connu.
Aujourd’hui, c’est un autre qui a ravi le cœur du public. Depuis sa percée au plus haut niveau avec Clooney 51, Martin Fuchs enchaîne les succès, que ce soit en championnat ou en Grand Prix. Après avoir terminé à la dernière place du Top 10 vendredi, il avait à cœur de prendre sa revanche dans le Grand Prix. Mission accomplie !
Fils de Baltic VDL au style atypique, Leone Jei n'a eu de cesse d'impressionner cette saison, notamment aux Européens de Riesenbeck où il avait remporté l'or par équipe et l'argent en individuel
“A la reconnaissance, j’ai dit à Gérard Lachat (le chef de piste, ndlr) que c’était le meilleur parcours qu’il ait jamais construit ici”, confiait Martin. Sans trop laisser le temps de respirer, il demandait une vraie réflexion quant aux contrats de foulées. Les combinaisons dont le double sur bidets placés à côté du lac qui est identique à celui d’Aix-la-Chapelle, ont été les plus fautives. De l’avis de tous, c’était difficile mais juste ! Bon nombre de favoris ont été tenus en échec, dont Daniel Deusser, le champion olympique Ben Maher, et d’autres très en forme à l’image d’Henrik von Eckermann/King Edward et Jérôme Guery/Quel Homme de Hus.
Ils ont été six à décrocher leur ticket pour le barrage, le premier ayant été Darragh Kenny, passé en 24ème position, c’est dire si le premier sans-faute s’est fait attendre ! Il a été imité par Martin, Kent Farrington, Max Kühner, Laura Kraut et Harrie Smolders. Les trois premiers ayant tous déjà remporté un Majeur du Rolex Grand Slam, l’une étant championne olympique et le dernier médaillé aux championnats d’Europe, la bataille pour la victoire promettait d’être rude…
Au barrage, Darragh a de nouveau ouvert la voie du parcours sans-faute avec VDL Cartello (Cartani 4). Les quatre suivants ont bien tenté de faire mieux, Kent Farrington aurait d’ailleurs réussi s’il n’avait pas renversé l’ultime obstacle avec Gazelle, mais c’est bel et bien Martin Fuchs qui s’est imposé. “Nous avons regardé le tour de Martin, il a parfaitement utilisé les capacités de Leone Jei qui n’est pourtant pas le plus rapide naturellement”, a reconnu Max Kühner, finalement troisième avec l’efficace Elektric Blue P (Eldorado v. Zeshoek). “En réalité, le barrage était super pour moi parce que Leone Jei a une action énorme, j’ai pu enlever des foulées partout et cela a mis beaucoup de pression sur mes concurrents”, analysait Martin. “Personne n’a pu faire le même nombre de foulées dans la dernière ligne. J’ai essayé de tourner plus court pour compenser mais cela n’a pas suffi”, a soufflé Harrie Smolders, deuxième avec Monaco (Cassini II).
Avec l'agile Monaco, Harrie Smolders s'est hissé à la deuxième place, à quelques dixièmes seulement de Martin !
Après ses deux médailles acquises aux championnats d’Europe cet été, Léone Jei (neuf ans seulement !) a montré une nouvelle fois qu’il avait tout d’un grand. Quant à Martin, il est entré dans l’histoire en gagnant pour la deuxième fois consécutive le Grand Prix Rolex. Aussi loin que remonte l’excellente mémoire d’Alban Poudret, rédacteur en chef du Cavalier Romand et directeur sportif du concours, ce n’était encore jamais arrivé bien que Rodrigo Pessoa et Steve Guerdat aient déjà remporté plusieurs victoires chacun. Quoiqu’il en soit, Martin a démarré un nouveau Grand Chelem. Réussira-t-il là où il avait échoué en 2019 en remportant le prochain Majeur à ‘s-Hertogenbosch en mars 2022 ? “J’espère ne pas rater mon coup cette fois !”, a-t-il conclu !
Martin Fuchs entouré de Harrie Smolders et Max Kühner sur le podium !
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