Wellington organisait le week-end dernier son traditionnel CSIO 4*. Pour la cinquième fois de l’histoire de cette compétition par équipe, l’Irlande s’est imposée, notamment grâce à un double sans-faute sur les barres, le seul de la soirée, signé David O’Brien et El Balou. De son côté, Ben Maher a régné en maître, tantôt avec Ginger Blue, lauréate d’une épreuve jeudi, puis avec le styliste Point Break, vainqueur du Grand Prix 4* dimanche. Des résultats dans la droite lignée des dernières performances du champion olympique de Tokyo, qui semble marcher sur l’eau et peut compter sur un piquet débordant de stars.
À une semaine d’un bref retour sur le sol européen, pour l’étape du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles de Bois-le-Duc, Ben Maher a fait le plein de confiance sous les palmiers de Floride. Non content de s’être offert la victoire dans l’épreuve majeure du jeudi 29 février avec Ginger-Blue, le Britannique, numéro deux mondial en février, a signé un sans-faute puis un parcours à quatre points dans la Coupe des nations du CSIO 4* de Wellington, toujours en compagnie de sa fille de Plot Blue, puis a triomphé le lendemain, dimanche 3 mars, dans le Grand Prix de ce même événement, cette fois aux rênes du fantastique Point Break. Ces excellents résultats suffiront-ils au champion olympique de Tokyo pour déloger Henrik von Eckermann de son trône de numéro un mondial ? Réponse dans quelques jours.
Formé par le Suédois Anders Lagergreen, qui l’a conduit jusqu’aux championnats du monde de Lanaken à cinq ans, Point-Break, un fils d’Action-Breaker et petit-fils de Balou du Rouet, a toujours été préservé. Pétri de talent, l’adorable étalon de dix ans déploie désormais ses ailes au grand jour. “Il s’agit du Grand Prix le plus important qu’il a jamais remporté”, a commenté Ben Maher au sujet de son complice, qui fait partie de son piquet depuis ses six ans. “Il n’y a pas si longtemps, il avait encore peur de toutes les voiturettes de golf. Mais il a toujours été très talentueux et a bien progressé. Sa constitution athlétique est ce qui le sépare des autres chevaux. La façon dont il peut utiliser son corps et déplacer ses épaules rend ma tâche beaucoup plus simple. Je peux le présenter face aux obstacles et lui accorder toute ma confiance pour faire le travail pour moi.” Et d’ajouter : “J’ai beaucoup de chevaux prêts à concourir à ce niveau. Je suis très chanceux. Cela étant, j’ai essayé de les préserver au maximum. J’essaye de choisir le bon cheval pour la bonne épreuve. Conclure ce week-end de cette manière est la cerise sur le gâteau d’une super semaine. Avec la force et la profondeur de mon équipe, tant en matière de chevaux que d’humains, rend le fait de pouvoir monter à cheval encore plus agréable.”
Avant d’obtenir cette victoire, Point-Break n’avait pris part qu’à une soixantaine de compétitions internationales et à cinq parcours à 1,60m… pour quatre classements et autant de sans-faute. aux quatre autres barragistes de ce Grand Prix CSIO 4*, le représentant du stud-book SWB a été le plus rapide, mais surtout le seul à enregistrer un double zéro. Derrière lui, la jeune et prometteuse Coco Fath a pris son temps avec Aventador 5 pour conclure sa finale au chronomètre avec un point. Troisième, la Belge Zoé Conter n’a pu éviter une faute sur sa fidèle La Una, mais s’est montrée plus rapide que le Néo-zélandais Sharn Wordley, relégué au quatrième rang avec Champion League, un petit-fils du très en vue Catoki et aligné au départ de son troisième parcours à 1,60m seulement. Après un barrage manqué et entaché de vingt-huit points de pénalités, le jeune Irlandais Tom Wachman a pris le cinquième rang en compagnie de Berlux, complice de Simon Delestre lors des derniers Jeux olympiques et vendu dans la foulée à la famille Wachman, qui collabore étroitement avec Cian O’Connor.
L’Irlande persiste et signe
Passé à un rien de la victoire à Abou Dabi, épreuve inaugurale de la toute nouvelle Ligue des nations Longines lancée cette saison par la Fédération équestre internationale (FEI), l’Irlande a pris sa revanche presque sur ses terres, à Wellington. Samedi 3 mars, le drapeau du Trèfle a flotté au-dessus de la Floride pour célébrer le succès de quatre couples : Darragh Kenny et Eddy Blue (0+4), David O’Brien et El Balou (0+2), Shane Sweetnam et RR Combella et Cian O’Connor et Fancy de Kergane (0). En vingt-trois ans d’existence, la Coupe des nations du CSIO 4* de Wellington a vu l’Irlande triompher pour la cinquième fois !
“Pour les grands jours, El Balou est un battant. Être ici, entouré de ces trois cavaliers olympiques, est très spécial pour moi. El Balou a une longue histoire. Je l’ai récupéré car c’était un enfant difficile. Il avait besoin d’un programme régulier. Il est mon cheval de tête, mon numéro un. Chaque jour, nous faisons de longues sorties. Le garder concentré est un vrai processus. Côté résultats, je suis vraiment content de lui. Il est probablement la raison pour laquelle j’ai pu voler de mes propres ailes et me mettre à mon compte”, a souligné David O’Brien.
Après avoir déjà remporté un Grand Prix 5* cette saison, Darragh Kenny a l’habitude des honneurs. “J’adore monter pour l’Irlande. C’est l’une de mes choses favorites, après gagner, bien sûr !”, a-t-il plaisanté. “Gagner avec l’équipe irlandaise est encore mieux. Eddy Blue n’avait jamais fait deux tours comme ceux-là avant, mais il a semblé être à la hauteur de l’enjeu.”
De son côté, Shane Sweetnam s’est montré satisfait du comportement de sa jument, une fille de Cornet du Lys de tout juste dix ans. “C’était le but de lui donner cette opportunité : on apprend beaucoup. Combella a montré son caractère et combien elle est douée. Je pense que son cavalier aurait pu faire mieux, mais je suis très heureux de son comportement, d’autant plus à la fin. Elle a réussi un bon parcours, qui a scellé notre victoire”, a commenté l’Irlandais.
Grâce à ses coéquipiers, et un score final de dix points, Cian O’Connor a pu épargner un second parcours à son fabuleux Fancy de Kergane, étalon de neuf ans qui éblouit son monde depuis son plus jeune âge. Pépite de l’élevage breton de Louis Menier et Victor Jégu, le fils de feu Berdenn de Kergane formé par Arthur Le Vot a confirmé tous les espoirs entrevus à quatre, cinq, six et sept ans. “Ce cheval n’a que neuf ans et il débute seulement à ce niveau. Il n’y a pas beaucoup de chevaux de neuf ans capables de faire cela. Je suis très heureux”, a réagi Cian O’Connor. “Les parcours étaient très légers et délicats. Il y a quelque chose de très spécial avec les épreuves nocturnes ici. Il y avait tellement de personnes dans les gradins ce soir ! C’est une épreuve que tout le monde veut gagner.”
Le Canada, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Brésil, l’Australie, Israël, la Colombie, le Mexique et la Nouvelle-Zélande rêvaient sans doute aussi de remporter cette épreuve. Classées du deux au dixième rang, ces neuf nations n’ont pas pu détrôner l’Irlande. Malgré de bons parcours pour certains couples, personne n’est parvenu à réaliser de double zéro. Le plus proche du graal fut… David O’Brien, seul cavalier à être parvenu à ne pas toucher une barre des deux manches de cette épreuve collective avec El Balou, mâle de douze ans aperçu sous les selles de McLain Ward et Lillie Keenan, entre autres.
Photo à la Une : Ben Maher et son styliste Point Break. © Sportfot