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Au bout du suspense, l’Allemagne remporte l’étape inaugurale de la Ligue des nations à Abou Dabi

Will
dimanche 11 février 2024 Mélina Massias

Alors que l’Irlande était en tête de la première manche de la première étape de la Ligue des nations Longines, à Abou Dabi, l’Allemagne l’a finalement emporté sur le fil. Une faute de trop a empêché les hommes de Michael Blake de se défendre au barrage, tandis que la Mannschaft, déjà bien représentée vendredi dans le Grand Prix par David Will, s’est réjouie de ce premier succès de la saison extérieure. Grâce, notamment, à un double sans-faute de Jörne Sprehe et Hot Easy, l’équipe d’Otto Becker entame parfaitement son année olympique. Aux Emirats arabes unis, le quatuor germanique a devancé l’île d’Emeraude, donc, et la Suède, troisième.

Suspens, rebondissement, beau sport, excellents couples ; l’étape inaugurale du tout nouveau circuit de la Fédération équestre internationale (FEI), la Ligue des nations Longines (LLN), a (presque) tenu toutes ses promesses. Seule ombre au tableau ? L’organisation de cette compétition dans un lieu imposant un long voyage en avion aux chevaux, où le climat, particulièrement chaud et humide, les a contraints à effectuer leurs détentes dans un espace climatisé… En plus de toutes les répercussions écologiques de ce choix, le complexe sportif d’Abou Dabi, aussi qualitatif et bien pensé soit-il, n’a pas le charme de Dublin, Falsterbo ou Hickstead. Quoi qu’il en soit, l’heure n’était pas à ces préoccupations du côté du clan allemand, vainqueur de cette première Coupe des nations nouveau format, dimanche 11 février. 

L'Allemagne a ouvert le palmarès du CSIO 5* d'Abou Dabi et lancé la Ligue des nations Longines. © Martin Dokoupil / FEI

Christian Kukuk, Jörne Sprehe, David Will et Christian Ahlmann ont tenu leur rang, en compagnie de leurs respectifs Mumbai van de Moerhoeve, Hot Easy, My Prins van Dorperheide et Blueberry de Hus. Si la Selle Français par Conrad a signé un premier parcours parfait, Otto Becker a décidé de faire confiance à ses trois autres couples pour la seconde manche, jouée sur le format olympique, sans drop score. Toutes les fautes concédées s’ajoutaient donc à celle de l’acte initial, qui, lui, comprenait un joker, comme sur une Coupe des nations classique. En plus de se délester d’une paire, le chef d’équipe avait la possibilité de modifier son ordre de départ, laissant une grande place au suspense. Avec une faute lors de son premier parcours, David Will et son gris ont enregistré le même score pour leur seconde tentative. Christian Kukuk et son fils de Diamant de Semilly ont quant à eux rectifié le tir, tandis que la seule amazone de cette escouade a pu compter sur tout le talent de sa formidable Hot Easy, qui littéralement survolé tous les obstacles avec une marge impressionnante, pour signer l’un des quatre doubles zéro de la journée.

“Le sentiment est incroyable ! C’est un super début pour cette saison olympique. Je suis ravi et fier de mes quatre cavaliers. Jörne a été excellente, mais ses trois coéquipiers également. Toute l’équipe a apporté sa pierre à l’édifice. J’espère que cette bonne forme va se poursuivre tout au long de la saison. C’était très difficile de laisser Christian Ahlmann en dehors de la seconde manche, surtout après son sans-faute. Sa jument est nouvelle dans ses écuries et il avait confiance en ses coéquipiers. J’ai été chanceux de prendre la bonne décision !”, s’est enthousiasmé Otto Becker, plus déterminé que jamais en cette année olympique. “C’est un sentiment génial. Easy sautait de façon incroyable et je suis très, très fière d’elle. Pour moi, elle est la meilleure jument de tous les temps !”, a commenté Jörne Sprehe, meilleure amazone de son équipe. 

Jörne Sprehe et Hot Easy ont prouvé tout leur potentiel en réalisant la meilleure performance de la Mannschaft à Abou Dabi. © Martin Dokoupil / FEI

“Il s’agissait du premier CSI 5* de Mumbai depuis les championnats d’Europe. Il a toujours besoin de quelques parcours pour se remettre dans le rythme, surtout à ce niveau - et c’est normal -, mais j’avais un bon sentiment. Après avoir concédé une faute lors du premier tour, j’étais très impatient de faire le second. Je pense que c’était bien pour lui ; il a montré tout son potentiel en deuxième manche. Notre équipe devrait être très fière aujourd’hui. Nous avons tous réalisé de super tours”, a quant à lui précisé Christia Kukuk, pendant que son patron, le jeune “retraité” Ludger Beerbaum relançait en compétition deux autres de ses montures : Checker 47 et Nice van’t Zorgvliet, chez lui, à Riesenbeck.  



“Je suis fier de toute l’équipe, et en particulier de Jörne qui a réussi un double sans-faute. Je l’ai trouvée exceptionnelle aujourd’hui. Je suis très heureux de mon cheval. Il a super bien sauté. Au premier tour, cette barre était de ma faute : je n’ai pas été assez patient pour aborder le dernier. Au second, il a sauté encore mieux, ce qui prouve toute sa qualité. Peut-être que je pensais un peu trop à ma faute sur le dernier, et je voulais préparer cet obstacle… mais j’ai commis une faute sur l’avant-dernier. Cela étant, mon cheval était extra”, a analysé David Will, lauréat du Grand Prix vendredi avec Zinedream. Et Christian Ahlmann de réagir à son tour : “Je n’ai pas été déçu de ne pas prendre le départ de la deuxième manche. J’étais très satisfait de mon parcours et il s’agissait de ma première vraie épreuve à 1,60m avec Blueberry. Je ne savais pas exactement ce qui allait se passer aujourd’hui, mais tout a fonctionné comme je l’imaginais. Je suis ravi. Et mes trois coéquipiers sont très forts ! J’ai essayé de les aider autant que je pouvais à pied et ce n’était pas un problème du tout.”

Très belle copie rendue par Christian Ahlmann et la plaisante Blueberry pour leur premier grand rendez-vous. © Martin Dokoupil / FEI

L’Irlande, si près du but…

Pourtant, la victoire de l’Allemagne, restée sur un succès éclatant à Barcelone en octobre dernier, n’était pas acquise d’avance. Bluffante au premier tour avec son score parfait, l’Irlande semblait bien partie pour faire parler sa suprématie. Depuis quelques semaines et comme souvent en début d’année, l’hymne de l’île d’Emeraude ne cesse de retentir sur les plus belles pistes du monde. Alors que Denis Lynch, fautif à une reprise avec Cordial, n’a pas été retenu pour disputer le second acte de cette épreuve collective, Richard Howley a maintenu tous les espoirs de son clan en déroulant un superbe double clear round sur son génial Equine America*Consulent de Prelet, lauréat des Grands Prix Coupe du monde d’Oslo et Helsinki en début d’hiver. Michael Pender, qui relançait son grand HHS Calais à ce niveau plus de trois mois après son dernier CSI 5* et une participation manquée aux Européens de Milan après une folle année 2023, a ensuite ajouté huit points aux troupes de Michael Blake. Auteur d’un parcours d’école dans l’acte initial de cette Coupe des nations, Mark McAuley avait la pression avec sa fabuleuse GRS Lady Amaro, meilleure que jamais depuis sa deuxième place dans le Grand Prix de Genève, début décembre. Un sans-faute et l’alezane et son pilote envoyaient leur équipe au barrage face à la Mannschaft, une faute et la première place leur échappait. Malheureusement, après un saut très démonstratif sur la rivière, le cavalier des écuries La Tuilière n’a pu laisser la barre défendant l’entrée du double suivant sur les taquets… Dommage, mais pas de quoi effacer l’impression d’aisance et de facilité laissée par ce couple qui, assurément, a encore de grandes choses à accomplir.

Quelle aisance pour GRS Lady Amaro ! © Martin Dokoupil / FEI

Le poing levé en passant la ligne d'arrivée, Richard Howley savait déjà l'ampleur de sa performance, la meilleure d'un clan irlandais très, très dense. © Martin Dokoupil / FEI

Deuxième, l’Irlande a devancé la Suède, si à son avantage vendredi dans le Grand Prix, remporté par… David Will déjà ! Vaincu dans cette épreuve individuelle avec son meilleur partenaire, King Edward Ress, Henrik von Eckermann s’est offert une promenade de santé, cette fois aux rênes d’Iliana, sa complice des derniers Européens. La médaillée d’or par équipe a prouvé qu’elle était parfaitement à la hauteur de l’enjeu et qu’elle pouvait elle aussi goûter à la lumière si souvent braquée sur son voisin d’écurie. Alors encore bien engagés, les Scandinaves ont craqué une première fois au passage de Peder Fredricson, sanctionné par douze points de pénalité sur Alcapone des Carmilles, tout bon Selle Français arrivé dans ses écuries il y a quelques semaines seulement. Le bai avait signé un premier parcours encourageant avec une faute. Et puis, Rolf-Göran Bengtsson, en selle sur son impressionnant Zuccero*HV, au sommet de son art en cette année olympique, a péché sur le… numéro un de la deuxième manche ! Le Suédois, ultra expérimenté, n’a pas été le seul à faire les frais de cet obstacle d’apparence anodin, qui l’a privé d’un double sans-faute. Au premier tour, Antonia Pettersson Häggström complétait l’équipe de Henrik Ankarcrona avec Zara de Laubry, sortie de piste avec quinze points pour sa première épreuve par équipe à ce niveau, et la deuxième de sa cavalière.

Henrik von Eckermann n'est pas numéro un mondial et il l'a encore prouvé ce week-end. © Martin Dokoupil / FEI



De belles découvertes et confirmations, et quelques déceptions…

Avec un total cumulé de vingt points, la Suède s’est offert une place dans le trio de tête grâce à son chronomètre, qui lui a permis de se détacher du Brésil. Attendus, les Auriverdes ont dû composer avec l’abandon de Marlon Modolo Zanotelli en première manche après deux fautes de son charismatique Grand Slam VDL, né Lucky Won van het Bevrydthof, deux parcours à quatre points, mais de bonne facture, signés Luiz Felipe Cortizo Gonçalves De Azevedo et Sierra du Piedroux, un sans-faute puis un huit points de Yuri Mansur et son si plaisant QH Alfons Santo Antonio, né Alfons RA, et une faute puis une prestation parfaite de Luciana Diniz, associée à son excellent fils de Mylord Carthago, Vertigo du Désert. 

Quatrième, le quatuor de Pedro Paulo Luz Lacerda et Philippe Guerdat, présent sur place pour observer ses couples en action, ont devancé les Suisses, dont les deux seuls parcours parfaits ont été l'œuvre de Janika Sprunger et Orelie, qui ne cesse de monter en puissance. Ce soir, les deux cavaliers et amoureux des écuries Cyor pourront se réjouir de leur excellent week-end aux Emirats arabes unis !

Mumbai, complice de Christian Kukuk et artisan de la victoire de l'Allemagne, n'avait plus évolué à ce niveau depuis septembre 2023 et sa quatorzième place individuelle aux Européens de Milan. © Martin Dokoupil / FEI

Pour les Etats-Unis, sixièmes, Robert Ridland pourra se satisfaire des prestations de Callie Schott et Garant (4+4), passés si près du but, et surtout des démonstrations de l’éblouissant Carissimo 25 (0+4), un fils de Cascadello I et petit-fils de Clinton monté par Aaron Vale. L’alezan a tout, tout simplement ! Le style, le galop, le respect, les moyens ; rien ne semble hors de sa portée tant son talent est débordant. Le couple pourrait être une sacrée cartouche pour le Stars and Stripes cet été. Pour la Grande-Bretagne, septième et dépourvue de ses leaders, Joe Stockdale a montré de belles choses avec son puissant Ebanking (0+4), pour sa première grande Coupe des nations.  

Sous l'œil de William Funnell, leur chef d’équipe, les représentants de la nation hôte n’ont pas à rougir. Malgré un score final lourd de quarante-six points, les locaux se sont battus avec leurs armes et se sont montrés au niveau. La meilleure performance du jour revient à Abdullah Mohd Al Marri et BBS McGregor (1+6), qui ont déroulé deux parcours harmonieux. Cette jeune équipe a, dans tous les cas, fait mieux que les Pays-Bas, la France et la Belgique, qui ont échoué à se qualifier pour la seconde manche, où les huit meilleures équipes, sur onze engagées, étaient invitées. Si les Néerlandais, qui testaient de nouveaux duos à ce niveau, ont échoué pour un point, les Bleus et les Diables Rouges avaient de sérieux atouts à Abou Dabi… Seuls Olivier Perreau et Grégory Wathelet, en selle sur GL Events*Dorai d’Aiguilly et Ace of Hearts ont un peu sauvé l’honneur avec un parcours parfait chacun, mais cela n’a pas suffi pour cette fois.

Les résultats complets.
Le classement général du circuit.

Photo à la Une : David Will et son prince sur le dernier obstacle du très bon tracé imaginé par Santiago Varela. © Martin Dokoupil / FEI

Toutes les épreuves du CSIO 5* d’Abou Dabi sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.