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Les chemins de Ben 431 et Gerrit Nieberg, lauréats du Grand Prix d’Aix-la-Chapelle en 2022, se séparent

Gerrit
vendredi 5 janvier 2024 Mélina Massias

Ben 431 n’évoluera plus sous la selle de son cavalier de longue date, Gerrit Nieberg. Entre quatre ans d’association, l’Allemand avait conduit son bouillonnant bai au saint Graal, en décrochant le Grand Prix Rolex du mythique CHIO 5* d’Aix-la-Chapelle, en juillet 2022, après avoir fait ses preuves lors de la finale de la Coupe du monde Longines de Leipzig, quelques mois plus tôt. Alors que Blues d’Aveline apparaît désormais sous pavillon autrichien, le jeune germanique attaque 2024 sans cheval de très haut niveau et devra s’attacher à former la relève. De son côté, Lucy Davis, qui sera l’heureuse amazone du Westphalien de treize ans, pourrait bien retrouver les sommets de son sport, presque quatre ans après sa dernière sortie internationale.

Leur barrage au cœur du mythique stade équestre de la Soers, le 3 juillet 2022, restera assurément dans les mémoires et les annales. En osant une surprenante option, Gerrit Nieberg et Ben 431 avaient devancé Scott Brash et Nicola Philippaerts, associés à Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof et Katanga vd Dingeshof, dans l’un des plus mythiques Grand Prix de la planète équestre. Fort de ce succès, le couple était alors entré dans une toute nouvelle dimension. Désormais, l’histoire de l’énergique bai au tempérament de feu, et celle de son pilote allemand, s’écriront séparément. 

Ben 431 et Gerrit Nieberg en route pour inscrire leurs noms en lettres d'or à Aix-la-Chapelle. © Mélina Massias

“Alors que l’année 2023 s’achève, je dois malheureusement annoncer la vente de mon cheval de tête, Ben”, a écrit Gerrit Nieberg début janvier sur ses réseaux sociaux. “Tout d’abord, je tiens à remercier Hendrik Snoek et mon père (Lars Nieberg, ndlr) de l’avoir conservé aussi longtemps que possible pour moi. Ben est un cheval doté d’une personnalité et d’un caractère que je n’oublierai jamais, tout comme les souvenirs que nous avons créés ces dernières années. Il m’a emmené sur tous les concours dont j’ai toujours rêvé, et a sans aucun doute forgé ma carrière. [...] Un grand merci aussi à mes super grooms qui ont pris grand soin de lui. Sa tête nous manquera quotidiennement aux écuries. Je souhaite à sa nouvelle cavalière, Lucy Davis, tout le meilleur. Je suis sûr qu’un grand futur les attend.”

Outre le Grand Prix d'Aix-la-Chapelle, Ben a aussi remporté celui de Hambourg en 2023. © Mélina Massias



Né en 2011, chez Christa Mikulski, Ben 431 est un fils de Sylvain et Quipolly, une jument par Quincy Jones. Son pedigree regroupe les sangs de Baloubet du Rouet, Capitol I, Quidam de Revel ou encore Polydor. Pourtant, et même si certains de ses collatéraux ont évolué en compétition jusqu’à 1,50m avant lui, bien malins auraient été ceux capables de prédire un tel avenir au Westphalien, désormais âgé de treize ans. “Ben est très motivé, je dois dire. Parfois, ce n’est pas simple de gérer son envie et de réussir à le calmer. C’est un peu mon plus grand défi avec lui. Il ne doit pas avoir trop d’énergie et devenir trop impatient. Je crois que nous nous connaissons plutôt bien maintenant. Nous l’avons acheté lorsqu’il avait sept ans et il en a onze. Depuis l’année dernière, nous sommes en progrès constants”, confiait Gerrit Nieberg à Studforlife au printemps 2022

Gerrit Nieberg et Ben 431 ont pris part aux Européens de Milan l'été dernier, avec plus ou moins de réussite. © Mélina Massias

Après Blues d’Aveline, Gerrit Nieberg perd un deuxième cheval de Grand Prix en l’espace de quelques mois

Si le bai et son cavalier ont éclos quelques mois plus tard, chez eux, à Aix-la-Chapelle, leurs premiers faits d’armes avaient déjà eu lieu un peu plus tôt dans l’année. Du côté de Leipzig, où se tenait la finale du circuit de la Coupe du monde Longines, le duo avait impressionné nombre d’observateurs avec un championnat globalement très réussi et récompensé d’une solide treizième place finale. Neuvièmes à Aix-la-Chapelle en 2021 puis en 2023, vainqueurs de cette même épreuve en 2022, lauréats du Grand Prix 5* de Hambourg en mai dernier, cinquième du Majeur de Calgary en 2022, quatrièmes de l’étape de la Coupe du monde Longines de Bâle il y a presque un an jour pour jour, les deux complices avaient également défendu les couleurs de la Mannschaft aux Européens de Milan, avec toutefois moins de brio. Lancé sur la scène internationale par Darline Eisenmenger en 2018, Ben avait rejoint son fidèle binôme dès début 2019. Gerrit avait alors assuré la fin de formation de sa pépite, en alternance avec son père, le réputé Lars Nieberg, jusqu’aux sommets de son sport. 

Lars Nieberg, le père de Gerrit, était co-propriétaire de Ben 431. © Mélina Massias

Avec le départ de son cheval de tête, qui fait suite au passage sous couleurs autrichiennes, pour le compte de Max Kühner selon la base de données de la Fédération équestre internationale (FEI), de son deuxième meilleur cheval, le génial Selle Suisse Blues d’Aveline, le jeune Allemand semble avoir perdu toute chance de porter la veste rouge de son équipe nationale dans quelques mois, à Versailles. Son gris, fils de Baloussini et vainqueur de l’étape de la Coupe du monde Longines de Leipzig en janvier 2023, puis aligné au départ de la finale du circuit à Omaha au printemps dernier, n’a plus concouru depuis juillet et le CSIO 5* d’Hickstead. Toutefois, depuis le 6 décembre dernier, le hongre de douze ans est passé sous étendard autrichien, en co-propriété entre Max Kühner, qui devrait en toute logique devenir son nouveau cavalier, et Josef Kunz, son propriétaire de longue date. Gerrit Nieberg devra ainsi poursuivre la formation de la relève, comme il s’attache déjà à le faire depuis plusieurs mois. 

Depuis le début du mois de décembre, Blues d'Aveline, ancienne très bonne cartouche de Gerrit Nieberg, apparaît sous pavillon autrichien dans la base de données de la FEI, Max Kühner étant enregistré en tant que co-propriétaire du gris ! © Dirk Caremans / Hippo Foto



Lucy Davis, quatre ans après !

L’heureuse nouvelle cavalière de Ben 431 est donc Lucy Davis. L’Américaine de trente et un ans est tout sauf une inconnue, mais elle a disparu des pistes internationales depuis… mars 2020, soit depuis pratiquement quatre ans ! Titulaire de plusieurs médailles lors de ses jeunes années, l’amazone étatsunienne a élargi sa collection avec son indissociable SBS, Barron, né Underground des Hauts Droits chez Marc Devos et qui coule une paisible retraite depuis 2020, non loin de Tasha Houghton, son ancienne groom. En bronze par équipe aux Jeux équestres mondiaux (JEM) de Caen en 2014, la paire avait aussi participé à l’argent arraché par son équipe nationale aux Jeux olympiques de Rio, deux ans plus tard. Barron et Lucy avaient enfin pris part à deux finales de la Coupe du monde Longines, à Lyon puis Las Vegas, en 2014 et 2015, avec une neuvième place lors de leur seconde tentative. Avant cela, l’Américaine s’était frottée à cette échéance avec Nemo 119, en 2013, du côté de Göteborg. À son expérience s’ajoutent de multiples Coupes des nations, à l’image de celles d’Aix-la-Chapelle, Saint-Gall, Rotterdam, Dublin et Barcelone, et encore plus de Grands Prix 5*, dont ceux de Lausanne, Bruxelles et Rotterdam, qu’elle a remportés une fois chacun entre 2013 et 2015. 

Lucy Davis et son fidèle Barron. © Dirk Caremans / Hippo Foto

La Californienne, diplômée de l’Université de Stanford et ancienne élève de Markus Beerbaum, a pris du recul sur sa carrière sportive ces quatre dernières années. Absente du plus haut niveau depuis de longs mois, elle n’est apparue qu’à de rares reprises lors de compétitions nationales, principalement à Wellington, depuis 2020, aux rênes de Caracho 14, un hongre Holsteiner de quinze ans. Avec Ben, dont l’arrivée l’a visiblement rendue très enthousiaste, Lucy Davis pourrait bien revenir sur le devant de la scène en un rien de temps. Talentueuse et travailleuse, la jeune femme pourrait être un renfort de poids à l’équipe américaine, qui peut parfois sembler manquer de profondeur d’effectif, en atteste leur qualification in extremis pour les prochains Jeux olympiques, en novembre dernier, lors des Jeux panaméricains de Santiago. Et si Versailles, où l’équitation et le saut d’obstacles prendront leurs quartiers dans quelques mois à peine, était le théâtre du grand retour de Lucy Davis ? Quoiqu’il arrive, les prochains mois seront décisifs pour l’Américaine et son tout nouveau complice, déjà entré dans l’histoire à Aix-la-Chapelle.

Photo à la Une : Gerrit Nieberg et Ben à Aix-la-Chapelle en 2022. © Mélina Massias