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Au terme d’un Grand Prix exceptionnel, Gerrit Nieberg grave son nom dans l’histoire d’Aix-la-Chapelle

Sport dimanche 3 juillet 2022 Mélina Massias

Une victoire allemande à Aix-la-Chapelle n’a pas d’égal. Face à des tribunes pleines à craquer, le jeune Gerrit Nieberg a fait lever tout un peuple. Plus encore, il a séduit l’Europe et le monde en délivrant une performance prodigieuse aux rênes de son fidèle Ben 431. Presque choqué par sa victoire en sortie de piste, le discret mais fort sympathique cavalier de vingt-neuf ans s’est définitivement forgé un prénom. Grâce à un barrage phénoménal et une option osée, il a devancé des paires de stars, à commencer par celles formées par Scott Brash et Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof), ainsi que Nicola Philippaerts, aux commandes Katanga v/h Dingeshof.

En sport, il y a des moments plus forts, plus grands, plus puissants que d’autres. Dimanche 3 juillet, près de cinquante mille personnes ont vibré à l’unisson lorsque Gerrit Nieberg, vingt-neuf ans, a coupé la ligne d’arrivée du barrage du Grand Prix Rolex en 38”63 sur son bouillonnant Ben 431. Presque choqué, le jeune homme ne s’est pas fait prier pour s’adonner à un tour d’honneur anticipé. Le temps a alors semblé s’arrêter, dans l’arène du temple sacré des sports équestres. Au paddock, ensuite, une fois descendu de son génial bai, le fils de l’illustre Lars a reçu accolades, tapes dans le dos et félicitations de toute part. Comme sur une autre planète, l’Allemand a accueilli ses félicitations les unes après les autres. À chacun de ses pas, une nouvelle personne venait le congratuler. Jusqu'alors, il n'avait jamais remporté d'épreuve internationale avec son cher Ben. Sacrée première !

Gerrit Nieberg félicité par Marcus Ehning, lauréat de cette même épreuve en 2018.

“Ben est très motivé. Parfois, ce n’est pas simple de gérer son envie”, confiait-il un peu plus tôt cette année. “Je crois que nous nous connaissons plutôt bien maintenant. Nous l’avons acheté lorsqu’il avait sept ans et il en a désormais onze. Depuis l’année dernière, nous sommes en progrès constant.” Et c’est peu de le dire ! Épreuve convoitée comme peu d’autres dans le monde, pour son prestige et sa dotation exorbitante, l’étape du Rolex Grand Chelem de saut d’obstacles d’Aix-la-Chapelle réuni toujours les meilleurs du monde. Cette année, Gerrit Nieberg s’est payé le luxe de coiffer au poteau nul autre que Scott Brash, qui semblait avoir plié l’épreuve.

Gerrit Nieberg et son super crack, qui avait déjà fait bonne impression lors de la finale de la Coupe du monde Longines de Leipzig.

Sur Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof), l’Ecossais a osé, galopé et tourné, enregistrant un chronomètre de 39”24. Le sourire jusqu’aux oreilles en sortie de piste, le sympathique trentenaire, seul à avoir remporté trois Majeurs d’affilée, n’a pas été amer de sa défaite. Appelé à s’avancer face à la presse lors de la remise des prix pour se voir remettre le prix Halla, venant récompenser son hongre, sacré meilleur cheval de la semaine, Scott Brash a fait signe à son bourreau du jour de partir loin derrière lui, ce qui n’a pas manqué de faire rire le stade de la Soers. Troisième, Nicola Philippaerts n’a pas non plus démérité sur Katanga v/h Dingeshof, signant un convaincant triple sans-faute.

Scott Brash et Hello Jefferson.

Nicola Philippaerts en sortie de piste avec sa baie foncée.

Un scénario rêvé

Aux alentours de 14 heures, à moins d’une demi-heure du coup d’envoi du Grand Prix, Olaf Petersen, assistant de Frank Rothenberg, a décrypté le premier parcours qui attendait les quarante cavaliers engagés pour ce temps fort dominical. Comprenant de nombreuses difficultés, le tracé avait de quoi faire cogiter les pilotes. Finalement, les meilleurs ont réussi à signer des parcours parfaits.

Mario Stevens et la géniale Starissa.

Au total, ils ont été treize, sur les dix-huit rappelés en deuxième manche, à quitter l’immense piste en herbe sans la moindre pénalité au compteur. Philipp Weishaupt, un poil plus chanceux que la veille à Monaco, Harry Charles, Steve Guerdat, Mario Stevens et Harrie Smolders, sanctionné d’un point de temps dépassé dans l’acte initial, ont découvert le deuxième parcours du jour. Présent au menu du jour, le légendaire double de bidet a stoppé net les espoirs des cavaliers d’Asathir (née Tecla d’Auge) et Roméo 88. Le premier a été éliminé en raison d’une chute devant cet obstacle, placé en numéro trois, tandis que le second a abandonné, après avoir traversé l’entrée et essuyé un refus sur la sortie. Leur homologue Suisse n’a guère fait mieux sur Venard de Cerisy, pourtant double sans-faute dans la Coupe des nations de jeudi, écopant de huit points de pénalité, pour porter son total à douze.

Christian Ahlmann et Dominator 2000 Z.

Déjà apparu très à son aise en première manche, Mario Stevens, champion d’Allemagne en titre, a bouclé le premier sans-faute de cette deuxième partie d’épreuve, sur sa crack Starissa. Derrière lui, Harrie Smolders, sur Bingo du Parc, Yuri Mansur sur QH Alfons Santo Antonio, Grégory Wathelet sur Nevados S, ou encore Nayel Nassar avec Igor van de Wittemoere, pourtant en grande forme à Aix, n’ont pas réussi à réitérer leur performance, terminant ainsi quatorze, quinze, treize et douzièmes, derrière le champion national de la Mannschaft, onzième. Un rang plus haut, le champion olympique en titre, Explosion W, a renversé une barre pour son deuxième Grand Prix 5* en plus de six mois.

Ben Maher et Explosion W étaient aussi de la partie et ont terminé dizièmes.

Sans-faute en première manche eux aussi, Darragh Kenny, Conor Swail, Kevin Staut et Christian Ahlmann, poussé fort par son public, ont, comme Ben Maher et son alezan, été piégés avec leurs respectifs VDL Cartello, Count Me In, Visconti du Telman et Dominator 2000 Z. Seuls cinq paires ont survécu à ce deuxième parcours, offrant un barrage d’anthologie. Ouvreur de la finale au chronomètre, Daniel Deusser, vainqueur à l’applaudimètre, avait fort à perdre… et à gagner ! Tenant du titre, le Germanique pouvait surtout prétendre à un super bonus financier en cas de victoire, quelques mois après celle décrochée à Bois-le-Duc, autre épreuve du Rolex Grand Chelem. Triple zéro, mais trop lent, le représentant des écuries Stephex a finalement pris la quatrième place.

Daniel Deusser sur sa reine tueuse.

Juste après lui, Scott Brash a mis la barre haut, très haut, si bien qu’on le voyait déjà repartir avec le trophée promis au vainqueur. De toute façon moins rapide, McLain Ward a été le seul à commettre une erreur avec HH Azur Garden’s Horse, pour occuper le cinquième rang. Lancée à la poursuite de l’Ecossais, Nicola Philippaerts n’est pas passé loin avec sa Katanga, mais quelques centièmes l’ont repoussé sur la troisième marche du podium. Dernier à franchir la porte d’entrée du sublime écrin de verdure d’Aix-la-Chapelle, Gerrit Nieberg ne s’est pas démonté, signant un tracé inouï et culotté.

McLain Ward et la surpuissante HH Azur ont été les seuls à commettre une faute lors du barrage.

Finalement, avec plus d’une demi-seconde d’avance sur Scott Brash, le jeune allemand est entré dans l’histoire. “J’ai demandé à l’un de mes collègues à la détente [si l’option était réalisable]. Il m’a dit que c’était le cas, alors je l’ai prise et cela a plutôt bien fonctionné”, a commenté l’heureux lauréat. “[En entrant en piste, sous les applaudissements du public] j’ai juste essayé de me concentrer sur mon cheval et sur moi. J’avais un plan pour le barrage. Le début était plutôt normal, puis j’ai pris plus de risques sur le double. La journée a été incroyable. Je ne m’attendais vraiment pas à gagner. C’est un rêve devenu réalité.” Rêve que son père, Lars, médaillé d’or olympique, n’avait pas atteint.

Le sourire de Gerrit Nieberg en sortie de piste, après son sacre.

Gerrit Nieberg au tour d'honneur, sur une autre de ses montures.

Les résultats complets ici.

Crédit photo : Mélina Massias. Photo à la Une : Gerrit Nieberg et Ben 431 à la fin de leur deuxième parcours.