L’erreur ne sera pas permise pour décrocher une médaille, vendredi à Milan ! Ces trente-septièmes championnats d’Europe tiennent, pour l’heure, toutes leurs promesses. Au soir du deuxième jour de compétition, l’Allemagne, la Suède, la Suisse et l’Irlande se tiennent en moins d’un point. Côté individuel, Jens Fredricson et Markan Cosmopolit gardent la tête, tandis que Philipp Weishaupt, aux rênes du jeune Zineday, ainsi que Steve Guerdat, associé à un avion de chasse nommé Dynamix de Bélhème, gagnent chacun une place, au détriment de Martin Fuchs.
La Chasse des championnats d’Europe avait donné de bonnes indications, plaçant la Suède en tête, suivie de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Irlande, qui se détachaient en tête de peloton. Après la première manche de la Coupe des nations, le sentiment de suprématie de ces quatre nations demeure. Mieux encore, pour le sport et le suspense, il s'intensifie ! Jeudi 31 août, à la veille de l’attribution des premières médailles, ces quatre pays se tiennent en… moins d’un point ! Inutile, donc, de préciser que la seconde partie de l’épreuve collective sera décisive.
En individuel, plusieurs couples se détachent
Les couples engagés en individuel dans la compétition ont ouvert la journée. Une nouvelle fois très intéressant et plein de questions piégeuses, le parcours imaginé par le maestro Uliano Vezzani a mis tout le monde dans le grand bain d’entrée de jeu. Au terme des vingt-cinq premiers passages, quelques tendances se sont dégagées. Impeccables, souverains même, sur leurs Dorai d’Aiguilly et Mumbai van de Moerhoeve, Olivier Perreau et Christian Kukuk trônent ce soir aux rangs huit et neuf. Une magnifique remontée, largement méritée pour l’un, qui vit son tout premier grand championnat et démontre des nerfs à toute épreuve en plus d’une excellente maîtrise technique, comme pour l’autre, déjà médaillé par équipe et quatrième en individuel, chez lui, il y a deux ans, puis en passe à quelques problèmes récurrents avec son complice, qui semblent désormais derrière lui. Que dire également de l’émotion de Stefan Eder, qui a tout lâché une fois le dernier franchi, pour tapoter des deux mains l’encolure de son généreux Condaro, sanctionné d’un seul point ? Le couple est vingt-cinquième, deux rangs derrière la géniale Grecque Ioli Mytilineou, qui n’a pas effleuré la moindre barre avec son formidable L’Artiste de Toxandra, mais qu’un mauvais abord sur la rivière a pénalisé de quatre points supplémentaires.
Un peu plus haut dans le classement, impossible de citer un favori pour le titre individuel dimanche. Parce que la route est encore longue, très longue, avec trois nouveaux parcours qui attendent les meilleurs, mais surtout parce que les écarts sont infimes. Une barre et tout s’effondre. Les quatorze premiers couples se tiennent en moins… d’une barre, justement. Jens Fredricson ont, ce soir, conservé la tête, bien que le bai ait semblé un poil moins aérien que la veille. Il est désormais suivi par le jeune et brillant Zineday, qui, au même titre que l’extraterrestre CSF James Kann Cruz, douzième, et Dynamix de Bélhème, en bronze au provisoire après avoir déroulé son parcours dans un silence de cathédrale presque glaçant de pression et d’émotions, semblent au-dessus du lot. Tous trois ont livré des partitions dignes des plus grands compositeurs, aux rênes de leurs cavaliers respectifs, Philipp Weishaupt, Shane Sweetnam et Steve Guerdat, qu’ils mettraient presque dans l’ombre tant leur talent est indécent. Mais, en équitation, ce sont des couples qui triomphent ; un excellent cheval sans un bon cavalier n’est ni plus ni moins qu’un équidé, et un cavalier sans cheval demeure… un piéton.
Mention spéciale également à Iq van het Steentje, qui, malgré une faute des plus malchanceuse, a signé l’un des plus beaux parcours de l’après-midi avec, sur son dos, son fidèle Wilm Vermeir. Pour un premier championnat, et après avoir surmonté quelques vilaines blessures, le fils de Toulon a prouvé à tout le monde son immense qualité, à quelques mois des Jeux de Paris et au sein d’une escouade belge, pourtant très bien équipée, en grande souffrance, qui ne disputera pas, contre toute attente, la finale de vendredi.
Trois tickets gagnants pour quatre prétendants
À la suite des individuels, les équipes sont entrées en jeu, en deux groupes distincts, définis selon le classement établi après la Chasse. Grâce à leur très bonne forme, les Néerlandais et les Espagnols ont rebattu les cartes. En mettant la pression sur les suivants, les deux nations ont grappillé suffisamment d’espace pour s’intercaler parmi les dix meilleures, qui seront invitées à se présenter à nouveau, demain, pour la finale par équipes. Sous la clameur de son clan, qui a eu du mal à retenir son souffle, Armando Trapote a signé le premier et seul sans-faute pour les Hispaniques, avec la complicité de son bouillonnant Tornado VS. Manuel Fernandez Saro et Eduardo Alvarez Aznar ayant assuré l’essentiel avec Jarlin de Torres et Bentley de Surry, le lourd score concédé par Sergio Alvarez Moya, associé à Puma HS, n’a pas été comptabilisé. Côté Pays-Bas, Jur Vrieling a continué sur sa lancée en signant un bon sans-faute sur Long John Silver 3, septième en individuel, tandis que Maikel van der Vleuten a relevé la tête avec son jeune O'Bailey vh Brouwershof, seulement sanctionné d’un point de temps. Un peu loin des médailles, la Hollande peut toutefois continuer à rêver en une remontada.
Alors qu’on imagine mal la Suisse passer à côté d’un des trois tickets olympiques mis en jeu demain, tout reste ouvert pour l’Autriche, l’Italie et l’Espagne. Pour l’heure, les deux premières citées tiennent la corde, mais aucune n’aura le droit à l’erreur. Très surprenante, l’escouade habituellement portée par Max Kühner, dont le score n’a pas compté dans cette étape (!), a montré de jolies choses, à commencer par Naxcel V et Cuma 5, sortis à quatre points et sans-faute avec Gerfried Puck et Katharina Rhomberg. Déjà dans le coup hier, les deux paires autrichiennes ont confirmé et poussé Alessandra Reich et sa toute jeune Oeli R à tout donner, pour terminer avec une faute. Reste désormais à maintenir le cap. Du côté de la Squadra Azzura, portée par son public, qui réclame le silence au passage de chacun de ses représentants et vibre à chaque saut, Emanuele Gaudiano est passé à côté de son rendez-vous. Son généreux Crack Balou a accusé le coup, et même dit stop dans le triple. Résultat des comptes, dix-neuf points, qui ont contraint ses coéquipiers à serrer les dents. Cinq points pour Alberto Zorzi, de retour au sein de sa sélection grâce à Highlight W, et quatre pour Giampiero Garofalo, juché sur Max van Lentz Schrans, qui ont été rattrapés par le nouveau sans faute du tout jeune Odense Odeveld, accompagné par Emanuele Camilli et ses nerfs d’aciers. Le duo gagne d’ailleurs quatre rangs au classement individuel, pour pointer au sixième rang. Pour rappel, Milan constitue l’ultime chance de se qualifier pour Paris pour l’Autriche et l’Espagne, tandis que l’Italie aura une dernière chance lors de la finale du circuit des Coupes des nations de Barcelone.
Bataille à couteaux tirés pour l’or
Dans le mouchoir de poche qui étreint pour l’heure Allemagne, Suède, Suisse et Irlande, qui se détachera ? Alors que la Suède avait l’occasion de plier le jeu ou presque, les huit points de Rolf-Göran Bengtsson et son prometteur Zuccero, couplés à ceux concédés un peu plus tôt par Wilma Hellström et sa reine Cicci BJN, ont finalement eu raison d’elle. Les sans-faute impériaux de Markan Cosmopolit et Iliana, dont la forme du jour était presque au-delà de ses standards, montures de Jens Fredricson et Henrik von Eckermann n’ont pas suffi.
Deuxième, donc, l’équipe d’Henrik Ankarcrona a été doublée par les Allemands. Même si Gerrit Nieberg et Ben 431 ne se sont pas rachetés, fautant à trois reprises aujourd’hui contre quatre hier, les prestations de Marcus Ehning sur Stargold (4), Philipp Weishaupt et Zineday, encore une fois au-dessus de leur sujet, et Jana Wargers, impeccable de bout en bout avec son cher Limbridge, ont suffi pour prendre les commandes avec 9,31 points au compteur. Les Scandinaves, eux, en comptent 9,51, là où la Suisse en affiche… 9,92 ! Les hommes de Michel Sorg ont d’ailleurs cru, jusqu’à la dernière seconde du parcours de Martin Fuchs et Leone Jei, né Hay El Desta Ali, dont l’entrée en piste a été un peu délicate, pouvoir endosser le costume de leaders provisoires. Que nenni ! L’Helvète et son gris ont mis à terre l’ultime oxer du parcours, faisant passer leurs supporteurs de la joie intense à l’amertume et la déception. Finalement, seul Steve Guerdat est parvenu à conserver son score, en s’offrant un nouveau vol à bord de son avion nommé Dynamix de Bélhème. Bryan Balsiger et Dubai du Bois Pinchet ont essuyé une faute, et Edouard Schmitz et Gamin van’t Naastveldhof, deux.
En embuscade, l’Irlande, comme l’Allemagne, a enregistré deux clear rounds œuvres de CSF James Kann Cruz, obviously, et l’excellente Cinca 3, qui n’a de cesse de briller de mille feux sous la selle de Michael Duffy. Bien placé en solo, Eoin McMahon a concédé quatre points avec Mila 64, née Mank, tandis que Trevor Breen et Highland President ont quitté la piste avec huit points, pour porter le total du groupe de Michael Blake à dix points. Bénéficiant d’un peu de marge sur l’Autriche et ses autres poursuivants, ces quatre premières nations vont batailler pour les trois médailles mises en jeu. Pour la Grande-Bretagne et la France, qui seront les neuf et dixièmes nations invitées demain, la course aux médailles semble, elle, s’être définitivement envolée, même si Dubaï du Cèdre (4e) et Faltic HB (14e) sont encore en lice en solo.
La compétition se poursuit vendredi à partir de 13h30 à Milan.
Le classement provisoire complet par équipes ici.
Le classement provisoire complet en individuel ici.
Photo à la Une : L'exceptionnel Zineday est en tête du classement provisoire avec l'Allemagne, et deuxième en individuel. © Mélina Massias
Toutes les épreuves des championnats d’Europe de Milan sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.