L’air de rien, Harrie Smolders enchaîne les performances de haut vol depuis de longues semaines. Le Néerlandais pourrait-il faire concurrence à Henrik von Eckermann, et surtout Julien Epaillard au sommet du classement mondial ? S’il a encore un peu de retard à combler sur le premier, le voir devenir numéro deux mondial le mois prochain n’est pas impossible. Déjà aux honneurs du côté du temps fort individuel du CSIO 5* de Saint Gall avec son même Uricas vd Kattevennen, le sympathique pilote a récidivé, de nouveau sur une immense piste en herbe, celle de Riesenbeck. Malgré la grisaille, le duo a mis tout le monde d’accord et repoussé les assauts de Max Kühner et Daniel Deusser, deux et troisièmes sur Elektric Blue P et Killer Queen VDM, deux chevaux d’expérience, déjà vainqueurs au plus haut niveau, et issus du même cocktail gagnant Eldorado vd Zeshoek x For Pleasure.
Dans la grisaille de Riesenbeck, où la météo, bien que capricieuse, n’a pas entaché le standard de la compétition organisée par les écuries Beerbaum, Harrie Smolders et Uricas vd Kattevennen ont offert un feu d’artifice au public, dimanche 23 juillet, dans le Grand Prix 5*. Pour cette première édition du concours allemand sous les couleurs du Longines Global Champions Tour (LGCT), le duo a brillé de mille couleurs pour réitérer la performance signée à Saint-Gall, début juin.
“Uricas est très spécial. Il a sauté de façon formidable aujourd’hui. Il aime ces pistes en herbe. Il était ici dans le CSI 2* il y a deux ans (en parallèle des championnats d’Europe Longines, ndlr). Passer au niveau 5* de cette façon, avec une victoire pour son premier Global Tour, est fantastique. Malgré le temps, il y avait beaucoup de personnes aujourd’hui, et l’ambiance était super. Ici, à Riesenbeck, les installations sont incroyables, tant pour nous que pour les chevaux. Tout le monde soutient notre sport”, s’est réjoui le numéro trois mondial, qui pourrait bien poursuivre sa folle ascencion.
Parti en cinquième position dans un barrage à huit, le Néerlandais a déroulé un second parcours d’école. Rythme, équilibre, fluidité, tracé ; tout était parfait. Et, déjà en grande forme au premier tour, Uricas vd Kattevennen n’a fait que magnifier l’équitation de son pilote, répondant impeccablement à chacune de ses indications, pour couper les cellules d’arrivée en 45”56. À onze ans, l’excellent fils d’Uriko, né Clooney, arrive à pleine maturité. Il conjure également le sort de son illustre pilote, si souvent cantonné au deuxième rang avec Monaco. Deuxième à Monte Carlo, justement, troisième à La Corogne, le très régulier représentant des écuries Evergate enfonce le clou et signe là son deuxième succès avec son remarquable complice, de nouveau sur une immense piste en herbe. De quoi rêver du même dénouement à Milan, dans quelques semaines ? Wait and see, tant la concurrence est redoutable aux Pays-Bas, en témoigne la victoire, sur un autre écrin vert, de Sanne Thijssen, à quelques kilomètres de Riesenbeck ce week-end.
Invasion irlandaise
Un temps en tête, malgré une fin de parcours ayant mis à rude épreuve le cœur des tribunes germaniques, qui n’ont pu contenir quelques “oh” avant d’exploser de joie, Daniel Deusser a vu ses espoirs de victoire avec sa très en forme Killer Queen VDM disparaître au passage d’Harrie Smolders, d’abord, puis de Max Kühner. Aux rênes de son meilleur atout, Elektric Blue P, l’Autrichien a bien tenté d’imiter son homologue batave, mais a clairement manqué de tempo en début de parcours. Sa tentative d’accélération, sous les sifflements de son camp, en seconde partie de barrage, n’a pas suffi pour l’emporter. Évidemment déçu, le quadra semblait pourtant heureux de sa deuxième place et de son bain de foule, face à “son” public, lui qui est allemand d’origine, mais a choisi de défendre le drapeau voisin.
Que dire des Irlandais ? Ils étaient cinq au départ, et trois d’entre eux terminent parmi le top 6, signant un beau tir groupé ! Michael Duffy, deuxième à partir, a opté pour la sûreté, déroulant un barrage convaincant sans prise de risque inconsidérée sur la très en forme et plaisante Cinca 3, qui signe, du haut de ses quatorze ans, les meilleures performances de sa carrière depuis quelques semaines. Troisième à Cannes, double sans-faute dans la Coupe des nations Longines de Rotterdam, la fille de Casall persiste et signe en s’offrant la cinquième place du temps fort du CSI 5* de Riesenbeck. Juste devant elle, Highland President permet à son cavalier, Trevor Breen, de se hisser au quatrième rang, après un barrage là aussi maîtrisé, et tout juste vingt centièmes plus rapide.
Laissant une excellente impression au premier tour, Eoin McMahon n’est pas passé loin de rendre un très bel hommage à son patron, Ludger Beerbaum, récent retraité et aux manettes de l’événement. Mais une barre, concédée sur l’antépénultième saut du barrage a privé l’Irlandais et la grise Mila 64, née Mank, d’une potentielle troisième place. Finalement, le duo s’est rangé en sixième position. De bon augure pour la suite !
Si Harrie Smolders est parvenu à conjurer le sort, gageons qu’il en soit bientôt de même pour le très en forme et en vue Abdel Saïd, encore septième avec sa géante Bonne Amie, pénalisée d’une faute au barrage ! Figurant déjà au même rang Miami, Mexico et Ramatuelle, l’immense fille de A Big Boy confirme tous les espoirs fondés en elle et comble de bonheur son binôme belge.
Enfin, Gerrit Nieberg, qui aurait pu faire office de favori avec son Ben 431 sur cette belle piste en herbe, a préféré lever le pied après avoir concédé une faute au barrage. Cela n’enlève rien à la partition parfaite jouée par le duo dans l’acte initial du Grand Prix, ni à sa bonne huitième place finale.
Photo à la Une : Harrie Smolders et son excellent étalon Uricas vd Kattevennen. © Ljuba Buzzola/LGCT