Un champion reste un champion. Même si Lars Nieberg, Frédéric Cottier, Markus Fuchs et Éric Navet n’avait plus évolué sur la piste de La Baule depuis un certain temps, leur aisance a semblé faire disparaître le nombre des années. Comme un retour vers le passé, le Trophée des Légendes a offert au public baulois un moment qu’il n’est pas près d’oublier, où ces quatre immenses noms de l’équitation mondiale ont livré un spectacle à la hauteur des attentes. Et, pour finir en apothéose, Éric Navet a fait lever les tribunes, pleines à craquer, comme il l’avait déjà fait un jour de 1991.
Acclamé par plusieurs centaines de spectateurs, massés dans les tribunes et aux abords de la grande piste du Stade François André, Éric Navet a presque eu la larme à l'œil, samedi 10 juin. Cette ambiance, digne d’un grand championnat, lui a sans doute rappelé quelques souvenirs, ceux laissés dans sa mémoire par les Jeux équestres mondiaux de Stockholm en 1990, d’abord, de Jerez de la Frontera, en 2002, des Jeux olympiques de Barcelone, en 1992 et surtout des championnats d’Europe de La Baule de 1991. Dans une épreuve justement baptisée “le Trophée des Légendes”, l'icône équestre française a tout bonnement livré quatre démonstrations, sur ses quatre montures de la soirée.
Nouveauté au programme du CSIO 5* de La Baule, cette rencontre au sommet et à but caritatif pour la Ligue française pour la protection du cheval, était jugée sur un format de tournante, où les quatre pilotes de la soirée enchaînaient, tour à tour, autant de parcours, sur autant de chevaux différents, prêtés pour l’occasion par les Sports équestres Militaires. Feeling Delque, Carlina d’Ariel, Chronos du Montceau et Vaillant d’Orchis, les héros de la soirée, sont tous passés entre les mains expertes d’Éric Navet. Avec, à chaque fois, un score parfait. Le premier cité, né chez Renaud Delaroque, est un fils de Canturo avec une mère par Trésor et un habitué des terrains de concours, où il performe régulièrement jusqu’à 1,30m sous la selle de Juliet Boubli Beskow. La seconde, Carline d’Ariel, a vu le jour chez Daniel François, du croisement entre Top Gun Semilly et Primula d’Ariel, une fille de Verdi. Chronos, lui, est un descendant de Mylord Carthago qui a pointé le bout de son nez à Gilly Sur Loire, au même endroit qu’un certain Chaman Dumontceau, excellent partenaire de Stéphane Landois, victorieux du Derby du 1*, en concours complet. Enfin, Vaillant d’Orchis, révélation de cette soirée avec quatre parcours parfaits, est une perle de l’élevage de Monique Philippe Gatesoupe, par le regretté Quartz du Chanu. Faisant forte impression de l’extérieur, l’habituel complice de Chloé Hardy, qui le guide sur des parcours allant jusqu’à 1,40m en compétition, a également dû donner de bonnes sensations à ses cavaliers !
“C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai pu revivre ces moments devant vous, devant le public de La Baule, avec les grands souvenirs que j’ai de ce lieu, surtout des championnats d’Europe. Ce public fidèle est extraordinaire. Pour mon retour pour quelque temps en France, je suis très, très ému de me retrouver devant vous et de recevoir un tel engouement. Merci beaucoup. Nous avons été surpris de faire notre petite épreuve sympathique devant des tribunes pleines, en fin de journée. Je trouve cela extraordinaire. Je voudrais remercier mon ami Frédéric Cottier d’avoir eu cette idée formidable. Nous avons tous pris beaucoup de plaisir. Nous nous sommes éclatés ! Je voudrais aussi remercier l’Armée française de nous avoir permis de monter ces chevaux, ainsi que ces quatre femmes, leurs cavalières habituelles, qui nous ont groomé ce soir”, s’est exprimé l’heureux lauréat, entrecoupé par des applaudissements nourris et presque interminables.
Pourtant, avant d’avoir course gagnée, le pilote au style parfait a dû relever un petit défi, en convaincant, avec tact et finesse, Carlina d’Ariel de franchir les sept obstacles, pour huit efforts, du parcours allant jusqu’à 1,30m pour cet affrontement de haute volée. En effet, pour son parcours précédent, la baie avait décidé qu’elle ne franchirait pas le numéro deux. Surpris, Lars Nieberg s’était alors retrouvé à terre, heureusement sans mal ! Malgré quelques sauts sans doute un peu moins académiques que l’aurait aimé l’éternel perfectionniste, la belle a ensuite déroulé. Mais, face à l’ancien cavalier de Quito de Baussy et Dollar du Mûrier, il n’y avait rien à faire.
Beaux rivaux, Markus Fuchs, deuxième, Frederic Cottier, troisième et Lars Nieberg, quatrième ont certainement pris autant de plaisir que les spectateurs devant cette épreuve originale et merveilleuse. Au-delà du parcours, le public a pu se délecter de voir chaque athlète régler des détails, ci et là, pour ne faire qu’un avec son binôme de la soirée. Et les spectateurs n’étaient pas les seuls présents pour la fête. D’autres grands noms s’y sont joint, à l’instar de Nelson “Neco” Pessoa, mais aussi Gerrit Nieberg, Martin Fuchs, Otto Becker ou encore Sean Vard, tous présents dans le paddock éphémère construit sur l’immense écrin de verdure, pour permettre aux couples de trouver leurs marques en quelques minutes.
Finalement, peu importe le classement, tant ces quatre immenses champions - qui comptent à eux tous vingt-huit médailles individuelles, dont neuf en or et pléthore de victoires en Grand Prix, acquises avec Flambeau C, Tinka’s Boy, Dollar du Mûrier ou For Pleasure -, ont fait plaisir à voir, écoutant leurs montures, leur permettant de s’exprimer, certes dans des styles différents, pour les mettre à l’honneur.
Photo à la Une : La joie d’Eric Navet au moment de couper la ligne d’arrivée avec l’excellent Vaillant d’Orchis. © Mélina Massias
Toutes les épreuves du CSIO 5* de La Baule sont diffusées sur GRANDPRIX.tv.