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Dynastie de Beaufour, une grande dame qui fait l’unanimité (1/3)

Dynastie de Beaufour et Valentin Besnard
samedi 1 avril 2023 Mélina Massias

Impossible de ne pas remarquer Dynastie de Beaufour. Lorsque la belle s’élance sur un parcours, tout semble facile, fluide, à sa portée. Dotée d’une technique parfaite, d’une envie de bien faire débordante, de moyens remarquables et d’un caractère en or, la fille de Diamant de Semilly et Sophia Di San Giovanni semble destinée à un futur à sa hauteur. À seulement dix ans, et après avoir suivi une formation raisonnée et raisonnable, sans jamais brûler les étapes, la Selle Français, née chez le champion du monde Éric Levallois, compte déjà deux classements en Grand Prix 4*, en autant de tentatives à ce niveau ! Sous la selle de Valentin Besnard, qui la monte depuis tout juste un an, la baie n’a fait que confirmer les premières impressions entrevues avec Romain Lescanne et ses autres formateurs. Retour, en trois volets, sur l’éclosion d’une crack qui a conquis toutes celles et ceux qui ont croisé sa route.

Que ce soit son éleveur, Éric Levallois, son cavalier actuel, Valentin Besnard, son ancien pilote, Romain Lescanne, ou son propriétaire, Michel Lescanne, tous louent l’immense gentillesse et le talent tout aussi grand de Dynastie de Beaufour. Depuis un an, et après avoir été façonnée avec patience et amour, la grande baie de dix ans ne cesse de crever l’écran. En à peine quelques mois, elle et Valentin Besnard sont parvenus à former un couple et à enregistrer des résultats prometteurs. À leur actif, il y a notamment deux podiums en Grand Prix 4*, en… autant de tentatives. À Rouen, où elle ne s’est inclinée qu’au profit de Condaro, monture de l’Autrichien Stefan Eder, la belle affrontait pour la première fois une telle épreuve. Une pause hivernale bien méritée et rebelote. Début mars, sur l’immense piste en herbe de Vejer de la Frontera, la Selle Français a terminé troisième, grâce à un remarquable double zéro, étant supplantée par deux autres jeunes stars, guidées par deux champions : Steve Guerdat et Martin Fuchs. Mieux encore, en soixante-huit apparitions internationales, Dynastie n’est sortie de piste avec plus de deux fautes qu’à trois reprises ! “Je pense qu’elle a un bel avenir. Elle m’épate à chaque fois que je la vois !”, glisse Michel Lescanne, son propriétaire. Nul doute que cette grande dame n’en est qu’aux prémices de sa carrière.

 Valentin Besnard et Dynastie de Beaufour, sereins, lors du tour d'honneur du Grand Prix 4* de Vejer de la Frontera. © Andalucia Sunshine Tour



Diamant de Semilly et Cassini I, recette magique

Bien nommée, la fille de Diamant de Semilly est l’une, si ce n’est la figure de proue d’une très bonne famille maternelle, qui puise sa source dans la Stamm 42a-2 du Holstein. Sophia Di San Giovanni*DXB (Cassini I), génitrice de Dynastie, a d’abord engendré, en 2009, Zaia Di San Giovanni (Cornet Obolensky, ex Windows vh Costersveld), lauréate d’un Grand Prix 5* à Rockwood en août 2021, sous la selle du Canadien Mac Cone. Dénichée par Éric Levallois pour le compte de la famille royale al Maktoum, qu’il entraînait alors, la représentante du stud-book des chevaux de sport italien (MIPAAF), qui a elle-même concouru jusqu’à 1,40m avec le Sheikh Ahmed bin Rashid al Maktoum, est ensuite croisée à un certain Diamant de Semilly. Fille de Cassini I et petite-fille de Calvados II, Sophia donnera sept produits avec le chef de race Selle Français : Dynastie, Diamantina, Diamond Boy, Dynamite, E Pleasure et El Tigre de Beaufour, ainsi que DXB Legend, ce dernier étant né pour le compte de la famille al Maktoum, qui a partagé les poulains de Sophia avec l’ancien cavalier de feu Diamant de Semilly. Quatre d’entre eux évoluent à 1,45m et plus ! “Sophia a produit cinq chevaux de Grand Prix. La famille est bonne, ce n’est pas du hasard”, assure Éric Levallois. “Sophia était une très belle jument, une fille de Cassini avec une mère par Calvados, un étalon que j’apprécie. Elle avait beaucoup d’amplitude et était très élastique dans son corps. Elle s’est très bien mariée à Diamant, comme beaucoup de filles de Cassini I. Diamant se croise très bien avec les juments allemandes. Pourquoi ? J’aimerais bien le savoir ! En tout cas, l’association de ces deux courants de sang ne m’a donné que des sauteurs.” Cette recette magique a également porté ses fruits pour Dominator 2000, surpuissant étalon du haras Zangersheide et gagnant en Grand Prix 5* avec Christian Ahlmann, Fahrenheit de Beaufour, lui aussi étalon et passé sous la selle du Suisse Pius Schwizer depuis le début de l’année, Couleur Latour, un autre reproducteur, ou encore Villamoura, très compétitive à 1,50m. 

Zaia Di San Giovanni, première descendante de Sophia Di San Giovanni, ici à Calgary. © Sportfot 

Dynastie de Beaufour et Valentin Besnard. © Pixels Events

Si toute la fratrie de Dynastie de Beaufour est pétrie de qualités, et que d’autres jeunes pousses, nées entre 2016 et 2022 vont encore pointer le bout de leur nez, de l’aveu de ceux qui la côtoient ou l’ont côtoyée au quotidien, il est impossible de les comparer. “Il n’y a pas de point commun entre Dynastie et ses frères et sœurs !”, s’amuse Romain Lescanne. “C’était impressionnant. On se rend compte que le métier d’éleveur et la génétique sont loin d’être une science exacte. J’ai monté sa propre sœur, Diamantina, qui a le même âge, et son propre frère, E Pleasure, d’un an son cadet. Tous étaient bons et ont sauté au moins 1,45m en étant compétitifs, mais ils étaient totalement différents, tant dans le caractère que dans le physique. Diamantina, E Pleasure et Dynastie étaient tous intelligents et attachants, même si, pour moi, tout cheval est attachant, puisque je les aime tous.” Et Valentin Besnard de confirmer les dires de son ami : “Il n’y a pas franchement de ressemblances entre les trois. (rires) Ils sont tous bons, mais absolument pas similaires. Diamantina est très styliste et douée sur l’obstacle, presque plus que Dynastie, mais est un peu anxieuse. Elle a besoin de temps, même si elle concourt déjà à 1,50m. C’est aussi une très bonne jument. E Pleasure, lui, a fait ses premières épreuves à 1,45m comptant pour le classement mondial au Sunshine Tour, avec plusieurs sans-faute à la clef, dont un dans le Grand Prix 2*. Il est extrêmement gentil et devrait atteindre au moins le niveau 1,50m. Il est très surprenant et se rapproche du caractère de Dynastie ; il est au service de l’homme et fait tout ce qu’on lui demande.”

 La styliste Diamantina Beaufour. © Pixels Events

E Pleasure Beaufour. © Pixels Events




“Dynastie est un ange”, Romain Lescanne

Le caractère. Voilà sans doute ce qui distingue Dynastie des autres. “Dynastie est très bonne élève. C’est la jument sans problème ! (rires) Elle est respectueuse et se donne en parcours. Si le cavalier ne fait pas d’erreur, elle répond tout le temps présent”, savoure Éric Levallois, pas peu fier de sa pépite. “À manipuler, Dynastie était gentille, tout comme elle l’était au paddock ou avec les autres. Elle a toujours été facile et sage, n’a jamais donné un coup de cul ni fait un saut de mouton. C’est un ange. Dans sa tête, elle est là pour travailler, pour être sans-faute. C’est une machine de guerre”, plaide à son tour Romain Lescanne. “On peut tout lui demander, elle fait toujours tout. Après les concours, le lundi, Valentin, son cavalier, peut partir sur la route, aller chez son voisin, déséquiper la jument, la mettre dans un paddock, prendre un café et repartir après. Je pense que Dynastie est le meilleur cheval de chasse à courre que j’aurais pu avoir ! Rien ne l’arrête. À la remise des prix du Grand Prix 4* de Vejer de la Frontera, tous les chevaux bougeaient et elle, elle était immobile. Elle est tellement gentille. Elle donne tout ce qu’elle peut. Lorsqu’elle est au box, si elle est couchée et qu’il est prévu qu’elle soit sortie, on attend qu’elle se relève. Elle est aimée de tous. J’ai des chevaux depuis soixante ans, j’ai toujours été passionné, mais avec Dynastie, je suis tombé sur une jument hors du commun”, assure Michel Lescanne. Et Valentin Besnard de compléter : “Je pense que son caractère est quelque chose de rare chez un cheval de ce niveau.”

 Même sous la pluie, ici avec Romain Lescanne, qui l'a formée quatre ans durant, Dynastie de Beaufour est imperturbable. © Pixels Events

La suite de ce portrait est disponible ici.

Photo à la Une : Dynastie de Beaufour en action à Grimaud, lors de son premier concours avec Valentin Besnard, fin avril 2022. © Sportfot