Dans un duel face à l’Irlande à Barcelone, la Grande-Bretagne triomphe dans la finale de la Ligue des nations

Scott Brash était l’homme du week-end à Barcelone ! Après sa victoire dans le Grand Prix de ce CSIO support de la finale de la Ligue des nations Longines, l’Ecossais a offert la victoire au collectif britannique au terme d’un barrage aux allures de duel face à l’Irlande. Pour quelques centièmes, l’expérience du vaillant Hello Jefferson, né Jerenmias van het Hulstenhof chez Bernard Mols il y a seize ans, a primé sur la jeunesse de Jumping Jack van de Kalevallei, l’étalon de Billy Twomey. Dans une épreuve pleine de suspense et de justesse, grâce au maestro Santiago Varela, l’Allemagne s’est hissée sur la troisième marche du podium.
Quel scénario. La finale de la Ligue des nations Longines a tenu toutes ses promesses, dimanche 5 octobre. Au terme de deux manches, au cours desquelles se sont affrontées neuf équipes, d’abord composées de quatre puis de seulement trois couples, la victoire s’est décidée au barrage. Et comme souvent, la Grande-Bretagne, dont les espoirs collectifs reposaient sur les épaules en béton armé de Scott Brash, a tenu le choc. Aux rênes de son fidèle Jerenmias vh Hulstenhof, alias Hello Jefferson, l’Ecossais, déjà vainqueur du Grand Prix vendredi avec Hello*Folie de Nantuel, a relevé haut la main le défi imposé par Billy Twomey, son adversaire du jour. Alors que l’Irlandais avait déroulé un excellent barrage sur Jumping Jack van de Kalevallei, dix ans, en optant pour une belle prise de risque pour aborder l’ultime vertical, l’expérience de Hello Jefferson, seize ans, champion olympique par équipe l’été dernier et encore vainqueur de deux Grands Prix CSIO 5* cette saison, à Saint-Gall et Spruce Meadows, a payé. Grâce à un tracé au cordeau, le fils de Cooper vd Heffinck a coupé la ligne d’arrivée en 38’’19 contre 38’’42 pour le fils de Kannan. Le clan britannique, soudé autour de Di Lampard, a pu exulter et savourer un énième succès.
Scott Brash, Harry Charles, Ben Maher et Donald Whitaker ont encadré Di Lampard sur le podium de la finale de la Ligue des nations. © Leanjo de Koster / FEI
La France, les Etats-Unis et les Pays-Bas craquent au pire moment
Avec seulement trois couples par équipes en seconde manche, aucun joker, et un fabuleux parcours imaginé par le maître Santiago Varela, les cartes ont été largement battues et rebattues tout au long de l’après-midi. Petit à petit, la perspective d’un barrage s’est dessinée, notamment lorsque… Scott Brash a concédé quatre points en milieu de triple lors de son second passage. Sans cette faute, et à ce stade de la compétition, l’Union Jack aurait pu avoir course gagnée. Finalement, il n’en a rien été.
Avant l’ultime rotation de la seconde manche, la France, les Pays-Bas et les Etats-Unis étaient encore en lice pour s’inviter au barrage. Pour les Tricolores, Olivier Robert et Iglesias DV ont d’abord péché sur deux verticaux, avant que le hongre ne retombe dans ses travers en refusant le virage à main droite pour aborder le triple… Après cet acte d’humeur, lui et son cavalier bordelais sont parvenus à franchir la combinaison sans encombre, portant leur score final à treize unités et celui de la France à vingt-neuf points. Septième, le Coq pourra se satisfaire de la bonne copie d’Antoine Ermann et Floyd des Prés (4+0), leaders de leur collectif, et du sans-faute en première manche d’Olivier Perreau et GL Events*Dorai d’Aiguilly. Du reste, et comme pour nombre d’équipes, l’absence de certains couples phares à peser sur les résultats.
Côté Pays-Bas et Etats-Unis, Willem Greve et Karl Cook, souverains en première manche avec leurs brillants Grandorado et Caracole de la Roque, devaient doubler la mise pour garder une chance de victoire. Mais tous deux n’ont pu éviter deux fautes, les repoussant en six et cinquième place.
Représentée par trois des quatre couples qui l’avaient menée à son titre de championne d’Europe cet été, la Belgique faisait partie des favorites à Barcelone. Mais cela n’a pas suffi. Alors que Nicola Philippaerts et Katanga v/h Dingeshof, dans leur style toujours peu académique entre les obstacles, ont signé l’un des deux seuls doubles zéro de la journée, les jeunes prodiges Thibeau Spits et Gilles Thomas ont échoué. En selle sur leurs étalons Impress-K van’t Kattenheye (4+8) et Ermitage Kalone (6+4), d’ordinaire si hors norme, tous deux concédé une faute à la rivière lors de leur second passage en piste. Thibeau Spits et son complice de dix ans en ont même ajouté une supplémentaire. Pour un point, les hommes de Peter Weinberg ont terminé juste derrière ceux d’Otto Becker, qui sont parvenus, tant bien que mal, à se hisser sur le podium.
Katanga v/d Dingeshof n'a laissé aucune place à l'erreur lors de ses deux parcours, mais cela n'a pas suffi pour offrir un podium à la Belgique, championne d'Europe en titre. © Sportfot
Il faut dire que les Allemands pourront nourrir de sacrés regrets, entre les fautes de Sophie Hinners et Marcus Ehning sur le numéro 1, en seconde et première manche, mais aussi celle sur le dernier, un vertical défendu par une fragile palanque, commise par Richard Vogel… Pourtant, tous trois misaient sur leurs meilleurs chevaux dans l'exercice des Coupes des nations : Iron Dames*Singclair (4+8) et auteur de trois doubles zéro cette saison, Coolio 42 (4+1) et United Touch S (0+4), qui a une nouvelle fois déployé ses ailes en Espagne.
Très solide sur le papier, et habituée aux honneurs à Barcelone, l'Allemagne s'est contentée du troisième rang cette année. © Leanjo de Koster / FEI
À neuf ans, Qonquest de Rigo confirme sa saison exceptionnelle
Au sein des rangs irlandais, l’absence de certains cadres, à l’instar de Cian O’Connor, Max ou encore Tom Wachman, qui ne manquent jamais de chevaux, pouvait légitimement interroger. Darragh Kenny, Daniel Coyle et Shane Sweetnam, les trois meilleurs représentants de l’île d’Emeraude au classement mondial Longines et installés outre-Atlantique, n’avaient, eux, pas jugé intéressant de faire le voyage en Europe, tandis que Seamus Hughes Kennedy, la révélation de l’année, a vendu son meilleur complice, ESI Rocky. Pas facile, donc, pour Michael Blake de rivaliser. Et pourtant, la profondeur d’effectif des Vestes vertes a une nouvelle fois fait des merveilles. Portés par le double zéro de Bertram Allen et son jeune et spectaculaire Qonquest de Rigo, au départ de pléthore d’épreuves de très haut niveau cette saison à neuf ans seulement, Sean Monaghan, Billy Twomey et Michael Pender ont fait preuve de régularité sur Toyger, un très rare fils du regretté Catwalk IV, Jumping Jack van de Kalevallei et HHS Los Angeles, sœur utérine du génial HHS Burnchurch. S’ils ne sont parvenus à boucler leurs prestations sur un score vierge, tous trois n’ont signé que des parcours à quatre points. Billy Twomey, qui retrouve le très haut niveau grâce à son plaisant étalon SBS par Kannan et d’une mère par Chin Chin sur la souche de Kashmir van’t Schuttershof, a réussi à rectifier le tir lors de son barrage, conclu sur un clear round.
Auteurs de trois excellents parcours, Billy Twomey et Jumping Jack van de Kalevallei s'annoncent déjà un couple phare pour l'Irlande dans les prochaines années. © Leanjo de Koster / FEI
Que dire du double zéro de Qonquest de Rigo, neuf ans, et Bertram Allen, déjà vus à leur avantage toute la saison ? © Sportfot
Malheureusement pour cette équipe pleine de promesses, la Grande-Bretagne est restée intraitable. Si Donald Whitaker et Millfield Colette ont vu leurs huit points de l’acte initial être effacés, Ben Maher, Harry Charles et Scott Brash n’ont jamais effleuré plus d’une barre sur le même parcours avec leurs excellents Enjeu de Grisien, Novio vd Donkhoeve, alias Sherlock, aligné pour la première au départ d’une Coupe des nations de niveau 5*, et Hello Jefferson.
Alors que Point Break, pas au mieux de sa forme après une mauvaise expérience dans une combinaison la semaine dernière à Vienne, devait initialement participer à cette épreuve collective, le Selle Français Enjeu de Grisien l'a magnifiquement suppléé. © Leanjo de Koster / FEI
Novio vd Donkhoeve, alias Sherlock, a fait bonne figure pour sa première épreuve collective de niveau 5* avec Harry Charles, en pleine transition cette année. © Leanjo de Koster / FEI
En soixante-deux parcours terminés au cours de l’après-midi, seuls trois ont été pénalisés de plus de huit points. Il s’agit de ceux de Kevin Staut sur Visconti du Telman, Alessandra Volpi aux rênes de Gipsy Love et Sanne Thijssen, associée à Cupcake. De fait, cette statistique impressionnante souligne une nouvelle fois la belle partition jouée par Santiago Varela, chef d’orchestre d’une savoureuse finale.
Photo à la Une : Sur Jerenmias van het Hulstenhof, alias Hello Jefferson, Scott Brash a une nouvelle fois prouvé son mental à toute épreuve ! © Leanjo de Koster / FEI
Les épreuves du CSIO 5* de Barcelone sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.