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À Prague, Dubaï du Cèdre remporte son face à face avec King Edward Ress et entre encore un peu plus dans la cour des très grands

Dubaï
samedi 18 novembre 2023 Mélina Massias

Quel triomphe pour Dubaï du Cèdre ! À Prague, au cœur de l'ultra-moderne O2 Arena, la complice de Julien Epaillard a décroché la plus belle victoire de sa carrière en remportant le Super Grand Prix du Longines Global Champions Tour. Grâce à un chronomètre supersonique en deuxième manche, la Selle Français Originel et son cavalier ont vaincu les d’ordinaire insubmersibles Henrik von Eckermann et King Edward Ress. Troisième, Max Kühner a complété le tiercé gagnant sur Up Too Jacco Blue, venu en renfort d’Elektric Blue P, qui s’est consacré ce week-end à la lucrative Global Champions League.

Depuis les championnats d’Europe de Milan, où elle s’est parée de bronze en individuel, Dubaï du Cèdre a pris une nouvelle dimension. Parfaitement formée au sein de la maison Rocuet, et notamment par Margaux, qui avait noué avec cette bouillonnante alezane une relation particulière, la Selle Français Originel ne s’est jamais brûlé les ailes lors de ses jeunes années. Voilà un an, ses naisseurs, Perrine Cateline et Sylvain Pitois, ont décidé de poursuivre l’aventure avec un certain Julien Epaillard. Depuis, tout s’est accéléré. D’abord cantonnée à des épreuves secondaires, où elle a signé ses premières victoires internationales, la fille de Baloubet du Rouet a commencé à montrer tout son potentiel dans le Grand Prix CSIO 5* de Rome, puis dans la Coupe des nations de La Baule, conclue avec un double zéro. Loin d’être la plus classique dans sa manière de sauter, Dubaï du Cèdre déborde de volonté et d’envie de bien faire. Elle l’a encore prouvé à Prague, samedi 18 novembre. Point d’orgue de la saison du Longines Global Champions Tour (LGCT), le Super Grand Prix, doté d’1,26 million d’euros et réunissant les seize meilleurs cavaliers des quinze Grands Prix de la saison régulière - deux d’entre eux n’ayant pu être départagés à Rome -, a mis les nerfs de tout le monde à rude épreuve.

Dubaï du Cèdre en route pour signer la plus belle victoire de sa carrière. © Stefano Grasso

Sept sans-faute. Au terme de la première manche, sept couples avaient trouvé les clefs du clear round, de quoi rêver de réitérer en seconde manche. Seulement, personne n’y est parvenu. Déjà très inspiré à Vérone la semaine passée, le maestro Uliano Vezzani a rendu une nouvelle copie parfaite en République Tchèque. À la hauteur de l’enjeu, l’Italien a concocté un premier parcours abordable, puis un second plus délicat, tout de même achevé sans erreur par quatre paires. Quelques couples sont bien sortis de pistes avec des scores un peu lourds, mais jamais en raison d’obstacles insurmontables. Dans le détail, Philipp Weishaupt, qui, comme Christian Kukuk, a préféré préserver sa meilleure cartouche, le médaillé d’argent européen Zineday, pour les lucratives épreuves de la Global Champions League, a abandonné lors du second acte, son fidèle Coby 8 n’étant pas à son meilleur niveau. David Will, lui, a essuyé une dérobade sur le triple numéro cinq avec son My Prins van Dorperheide, né chez la famille Philippaerts. Même déconvenue pour Peder Fredricson, impeccable en première manche avec Catch Me Not S, fautif sur le numéro deux de la seconde manche et pris de court par un refus de son gris après une prise de risque osée pour tenter d’obtenir un bon chronomètre et une place d’honneur. Après une première manche correcte, Mandato van de Neerheide, généreux partenaire de l’Allemand Christian Ahlmann que l’on aurait aimé voir moins enfermé au cours des longues secondes précédant le franchissement de la ligne de départ des deux parcours, a renversé trois barres, tout comme Cum Laude. Ce tout jeune cheval de neuf ans, monté par Sanne Thijssen en lieu et place du fantastique Con Quidam RB, visiblement pas très à l’aise à Prague, a sans doute été la révélation de la soirée. Certes, trois fautes ont émaillé son score lors de son second passage, en raison d’une apparente fatigue, mais son premier tour parfait a été remarquable ! En effet, le fils de Cooper vd Heffinck disputait là sa toute première épreuve à 1,60m et n’avait jusqu’alors signé aucun sans-faute à 1,55m, a surpris son monde et ravi sa cavalière néerlandaise, sourire jusqu’aux oreilles en sortie de piste. Surtout, c’est l’attitude de ce hongre de neuf ans qui ont fait plaisir à voir : oreilles en avant en permanence, visage serein, le bai semblait heureux d’être là. 

Pour son premier saut dans le grand bain, Cum Laude a ravi sa cavalière. © Sportfot



Avec huit points au total de leurs deux manches, Jessica Springsteen, Christian Kukuk et Edwina Tops-Alexander se sont classés huit, neuf et dixième sur Don Juan van de Donkhoeve, le plaisant Cemal, absent des terrains de concours pendant plus de huit mois entre 2022 et 2023 et aligné seulement deux fois au départ d’un parcours international à 1,60m, et Fellow Castlefield, née Fellow Liefhebber. 

La pression et le suspense au rendez-vous

Après un premier parcours à quatre points, Bertram Allen, Harrie Smolders et Max Kühner n’avaient rien à perdre. Associés à leurs brillants Pacino Amiro, Monaco et Up Too Jacco Blue, l’Irlandais, le Néerlandais et l’Autrichien ont tour à tour dominé le tracé d’Uliano Vezzani pour quitter la piste avec leur score initial. Rapides, tous trois ont mis la pression sur leurs poursuivants et se sont finalement classés quatre, cinq et troisième.

Très belle troisième place pour Up Too Jacco Blue et Max Kühner. © Sportfot

À leur suite, Henrik von Eckermann s’est présenté en piste aux rênes de son indescriptible King Edward Ress. Un poil moins brillant qu’à son habitude en première manche, l’alezan, né chez Wim Impens, s’est envolé en seconde, survolant tous les obstacles à grande vitesse et sans jamais les effleurer. Avec son chronomètre supersonique de 58’’76, les champions du monde en titre s’assuraient d’office une sacrée remontée, eux qui étaient initialement huitièmes ! 

Une fois n'est pas coutume, King Edward Ress n'a pas réussi à signer un double zéro dans le Super Grand Prix de Prague. © Stefano Grasso

Derrière eux, tous les couples sans-faute en première manche ont flanché. Tentant d’abord d’assurer le sans-faute, beaucoup se sont vus relégués plus loin dans le classement en raison de leur chronomètre après avoir renversé une barre. Toujours aussi atypique, mais plein de fraîcheur et d’entrain, Beauville n’a pu éviter de faire rouler à terre le milieu du triple. Résultat ? Une sixième place pour Maikel van der Vleuten, juste devant Katrin Eckermann, septième sur Cala Mandia après un sans-faute et un parcours à quatre points. Juste avant le passage de Maikel van der Vleuten, Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre ont bien tenté de signer le double zéro tant attendu, sans y parvenir. Malgré tout, la paire, en grande forme, a amélioré le temps du numéro un mondial et son BWP, pour couper la ligne d’arrivée en 57’’49. Décoiffant. Dernier à tenter sa chance, Andreas Schou, auteur d’une première prestation de grande classe, a accusé trois fautes sur son cher Darc de Lux, offrant ainsi la victoire au Normand et sa Selle Français Originel (SFO), leur première à ce niveau ! Au paddock, Caroline Belouet, groom de Dubaï, ne pouvait cacher sa joie, tandis qu’Henrik von Eckermann, en grand sportif, est immédiatement venu féliciter son rival et bourreau du jour.

Rien ne semble résister à Julien Epaillard et sa Dubaï du Cèdre depuis quelques mois. © Ljuba Buzzola



“C’était incroyable”, Julien Epaillard

Après avoir décroché deux victoires en Grands Prix LGCT cette saison, à Ramatuelle et Monaco, aux rênes de Donatello d’Auge, un autre SFO, Julien Epaillard a conclu sa saison sur ce circuit de la meilleure des manières. Désormais, plus de place au doute, Dubaï du Cèdre fait bel et bien partie des meilleurs chevaux de la planète et pourrait bien être une sérieuse candidate pour Paris 2024. 

“C’était incroyable ce soir. L’ambiance était spéciale, tout comme cette victoire à mes yeux”, a déclaré Julien Epaillard après son triomphe. “Il y avait beaucoup de suspense avec ma faute et je n’étais pas sûr de rester en tête, mais le dénouement est fantastique.” Effectivement, si le suspense était à son comble, un peu plus de dynamisme dans le passage des couples aurait peut-être servi encore davantage la compétition. Il aura fallu deux fois cinquante minutes, le tout entrecoupé d’une heure de pause, pour connaître le résultat de ce Super Grand Prix qui ne regroupait “que” seize paires. D’ailleurs, la concurrence avec la GCL aura marqué cette épreuve avec l’absence de quelques grands chevaux dont le très en forme Checker 47, Zineday, ou encore Elektric Blue P. 

“On essaye de profiter de chaque parcours avec King Edward. Bien sûr, on a l’impression que n’importe quel résultat autre qu’une victoire n’est pas assez bien, mais lorsqu’on le fait un parcours comme celui que nous avons réalisé en seconde manche, même en étant deuxième, ce n’est que de la joie et de la reconnaissance envers son cheval”, a commenté Henrik von Eckermann. Et Max Kühner de conclure : “Prague est un concours à part, que nous adorons en tant que cavaliers. L’ambiance est incroyable. Beaucoup de connaisseurs viennent ici et connaissent le sport. Il y a toujours beaucoup d’enthousiasme de la part du public, ce qui est génial.”

Le podium de l'édition 2023 du Super Grand Prix du LGCT, qui devrait se tenir à Riyad à partir de 2024. © Stefano Grasso

Les résultats complets.

Photo à la Une : Julien Epaillard et Dubaï du Cèdre lors du tour d'honneur du Super Grand Prix de Prague. © Ljuba Buzzola