Lettre ouverte de Léon Melchior s'interrogeant sur la non utilisation du test ADN !
Une situation incompréhensible et irresponsable
Des tests effectués au hasard par le laboratoire Van Haeringen, qui analyse chaque année l’ADN de 21 000 chevaux ont montré que, dans 4% des cas, l’ADN ne correspondait pas avec les papiers. Traduit en chiffres, ce résultat représente quelque 800 chevaux par an ! Un chiffre aussi stupéfiant qu’inquiétant si l’on considère que, en réalité, cela concerne bien plus que les 21 000 chevaux du test aléatoire.
Au cours des dernières décennies, l’élevage a évolué et s’est énormément professionnalisé. Il en va de même pour le sport. Mais cette évolution ne peut tenir que tant que tous les maillons de la chaîne reposent sur des origines exactes.
Depuis sa fondation il y a plus de dix-huit ans, le Stud-book Zangersheide a toujours été partisan de cette garantie. Pour ses éleveurs et pour le sport, Zangersheide a mis en place des tests ADN obligatoires afin de garantir l’exactitude des papiers. Les chiffres publiés par le laboratoire Van Haeringen montrent que ce n’est pas du luxe.
Il n’est ni compréhensible ni responsable que Zangersheide soit à peu près seul à faire preuve de constance dans ce domaine. Car ce dont il s’agit, ici, c’est d’offrir le maximum de certitude – et n’est-ce pas ce que souhaite chaque éleveur ? Nous ne comprenons pas que les autres stud-books n’aient pas mis en place un système équivalent de test ADN obligatoire.
Il faut en outre noter que les stud-books jeunes, fondés récemment, tels que l’Oldenburger International, n’ont pas inscrit le test ADN à leur règlement, et que les stud-books classiques ou plus anciens préfèrent ignorer le problème. L’élevage de chevaux n’est plus circonscrit aux régions. Au contraire, c’est devenu une affaire mondiale pour laquelle il n’existe plus de frontières ; aujourd’hui, tous les éleveurs ont accès à de la semence en provenance du monde entier.
Les éleveurs ne sont pas près d’oublier l’affaire Lucky Boy xx, et la fraude commise avec sa semence. Aujourd’hui encore, le monde de l’élevage bruit de rumeurs de trafic de semence d’étalons approuvés. Des rumeurs qui commencent à devenir crédibles si l’on songe aux 4% d’erreurs cités plus haut.
Les stud-books portent une part de responsabilité dans ce domaine. Dans la plupart des stud-books, le pouvoir de décision est entre les mains des membres. C’est pourquoi nous nous demandons comment il se fait que la décision de rendre les tests ADN obligatoires n’ait pas encore été prise.
Les éleveurs devraient demander tout haut pourquoi les tests ADN ne sont pas rendus obligatoires en général, afin de limiter autant que possible le risque de se retrouver avec un pedigree frauduleux.
Nous l’avons dit, les stud-books portent une grande part de responsabilité dans ce domaine et il est temps qu’ils l’assument. Un stud-book n’existe que grâce à ses éleveurs. Des éleveurs dont les intérêts seraient mieux servis par des tests ADN complets. Alors pourquoi attendre ?
L.N. Melchior