À seize ans, Vancouver de Lanlore en a terminé avec le sport. Perle de l’élevage d’Anne Dafflon et protégé de la famille Vorpe depuis 2012, l’étalon aura vécu deux Jeux olympiques, une finale de la Coupe du monde, des championnats du monde et d’Europe et plusieurs classements au plus haut niveau avec ses cavaliers successifs. Désormais, le fils de Toulon se consacrera à l’élevage et rejoindra la Normandie et France Etalons dès février.
Après une carrière sportive longue de douze ans, Vancouver de Lanlore tourne une page de son histoire. Mercredi 22 janvier, ses propriétaires, Danielle et François Vorpe, ont annoncé leur décision d’offrir à leur star une retraite sportive bien méritée. “Vancouver de Lanlore, c’est l’histoire d’une famille, de gens passionnés par le saut d’obstacles, qui ont acheté un poulain de trois aux ventes Nash, à Saint-Lô, en Normandie. En achetant ce poulain, nous étions quasi sûrs qu’il ferait du grand sport ! Vancouver de Lanlore a fait une carrière absolument incroyable, au-delà de tous nos rêves les plus fous”, s’émeut le couple, qui l’a suivi au fil des années à travers ses exploits, avec une passion toujours aussi débordante.
À seize ans, l'étalon Vancouver de Lanlore en a fini avec le sport. © Dirk Caremans / Hippo Foto
À quatre ans, Vancouver fait ses débuts avec Sylvain Montigny, puis rejoint la Suisse et les écuries de Tavannes de ses propriétaires, où il poursuit sa formation à cinq ans sous la selle de Joëlle Brahier. L’année suivante, le beau bai brun rejoint Romain Duguet, avec qui il se classe deuxième de sa toute première épreuve à 1,60m, lors du Grand Prix de la ville du CSI 5*-W d’Helsinki, à huit ans seulement. En 2018, Vancouver de Lanlore passe sous couleurs françaises, aux rênes de Pénélope Leprevost, qu’il accompagnera jusqu’en février 2022. Tous deux ne tarderont pas à se classer au plus haut niveau, comme à Dinard, Lyon et Paris en 2018, puis à défendre les couleurs tricolores en Coupes des nations, avec des doubles sans-faute à la clef, à Saint-Gall et Aix-la-Chapelle, et en grand championnat, comme lors des Européens de Rotterdam, conclus en quinzième position individuelle. Deux ans plus tard, à Tokyo, en 2021, le duo a l’occasion d’écrire l’histoire en offrant l’or olympique à la France, mais manque son ultime parcours, douchant tous les espoirs pour les Bleus, format à trois couples oblige. Au printemps 2022, les chemins de Vancouver et Pénélope Leprevost se séparent et l’étalon rejoint celui qui sera son dernier cavalier : Pius Schwizer. Avec le Suisse, le Selle Français s’offre une participation aux Mondiaux de Herning en 2022, trois podiums consécutifs dans les Grands Prix Coupe du monde des CSI 5*-W de Bâle, Leipzig et Göteborg, une participation et une sixième place lors de la finale du circuit, à Omaha, un Grand Prix 4* à Montefalco quelques semaines plus tard, puis une nouvelle participation aux Jeux olympiques, cette fois à Paris, après une blessure survenue en 2023 et l’ayant écarté de longs mois des pistes internationales.
En 2021, Vancouver de Lanlore a vécu ses premiers Jeux olympiques. © Dirk Caremans / Hippo Foto
“Cet étalon merveilleux nous a fait découvrir les plus grands et les plus prestigieux concours du monde. Il a œuvré aux succès des équipes de France et de Suisse. Il a tout donné et nous avons toujours privilégié les épreuves pour la bannière d'un pays. Dès son acquisition à trois ans, nous avions décidé de ne pas le vendre et de l'accompagner jusqu'au sommet du sport en gérant sa carrière. Nous nous sommes promis, il y a longtemps déjà, de mettre fin à sa carrière sportive lorsqu’il serait au top de sa forme. Nous nous sommes dit qu'il n'avait plus rien à prouver à personne et qu’il méritait de s'arrêter en étant en forme. Ce moment est venu ! Nous avons décidé d'offrir à Vancouver de Lanlore une fin de carrière sportive”, poursuivent Danielle et François Vorpe.
Et le fils de Toulon a vécu ses seconds Jeux l'été dernier à Paris. © Dirk Caremans / Hippo Foto
Né dans les Hautes-Pyrénées, le Selle Français n’aura pas seulement fait le bonheur de ses propriétaires et cavaliers, mais aussi celui d’Anne Dafflon, sa naisseuse, qui l’a, elle aussi, suivi avec attention ces dernières années. Le fils de Toulon, crédité d’un ISO 173 en 2019, est le deuxième produit de sa mère, la Selle Français Originel Hispania de Bacon, elle-même fruit du croisement entre Le Tôt de Semilly et l’Anglo-arabe Quille Girondine (Echo IX X). S’il est de loin le meilleur représentant de sa lignée maternelle, Vancouver de Lanlore a plusieurs jeunes frères et sœurs, parmi lesquels Elégance de Lanlore (Toulon), vue jusqu’à 1,40m avec l’épouse de Pius Schwizer, Florence Schwizer-Seydoux, Bilbao de Lanlore (Baloubet du Rouet), monté jusqu’à 1,40m par Boris Raymond, ou encore Gibraltar de Lanlore (Toulon), au départ de plusieurs Grands Prix Top 7 avec Faustine Laferrerie en 2023 avant de passer sous pavillon suisse et sous selle amateur en 2024. De leur côté, Jerusalem Lanlore (Romanov), Elegance Lanlore et Lake Louise Lanlore (Toulon) s’attèlent à préserver l’héritage génétique de leur mère. La première a donné deux pouliches à Anne Dafflon, par Bamako de Muze en 2023 et Million Dollar vh Schaeck en 2024, la seconde est mère de deux filles de Mylord Carthago, l’une étant née pour le compte des propriétaires de Vancouver et la seconde pour celui de Pénélope Leprevost, qui l’a mariée à… Excalibur de la Tour Vidal*GFE l’an dernier, of course, et la troisième a été confiée à Nevados S en 2024.
Pénélope Leprevost a marié une fille de son cher Vancouver de Lanlore avec un autre de ses cracks : Mylord Carthago ! © Dirk Caremans / Hippo Foto
À seize ans et après une dernière apparition au CHI de Genève, mi-décembre, un mois après une neuvième place dans le difficile Grand Prix Coupe du monde de Stuttgart, l’heure est venue pour Vancouver de Lanlore de donner une nouvelle dynamique à sa carrière de reproducteur, entamée en 2020, et d'intégrer le catalogue de France Etalons. “Vancouver va rejoindre le haras de Saint-Lô, en Normandie, où il va commencer en février sa deuxième vie, celle d'étalon reproducteur à plein temps chez France Etalons. Il sera distribué en frais”, précise la famille Vorpe. “Nous sommes extrêmement reconnaissants envers toutes les personnes qui ont pris soin de lui tout au long de sa vie et de sa longue carrière sportive. Merci à celle qui a fait naître cette merveille : Anne Dafflon. Nous sommes très reconnaissants envers tous ses cavaliers qui ont fait de lui le crack qu'il est devenu aujourd’hui : Sylvain Montigny, Joëlle Brahier, Romain Duguet, Pénélope Leprévost et Pius Schwizer. Toute notre gratitude à toutes les grooms qui ont pris soin de lui, qui l'ont dorloté et chouchouté, aux cavalières maison qui l’ont compris et respecté, à toutes celles et ceux qui ont veillé sur lui jour et nuit. Rien n'aurait été possible sans tous les anonymes qui prennent soin des chevaux dans l'ombre des écuries et des concours et qui œuvrent pour leur bien-être avec amour, passion et bienveillance.”
Vancouver de Lanlore a fait ses premiers pas internationaux avec Romain Duguet. © Scoopdyga
Et d’adresser un tendre mot à leur complice : “Cher Vancouver, pour nous et pour beaucoup de celles et ceux qui t’ont côtoyé, tu es et tu resteras un des plus grands parmi les grands ! Tu nous as offert des émotions inoubliables dans le sport, merci ! Sa vie continue, il a seize ans et de belles années à venir devant lui pour se consacrer à la reproduction, nous sommes certains qu’il marquera le saut d'obstacle par ses descendants. Nous sommes les heureux propriétaires d’une dizaine de ses poulains et nous garantissons qu’ils sont très prometteurs. Ils sont au travail chez Pascal Rochat, dans l’Ain, et montrent tous un vrai potentiel lors des sauts en liberté. Comme leur père, ils ont du sang, de gros moyens, ils bougent bien et ont un très bon mental. Nous sommes certains que notre cher Vancouver de Lanlore n'a pas fini de faire parler de lui… Merci très cher Vancouver de Lanlore pour ces très belles années de grand sport ! Maintenant, il ne te reste plus qu’à charmer les éleveurs et leurs jolies juments que tu regardais du coin de l'œil… Nous souhaitons plein succès aux éleveurs qui choisirons Vancouver, nous leur souhaitons de vivre les mêmes émotions que nous avec leurs poulains.”
Photo à la Une : Pius Schwizer aura été le dernier cavalier de Vancouver de Lanlore en compétition. © Sharon Vandeput / Hippo Foto