Chaque année depuis 2001, le classement mondial Longines édité par la Fédération équestre international au mois de novembre revêt un double intérêt. D’abord, ce dernier tient son rôle habituel et dresse la hiérarchie des meilleurs cavaliers du monde. Ensuite, il offre aux dix premiers une qualification pour la prestigieuse finale du Top Ten Rolex IJRC. Toujours bien ancré au sommet et attaché à son brassard de numéro un, Henrik von Eckermann aura de sérieux concurrents, promettant une nouvelle finale palpitante.
Qui succèdera à Steve Guerdat, vainqueur de l’édition 2023 du Top Ten Rolex IJRC ? Le Suisse, qui sera évidemment candidat à sa propre succession, vendredi 13 décembre, au mérite de son deuxième rang au classement mondial Longines des cavaliers de saut d’obstacles, aura neuf concurrents de taille. À commencer par le numéro un mondial, assigné à ce titre et à ce rang depuis… vingt-huit mois ! En effet, comme depuis août 2022, Henrik von Eckermann reste solidement accroché à son trône. Le Suédois n’est plus qu’à un mois d’égaler le record de longévité à cette position, détenu par… son ancien mentor, Ludger Beerbaum. Le géant allemand avait tenu la tête de la hiérarchie mondiale de janvier 2001 à juin 2003, tandis que son compatriote, Marcus Ehning, était, lui, resté vingt-sept mois avec son brassard distinctif au bras. Henrik von Eckermann vient donc officiellement de le doubler et a fait un grand pas vers l’établissement d’un nouveau record, totalisant, en novembre, près de trois cents unités d’avance sur son dauphin : Steve Guerdat.
En octobre, Henrik von Eckermann a pu garnir son total de points grâce aux performances de King Edward Ress au CSIO 5* de Barcelone, celles de Gaesbekers Glamour Girl et O’Neil van’t Eigelno, alias Minute Man, au Mexique, et une victoire d’Iliana à Rabat. Steve Guerdat s’est quant à lui démarqué par sa troisième place dans l’épreuve de la Coupe du monde d’Oslo, fin octobre, avec Is-Minka.
Troisième, Ben Maher a pu compter sur sa victoire dans les Equita Masters, samedi soir à Lyon, avec son génial Point Break. Le Britannique sera évidemment de la partie à Genève, quelques mois après avoir contribué à la médaille d’or olympique décrochée par son équipe nationale à Versailles. La fusée Kent Farrington, toujours redoutable et d’autant plus sur la piste de Palexpo, sera aussi de la partie dans un peu moins d’un mois, l’Américain conservant son quatrième rang. Julien Epaillard, moins en vue depuis la vente de Dubaï du Cèdre, gagne un rang et est désormais cinquième. Pour Donatello d’Auge, cheval de tête du Normand, Genève devrait logiquement être un si ce n’est l’objectif majeur de cette fin d’année. Lui aussi en progression d’une position après sa huitième place dans l’étape de la Coupe du monde Longines de Lyon et sa cinquième dans le Grand Prix 5* de Rabat, Max Kühner s’ajoute à la liste des finalistes du Top Ten et sera un sérieux concurrent après une année 2024 couronnée de succès et un piquet de chevaux fourni.
Le mois dernier, la participation de Richard Vogel à la vingt-troisième finale du Top Ten s’écrivait en pointillés. Dixième, l’Allemand était sur la sellette. Heureusement pour lui, son mois d’octobre lui a permis de sécuriser sa participation à cette épreuve de prestige. Son triomphe lyonnais, acquis aux rênes de l’extraterrestre United Touch S, qui lui avait permis de signer l’un des meilleurs barrages de ces dernières années dans le Grand Prix Rolex en 2023, lui assure de pouvoir tenter de succéder à Steve Guerdat, pour sa première participation à cette épreuve. Christian Kukuk, champion olympique en titre, disputera, lui aussi, son tout premier Top Teen grâce à sa huitième place mondiale. Le disciple de Ludger Beerbaum perd toutefois trois rangs, après avoir pris un mois loin des pistes internationales en septembre et disputé les seuls CSI 5* de Barcelone et Rabat en octobre.
La liste de départ de la prochaine finale du Top Ten devrait être complétée par deux cavaliers particulièrement véloces : McLain Ward, neuvième meilleur cavalier du monde, et Conor Swail, qualifié in extremis en ayant progressé de trois rangs au classement mondial en l’espace de trente jours. Cinquième mondial en 2022, le représentant de l’île d’Emeraude avait toutefois décidé de ne pas s’aligner au départ de cette compétition en deux manches. Neuvième en octobre, Simon Delestre, désormais douzième, ne sera pas convié à cette épreuve toujours palpitante... à moins de deux forfaits. Martin Fuchs, onzième, sera le premier réserviste en cas de désistement d'un membre du Top dix.
Aucune femme ne disputera le Top Ten, Erynn Ballard, meilleure cavalière du monde, étant vingt-deuxième, devant Tiffany Foster, vingt-quatrième, Lillie Keenan, trente-deuxième, Laura Kraut, trente-cinquième, Kendra Claricia Brinkop, trente-sixième et Jana Wargers, cinquantième.
Créée en 2001 par le Club des cavaliers internationaux de saut d'obstacles (IJRC), la finale du Top Ten Rolex IJRC est la seule épreuve 5* dont les participants sont qualifiés sur la base de leur mérite, à partir du classement mondial, reflet de leur régularité sur les douze derniers mois. Il n'est donc pas étonnant que cette épreuve soit considérée comme un temps fort du calendrier par les cavaliers et les fans de la discipline.
“Le Top Ten Rolex IJRC est un événement unique. L’adrénaline, les émotions et le suspens que transmet cette compétition sont spéciaux. Le plus impressionnant, en dehors des aspects techniques et de la difficulté de ce défi, est de voir l’esprit de camaraderie, le partage d’émotions et l'enthousiasme des dix cavaliers. Ils parviennent à transmettre cela au public. C’est de la magie”, commente Eleonora Ottaviani, directrice de l’IJRC.
Cette année, quatre des dix cavaliers en lice - Henrik von Eckermann, Ben Maher, Steve Guerdat et Kent Farrington - ont déjà remporté au moins une fois cette épreuve. Trois tenteront leur chance pour la première fois : les Allemands Christian Kukuk et Richard Vogel, entrés dans une nouvelle dimension ces derniers mois, et l’Irlandais Conor Swail.
Avec déjà trois victoires au compteur, acquise en 2010, 2018 et 2023, Steve Guerdat pourrait devenir le premier cavalier de l’histoire à remporter quatre fois cette finale. Le Suisse aura en plus l’avantage de s’élancer devant son public. “C’est une histoire d’amour. Toutes ces années, je continue de revenir et j’ai eu beaucoup de succès à Genève. Ma famille et mes amis sont sur place et même si chaque victoire est spéciale, toutes celles décrochées à Genève le sont encore plus”, a glissé le numéro deux mondial, qui, comme tous ses rivaux d’un soir, fera de cette finale un objectif.
“C’est une compétition unique, semblable à la finale d’un grand championnat, à l’exception que l’on est sûr de voir les dix meilleurs cavaliers du monde se battre pour la victoire avec leurs meilleurs chevaux”, a déclaré François Mathy Jr., président de l’IJRC. “Cette épreuve est la récompense d’une saison couronnée de succès et offre du sport incroyable et une ambiance unique.”
Pour rappel, le Top Ten Rolex IJRC se joue sur deux parcours, dont les obstacles sont hissés jusqu’à 1,60 ou 1,65m. La première manche comporte entre dix et douze obstacles ; la seconde entre huit et dix. Le temps du second acte départage les couples aux scores potentiellement ex aequo au cumul des deux tours. Lors de la seconde manche, les cavaliers regagnent la piste à pied à l’issue de leur prestation et confient leurs impressions au public, une particularité de cette compétition toujours appréciée. La finale du Top Teen est dotée de plus d’un demi-million d’euros et d’une montre Rolex pour le gagnant.
Photo à la Une : Les dix cavaliers qualifiés pour l’édition 2024 du Top Ten Rolex IJRC. © IJRC / F.Petroni / Tiffany van Halle