Philippe Guerdat s’explique, ses cavaliers le saluent.
On l’avait annoncé comme le messie. Il en avait ri, mais il a ensuite amené les résultats avec une médaille aux Jeux Mondiaux de Lexington ainsi qu’un titre mondial à Philippe Le Jeune …. Mais il aura surtout redynamisé toute une équipe, motivé des cavaliers, des propriétaires ….
« J’ai 60 ans. J’ai commencé à m’occuper de juniors et de jeunes cavaliers. Ensuite, je me suis occupé de l’Espagne avant l’Ukraine que j’ai emmené aux championnats du monde ensuite j’ai travaillé une année avec les Russes puis je suis arrivé en Belgique où j’ai passé trois saisons formidables comme les gens ne peuvent pas s’imaginer. Aujourd’hui, il me reste un challenge, c’est entraîner la France, une des plus grandes équipes au monde. C’est le challenge qui me passionne et pour quelqu’un qui fait ça depuis 12 ans comme je le fais, c’est une sorte d’aboutissement. Ma décision n’a pas été du tout dirigée par mes problèmes avec Ludo Philippaerts. C’est un crève-cœur pour moi de quitter mes amis car ce sont mes amis. Je suis quelqu’un d’émotif et j’ai passé la nuit à réfléchir sans dormir. J’ai l’impression quelque part de trahir, même si le mot est un peu fort, alors je veux vraiment aider à trouver le successeur que la Belgique mérite.
Je ne suis pas un type qui regarde derrière mais je pense que beaucoup de choses qui ont été écrites quant aux événements en France ne sont pas justes. Vous savez comme moi que dans ce que l’on écrit, il y a une partie de vérité, une partie de choses qui ne sont pas vraies … c’est beaucoup plus médiatisé en France et après, je n’ai pas été contacté la semaine dernière par les Français mais je voulais réfléchir à tête reposée. Cela fait déjà un moment que j’ai été approché. Je ne voulais pas vraiment mais c’est un challenge dans ma vie professionnelle et je vois ça comme une promotion sans dénigrer tout ce que j’ai pu faire. J’aurais préféré quitter la Belgique sur une médaille aux Jeux Olympiques mais ici, c’est une des meilleures équipes au monde, il y a un gros potentiel et dans la vie, je pense qu’on peut avoir des ambitions comme ça.
Ma plus grande satisfaction en Belgique est quand même d’avoir mis sur le devant de la scène beaucoup de jeunes cavaliers et je pense que même si j’ai des amis fantastiques en Belgique, j’ai quand même eu des couilles de prendre des gamins en équipe et de leur avoir donné une chance et cela restera toujours pour moi un super souvenir dans ma vie professionnelle. Je ne vais pas m’engager maintenant sur la manière dont je vais procéder en France et c’est sûr qu’on va me demander des résultats beaucoup plus vite. Maintenant si des gens sont installés en France ou en Allemagne, c’est grâce à leur qualité. Ils ne sont pas installés parce qu’ils ne sont pas bons. C’est possible qu’il y ait des changements mais je veux d’abord parler de mon projet sportif avec les cavaliers et après, on verra. Maintenant, s'il y a quelqu’un qui semble avoir le potentiel et qui n’est pas installé, ça ne va pas me faire peur d’essayer quelque chose, j’ai toujours été comme ça. Avec moi, tout le monde a sa chance, ce ne sont pas toujours les 3 ou 4 mêmes. Il y en a 17 qui ont fait de la Super League cette année ce n’est pas moi qui l’ai inventé. Honnêtement, je n’ai pas encore d’idée de comment ça va se passer, ni de comment les cavaliers vont réagir. Il y aura une conférence de presse en fin de semaine où nous expliquerons notre projet sportif. Maintenant, je travaille toujours pour la Belgique, je suis en train de préparer ma sélection pour le CSI** de Genk et en plus de ça, je vais donner tout ce que je peux, je vais aider pour trouver mon successeur et pour que ce soit la personne adéquate. » réagira Philippe Guerdat.
Dirk Demeersman : « Un autre sélectionneur prendra sa place mais c’est certain que j’ai passé un bon temps avec lui. J’avais beaucoup de confiance en lui et je sais que son rôle, mais ce sera pareil pour le suivant aussi, n’est pas facile. C’est quand même dommage mais je comprends sa décision. »
Jérôme Guery : « Je comprends sa décision. Je comprends que chacun doive faire des choix dans la vie et avance. Maintenant, je suis triste parce qu’on avait construit quelque chose, il y avait un esprit d’équipe qui s’était formé comme je n’avais jamais connu auparavant. Maintenant, j’espère que comme il nous l’a promis au téléphone, il ne va pas nous laisser tomber. Il m’a dit qu’il allait faire en sorte qu’on ait quelqu’un qui pourra prendre la relève dans le même état d’esprit que lui. J’ai aussi des craintes par rapport à ça car en Belgique, ce n’est pas facile comme dans tout pays mais il y a des gens très puissants et si ces gens-là prennent le contrôle : il n’y aura plus beaucoup de places pour d’autres cavaliers. J’espère donc vraiment que la personne qui va prendre le relais va être dans le même état d’esprit et pensera au sport avant tout. Je suis content d’avoir pu monter pendant son mandat. Je retiens qu’il a changé pas mal de choses dans la mentalité des cavaliers belges, il a vraiment réinstauré un esprit d’équipe. J’espère qu’il restera quand même un peu à nos côtés et que la Belgique restera une nation soudée au moins sportivement comme c’était le cas avec lui et que l’on pourra faire des coupes des nations comme l’an dernier avec des Wallons, des Flamands et un bon état d’esprit. »
Grégory Wathelet. : « Pour moi et pour tout le monde, il a fait tellement de bonnes choses, tellement de choses positives qui ont amélioré l’équipe belge en général à tout point de vue. Pas seulement au niveau des sélections mais avec plein de petites idées qu’il a amenées pendant qu’il était là que cela ne peut être que positif. Je comprends tout à fait sa décision, évidemment, il m’en avait parlé. Je ne peux pas être déçu de lui, c’est quelqu’un de bien. Je ne perds pas un ami, on a juste perdu un bon sélectionneur. Maintenant tous les cavaliers doivent être déçus à part les quelques-uns que ça dérangeait qu’il soit juste, comme les Philippaerts, il ne faut pas avoir peur de le dire. 90% des cavaliers vont dire que c’est une perte. Maintenant, je comprends qu’il devait faire un choix, que ce n’était pas un choix facile mais à la fin, il faut voir un peu aussi pour soi-même. Après, tout va dépendre de la personne que l’on va mettre en place. J’espère évidemment que la fédération ne va pas se laisser influencer et que la décision sera appuyée par tous les cavaliers. »
Philippe Le Jeune : « Je comprends, il a reçu une proposition comme la Belgique ne pouvait pas lui offrir, c’est tout ! C’est un type formidable. Il avait le respect de tous les cavaliers mis à part ses problèmes avec Ludo Philippaerts à la suite des Jeux Olympiques où Ludo a toujours continué à appuyer sur le clou alors que c’était fini mais bon, pour le reste, il a donné sa chance à plein de gens. Maintenant, quand on voit les chevaux que l’on a pour cette année, je comprends aussi sa décision. C’est quelqu’un qui a remis une motivation et un esprit d’équipe en Belgique formidables. Après, ce qui est très important pour la Belgique vu le peu de moyens qu’on a, c’est de réunir les cavaliers en équipe et il a réussi à résoudre pas mal de petits problèmes avec des litiges qui auraient pu s’installer entre des cavaliers et leurs propriétaires. Il a mis tout ça en ordre. Je le connais depuis très longtemps : il est très homme de cheval et techniquement, il était d’une aide très précieuse en concours.
Après Phillippe Guerdat et Eugène Mathy m’ont demandé si je voulais prendre la place de sélectionneur … je dois encore leur répondre mais ça ne m’intéresse pas pour le moment, je veux encore trop monter et c’est un truc encore trop difficile pour moi pour le moment … même si je n’écarte pas cette éventualité dans un avenir plus lointain. »