"Cruising a réalisé mes rêves", Trevor Coyle.
Il y a des couples qui marquent plus que d’autres, il y a des couples qui font partie de la légende de notre sport et bien que l’étalon Irlandais aient terminé sa carrière par quelques concours avec Macken puis John Whitaker : Trevor Coyle et Cruising font partie de ceux-là. Ensemble, le couple aura remporté les coupes des nations de Modène, Calgary, Aix la Chapelle, Dublin, Rotterdam mais également les Grand Prix de Wolfsburg, Dortmund, Modène ou encore les étapes de coupe du monde de Millstreet (2 fois) et Genève !
Retiré de la compétition en 2000, l’étalon Irlandais Cruising (Seacrest x Nordlys xx) est mort à 29 ans au Hartwell Stud de la famille McCann qui l’ont élevé et qui en était toujours propriétaire.
Son cavalier Trevor Coyle a réagi pour nous à cette disparition : « Quelqu’un m’a appelé il y a quelques jours pour m’annoncer la nouvelle après qu’il l’ait vu sur facebook et j’ai été vraiment surpris car j’avais vu le cheval un mois plus tôt au Dublin Horse Show et il était dans un état splendide malgré ses 29 ans. Il était fantastique toujours très alerte et en parfait état physique. C’était donc une sensation très étrange pour moi d’apprendre cette nouvelle après l’avoir vu si bien un mois plus tôt. J’étais vraiment triste d’autant que cela m’a fait vraiment plaisir de le revoir à Dublin. C’était un bonheur incroyable de pouvoir le revoir.
Pour Hartwell Stud, ses propriétaires, l’élevage a toujours été la priorité de Cruising. Ils ont élevé Cruising pour qu’il puisse reproduire à son tour. C’était sa destinée, il était avant tout un étalon reproducteur. Il a commencé à saillir à 4 ans et il salissait déjà beaucoup de jument lorsqu’il avait 5 ans. Cruising est né pour produire la génération suivante de bons chevaux Irlandais. Ma chance a été de pouvoir être son partenaire durant ses meilleures années tout simplement et pour cela, je suis très reconnaissant que ce soit vis-à-vis de Hartwell Stud et du cheval. Sa toute première victoire en Grand Prix était à Brèmes alors qu’il avait neuf ans juste devant Franke Sloothaak et son bon cheval de l’époque ! La chose tout à fait extraordinaire était ce couple Irlandais venu tout droit d’Irlande avec ce petit étalon avec un mors normal, sans éperons, ni de cravache qui remporte ce Grand Prix devant tous ces chevaux allemands avec des grands bridons, des grands éperons et tous ces artifices de dressage. Nous, tout ce que nous savions faire, c’était galoper et sauter. A cette époque, cela m’embarrassait fort car notre système était très naïf et archaïque. Les années passants, nous avons travaillé notre dressage, améliorer notre galop et cela a permis au cheval de sauter de plus gros obstacles et de faire de meilleurs concours mais nous avons toujours gardé les choses simples sans grands mors, sans grands éperons tout simplement parce que ce cheval avait une mentalité extraordinaire. Il voulait sauter. Souvent, on se demande si la plupart des chevaux veulent vraiment sauter mais avec lui, vous le saviez car il voulait toujours bien faire sans avoir besoin d’artifice pour le contraindre.
J’ai commencé à monter Cruising lorsqu’il avait 7 ans et sans vouloir être prétentieux ou paraitre pour ce que je ne suis pas, j’ai toujours cru énormément dans ce cheval et je n’ai jamais pensé qu’il y ait une quelconque limite pour ce cheval. Evidemment gagner Aachen, être deuxième d’une finale de coupe du monde, gagner Genève , c’est une sorte de rêve. C’est la chose fantastique avec le sport, c’est qu’on peut y réaliser ses rêves. Aucun sportif ne rêve de gagner beaucoup mais on aime le sport et on rêve de bien faire dans notre sport. C’est comme ça que le procédé fonctionne. Vous ne vous imaginez pas gagner les plus grandes choses au monde … mais vous rêvez de le faire. J’ai eu la chance que plusieurs de mes rêves deviennent réalité grâce à Cruising.
C’est difficile de donner un moment particulier avec Cruising car il y en a eu tellement. Un grand plaisir restera toujours Aix-la-Chapelle car c’est un des grands évènements de l’année. A cette époque, il n’y avait pas autant de concours 5 étoiles, pas de Global Tour, Aachen était un moment privilégié pour un cavalier, c’était le concours le plus important de l’année. Maintenant, pour moi, le plus important, c’était les coupes des nations. En Irlande, nous aimons monter pour notre pays et nous voulions toujours bien faire dans les coupes. A Aix la Chapelle, nous avons été double sans-faute quatre années d’affilée ! Pour moi, c’était une période fantastique avec des gens comme Eddie Macken sur Miss Fan, John Ledingham sur Kilbaha, Peter Charles sur T’aime ou Laina… Nous avons gagné Calgary, Dublin, Aachen, Rotterdam … dans la même année ! Lorsque nous allions à ces concours, nous voulions vraiment faire un bon résultat avec l’équipe. Avec un groupe de gens comme ça, vous transformez le show jumping en un sport collectif pour être honnête et faire partie d’une grande équipe donne vraiment un bon sentiment, un super sentiment presque meilleur que gagner quelque chose en individuel. »